3. Reconnaissance vocale
4.3 Formation des respeakers
[BAARING, 2006].
4.3 Formation des respeakers
4.3.1 Formation professionnelle
Bien qu’aujourd’hui, le respeaking se soit largement imposé comme étant la technique privilégiée pour le sous-‐titrage en direct, la formation proposée dans ce domaine est encore très restreinte. Il n’existe que peu d’établissements universitaires qui proposent une formation en respeaking [ARUMI RIBAS, 2012].
Le département de traduction et d’interprétation du Artesis University College, à Anvers en Belgique, fait figure de pionnier en la matière. L’établissement propose un module en respeaking dans le cadre du Master en interprétation. En Espagne, l’Universitat Autònoma de Barcelona fut la première université du pays à proposer une formation en respeaking dans son Master en traduction audiovisuelle, ainsi que des cours de respeaking en ligne. En Angleterre, la Roehampton University est la seule à ce jour à proposer une formation en respeaking dans différentes langues, également dans le cadre de son Master en traduction audiovisuelle [ROMERO-‐
FRESCO, 2011, pp. 40-‐41]. D’autres universités commencent à se consacrer au respeaking dans leurs cursus de traduction audiovisuelle, en parallèle aux modules consacrés au sous-‐titrage.
Comme dans de nombreux pays la formation dans ce domaine fait encore souvent défaut, que ce soit au niveau universitaire ou autre, beaucoup de chaînes de télévision assurent elles-‐mêmes la formation des nouveaux respeakers [ARUMI RIBAS, 2012]. C’est notamment le cas en Suisse, chez SWISS TXT, comme nous allons le voir à présent.
4.3.2 Formation chez SWISS TXT
En Suisse, il n’existe pas de cours particulier consacré à la formation des sous-‐
titreurs et des respeakers. C’est pourquoi SWISS TXT prend directement en charge la formation des nouveaux sous-‐titreurs et respeakers lorsqu’ils débutent dans l’entreprise. Nous allons à présent expliquer le déroulement de la formation des respeakers chez SWISS TXT à Genève.
Lorsque l’entreprise SWISS TXT a décidé d’introduire en 2008 le respeaking pour le sous-‐titrage des émissions en direct, des personnes sont venues donner un cours aux futurs respeakers pour expliquer le fonctionnement de cette nouvelle méthode. Mmes Pierrette Bouillon et Marianne Starlander du Département de traitement informatique multilingue de la Faculté de traduction et d’interprétation à Genève sont venues expliquer les principes de la reconnaissance vocale. Mme Corinne Imhauser, spécialisée dans la formation en interprétation et en sous-‐
titrage, est également venue donner un cours en 2008.
Depuis lors, la formation des nouveaux respeakers est assumée par les respeakers déjà en poste. La formation dure environ deux mois, sachant qu’il ne s’agit pas d’une formation à temps plein, vu que la majorité des collaborateurs chez SWISS TXT travaille à temps partiel. La formation est donc répartie sur une vingtaine de séances.
Les deux premières séances de la formation ne sont pas directement consacrées à la pratique, mais à la théorie. La première séance est consacrée à la présentation du sous-‐titrage en direct et de la reconnaissance vocale. Le programme de reconnaissance vocale utilisé chez SWISS TXT, Dragon NaturallySpeaking, est présenté lors de la deuxième séance. Durant cette séance, des exercices de reformulation et de synthétisation sont effectués.
Les nouveaux respeakers commencent réellement à travailler avec le système de reconnaissance vocale à partir de la troisième séance. Ils vont tout d’abord créer leur modèle acoustique, et donc leur profil de base. Pour ce faire, ils vont devoir
lire un texte pour que le système puisse définir leur empreinte vocale. Puis, au fil des jours, ils vont ajouter dans le User Slot (voir p. 34) tous les vocabulaires spécifiques dont ils auront besoin par la suite. Il y a en tout cinq profils à créer : sports d’hiver, sports d’été, football, hockey et news. Ces profils correspondent à tous les types d’émission qu’ils seront amener à respeaker. Une fois que le respeaker a créé un nouveau profil, il doit intégrer les listes de termes spécifiques au domaine, par exemple les listes de noms des skieurs pour le profil sports d’hiver (voir figure 8 : liste ski alpin). Quand son profil est prêt, le respeaker s’entraîne avec des vidéos. Cette opération est répétée pour chaque nouveau profil. Le but de cette opération est d’entraîner le système de reconnaissance vocale et de corriger toutes les erreurs. Plus un respeaker s’entraîne, plus le système aura de la facilité à reconnaître sa voix, et donc, moins il fera d’erreurs. En effet, la machine doit s’habituer à la voix du respeaker, qui lui est propre. Nous ne prononçons pas tous les mots de la même manière. Nous avons tous un accent différent, suivant nos origines. Le respeaker peut donc avoir pour certains mots une prononciation qui varie du modèle acoustique. C’est pourquoi, à force d’entraînement, la reconnaissance sera de meilleure qualité.
A la fin de la vingtaine de séances, le nouveau respeaker doit connaître parfaitement les paramètres de chaque profil et être à l’aise avec les systèmes de reconnaissance vocale et de sous-‐titrage. Lors des deux premiers directs, le nouveau respeaker est coaché par un autre respeaker, et ceci, pour parer aux éventuels imprévus qui n’auraient pas été rencontrés lors des entraînements. Le coach se tient prêt à reprendre le direct en cas de problèmes.
Lorsque les nouveaux respeakers commencent à travailler en direct, tous n’ont pas forcément le même niveau. Certains seront à l’aise rapidement, alors que d’autres auront besoin d’un peu plus de temps. Le métier de respeaker s’apprend aussi avec la pratique. Plus les respeakers feront de directs, plus ils acquerront de l’expérience, et plus ils seront à l’aise.
4.4 Travail du respeaker
4Le travail du respeaker ne se limite pas uniquement au moment où ce dernier sous-‐titre une émission en direct. Une grande partie du travail du respeaker est consacrée à l’entraînement et à la préparation.
Le respeaker doit entraîner régulièrement le système de reconnaissance vocale pour que ce dernier s’habitue à sa voix. Cela veut dire que le respeaker doit dicter le plus de textes possible et corriger simultanément les erreurs de reconnaissance.
Pour assurer de bons résultats de la part du système de reconnaissance vocale, il est aussi primordial de bien se préparer avec chaque direct, à l’image de ce que font les interprètes de conférence. Sans préparation préalable, les sous-‐titres produits ne peuvent pas être d’excellente qualité.
Durant cette phase de préparation, le respeaker doit avant tout s’informer sur le sujet qu’il va traiter lors de son direct. La connaissance du sujet est très importante.
Plus l’on est à l’aise avec le sujet que l’on doit respeaker, plus le travail en sera facilité. Par exemple, si un match de football est respeaké, un respeaker qui connaît bien ce sport, les règles et les joueurs aura beaucoup plus de facilité pour retranscrire les commentaires qu’un respeaker qui n’a jamais vu de match de football ou qui connaît très peu ce sport.
Le fait de bien connaître le sujet permet d’anticiper les propos du commentateur ou du présentateur. Il devient également plus facile de résumer les propos si le sujet nous est familier.
Durant cette phase de préparation, le respeaker doit s’assurer qu’il connaît bien le vocabulaire spécifique qui va être utilisé. Il doit se renseigner sur les mots qui sont susceptibles d’être prononcés durant le direct, en particulier les noms de personnes ou de lieux, qui ne sont pas forcément présents dans le vocabulaire de
4 Ce chapitre explique le travail des respeakers chez SWISS TXT.