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Factorisation dans les extensions

3.2.1 Ramification

On consid`ere toujours une extension L/K de corps de nombres de degr´e n.

3.13 Lemme. — Soit p un id´eal premier non nul de OK et soit P un id´eal premier non nul de

OL. Les cinq conditions suivantes sont ´equivalentes. (i) P divise pOL;

(ii) P⊃pOL; (iii) P⊃p; (iv) P∩ OK =p; (v) P∩K =p.

Preuve. — Montrons que chaque assertion est ´equivalente `a la suivante. L’´equivalence de (i) et (ii) est le lemme 2.9 et celle de (ii) et (iii) vient de la d´efinition de l’id´eal pOLengendr´e parp. Il est clair que (iv) implique (iii) ; r´eciproquement supposons que P⊃ p. Alors l’id´eal P∩ OK de

OK contient p. Puisque p est maximal, ceci implique soit P∩ OK = OK, soit P∩ OK = p. La premi`ere possibilit´e ne peut pas se produire, car alors P contiendrait 1 et serait OL, d’o`u (iii) implique (iv). Enfin (v) implique clairement (iv). R´eciproquement, supposons que P∩K = p; on a P∩ OK ⊂p et l’inclusion inverse r´esulte du lemme 1.35.

3.14 D´efinition. — Si p et P satisfont les propri´et´es ´equivalents du lemme, on dit que P est au-dessus de p ou que p est au-dessous de P.

3.15 Proposition. — Chaque id´eal premier P de OL est au-dessus d’un unique id´eal premier

pde OK, et chaque id´eal premier p de OK est au-dessous d’au moins un id´eal premier Pde OL.

Preuve. — Soit P un id´eal premier de OL. Alors P∩ OK est un id´eal premier non nul de OK

(le fait qu’il soit premier r´esulte de la d´efinition, et qu’il soit non nul du fait que P contient un entier non nul). Le lemme 3.13 montre que cet id´eal est n´ecessairement unique.

Consid´erons l’id´eal pOL. Par le lemme 2.6, il existeγ ∈K\OK tel que γp⊂ OK. Il vient que γpOL⊂ OL. Si 1∈pOL, cette inclusion conduit `a γ ∈ OL, ce qui impossible puisque γ /∈ OL (en effetOL∩K =OK etγ ∈K\OK). AinsipOL6=OL. Il existe donc un id´eal maximalPcontenant

Notons ´egalement que par le lemme 3.13, les id´eaux premiers au-dessus dep sont pr´ecis´ement ceux qui interviennent dans la factorisation de pOL. En notant e(P/p) la puissance exacte de P

qui divise pOL, on peut ´ecrire

pOL= Y

P∩OK=p

Pe(P/p).

Soit p l’unique l’unique entier positif premier contenu dans p et P. Alors OK/p et OL/P sont des corps finis de caract´eristique p. De plus l’injection naturelle OK ,→ OL induit une injection

OK/p,→ OL/Ppuisque P∩ OK =ppar le lemme 3.13. Ainsi OL/Pest une extension de OK/p. On note f(P/p) le degr´e de cette extension.

3.16 D´efinition (Indice de ramification, degr´e d’inertie). — e(P/p)etf(P/p)s’appellent respectivement l’indice de ramification deP/p et le degr´e d’inertie de P/p.

Remarquons que NL(P) = NK(p)f(P/p).

3.17 Th´eor`eme. — Soit L/K une extension de corps de nombres de degr´e n et soit p un id´eal premier de OK. Soit

pOL=Pe1

1 . . .Per

r

la factorisation de pOL en id´eaux premiers de OL. Posons fi =f(Pi/p). Alors r

X i=1

eifi =n.

Preuve. — En prenant la norme des deux cˆot´es de la factorisation de pOL, on trouve NL(pOL) = NL(P1)e1. . .NL(Pr)er = NK(p)f1e1. . .NK(p)frer.

Par le th´eor`eme 3.12, NL(pOL) = NK(p)n, d’o`u le r´esultat en comparant les degr´es.

3.18 D´efinition (Ramifi´e, inerte, d´ecompos´e). — Avec les notations du th´eor`eme,

(i) si l’un des ei n’est pas ´egal `a 1, on dit que p est ramifi´e sur L, et totalement ramifi´e si r= 1 et e1 =n (donc pOL=Pn) ;

(ii) si r= 1 et e1 = 1, on dit que p est inerte sur L.

(iii) ei =fi = 1 pour tout i, on dit que p est d´ecompos´e sur L (pOL =P1. . .Pn). Signalons enfin le th´eor`eme suivant, donn´e sans preuve.

3.19 Th´eor`eme. — Soit K un corps de nombre et D son discriminant. Soit p un rationnel premier. Alors p se ramifie dans K si, et seulement si, p divise D.

3.2.2 Cas des extensions galoisiennes

SoitL/K une extension galoisienne. La pr´esence d’automorphisme deK donne une factorisa-tion plus r´eguli`ere que dans une extension quelconque ; nous appliquerons les r´esultats de cette partie aux extensions cyclotomiques.

3.20 Lemme. — Soit L/K une extension galoisienne et p un id´eal premier de OK. Alors le groupe Gal(L/K) agit transitivement sur l’ensemble des id´eaux premiers au-dessus de p.

