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Les flux d’entrée en formation de psychiatrie restent insuffisants

Dans le document La prise en charge de la santé mentale (Page 70-81)

Depuis les années 1970, les évolutions des effectifs de médecins et de psychiatres s’expliquent, pour partie, par les politiques des pouvoirs publics en matière de fixation du numerus clausus, du nombre et de la ventilation par spécialité des postes ouverts à l’internat (encadré 2). Le maintien des numerus clausus à des niveaux très bas jusque dans les années 1990 (graphique 2) a entraîné de fortes baisses des entrées en formation de médecine. La psychiatrie a été particulièrement touchée depuis la mise en place de l’internat : le nombre de postes ouverts est ainsi passé de 300 places à la fin des années 1980 à 175 dans la seconde partie des années 1990, soit respectivement 14 % et moins de 10 % des postes ouverts à l’internat.

Toutefois, la forte augmentation du nombre d’internes depuis 2002 a sensiblement bénéficié à la psychiatrie (ainsi qu’aux spécialités chirur- gicales et, dans une moindre mesure, aux spécialités médicales) : le nombre de postes a ainsi rapidement atteint 300 places en 2005.

0 4 000 8 000 12 000 16 000 20 000 24 000 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Psychiatres 0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000 Omnipraticiens et tous spécialistes

GRAPHIQUE2

Historique des numerus clausus en médecine et du nombre de postes ouverts à l’internat, selon les grands groupes de spécialité

Champ•France entière. Sources•DGS. 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 NC et nombre de place s à l’interna t 0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 Nombre de place s à l’interna t

Numerus clausus Places internat Spécialités médicales Spécialités chirurgicales

Biologie médicale Non prescripteurs Psychiatrie

ECN

ENCADRÉ1

Sources utilisées : le répertoire Adeli de la DREES

Le répertoire Adeli de la DREES recense, pour les professions de santé réglementées par le Code de la santé publique, tous les professionnels en exercice (hormis ceux relevant du service de santé des armées) tenus de faire enregistrer leurs diplômes auprès de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de leur départe- ment d’exercice. Au 1erjanvier 2005, les professions de santé réglementées étaient les

médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, masseurs- kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, psychomotriciens, pédicures-podolo- gues, ergothérapeutes, audio-prothésistes, opticiens-lunetiers et manipulateurs en électro-radiologie. Bien qu’étant une obligation légale, une part non négligeable d’entre eux, notamment parmi les médecins, ne s’inscrivent pas au répertoire Adeli, surtout en milieu hospitalier. Par ailleurs, un certain nombre de professionnels omettent notam- ment de signaler leur cessation d’activité, ce qui conduit à surestimer légèrement les évolutions démographiques. C’est pourquoi une procédure de redressement des don- nées ministérielles sur les médecins est appliquée chaque année, aboutissant au calage du répertoire Adeli sur le fichier de l’Ordre national des médecins. Cependant, les inci- tations de plus en plus fortes à l’inscription (informations, obtention de la carte de pro- fessionnel de santé, etc.) améliorent sensiblement l’exhaustivité du répertoire.

ENCADRÉ2

Organisation et principales réformes des études médicales

Mise en place du numerus clausus en 1971

Depuis 1971, le numerus clausus régule l’accès en deuxième année des études médi- cales. Celles-ci comportent trois cycles. Le premier (PCEM) dure deux ans et inclut la barrière du numerus clausus. L’étudiant peut choisir son unité de formation et de recherche (UFR) à son inscription en première année. Le deuxième cycle dure quatre années. Il est suivi du troisième cycle dont la durée théorique est de trois ans pour les futurs médecins généralistes et, selon la spécialité choisie, de quatre ou cinq ans pour les futurs spécialistes. À son instauration, le numerus clausus a été fixé autour de 8 500 élèves admis en deuxième année (alors que les promotions antérieures étaient deux fois plus nombreuses), puis sensiblement réduit dès la fin des années 1970 (graphique 2). Il a atteint sa valeur la plus basse en 1993 (3 500 places, soit moins de la moitié de sa valeur initiale), avant de remonter petit à petit, puis de manière plus nette depuis 2002 (6 200 en 2005 et 7 000 en 2006), suite aux craintes exprimées quant à une possible « pénurie médicale ».

