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Focus sur 5 « communes-test » : la voiture nécessaire à la mobilité de 87% de la population

II. LA MOBILITE, UNE QUESTION SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE

3. Focus sur 5 « communes-test » : la voiture nécessaire à la mobilité de 87% de la population

Pour identifier les territoires « avec alternatives à la voiture » et les territoires « totalement dépendants de la voiture », nous avons déterminé une méthode en 4 phases.

3. 1.

Seulement 3 services de transport de qualité…

Cette première phase a déjà été effectuée dans une partie précédente : nous avons montré que sur les 8 services de transport existants dans la CCPAR, seuls 3 peuvent être considérés « de qualité » ; il s’agit : - des lignes de TER Centre 28 et 29, reliant Tours à Saumur et Tours à Chinon, et desservant

respectivement Langeais, et Azay et Rivarennes ;

- de la ligne TF, du réseau de cars départemental, desservant Azay, Cheillé et Lignières de Touraine

3. 2.

… accessibles à pied par 13% de la population, et en voiture

par 99% ...

Nous avons retenu dans notre méthode deux distances d’accessibilité aux services de transport : 300m pour un accès à pied aux arrêts de car, 800m pour un accès à pied aux gares, et 7 km pour un accès en voiture aux arrêts de cars et aux gares.

En croisant les rayons d’attractivité des arrêts de cars et des gares avec la tâche urbaine des 5 communes- test (représentant les zones urbanisées), nous obtenons les cartes suivantes :

Carte 20 : Rayons d’attractivité à pied autour des arrêts de cars et des gares – MH, Sept. 2013

Les secteurs colorés en orange représentent les zones urbanisées situées à moins de γ00m d’un arrêt de car, donc ayant accès à pied aux arrêts de car et à la ligne les desservant. De même, le secteur coloré en bleu foncé (autour de la gare d’Azay-le-Rideau) représente la zone urbanisée située à moins de 800m de la gare, dans laquelle les populations auront accès à pied à la gare et à la ligne TER.

Seul 1.1 km² sur 8.5 km², soit environ 13% de la zone urbanisée, a accès à pied aux arrêts de cars de la ligne de cars TF ; seul 0.3 km², soit environ 3.5% de la zone urbanisée, a accès à pied aux gares et à la ligne de TER 29.

Néanmoins, les secteurs en orange et en bleu foncé couvrant en partie le centre-bourg d’Azay-le-Rideau, zone densément peuplée, nous pouvons supposer que le pourcentage de population ayant accès à pied à la ligne TF et à la ligne de TER est supérieur à 13% et 3.5%.

En croisant le rayon d’attractivité des gares (accès en voiture) et la tâche urbaine des 5 communes-test, nous obtenons les secteurs colorés en vert : ils représentent les zones urbanisées situées à moins de 7km de l’une des trois gares du territoire (Azay-le-Rideau, Rivarennes ou Langeais), donc ayant accès en moins de 10 minutes en voiture aux gares et aux lignes de TER 28 et 29 les desservant.

99% du territoire a accès en moins de 10 minutes à une gare (seule l’extrémité sud de la zone urbanisée de Villaines-les-Rochers est située à plus de 7 km d’une gare) : la quasi-totalité de la population des communes d’étude a donc accès à une gare en moins de 10 minutes en voiture.

En résumé, seule une faible partie de la population a accès à pied aux arrêts de cars (autour de 13%) et aux gares (autour de 3%) situées dans les 5 communes-test.

Par contre, la quasi-totalité de la population a accès rapidement aux gares, à condition d’utiliser leur voiture.

3. 3.

… et qui répondent aux besoins en termes de destinations

de moins de 50% des actifs

Pour constituer une alternative à la voiture et être attractifs pour les populations, les services de transport doivent également être en adéquation avec leurs besoins en termes de destinations, notamment pour les actifs.

A partir des bases de données INSEE « Mobilité Professionnelle_2008 », nous avons comparé les communes d’emploi des actifs de la CCPAR et les communes desservies par l’un des trois services de transport en commun « de qualité » (cf. Tableau).

