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CHAPITRE IV. MÉTHODOLOGIE

IV.5 CONSTRUITS ET OUTILS DE MESURE

IV.5.1 Fonctions pyramidales

Échelle de gravité des atteintes pyramidales : Spastic Paraplegia Rating Scale

Les capacités fonctionnelles chez les personnes atteintes de spasticité seront évaluées par le Spastic Paraplegia Rating Scale (SPRS) (Schule et al., 2006), échelle de gravité développée par un groupe de travail de GeNeMove, spécialistes des désordres de mouvements. Il s’agit d’une échelle de 13 items, cotés à l’aide d’une échelle ordinale de 0 (pas d’atteinte) à 4 (atteinte sévère) et avec un score maximal de 52 points, qui s’intéresse aux déplacements, à la spasticité, à la force musculaire et à d’autres signes et symptômes présents chez les paraplégies spastiques, qui présentent des atteintes similaires à notre population. Le temps d’administration est de 15 minutes, ce qui comprend la cotation de l’index des atteintes non spastiques. La fidélité interévaluateurs est élevée (CCI = 0,99 pour le score total, 0,83-1,00 pour les items individuels) de même que la cohérence interne (Cronbach α = 0,91). La validité discriminatoire a été déterminée en comparant les scores du SPRS pour les différents niveaux ambulatoires utilisés pour catégoriser les patients et le score augmente en fonction de l’évolution des capacités locomotrices (p < 0,001). Pour la validité de construit convergente, une corrélation élevée a été démontrée entre le SPRS et l’Index de Barthel (-0,73 ; p < 0,001) de même qu’entre le SPRS et l’International

Cooperative Ataxia Rating Scale (ICARS) (0,81 ; p < 0,001). Les corrélations avec le Mini- Mental Status Examination (MMES) étaient faibles tel qu’attendu, témoignant de la validité divergente (-0,04, n.s.). Il n’existe pas d’effet plafond ou plancher apparent selon les auteurs.

Dans une autre étude portant sur l’évaluation de personnes atteintes de myélopathie progressive chronique, Adry et collaborateurs (2012) ont comparé l’échelle OSAME des incapacités motrices, l’échelle de Kurtzke et le SPRS. La relation entre les différentes échelles est très significative avec un p < 0,0001, et les résultats du SPRS évolue en fonction de la durée de la maladie (p = 0,0004) tout comme ceux des deux autres échelles, indiquant que le SPRS permet l’évaluation de la condition neurologique de ces patients même si cette échelle n’a pas été développée à cet effet (échelle spécifique et non pas générique).

Dans l’étude de Klimpe et collaborateurs (2012), des corrélations entre le SF-36 (MCS et PCS) ont permis de démontrer l’influence de la sévérité des atteintes sur la qualité de vie. En effet, des résultats plus élevés au SPRS (sévérité plus importante) corrélaient de façon significative avec des scores plus bas au sous-score physique (PCS) (r = -0,63; p < 0,0005) et au sous-score mental (MCS) (r = -0,38; p < 0.0005) du SF-36. Les résultats au SPRS ont aussi permis de discriminer la forme pure (16,3 ± 8,6) de la forme compliquée (22,8 ± 9,9) de paraplégie spastique, soutenant la validité discriminatoire de l’échelle. Cette échelle a été utilisée auprès de différentes formes de paraplégies spastiques (Hehr et al., 2007; Liao et al., 2008; Klimpe et al., 2012; Bereau et al., 2015) et a été en mesure de discriminer les différentes cohortes en fonction de l’importance des atteintes.

Aucune étude des qualités métrologiques n’a été réalisée auprès de la population ARSCS. Elle a été complétée une seule fois dans le cadre de ce projet.