La réforme de l’internat de 1982

Cette régulation du nombre de médecins formés n’a toutefois pas été immédiatement accompagnée d’une maîtrise ex ante de la répartition entre généralistes et spécialistes : une fois acquis le diplôme (unique) de généraliste, tous les médecins pouvaient en effet poursuivre leur cursus, soit par un certificat d’études spécialisées (CES), soit par l’inter- nat des hôpitaux, ouvrant tous deux droit à exercer ladite spécialité. Devant une ten- dance jugée inquiétante à la spécialisation, la loi de 1982 (entrée en vigueur en 1984) porta réforme au troisième cycle des études médicales. Dans un souci d’harmonisation numérique, mais aussi géographique, des différentes branches de la médecine, elle ins- taure, d’une part, un concours national d’accès aux filières de spécialité (ayant conservé l’appellation d’internat bien que sa vocation ait changé) reposant sur le principe de quo- tas par spécialité et, d’autre part, un résidanat de médecine générale. Avec cette loi, il s’agissait également de combler des lacunes et des inégalités pédagogiques, en cen- trant davantage le contenu des études sur la médecine générale pour les futurs géné- ralistes et en gommant les divergences de formation des spécialistes inhérentes à la modalité d’obtention de la spécialité (Hardy-Dubernetet al., 2003).

Les étudiants admis à l’internat obtiennent un poste d’interne en fonction de leur rang de classement, du nombre de postes ouverts par discipline d’internat et par UFR (ou faculté de médecine) et de leurs vœux d’affectation. À l’opposé, ceux qui échouent au concours deviennent résidents en médecine générale, en majorité dans leur subdivision d’origine (UFR). Le nombre de généralistes par région n’est plus fixé à l’avance, contrai- rement à celui des spécialistes, mais dépend dès lors largement de la réussite à l’inter- nat des étudiants formés. Depuis cette réforme, il apparaît que les femmes se tournent moins souvent vers l’exercice spécialisé. Une hypothèse avancée est que cette réforme se serait traduite par un accès plus difficile des femmes à la spécialisation (Hardy- Dubernet, 2000).

Mise en place des épreuves classantes nationales (ECN)

À compter de 2005, les épreuves classantes nationales (ECN) ont constitué le passage obligé pour accéder au troisième cycle des études médicale (en 2004, année de transi- tion, les ECN ont en fait coexisté avec le précédent régime). Les étudiants sont ainsi amenés à choisir, en fonction de leur rang de classement et du nombre de postes

L’ensemble de ces postes était en 2005 pourvu (tableau 1). La psychia- trie se place avec la gynécologie-obstétrique dans une position inter- médiaire entre les spécialités apparaissant comme très attractives (spé- cialités médicales, chirurgicales, pédiatrie ou encore anesthésie réanimation) et celles jugées moins attractives (médecine générale, santé publique, médecine du travail) [Billaut, 2005 et Billaut, 2006]. La notion d’attractivité d’une discipline peut être approchée par le pourcentage d’étudiants l’ayant retenue en premier vœu et par la répar- tition des disciplines choisies en fonction des rangs de classement aux épreuves classantes nationales (ECN, voir l’encadré 2), en les compa- rant aux places disponibles (tableau 2).

Lors des premières simulations d’affectation des choix pour les ECN 2004 et 2005, la psychiatrie est apparue en premier vœu pour respec- tivement 6,1 % et 7,3 % des étudiants, alors que la proportion de pla- ces allouées à cette discipline était de 5 % et 6,2 %, soit une demande excédentaire de respectivement 22 % et 17 %. À titre de comparaison, en 2005, l’offre était excédentaire de 105 % pour les spécialités médi- cales et de 55 % pour l’anesthésie réanimation ; à l’opposé, l’offre était déficitaire de 60 % pour la médecine générale et de 36 % pour la santé publique.

Par ailleurs, lorsque l’on considère les 1 000 premiers classés en 2004 et en 20054, ils étaient respectivement 3,3 % et 4,3 % à avoir choisi de

s’orienter vers la psychiatrie et 4,8 % et 4 % vers la gynécologie-obsté- trique.

ouverts par les pouvoirs publics, un groupe de spécialités (ou « disciplines ») parmi les- quelles la médecine générale figure à part entière, et un lieu de formation (« subdivi- sion »). Le nombre de places offertes en médecine générale est donc maintenant fixé a priori pour chaque subdivision géographique.

