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Flore lactique et céréales fermentées

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2. MICROBIOTE DES ALIMENTS FERMENTES A BASE DE CEREALES

2.1 Flore lactique et céréales fermentées

2. MICROBIOTE DES ALIMENTS FERMENTES A BASE DE CEREALES

Les aliments fermentés, à base de céréales, abritent divers microorganismes (BL, levures et champignons filamenteux) présents sur les matrices de fermentation. La composition et la diversité du microbiote des céréales fermentées dépendent principalement de l’environnement (végétaux, animaux et ustensiles de fabrication, entres autres) et de l'adaptation des microorganismes aux conditions de fermentation (substrats, températures, pH, activité de l’eau) (Jespersen, 2003; Guyot, 2010; Tamang, 2010a).

2.1 Flore lactique et céréales fermentées 2.1.1 Propriétés et caractérisation des BL

Les BL sont un groupe de bactéries unies par une multitude de caractéristiques morphologiques, métaboliques et physiologiques. En général, elles sont décrites comme des bactéries à Gram positif, non mobiles, en forme de coques ou de bâtonnets, non sporulantes, dépourvues de cytochromes et de catalase, anaérobies micro-aérophiles, strictement fermentatives, aux exigences nutritionnelles complexes (acides aminés, peptides, vitamines, sels, acides gras, glucides fermentescibles) et qui produisent de l'acide lactique comme le principal produit final au cours de la fermentation des carbohydrates. Le terme de BL est intimement associé aux habitas riches en nutriments (lait, viande, végétaux) et aux aliments fermentés, mais d’autres sont aussi associées aux différentes surfaces des muqueuses des mammifères (Axelsson, 2005).

La classification des BL repose en grande partie sur la morphologie, l’arrangement, la croissance à des températures différentes, la configuration de l'acide lactique produit, la capacité de croître à des concentrations de sel élevées, et la tolérance acide ou alcaline (tableau 4). Les marqueurs chimiotaxonomiques, tels que les acides gras et les constituants de la paroi cellulaire (SDS-PAGE de toutes les protéines de la cellule), sont également utilisés dans la classification (Axelsson, 2005; Vandamme et al., 2014).

Le mode de fermentation du glucose, en anaérobiose dans des conditions standards non limitatives en concentration de glucose et en facteurs de croissance (acides aminés, vitamines, et des précurseurs d'acides nucléiques), est une caractéristique importante utilisée dans la différenciation des genres des BL. Dans ces conditions les BL peuvent être divisées en deux grands groupes : les homofermentaires et les hétérofermentaires. La glycolyse (voie

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Figure 9: Principales voies cataboliques du glucose par les BL: (a) voie homolactique (EMB); (b) voie hétérolactique (6-PG/PK) (Endo and Dicks, 2014).

Les enzymes sélectionnés sont : a, glucokinase ; b, fructose-1,6-diphosphate aldolase ; c, lactate dehydrogenase ; d, glucose-6-phosphate dehydrogenase ; e, 6-phosphogluconate dehydrogenase ; f, phosphoketolase ; g, acetatekinase ; h, acetaldehyde dehydrogenase ; i, alcohol dehydrogenase ; j, pentose isomerase ; k, ribulokinase ; l, transketolase ; m, transaldolase.

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d'Embden-Meyerhof-Parnas ; EMP) engendre presque exclusivement de l'acide lactique comme produit final, désignant ainsi un métabolisme à fermentation homolactique. La voie du 6-phosphogluconate/phosphoketolase (6-PG/PK), donnant des quantités importantes d'autres produits finaux tels que l'éthanol, l'acétate et le CO2 en plus de l'acide lactique, désigne un métabolisme à fermentation hétérolactique (figure 9). Divers conditions de croissance peuvent altérer de manière significative la formation du produit final. Ces changements peuvent être attribués à une modification du métabolisme du pyruvate et/ou à l'utilisation d'accepteurs d'électrons externes tels que l'oxygène, dans les deux modes respiratoire et non respiratoire, ou des composés organiques (Endo and Dicks, 2014).