Preuve. — Soit P un id´eal premier au-dessus de p etσ ∈ Gal(L/K). Comme σ est surjective, σ(P) est un id´eal. Soit x, y /∈ σ(P). Il existe x0, y0 ∈/ P tels que x = σ(x0) et y = σ(y0). Mais x0y0 ∈/ P, doncxy=σ(x0y0)∈/ σ(P), doncσ(P) est premier. Ceci montre que Gal(L/K) agit sur l’ensemble des id´eaux premiers au-dessus dep.

Soit P et P0 deux id´eaux premiers au-dessus de p. Supposons que pour tout σ ∈ Gal(L/K) on aitσ(P)6=P0. Par le th´eor`eme chinois on peut trouver α∈ OL tel que

α≡0 mod (P0) et α≡1 mod (σ(P)) pour toutσ ∈Gal(L/K). Consid´erons

NL/K(α) = Y σ∈Gal(L/K)

σ(α)∈ OK.

Puisque α∈P0, sa norme appartient `a P0∩ OK =p.

D’autre part, puisqueα≡1 mod (σ(P)) pour toutσ∈Gal(L/K), on a aussiα /∈σ(P) ; ainsi σ1(α)∈/ P pour toutσ. Quand σ parcourt Gal(L/K), σ1 parcourt aussi Gal(L/K), donc

NL/K(α) = Y σ∈Gal(L/K)

σ1(α).

Puisque qu’aucun des facteurs n’appartient `a P et que P est premier, on a NL/K(α) ∈/ P. Par suite NL/K(α)∈/ P∩ OK =p, ce qui est une contradiction.

3.21 Th´eor`eme. — Soit L/K une extension galoisienne de degr´e n et p un id´eal premier de

OK. Soit

pOL=Pe1

1 . . .Per

r la factorisation de p dans OL, et soit fi =f(Pi/p). Alors

f1 =· · ·=fr et e1 =· · ·=er. En particulier reifi =n pour tout i.

Preuve. — Sir= 1, le r´esultat est clair. Supposonsr>2 et prouvons quee1 =e2 etf1 =f2; le cas g´en´eral est similaire. Par le lemme il existe σ∈Gal(L/K) tel queσ(P1) = P2. En appliquant σ `a notre factorisation et en utilisation le fait σ(p) = p, il vient

pOL =σ(P1)e1σ(P2)e2. . . σ(Pr)er =Pe1

2 σ(P2)e2. . . σ(Pr)er.

De plus si σ(Pi) =P2, alors Pi1(P2) =P1; doncσ(Pi)6=P2 pour i>2. Ainsi Pe1

2 est la seule occurrence deP2 dans la factorisation de pOK; par unicit´e, on a bien e1 =e2.

Enfin σ induit un isomorphisme OL/P1 ' OL/P2, doncf1 =f2.

3.2.3 Norme relative d’un id´eal

SoitL/K une extension de corps de nombres de degr´e netP un id´eal premier de OL. Posons

p=P∩ OK et f =f(P/p). On appelle norme relative de l’id´eal P l’id´eal NL/K(P) =pf. Soit A un id´eal de OL. Notons A =Pe1

1 . . .Per

r la factorisation de A en id´eaux premiers de OL. Posonsfi =f(Pi/p). On ´etend la d´efinition de la fa¸con suivante.

3.22 D´efinition (Norme relative d’un id´eal). — On appelle norme relative de l’id´eal A de

3.23 Proposition. — Soit L/K une extension galoisienne et σ1, . . . , σn les K-automorphismes de L et A un id´eal de OL. Alors

n Y i=1

σi(A) = NL/K(A)OL.

Preuve. — Par multiplicativit´e de la norme, il suffit de prouver le r´esultat pour les id´eaux premiers de OL, supposons donc A premier. Posons p = A∩ OK. D’apr`es le th´eor`eme 3.21, la d´ecomposition en produit d’id´eaux premiers de pOL dans OL s’´ecrit

pOL = (P1. . .Pr)e

o`ue=e(Pi/p) pour n’importe queli. Posonsf =f(Pi/p), qui ne d´epend pas dei. Par le lemme 3.13, on a A∈ {P1, . . . ,Pr}. Alors

n Y i=1

σi(A) = (P1. . .Pr)ef =pfOL = NL/K(A)OL, puisque Gal(L/K) agit transitivement sur les Pi.

3.24 Lemme. — Soit a un id´eal de OK. Alors aOL∩K =a.

Preuve. — Sia = 0, le r´esultat est clair. Supposons donc a 6= 0. On consid`ere l’id´eal fraction-nairea1. On a

OL=OKOL= (aa1)OL= (aOL)(a1OL), donc, d’apr`es le lemme 1.35,

OK =OL∩K = (aOL)(a1OL)∩K ⊃(aOL∩K)(a1OL∩K).

Puisque aOL∩K est un id´eal fractionnaire, il en d´ecoule a1OL∩K ⊂ (aOL∩K)1. D’autre part a⊂aOL∩K, donc

(aOL∩K)1 ⊂a1 ⊂a1OL∩K, d’o`u (aOL∩K)1 =a1 et aOL∩K =a.

3.25 Proposition. — Soit L/K une extension galoisienne et x ∈ OL. Alors NL/K(xOL) = NL/K(x)OK.

Preuve. — Soit σ1, . . . , σn les K-automorphismes de L. D’apr`es la proposition pr´ec´edente NL/K(xOL)OL = n Y i=1 σi(xOL) = n Y i=1 OLσi(x) =OL n Y i=1 σi(x) = NL/K(x)OL.

d’o`u d’apr`es le lemme

NL/K(xOL) = NL/K(xOL)OL∩K = (NL/K(x)OK)OL∩K = NL/K(x)OK.

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