Pour les ECN, la liste des disciplines du troisième cycle des études médicales est fixée par un arrêté du 10 mars 2004. Au total, onze disciplines sont déterminées : anesthésie- réanimation, biologie médicale, gynécologie médicale, gynécologie-obstétrique, méde- cine générale, médecine du travail, pédiatrie, psychiatrie, santé publique, spécialités médicales et spécialités chirurgicales.

Les spécialités médicales regroupent les diplômes d’études spécialisées (DES) en ana- tomie et cytologie pathologiques, cardiologie et maladies vasculaires, dermatologie et vénéréologie, endocrinologie et métabolismes, gastro-entérologie et hépatologie, géné- tique médicale, hématologie, médecine interne, médecine nucléaire, médecine physique et de réadaptation, néphrologie, neurologie, oncologie, pneumologie, radiodiagnostic, rhumatologie.

Les spécialités chirurgicales englobent les DES de chirurgie générale, neurochirurgie, ophtalmologie, ORL et chirurgie cervico-faciale.

4. Le fait de raisonner sur les 1 000 premiers classés permet de s’affranchir des effets éventuels liés aux variations annuelles du nombre de postes ouverts pour certaines disciplines.

TABLEAU1

Répartition des postes ouverts et pourvus par discipline lors des ECN de 2004 et de 2005

Champ•France entière.

Sources•Fichiers de gestion automatisée des ECN de la DHOS, exploitation DREES.

TABLEAU2

Répartition, selon les disciplines, des premiers vœux des étudiants et des choix des 1 000 premiers lors des ECN 2004 et 2005 (%)

Champ•France entière.

Sources•Fichiers de gestion automatisée des ECN de la DHOS, exploitation DREES. Postes ouverts dans la discipline Étudiants ayant choisi en premier vœu la discipline Répartition des disciplines choisies

par les étudiants classés dans les 1 000 premiers Discipline 2004 2005 2004 2005 2004 2005 Anesthésie - Réanimation 6,1 5,1 8,5 7,8 8,4 7,5 Biologie médicale 1,5 1,2 2,4 2,3 1,3 1,5 Gynécologie médicale 0,4 0,4 0,9 0,6 0,0 0,3 Gynécologie-obstétrique 4,0 3,1 5,6 5,2 4,8 4,0 Médecine du travail 1,5 1,2 0,5 0,8 0,4 0,1 Médecine générale 46,2 50,0 22,6 19,4 4,4 5,4 Pédiatrie 4,9 4,1 6,9 6,7 8,8 8,9 Psychiatrie 5,0 6,2 6,1 7,3 3,3 4,3 Santé publique 1,9 1,5 0,9 1,1 0,4 0,2 Spécialités chirurgicales 9,5 11,5 13,5 16,4 17,2 18,0 Spécialités médicales 19,1 15,8 32,1 32,4 51,0 50,0 Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Libellé discipline 2004 2005

Ouverts Pourvus Écart Ouverts Pourvus Écart

Anesthésie - Réanimation 243 243 0 243 243 0 Biologie médicale 58 58 0 58 58 0 Gynécologie médicale 16 16 0 20 20 0 Gynécologie-obstétrique 158 158 0 150 150 0 Médecine générale 1 841 1 232 609 2 400 1 419 981 Médecine du travail 61 56 5 56 56 0 Pédiatrie 196 196 0 196 196 0 Psychiatrie 200 199 1 300 300 0 Santé publique 75 70 5 70 70 0 Spécialités chirurgicales 380 380 0 550 550 0 Spécialités médicales 760 760 0 760 760 0

Ensemble des disciplines

hors médecine générale 2 147 2 136 11 2 403 2 403 0

Cela confirme la place intermédiaire de ces disciplines en termes d’at- tractivité et de « prestige » entre, d’une part, les spécialités médicales (51 % et 50 %) et chirurgicales (17,2 % et 18 %) et, d’autre part, les spé- cialités dites « collectives » (santé publique et médecine du travail, pro- ches de 0 % en 2004 comme en 2005) et la médecine générale (4,4 % et 5,4 %). Pour la psychiatrie, les affectations se répartissent, en fait, de manière beaucoup plus homogène au sein du classement.