Commune de résidence Travaillent dans leur commune

Lieu de travail (hors commune) non accessible en TC

Lieu de travail (hors commune) accessible en TC Azay-le-Rideau 34% 28% 38% Cheillé 16% 29% 55% Lignières 23% 22% 55% Vallères 10% 31% 58% Villaines-les-Rochers 27% 31% 42% 22% 28% 50%

Tableau 3 : Adéquation entre offre de TC et besoins - Source : INSEE « Mobilité Professionnelle 2008 » – MH, Mai 2013

Notre analyse montre qu’en moyenne, 28% des actifs travaillant hors de leur commune de résidence n’ont pas d’autre alternative que la voiture pour se rendre sur leur « commune » de travail (ou plus précisément, ils ne disposent pas d’offre de transport collectif « de qualité »).

En revanche, 50% des actifs travaillant hors de leur commune de résidence pourraient théoriquement se rendre sur leur « commune » de travail avec des transports en commun « de qualité ».

Néanmoins, ceci ne signifie pas qu’ils pourront se rendre en TC sur leur lieu de travail : en effet, il faudrait pour cela que la distance entre l’arrêt de car/la gare et leur lieu de travail soit suffisamment courte pour pouvoir être effectuée à pied, à vélo ou, dans les grandes agglomérations, en transport en commun. Ce « dernier kilomètre » doit également pouvoir être effectué rapidement : s’il augmente de façon trop importante le temps de trajet global, les actifs préfèreront certainement prendre leur voiture. Cela est notamment inenvisageable dans les communes où les emplois sont localisés dans des zones activités à l’extérieur des centres-bourgs, donc éloignés des arrêts de cars/gares.

Ainsi, on peut supposer que le pourcentage d’actifs pouvant théoriquement se rendre sur leur lieu de travail en TC est inférieur à 50%.

lignes) et donnent accès à respectivement 9 et 10 communes ; la ligne de car départementale n’est quant à elle accessible que depuis 2 communes, et donne accès à 11 communes.

Commune de résidence TER 29 TER 28 Ligne TF (cars)

Azay Le Rideau x x x

Cheillé x

Lignières x x x

Vallères x x

Villaines les Rochers x

Tableau 4 : Services de TC accessibles par commune sur la CCPAR – MH, Mai 2013

Lecture pour la commune d’Azay-le-Rideau : les actifs d’Azay-le-Rideau peuvent emprunter les lignes de TER 29 (Chinon-Tours) et 28 (Tours-Saumur), et la ligne de cars TF (Chinon-St-Patrice) pour accéder à leurs communes de travail.

En résumé, la majorité des 50% actifs pouvant théoriquement accéder à leur commune de travail en TC le peuvent en utilisant les TER.

Concernant les déplacements non-pendulaires, liés aux loisirs ou aux achats, nous n’avons pas de données sur les lieux fréquentés par les ménages ; il nous est donc impossible de vérifier si les transports en commun proposent des destinations adéquates.

3. 4.

Choix modaux des actifs pour leurs déplacements domicile-

travail

Commune de résidence

Lieu de travail hors commune accessible en TC Mode principal : TC Travaillent hors de leur commune de résidence Mode principal : voiture Azay Le Rideau 38% 6,7% 65,0% 75,5% Cheillé 55% 4,0% 84,1% 88,1% Lignières 55% 3,1% 77,2% 81,9% Vallères 58% 0,7% 89,5% 93,7%

Villaines les rochers 42% 4,3% 73,3% 80,2%

Moyenne 50% 3,8% 77,8% 83,9%

Tableau 5 : Proportion de fréquentation des TC pour les déplacements pendulaires – MH, Mai 2013

Lecture pour la commune d’Azay-le-Rideau : Alors que les transports en commun existants devraient permettre à 38% des actifs de se rendre dans leur commune de travail, seuls 6.7% d’entre eux utilisent les TC pour leurs déplacements pendulaires, et 75.5% leur voiture.

