3. Reconnaissance vocale
4.5 Compétences du respeaker
Pendant le direct, le respeaker doit multiplier les tâches simultanément : il doit écouter les propos, les reformuler, insérer la ponctuation et corriger les erreurs, tout en évitant de prendre trop de retard. Nous reparlerons de cet aspect dans la section suivante, 4.5 Compétences du respeaker.
Une chose à laquelle le respeaker doit faire attention pendant le direct, c’est de ne pas faire directement référence à l’image dans les sous-‐titres. En effet, comme les images peuvent changer très rapidement et que les sous-‐titres mettent un certain temps à apparaître à l’écran, cela pourrait troubler les téléspectateurs, car il n’y aurait plus de lien entre l’image et le sous-‐titre.
Une fois le direct terminé, le respeaker peut enregistrer ses sous-‐titres et repérer les éventuelles erreurs qui sont passées à l’écran. Si des erreurs sont récurrentes, le respeaker peut entraîner le système, jusqu’à ce qu’il ne commette plus ces fautes. La phase d’entraînement recommence donc.
4.5 Compétences du respeaker
Les personnes qui connaissent mal le métier de respeaker pensent qu’il s’agit d’une activité assez banale : répéter les propos que l’on entend, à la manière d’un perroquet. Or, qualifier un respeaker de simple « perroquet » démontre une grande ignorance de la complexité de la tâche. Même s’il s’agit principalement d’une activité intralangue, les exigences spécifiques de la tâche ainsi que du logiciel de reconnaissance vocale imposent des contraintes complexes pour que l’activité se fasse avec succès [BAARING, 2006].
C’est pourquoi n’importe qui ne peut pas prétendre être un bon respeaker. Il faut des compétences particulières pour arriver à de bons résultats, comme nous allons le voir à présent.
Ø Multitâche : Un bon respeaker est quelqu’un qui arrive à faire plusieurs choses en même temps : écouter, reformuler et corriger. Le respeaking est une activité multitâche qui demande un processus mental complexe. Il faut être capable de diviser son attention : il faut à la fois prêter attention à la forme et au contenu du message source, mais également à la forme et au contenu du message cible [BAARING, 2006].
Ø Travail en équipe : Le respeaker doit aimer le travail en équipe. Comme le respeaking est un travail très exigeant, notamment du point de vue de l’attention, il ne peut pas être effectué sur une longue période. Les respeakers travaillent donc toujours en équipe lorsqu’ils doivent sous-‐titrer un programme. Les respeakers, généralement au nombre de deux, se relaient toutes les 15 à 30 minutes. La durée entre chaque relai est définie d’après le type de direct. Plus le programme à sous-‐titrer sera complexe, par exemple une émission politique avec plusieurs intervenants, plus les respeakers se relaieront rapidement. Le fait de travailler à deux est aussi synonyme de sécurité : si un respeaker éprouve tout d’un coup des difficultés à sous-‐titrer ou s’il doit faire fasse à des problèmes techniques, le deuxième respeaker peut reprendre le direct à sa place.
Ø Connaissance de l’environnement informatique : Le respeaker doit être à l’aise avec l’environnement informatique, et en particulier avec le logiciel de reconnaissance vocale [ROMERO-‐FRESCO, 2011, p. 48]. En connaissant les limites du système, le respeaker va pouvoir anticiper les éventuelles erreurs de celui-‐ci, et donc adapter sa stratégie pour reformuler différemment une idée. Le respeaker doit également être à l’aise en dactylographie, car les corrections des sous-‐titres lors d’un direct se font au clavier.
Ø Maîtrise de la voix : Pour assurer une bonne reconnaissance vocale, le respeaker doit être capable de dicter les mots en les prononçant correctement, sans bafouer et en faisant attention à bien articuler. Lorsque il parle rapidement, il doit s’efforcer de bien articuler les mots (sans tomber dans l’excès), car sinon, le système de reconnaissance vocale pourrait avoir des difficultés à reconnaître les mots. C’est l’un des points que nous allons voir dans l’analyse au chapitre 6. Le respeaker doit aussi savoir gérer sa voix, c’est-‐à-‐dire garder le même timbre tout au long du direct. Parfois, les commentateurs sportifs s’enthousiasment très fortement. Le respeaker doit garder son calme pour éviter toute mauvaise reconnaissance.
Ø Maîtrise de la langue : Le respeaker doit avoir une excellente maîtrise de sa langue maternelle. Il doit être capable de repérer et de corriger les fautes d’orthographe et de grammaire. C’est un aspect également très important pour la reformulation. Il doit être capable de bien structurer ses idées, tout en ajoutant la ponctuation.
Ø Gestion du stress : Le respeaker doit rester maître de lui en toutes circonstances. Comme le travail se fait en direct, cela implique automatiquement une part de stress ; le respeaker travaille sous pression.
On ne peut pas faire une pause ou décider de revenir en arrière si on a fait une erreur. Il faut continuer coûte que coûte et rester concentré. A lui de gérer au mieux ce stress et d’avoir les idées claires pour réfléchir et prendre rapidement des décisions.
Ø Bonne préparation : Comme nous l’avons expliqué au chapitre précédent, le respeaker doit se renseigner avant chaque direct sur le sujet de l’émission.
Une bonne connaissance du sujet est primordiale. Plus il est à l’aise avec le sujet, moins il devra faire d’effort de compréhension, et donc, plus il pourra se consacrer au texte cible [EUGENI, 2006]. En entraînant les mots susceptibles d’être prononcés, le respeaker augmentera la qualité de reconnaissance, et ainsi, la qualité du sous-‐titrage.
Ø Bons choix d’édition : Le respeaker doit faire des bons choix d’édition. Il doit avoir une certaine aptitude à reformuler les idées, à s’exprimer clairement tout en étant concis, car tout ne peut pas être redit tel quel. En effet, comment nous l’avons dit au point 2.4.1 Clavier standard, le débit de parole est souvent trop élevé pour tout redire, d’autant plus lorsque plusieurs personnes parlent simultanément. Il faut donc avoir un bon esprit de synthèse et choisir les informations les plus pertinentes, c’est-‐à-‐dire repérer ce qui doit être dit et ce qui peut être laissé de côté [LAMBOURNE, 2006]. De plus, il n’est pas possible d’assimiler autant d’information en lisant qu’en écoutant. La lecture prend plus de temps, c’est pourquoi il faut essayer de résumer l’information, sinon le téléspectateur n’arrivera pas à suivre. Il ne faut pas essayer d’écrire le plus de sous-‐titres possible. Il faut laisser le temps au téléspectateur de lire le sous-‐titre.
Ø Sens de l’autocritique : A la fin d’un direct, le respeaker doit être capable d’analyser sa performance et de voir les points sur lesquels il pourrait s’améliorer à l’avenir, afin que ses sous-‐titres soient encore meilleurs [ROMERO-‐FRESCO, 2011, p. 54].