Vieillissement de la discipline

La diminution du nombre de diplômés en psychiatrie observée ces derniè- res décennies a d’ores et déjà abouti à un vieillissement de la profession qui, à long terme, devrait se traduire par une réduction du nombre d’actifs. Entre 1990 et 2005, l’âge moyen des psychiatres n’a cessé d’augmen- ter, passant de 44 ans à 50 ans. Cette progression de 6 ans est compa- rable à celle de l’ensemble des spécialistes, pour lesquels il est passé de 43 à 49 ans (Sicart, 2005). La proportion de médecins âgés de 55 ans et plus était sensiblement plus élevée parmi les psychiatres (35,8 %) que pour l’ensemble des spécialistes (29,5 %) et des omnipra- ticiens (22,8 %). Parallèlement, le rétrécissement de la base de la pyra- mide des âges, qui s’amorce dès la tranche d’âge des 45-49 ans, est plus marqué parmi les psychiatres que pour l’ensemble des spécialis- tes (graphique 3).

« À comportements et politiques publiques inchangés », une diminution sensible du nombre de psychiatres d’ici à 2025

D’après les projections réalisées en 2004 (encadré 3), sous l’hypothèse d’un numerus clausus fixé à 7 000 à partir de 2006 et en supposant les comportements des médecins constants et les décisions des pouvoirs publics inchangées (choix des modalités d’installation, cessation d’ac- tivité, etc.), la France métropolitaine compterait 186 000 médecins à l’horizon 2025, dont 8 800 psychiatres (Bessière et al., 2004). La den- sité médicale projetée diminuerait ainsi de 15 %, pour atteindre 283 médecins pour 100 000 habitants en 2025, un niveau proche de celui enregistré au milieu des années 1980. La baisse du nombre des méde- cins s’amorcerait à partir de 2008, sous l’effet de deux facteurs princi- paux : l’entrée en exercice de promotions de médecins peu nombreu- ses et la sortie d’activité des générations les plus nombreuses de médecins. Avec l’hypothèse d’un nombre de spécialistes en troisième cycle égal à la moitié du numerus clausus cinq ans auparavant, les effectifs de généralistes devraient moins diminuer que ceux des spécia- listes. Cette baisse attendue des effectifs de spécialistes serait particu- lièrement sensible pour les ophtalmologues, les psychiatres et les oto- rhino-laryngologistes (respectivement de -43 %, -36 % et -31 % entre 2002 et 2025). Pour les psychiatres, ce fléchissement ferait suite, rap- pelons-le, à une croissance sensible des effectifs dans les années 1990.

GRAPHIQUE3

Pyramides des âges des psychiatres, spécialistes et omnipraticiens au 1erjanvier 2005

Champ•France métropolitaine. Sources•Adeli redressé, DREES.

-30 000 -25 000-20 000-15 000-10 000-5 00005 00010 00015 00020 000 moins de 35 ans 35 à 39 ans 40 à 44 ans 45 à 49 ans 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans 65 ans et plus Médecins Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme -15 000 -10 000 -5 000 0 5 000 10 000 moins de 35 ans 35 à 39 ans 40 à 44 ans 45 à 49 ans 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans 65 ans et plus Spécialistes -2 000 -1 500 -1 000 -500 0 500 1 000 1 500 moins de 35 ans 35 à 39 ans 40 à 44 ans 45 à 49 ans 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans 65 ans et plus Psychiatres -15 000 -10 000 -5 000 0 5 000 10 000 moins de 35 ans 35 à 39 ans 40 à 44 ans 45 à 49 ans 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans 65 ans et plus Omnipraticiens

Un processus de féminisation qui se poursuit…

Entre 1990 et 2005, la proportion de femmes chez les psychiatres est passée de 35,4 % à 43,2 %. Ce mouvement de féminisation est compa- rable à celui observé pour l’ensemble des médecins (omnipraticiens comme spécialistes), où ces taux sont passés de 30 % à 38 %. Le taux de féminisation de la psychiatrie est l’un des plus élevés, devant les spé- cialités chirurgicales (23 % pour l’ensemble des spécialités, variant de 2 % à 3 % pour les chirurgies urologique, orthopédique et traumatologi- que à 43 % pour l’ophtalmologie), les omnipraticiens (38 %) et les spé- cialités médicales (40 % en moyenne avec des variations assez fortes de 17 % pour la cardiologie à 88 % pour la gynécologie médicale), mais derrière la biologie médicale (48 %), la santé publique (59 %) et la

