• Aucun résultat trouvé

Une des limites majeures de ce travail consiste en une faible expérience de l’enquêteur principal vis-à- vis des méthodologies de recherche qualitative. Ce défaut a été compensé, autant que faire se peut, par

4.4 Forces et faiblesses

de l’auto-formation sur les bonnes pratiques associées, entre autres via un guide dédié(81). Également, il convient de se rappeler que cette étude a bénéficié des moyens inhérents à un travail de thèse d’exer- cice de médecine « simple », non rattachée à un projet de recherche bénéficiant de financements dé- diés, au titre d’appels d’offre, d’appels à projet, etc. Il en résulte que les moyens, notamment temporels, alloués à ce travail ont donc été limités. De plus amples investigations pourraient être envisagées par la suite, avec des moyens dédiés, avec un recrutement plus large.

Concernant le format de cette thèse, celui-ci a été conçu selon les recommandations du réseau

EQUATOR (pour « Enhancing the QUAlity and Transparency Of health Research), quant aux standards de présentation des résultats issus de travaux se basant sur des approches qualitatives(79). La présen- tation des résultats issus des analyses a été conçue pour permettre de proposer des données utilisables par les équipes travaillant sur le programme MBSR.

Il existe un biais de sélection concernant les sujets enquêtés : chacun d’entre eux avait manifesté un mi- nimum d’intérêt quant à la méditation, en amont des entretiens. Nous ne nous sommes pas entretenus avec des internes n’exposant pas d’intérêt sur le sujet. Les motifs de refus principaux de ces derniers étaient qu’ils ne se sentaient pas légitimes sur le sujet ou encore qu’ils ne disposaient pas assez de temps pour participer à un entretien dédié. Le recrutement s’est fait par contact direct des individus, par l’interne enquêteur, l’échantillonnage est donc non probabiliste et non aléatoire.

Les entretiens et les analyses mobilisés dans le cadre de ce travail sont soumis à plusieurs biais cogni- tifs (faisant partie d’une liste consensuelle sur ce type de biais(82)). Le plus souvent ces biais sont liés au mode déclaratif du recueil des données analysées. Il est par ailleurs souvent décrit qu’une démarche d’approche qualitative implique un plus gros risque de biais de confirmation avec un risque de « ten- dance à l’acquiescement » de la part des sujets enquêtés. L’équipe investigatrice peut être perçue comme une figure d’autorité sur le sujet, et induire un certain sens aux réponses rapportées.

Les propos rapportés sont également soumis au biais de désirabilité sociale. La dernière thématique des guides d’entretien n’était pas initialement conçue pour l’étudier. Elle a, finalement, permis d’identifier de manière indirecte que l’on pouvait supposer que certaines des réponses des enquêtés étaient soumises à ce biais. Les mots-clés rapportés comme associés à l’entretien et au travail de recherche étaient pour l’immense majorité très positifs, sans contrepoids. Il en était de même pour les propos concernant les éventuelles critiques vis-à-vis du programme en lui-même et son implémentation au sein du CHU de Bordeaux. Ainsi, nous pouvons faire l’hypothèse qu’une partie des autres propos rapportés puissent souvent vouloir valider la démarche de l’enquêteur, la démarche de recherche. Ces constatations vont dans le même sens que de précédents travaux, portant sur l’imputabilité des effets post-intervention rap- portés, en considérant ce biais déclaratif spécifique(80).

Dans le même ordre d’idée, nous pouvons également supposer une part d’effet Hawthorne(83) dans le cadre de ce travail : au-delà de l’environnement de recherche, le simple fait de prendre part à un projet de recherche tend à modifier les comportements et les réponses des sujets. Les enquêtés s’investissent alors plus dans les réflexions sur le sujet de recherche, que s’ils n’avaient pas été soumis au cadre ex- périmental. Cela s’est notamment manifesté chez plusieurs sujets « hésitants » par une surprise vis-à- vis de leurs propres réponses aux questions de l’enquêteur. Cela a pu participer à la modification des re- présentations que ces individus avaient par rapport à la méditation et au programme MBSR. Un autre type d’effet, dit « effet Pygmalion »(84) a pu également opérer dans le cadre de ce travail : les mots et

4.4 Forces et faiblesses

les réactions de l’enquêteur ont pu influencer les retours des enquêtés, notamment dans le sens d’une validation, étant donné les a priori positifs de l’enquêteur sur le sujet d’étude.

A contrario, le fait que l’enquêteur ait été un interne également, connaissant parfois personnellement les enquêtés, a été discuté comme source d’un discours plus « libéré ».

Nous avons tenté de compenser toutes ces limites via divers procédés, déjà évoqués précédemment

dans la partie dédiée. Les potentiels biais évoqués ci-dessus étaient explicitement abordés juste avant l’entretien-même, avec comme conseil d’essayer de s’en prémunir au maximum dans les propos des en- quêtés. S’il ne fallait retenir qu’un des procédés compensatoires ayant eu le plus d’impact a priori sur toutes ces limites, il s’agit du temps dédié à la préparation des entretiens qui a été opéré en amont de chacun d’entre eux, avec notamment le rappel de la position de chercheur.

Il convient de considérer les résultats évoqués dans ce travail comme étant intimement liés à notre contexte de recherche, comme le disait Werner Heisenberg : « Ce que nous observons, ce n’est pas la nature en soi, mais la nature exposée à notre méthode d’investigation ».