Historiquement les genres Lactobacillus, Leuconostoc, Pediococcus et Streptococcus forment le corps du groupe des 20 genres. En technologie alimentaire les genres Aerococcus, Carnobacterium, Enterococcus, Lactobacillus, Lactococcus, Leuconostoc, Oenococcus, Pediococcus, Streptococcus, Tetragenococcus, Vagococcus et Weissella sont considérés comme les plus importants. Les BL peuvent être divisées en bâtonnets (Lactobacillus spp. et Carnobacterium spp.) et en coques (tous les autres genres). Une exception pour le genre Weissella qui, par définition, peut inclure à la fois des coques et des bâtonnets (Axelsson, 2005).

La classification des BL, décrite ci-dessus, est largement basée sur les caractères phénotypiques et biochimiques. En pratique, dans l'identification de routine des isolats, ces caractéristiques ne peuvent pas suffire pour attribuer définitivement une souche à une espèce particulière. Aujourd'hui, avec la disponibilité de la technologie rapide et automatique de séquençage de l’ADN, le séquençage direct du gène de l’ARNr 16S est la méthode la plus puissante pour la classification des BL (Giraffa and Carminati, 2008) (figure 10).

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Figure 10 : Schéma d’un arbre phylogénétique, sans racines, des BL ; les distances évolutives sont approximative (Axelsson, 2005).

2.1.2 Bactéries lactiques impliquées dans la fermentation des céréales

Les BL, spécifiquement adaptées, jouent un rôle important dans la fermentation des céréales. Leur dominance dans les écosystèmes alimentaires diffère selon les pratiques traditionnelles de préparation. La variation des technologies de production et des paramètres tels que la nature des céréales, la température, et la durée de propagation, agissent sur leur diversité et sur l’implication d’une fermentation alcoolique, ou non, menée par les levures. (Hammes et al., 2005).

Les pâtes aux levains qui sont des écosystèmes biologiques très complexes, principalement influencés par la composition et les interactions entre les processus de panification et les ingrédients, représentent des niches alimentaires très particulières dont la majorité des espèces isolées régulièrement appartiennent, à quelques exceptions près, aux genres de Lactobacillus, Pediococcus, Leuconostoc, et Weissella (Guyot, 2010). Le plus grand nombre d'espèces identifiées (> 60 espèces) sont des lactobacilles, du fait de leur métabolisme des glucides hautement adapté (par exemple, la capacité de fermentation du maltose de L. fermentum, L. reuteri et L. sanfranciscensis), et leur réponse au stress (par

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exemple, la réponse au stress acide associée à la production de protéines de stress) (De Vuyst et al., 2014). Les lactobacilles typiques des levains sont représentés par L. sanfranciscensis, L. pontis, L. panis, L. paralimentarius, L. frumenti, L. spicheri, L. rossiae, L. zymae, L. acidifarinae, L. hammesii, L. nantensis, et L. mindensis. Alors que les weissellas (W. cibaria, W. confusa), les pediocoques (P. acidilactici, P. pentosaceus), et les leuconostoques (Leu. mesenteroides, Leu. citreum) sont moins prédominants dans les levains. Les lactocoques , les entérocoques et les streptocoques sont très minoritaires (Chavan and Chavan, 2011; De Vuyst et al., 2014).

Les BL hétérofermentaires et homofermentataires généralement associées aux boissons et aliments fermentés à base de céréales autres que les pâtes aux levains traditionnels, appartiennent aux genres Lactobacillus, Leuconostoc, Weissella, Lactococcus, Pediococcus, Enterococcus et Streptococcus. Quelles que soient les méthodes d'investigation utilisées, il semble qu'il y ait un consensus général pour dire que les BL appartenant aux genres cités ci-dessus sont souvent isolées, et que L. plantarum et/ou L. fermentum sont souvent les espèces dominantes (Blandino et al., 2003; Guyot, 2010). Les espèces du genre Lactobacillus ont été régulièrement isolées des aliments fermentés à base de céréales tels que bushera en Ouganda (Muyanja et al., 2003), togwa en Tanzanie (Mugula et al., 2003), Pozol au Mexique (Ampe et al., 1999), Mawé au Togo et au Bénin (Nout, 2009), hussuwa au Soudan (Yousif et al., 2010), poto poto et degué dans la République du Congo (Abriouel et al., 2006), et koko au Ghana (Lei and Jakobsen, 2004). Les lactobacilles forment le groupe dominant en association avec des coques ou coccobacilles appartenant principalement aux genres Weissella, Pediococcus et Lactococcus. Cependant, il ya quelques aliments à base de céréales fermentées dans lesquels les coques sont dominants ou représentent une part importante du microbiote (Guyot, 2010).

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