ENCADRÉ3

Le modèle de projections démographiques des médecins : méthode, hypothèses et limites

Plusieurs études menées par la DREES ont porté sur des travaux de projections du nom- bre de médecins en activité en France. Ces exercices de projections ne dessinent pas forcément des évolutions futures mais retracent des évolutions tendancielles « à com- portements inchangés ». Elles constituent donc moins des prévisions que des scénarios permettant d’apprécier l’impact potentiel sur la démographie médicale de telle ou telle décision ou modification de comportement observée sur les années récentes. Le modèle de projections démographiques des médecins, élaboré en collaboration entre l’INED et la DREES, permet d’établir des projections d’effectifs de médecins selon le sexe, l’âge, la spécialité, le mode d’exercice principal (libéral, salarié hospitalier, salarié non hospitalier) et la région d’exercice.

Il utilise des données du répertoire Adeli redressées par la DREES (redressements per- mettant de prendre en compte les défauts d’inscription des médecins salariés, et notamment des hospitaliers). Il simule l’évolution des effectifs année après année jusqu’en 2025, globalement pour les étudiants en médecine (méthode dite « par com- posantes ») et individuellement pour les médecins en activité (méthode de « microsimu- lation »).

Le scénario central s’appuie sur les hypothèses suivantes :

• le numerus clausus de 7 000 observé en 2006 est maintenu constant à ce niveau sur toute la période de projection ;

• pour les spécialités hors médecine générale, le nombre total de places à l’ECN (épreuves classantes nationales) est fixé à partir de 2005 à 50 % du numerus clau- sus établi cinq ans auparavant, avec une répartition par discipline et région identi- que à celle de l’ECN de 2004 ;

• le nombre de places de médecins généralistes à l’ECN est déterminé de manière à ce que, dans chaque région, le nombre total d’étudiants entrant en troisième cycle des études médicales corresponde au numerus clausus de la région établi cinq ans plus tôt ;

• les comportements des médecins et étudiants sont supposés constants et iden- tiques à ceux observés dans les années les plus récentes (redoublement, choix de spécialité, d’installation, cessation d’activité, etc.).

médecine du travail (70 %) [Bessière, 2005]. La féminisation de la pro- fession devrait se poursuivre dans les années à venir, dans la mesure où, comme on l’a souligné précédemment, les femmes représentaient 67,3 % des étudiants affectés en discipline de psychiatrie à l’issue des ECN 2005, contre 58,6 % pour l’ensemble des disciplines.

… en dépit d’une contrainte de mobilité géographique forte pour la formation

Les femmes expriment une préférence assez marquée pour la psychia- trie par rapport aux hommes (tableau 3) : en 2005, cette discipline a été choisie par 4,3 % des femmes classées parmi les 1 000 premiers étu- diants à l’ECN, contre seulement 1,5 % des hommes (respectivement 4,9 % et 3,4 % aux ECN 2004). Lorsque leur classement le permet, les hommes s’orientent quant à eux vers les spécialités chirurgicales.

TABLEAU3

Genre et choix de discipline lors des ECN 2004 et 2005

Lecture•46,1 % des étudiants affectés en anesthésie-réanimation sont des femmes.

Parmi les femmes ayant un rang de classement inférieur à 1 000, 6,8 % ont opté pour l’anesthésie-réanimation ; elles étaient 5,4 % à l’avoir fait à l’issue des ECN 2004.

Champ•France entière.

Sources•Fichiers de gestion automatisée des ECN de la DHOS, exploitation DREES.

On retrouve un degré de féminisation similaire dans les différentes dis- ciplines : les postes ouverts en psychiatrie étaient pourvus à plus de 66 % par des femmes contre 58 % toutes disciplines confondues, moins de 30 % dans les spécialités chirurgicales et jusqu’à 80 % à 90 % en pédiatrie, gynécologie-obstétrique et gynécologie médicale.