L’inadéquation entre offre et besoins et la faible accessibilité des services de transport en commun sur le territoire (hormis en voiture) expliquent sans doute en partie les très faibles chiffres d’utilisation

des transports en commun pour les déplacements pendulaires des actifs45, (Tableau – données INSEE 2008) : alors que 50% des actifs des 5 communes d’étude pourraient théoriquement se rendre dans leur commune d’étude en TC, seuls γ,8% les empruntent.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que dans les 5 communes, le pourcentage d’actifs utilisant majoritairement leur voiture pour aller travailler est supérieur au pourcentage d’actifs travaillant hors de la commune de résidence : ceci signifie qu’un pourcentage d’actifs vit et travaille dans la même commune, mais utilise néanmoins leur voiture.

Ce phénomène est le plus remarquable dans la commune d’Azay-le-Rideau, où 75.5% des actifs utilisent la voiture comme mode de transport principal pour se rendre au travail, alors que seuls 65% des actifs ridellois travaillent à l’extérieur de la commune : cela signifie donc que 10% des actifs vivent et travaillent à Azay-le-Rideau, mais utilisent leur voiture. Néanmoins, vivre et travailler dans la même commune ne se traduit pas toujours par des déplacements pendulaires de faible distance, parcourables facilement à pied ou à vélo : nous pouvons citer par exemple les habitants des hameaux éloignés du centre-bourg, qui travailleraient au centre de leur commune, ou les habitants qui travailleraient dans des zones d’activités situées en dehors des centres-bourgs.

3. 5.

Conclusion

Sur les 8 réseaux de transport organisés (par le Conseil Régional, le Conseil Général, la commune

d’Azay-le-Rideau ou l’ASSAD de Tours) sur le territoire de la Communauté de Communes d’Azay-le- Rideau, seuls 3 peuvent être considérés « de qualité », et sont susceptibles de constituer une bonne alternative à la voiture.

Les 5 autres services fonctionnent à des fréquences trop faibles ou sur des grilles horaires inadaptées aux besoins des populations (notamment des actifs), ont des temps de trajet rédhibitoires par rapport à la voiture, ou proposent des tarifs trop élevés pour une utilisation quotidienne.

Les 3 services de qualité sont accessibles de manière inégale sur les cinq territoires communaux : - Pour des ménages non motorisés, qui se déplacent uniquement à pied, seuls 3,5% ont accès

aux gares, et 13% aux arrêts de cars ; ce sont essentiellement des ménages habitant dans le

centre-bourg d’Azay-le-Rideau et de Lignières-de-Touraine ;

- En voiture, l’accès aux gares est rapide (moins de 10 minutes) pour la quasi-totalité (99%) de la population : le TER peut donc constituer une alternative intéressante à la voiture… voiture qui s’avère néanmoins nécessaire pour accéder aux gares…

En résumé, 87% de la population de ces 5 communes-test n’est mobile qu’à condition d’avoir

accès à une voiture. L’utilisation de la voiture peut être limitée grâce à l’offre de TER : les gares

sont néanmoins accessibles uniquement en voiture pour plus de 95% de la population.

Enfin, l’offre des transports en commun de qualité (en particulier l’offre en TER) correspond aux besoins en termes de destinations de moins de 50% des actifs ; β8% des actifs n’ont aucune alternative à la voiture pour se rendre sur leur lieu d’emploi.

Nous avons donc mis en évidence au sein du territoire deux situations face à la mobilité :

- seuls les ménages habitant dans le centre-bourg d’Azay et de Lignières-de-Touraine, à moins de γ00m d’un arrêt de car ou de 800m d’une gare, peuvent aujourd’hui se passer totalement de la voiture, soit 13% de la population totale.

- les ménages habitant en dehors du centre-bourg d’Azay-le-Rideau ou de Lignières-de-Touraine, et dans l’ensemble des γ autres communes (soit 87% de la population), sont aujourd’hui totalement dépendants de la voiture, et n’ont aucune alternative « totale » à la voiture : si l’offre de transport (en termes de fréquence, de grille horaire ou de destinations) correspond à leurs besoins, le véhicule leur est de toute façon nécessaire pour accéder aux gares.

Ce manque d’alternatives à la voiture et l’inadéquation entre l’offre existante et les besoins en

mobilité des ménages peut expliquer les taux d’utilisation des transports en commun existants,

4. Conclusion : une dépendance à la voiture justifiée dans la plupart