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Les filières des arts visuels

II. Note de Synthèse

3. Présentation synthétique des différentes filières

3.2 Les filières des arts visuels

Nous regroupons ici la filière art plastique, la filière design et la filière photographie

La filière art plastique25

- C’est une filière où domine le modèle autonome même si un certain nombre d’artistes tirent une partie de leurs revenus, notamment au niveau local, en adoptant une logique d’action culturelle sur le territoire et en répondant à des commandes des collectivités publiques26. Le modèle intégré est quasi inexistant.

- Dans cette filière, le modèle du marché de l’art est dominant au niveau international et national (vente d’un original à un prix élevé) tandis que le modèle institutionnel prévaut au niveau local.

- L’économie des arts plastiques se divise en deux sous-filières largement étanches. Une sous-filière de l’art « classique » regroupe des acteurs qui revendiquent un savoir-faire artisanal et dont l’objectif est avant tout de faire des œuvres à vocation décorative. Elle fonctionne selon une logique essentiellement marchande, ne serait-ce que parce qu’elle ne bénéficie pas ou très peu des soutiens publics. Les galeries, présentes à Paris et en Province, se spécialisent souvent sur un genre particulier (les marines, l’art abstrait…). Leur travail de promotion est relativement limité (organisation d’un vernissage). Certains artistes peuvent être diffusés dans plus d’une dizaine de galeries réparties sur le territoire national. Celles-ci jouent un rôle de point de vente physique de leur travail. Les salons de peinture ou des marchés (grand marché de l’art à la Bastille à Paris, marché de l’art contemporain au MIN à Nantes par exemple), permettent aux artistes de vendre directement aux collectionneurs.

L’autre sous-filière regroupe les acteurs qui contribuent à la promotion d’un art d’avant-garde dont la qualité tient d’abord à l’originalité de la démarche artistique, originalité reconnue par les institutions ou certains grands collectionneurs. Les galeries commerciales sont majoritairement concentrées sur Paris tandis qu’en province, excepté à Lyon, les acteurs appartiennent presqu’exclusivement au secteur non-lucratif. Ils sont dès lors très dépendants des fonds publics.

25 Voir la note Analyse de la filière des Arts Plastiques, C6A Gomez, S. Le Garrec, J. Muchembled, Audencia, Nantes.

26 Voir De Vries M., Martin B., Melin C., Moureau N., SAGOT-DUVAUROUX D., (2011), "Portrait économique des diffuseurs d’art actuel inscrits à la Maison des artistes", Culture Chiffres, n°CC2011-1,

- Les aides publiques prennent majoritairement la forme de soutiens sélectifs en fonction de la qualité artistique estimée du projet. Le rôle du tissu associatif est essentiel dans les fonctions de diffusion de l’art contemporain27 en Région.

- L’accès à un marché national et international se heurte à la disponibilité de moyens de production. L’économie des arts plastiques glisse de plus en plus vers une économie de production où les œuvres ont besoin de financements en amont pour exister, à l’instar du cinéma. Le modèle de l’artiste isolé produisant en atelier une œuvre découverte ensuite par des galeries ou des institutions laisse place à celui d’un artiste qui doit réunir des fonds, parfois importants, pour donner naissance à ses projets. La visibilité nationale et a fortiori internationale, à quelques exceptions près, passe par la production d’œuvres couteuses dont le financement ne peut être assuré exclusivement par l’artiste. L’aide à la production est devenue essentielle.

- Entre les artistes et les collectionneurs, plusieurs types d’intermédiaires jouent un rôle important : les galeries et les sociétés de vente aux enchères pour ce qui est de la dimension marchande de la filière, les structures associatives et les institutions (Musées, FRAC, FNAC…) pour la dimension non marchande.

- Le développement d’une activité commerciale (hors art classique) en région semble un défi presque insurmontable. Il existe des effets de seuils en dessous desquels il semble très difficile de survivre. L’économie des arts plastiques fonctionne en cluster. Au niveau international, l’activité est géographiquement très concentrée dans certaines villes et même dans certains quartiers. Au-delà du soutien à un réseau associatif et institutionnel dense et efficace sur la région, le développement d’une activité commerciale exigerait des mesures fortes d’attraction de galeries de façon à atteindre un nombre minimal d’acteurs susceptibles d’attirer les collectionneurs.

La filière photographie28

Comme la filière musiques actuelles, cette filière est éclatée entre différentes sous-filières et différents modèles économiques. C’est sans doute la filière où co-existent les économies les plus différentes. C’est aussi une filière radicalement transformée par les technologies numériques

27 Voir C.A. Gomez, S. Le Garrec, J. Muchembled, La filière des arts plastiques de la Région des Pays de la Loire, Audencia, ss la dir. de C. Guimbertaud et V. Lardière (AMAC) et L. Noel, Audencia

28 Voir la note analyse de la filière photographie, Y. Li, A. Millet-Streff, K. Savary, UFR Droit Economie Gestion, Angers.