Discipline

Part des femmes dans les disciplines

Répartition des disciplines choisies par les étudiants classés dans les 1 000 premiers selon le genre

2005 2004

2005 2004 Femmes Hommes Femmes Hommes

Anesthésie - Réanimation 46,1 42,4 6,8 11,4 5,4 10,3 Biologie médicale 58,6 51,7 1,2 1,5 1,9 1,0 Gynécologie médicale 90,0 87,5 0,0 0,0 0,5 0,0 Gynécologie-obstétrique 82,7 79,1 6,5 1,5 5,6 1,7 Médecine du travail 62,5 67,9 0,6 0,0 0,2 0,0 Médecine générale 58,1 61,5 6 1,5 7,7 2,2 Pédiatrie 82,1 82,1 11,8 3,2 12,8 3,4 Psychiatrie 67,0 67,3 4,3 1,5 4,9 3,4 Santé publique 60,0 47,1 0,5 0,3 0,3 0,0 Spécialités chirurgicales 35,8 29,5 10,7 29,2 10,3 28,6 Spécialités médicales 64,5 58,2 51,5 50 50,3 49,5 Ensemble 58,6 57,9 100,0 100,0 100,0 100,0

Les étudiants ayant opté pour la psychiatrie (comme pour la pédiatrie) sont également les plus mobiles à l’entrée en troisième cycle. En 2005, ils étaient 59 % à changer de lieu de formation, le plus souvent contraints par le choix de la discipline (36 %) plutôt que par choix déli- béré (23 %) ; pour l’ensemble des disciplines, cette mobilité se restreint à 48 % (19 % par contrainte et 29 % par choix délibéré).

Une plus forte concentration à l’hôpital public et une propension plus forte à un exercice mixte

En 2005, la part des psychiatres exerçant une activité libérale (principale ou secondaire) a atteint 48%, soit un peu moins que l’ensemble des spé- cialistes (50%). Depuis 1990, cette proportion est restée constante chez les psychiatres, alors qu’elle a diminué de 4 points pour les spécialistes (gra- phique 4).

GRAPHIQUE4

Évolution entre 1990 et 2005 de la part des psychiatres, spécialistes, omnipraticiens et ensemble des médecins ayant une activité libérale

Champ•France métropolitaine. Sources•Adeli redressé, DREES.

47% des psychiatres actifs exerçaient leur activité principale en cabinet libéral (comme l’ensemble des spécialistes)5et 41% à l’hôpital public (soit

4 points de plus que pour l’ensemble des spécialistes). La part des psychia- tres exerçant leur activité principale dans un établissement d’hospitalisa- tion privé participant au service public hospitalier (PSPH) est limitée à 5% et atteint à peine 1% dans les cliniques privées (graphique 5).

Cette répartition par grands secteurs d’activité n’est pas homogène selon le genre. Les femmes ont en effet une propension relativement moins grande à s’orienter vers l’exercice libéral que leurs confrères: en 2005, les taux de féminisation s’élevaient ainsi à 37,5% en libéral, contre 48% en milieu hospitalier. Ce phénomène, parfois désigné sous le terme de «ségrégation verticale6», n’apparaît pas plus marqué que dans les autres grandes spécia-

40 % 45 % 50 % 55 % 60 % 65 % 70 % 75 % 80 % 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Psychiatres Spécialistes Omnipraticiens Ensemble médecins

5. Ce chiffre diffère légèrement de la part de libéraux et mixtes (situation professionnelle du praticien toutes activités confondues), car l’on ne considère ici que le secteur d’activité de l’activité principale. 6. La « ségrégation verticale » représente la division du travail entre les sexes avec, pour une même profession, une probabilité différenciée d’accéder aux postes plus élevés dans la hiérarchie du travail et des conditions d’exercice différentes. Voir notamment Aïach et al., 2001.

lités. Historiquement d’ailleurs, l’exercice libéral de la médecine est tou- jours moins féminisé que les autres cadres d’exercice, les femmes préférant souvent le salariat en secteur hospitalier, dans les centres de soins ou encore dans le domaine de la prévention (Herzlich et al., 1993).

Parmi les psychiatres du répertoire Adeli ayant une activité libérale, plus de 40% ont déclaré une activité salariée en parallèle en 2005. La psychiatrie présenterait ainsi une part de praticiens mixtes (15%) sensiblement supé- rieure à l’ensemble des spécialistes mais elle demeurerait toutefois infé- rieure à celle de certaines spécialités comme l’oto-rhino-laryngologie (31%) ou la stomatologie (29%)7. Les psychiatres mixtes dont l’activité

principale est libérale exercent, au titre de leur seconde activité, pour près

Dans le document La prise en charge de la santé mentale (Page 70-81)