Déficit moteur : Lower Extremity MOtor COordination Test (LEMOCOT)

Le déficit moteur chez l’ARSCS est la résultante de l’interaction de la force musculaire, de la spasticité et de l’amplitude articulaire disponible, de la coordination motrice, de la sensibilité profonde et probablement du traitement de l’information effectué par les centres supérieurs. Il n’existe pas de test unique permettant de quantifier le déficit moteur chez notre clientèle, c’est pourquoi le choix s’est arrêté sur un test de coordination, la réalisation d’un mouvement coordonné étant reliée à l’importance du déficit moteur chez l’ARSCS.

Le Lower Extremity MOtor COordination Test (LEMOCOT) est un test de coordination des membres inférieurs développé en 2005 par Johanne Desrosiers et ses collaborateurs (2005). Le sujet est assis sur une chaise, son genou est fléchi à 90 degrés et il doit effectuer des mouvements alternés rapides de flexion/extension du genou afin de toucher à deux cibles placées à 30 cm l’une de l’autre (verticalement) sur un canevas rigide (50 X 55 X 0,4 cm) reposant au sol. Le nombre de cibles touchées est calculé sur une période de 20 secondes. Une seule répétition du LEMOCOT, suite à une familiarisation d’une dizaine de secondes avec le test, est suffisante pour obtenir un résultat fidèle (Pinheiro et al., 2014).

Ce test n’a pas été validé auprès de notre clientèle, mais a été utilisé auprès de personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral (Desrosiers et al., 2002; Desrosiers et al., 2003a), lesquelles présentent des atteintes similaires.

Pour ce qui est de la validité de construit, l’étude a été menée auprès de 144 personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral et elle a été établie par les corrélations modérées à élevées (convergente) avec les tests fonctionnels et physiques tels que le Fugl-Meyer (fonction motrice) (r = 0,79, p < 0,001), l’Échelle d’équilibre de Berg (r = 0,67, p < 0,001), le test de marche sur cinq mètres (r = 0,67, p < 0,001), l’endurance de marche sur deux minutes (r = 0,66, p < 0,001), le SMAF (système de mesure de l’autonomie fonctionnelle) (r = 0,62-0,79; p < 0,001), pas de corrélation (divergente) avec les tests cognitifs (Mini- Mental modifié) (r = 0,11, p = 0,20) ou les tests de perception visuelle (Motor-Free Visual Perceptual Test) (r = 0,15, p = 0,08). Le test est aussi en mesure de discriminer (validité de

construit discriminatoire) les patients en soins de longue durée de ceux vivant dans les autres milieux (p < 0,001) (Desrosiers et al., 2005).

L’étude de fidélité réalisée par l’auteure du test a démontré une bonne fidélité intraévaluateur (CCIs = 0,83-0,88), ce qui a été supporté par les résultats de l’étude de Pinheiro et collaborateurs (2014) (CCIs = 0,90-0,99; p < 0,001). La fidélité interévaluateurs est aussi supportée par des CCIs élevés (CCIs = 0,91-0,99; p < 0,001).

Dans l’étude de Pinheiro et collaborateurs (2014), des valeurs de référence ont été développées pour le test, auprès d’un échantillon de 320 personnes de la population générale, âgée de 20 ans et plus. L’âge et le sexe expliquent 48 % et 44 % de la variance des résultats du LEMOCOT (membre dominant et non dominant respectivement) et l’âge corrèle négativement avec les résultats du LEMOCOT. Des équations prédictives ont aussi été proposées et sont les suivantes :

Résultat au LEMOCOT (membre dominant) : -0,37 (âge) + 6,0 (sexe) + 51 Résultat au LEMOCOT (membre non dominant) : -0,34 (âge) + 5,3 (sexe) + 48 où l’âge (années) et sexe (homme = 1, femme = 0)

Ce test a été réalisé à trois occasions dans le cadre de ce projet, ce qui a permis par le fait même d’en établir la fidélité auprès de notre population. Une planche de plexiglas a été utilisée afin de standardiser la position des cibles et de pouvoir surélever la planche du sol au besoin, selon les caractéristiques anthropométriques des participants. Le positionnement a donc pu être optimisé, comme recommandé par l’auteure. La cotation est effectuée lors de la performance lors du premier essai suivant la familiarisation avec le test.