- Les trois types de modèles de création co-existent : le photographe salarié dans une entreprise ou un journal (modèle intégré), le photographe répondant à une commande d’entreprises (marché du corporate), une commande publicitaire ou une commande publique (modèle externalisé) et le photographe artiste exposant en galerie ou choisissant librement ses sujets pour la presse et l’édition (modèle autonome)29;

- De même, les quatre « business models » sont mobilisés : vente de tirages uniques ou en série très limitée dans les galeries d’art (modèle du marché de l’art), vente de la copie d’un original reproduite dans un livre, un poster, un journal (modèle de l’édition), diffusion d’une image sur un support rémunéré par la publicité (modèle des medias) et enfin financement d’une exposition ou d’une résidence par une collectivité publique (modèle institutionnel).

- Le marché de la photographie est un marché dont la demande est composée à la fois de professionnels (journaux, maisons d’éditions, publicité…) et de particuliers (tirages, posters, livres…).

- Sur le marché de la presse, de l’édition et de la publicité, les agences ou collectifs occupent une place centrale. Certaines défendent des photographes auteurs (Magnum, Vu Tendance Floue…). D’autres sont davantage des agences d’illustration dont les photos sont choisies pour leur sujet plus que pour leur auteur. Ces agences sont aujourd’hui directement concurrencées par des acteurs ayant investi précocement dans le numérique (Getty, Corbis). L’abondance d’images sur internet, dont une partie est produite par des amateurs (sur des sites comme Flick R ou fotolia), tire les prix vers le bas et rend difficile les conditions d’existence des photographes de presse et d’illustration. Le marché de la publicité et de la photographie d’auteur se maintiennent mieux.

- Le marché des tirages photographiques fonctionnent selon des modalités semblables au marché de l’art contemporain30. Galeries, sociétés de ventes aux enchères et institutions occupent une place centrale.

Cependant, certaines agences ont développé, parallèlement à leur activité à destination de la presse et de l’édition, une activité de ventes de tirages (Magnum, Vu par exemple).

La filière Design31

- La filière design est sans doute une de celles la plus difficile à identifier. A l’intersection de l’art et de l’industrie, comme dans la

29 Voir SAGOT-DUVAUROUX D., (2010), " Quels modèles économiques pour les marchés de la photographie à l’heure du numérique?", Cahiers Louis Lumière, n°7.

30 Voir Moureau N., SAGOT-DUVAUROUX D., , 2008 "La construction du marché des tirages photographiques", Etudes Photographiques, n°22, octobre

31 Voir F. Destin, J. Ezan, S. Nodale, C. Bourlier, analyse de la filière design, Audencia, Nantes, sous la direction de L. Noel, Audencia, Nantes.

photographie, on retrouve des designers dans les trois modèles de création identifiés par T. Paris. De même, le design intéresse les entreprises et les particuliers. La filière se décompose en différentes sous-filières : design d’espace, design de produits et design graphique.

- Dans le design, les deux modèles de création dominants sont le modèle externalisé dans lequel un cabinet de design répond à la demande d’entreprises et le modèle intégré où le designer est salarié de l’entreprise qui fait appel à ses services. Le modèle autonome se développe depuis quelques années à la faveur de l’essor d’un marché du design d’art.

- A cette diversité des modèles de création correspond une diversité des modèles d’affaires. L’activité du designer peut être complètement fondue dans le processus industriel. Il est alors payé en salaire ou en prestation de service. Mais le designer peut aussi éditer lui-même ses créations généralement produite en série limitée.

- Les logiques non-marchandes et institutionnelles sont très minoritaires même si les collectivités publiques, conscientes de l’enjeu économique de cette fonction, mettent en place des dispositifs institutionnels de soutien.

- S’il existe des écoles spécialisées, l’offre de formation est relativement éclatée, notamment dans les écoles d’art.

La filière métiers d’art32

Comme son nom l’indique, cette filière est à l’intersection de l’art et de l’artisanat. Très diversifiés, les métiers d’art sont répartis en 19 familles regroupant 217 métiers. Chaque métier d’art se raccroche à une filière spécifique (verre, bois…) qui rend difficile une approche unifiée.

- Le modèle d’une création autonome co-existe avec une création internalisée et externalisée. Mais l’essentiel de l’activité a pour objectif de répondre à une demande, fonctionnelle ou décorative. Les métiers d’art incluent des activités de prestation de service (restauration de monuments historiques par exemple) et de production d’objets. Certains artisans vendent directement leur production, d’autres travaillent pour des boutiques ou des distributeurs spécialisés. Il existe quelques grosses entreprises, notamment dans le secteur du luxe, qui développent une production industrielle haut de gamme.

- La création artisanale entretient généralement un lien fort avec son territoire. Des clusters se sont mis en place pour entretenir et développer des savoir-faire construits sur longue période. L’image de certains

32 Analyse de la filière métiers d’art, M2 Management international des arts de la France, ITBS, Université d’Angers

territoires est ainsi associée à des savoir-faire et des produits issus de l’histoire (La faïence à Malicorne). Ce lien justifie des stratégies de labellisation (ville et métiers d’art) et parfois la mise en place de dispositifs de propriété intellectuelle. Ces savoir-faire servent ensuite de base à des stratégies de diversification (par exemple Saumur et l’équitation).

- Les produits ou services issus des métiers d’art sont généralement couteux. La qualité des matières premières utilisées, la qualification du travail et la rareté des objets (dont certains peuvent être numérotés (modèle des multiples) expliquent ces prix qui induisent souvent une clientèle aisée.

3.3 Les filières du spectacle vivant (hors musiques actuelles) 33

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