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F IGURE 32 L ES TERRITOIRES DE PROXIMITÉ , UNE PLURALITÉ D ’ INTERPRÉTATIONS POSSIBLES

Etude du local ?

A proximité du lycée ? Et quel périmètre définir ?

A proximité du lieu de résidence des élèves ? Connu d’eux ? Du quotidien ?

Etude par le local associée à la sortie de terrain ?

Enquête de terrain depuis la classe ?

Sortie sur le terrain, démarche hypothético-

déductive

Sortie sur le terrain, démarche inductive

Visite guidée Visite en autonomie

Jeu de piste Questionnaire OU OU Matrice culturelle Matrice institutionnelle ? OU

Où est la proximité ? Dans quelle matrice s’intègre l’étude ?

Quelle est la forme donnée à l’étude ? Visite sensible* Territoires de proximité OU OU OU

*. Je reviendrai sur la terminologie de visite sensible dans la deuxième partie de cette thèse (chapitre 1) pour la définir, puis dans la troisième partie (chapitres 2 et 3) pour présenter des exemples de mise en œuvre.

III. Le concours-photo, une interprétation de la demande institutionnelle

Nous l’avons vu, une même demande institutionnelle peut être sujette à de nombreuses interprétations. On peut s’étonner d’une telle liberté laissée aux enseignants. Mais si on lit cela à l’aide de l’analyse de l’activité proposée par l’ergonomie (Hoc & Leplat, 1982), ou encore du principe de la liberté pédagogique, cela semble moins surprenant. Mieux, si on utilise le concept d’innovation institutionnelle, on comprend que l’institution, lorsqu’elle souhaite innover, joue sur cette marge d’interprétation, pour promouvoir une innovation par le bas, émanant des acteurs eux-mêmes. Ce sont ces différentes notions, tâche, activité, liberté pédagogique, innovation institutionnelle, que je propose de définir et de mettre en relation ici, afin de montrer que notre concours-photo, loin en apparence de la prescription de l’enseignement des territoires du quotidien, en était en réalité une conséquence, certes originale.

A. L’

ACTIVITE ENSEIGNANTE

,

UNE INTERPRETATION DE LA TACHE FIXEE PAR L

INSTITUTION SCOLAIRE

L’ergonomie, qui se donne pour objet d’étudier « la relation entre l’homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail »99, invite à considérer toute activité professionnelle,

quelle qu’elle soit, comme le résultat de l’interprétation par le sujet (également appelé opérateur) de la tâche fixée par l’employeur. Ainsi, l’activité (appelée aussi travail réel) se définirait par « ce qui se fait » et la tâche (ou travail prescrit) par « ce qui est à faire » (Hoc & Leplat, 1983, p.82). L’écart entre les deux s’explique par la part, variable, d’implicite qui est laissée par l’employeur dans la description de la tâche, laissant ainsi une place à la créativité du sujet. Plus la description de la tâche sera précise, plus le sujet se verra cantonné à une activité d’exécution. Au contraire, plus la description sera incomplète, plus la part du sujet dans l’élaboration de l’activité sera importante. Dans tous les cas, l’activité consiste à mettre en œuvre à la fois une tâche clairement posée et à activer des schèmes de perception et d’appréciation qui sont eux-mêmes le produit intériorisé des structures sociales (Bourdieu 1980). Ainsi, l’activité consiste à mettre en œuvre une tâche prescrite dans un contexte donné

et interprétée en fonction du contexte propre à l’opérateur et à son poste de travail. Dans le cas de l’enseignant, cela varie d’un établissement et d’un type de public à un autre. On peut la schématiser comme suit :

Une partie de l’analyse de l’activité consiste donc à définir cette tâche100, à la fois dans

ses éléments connus, explicites, et dans ses éléments implicites :

Dans le cas de l’institution scolaire, la part laissée à la créativité et donc à l’implicite est importante, elle est même contractuelle : le principe de la liberté pédagogique est en effet au fondement de l’activité enseignante, même si celle-ci est encadrée, comme le rappelle la loi n°2005-380 du 23 avril 2005 d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école :

« La liberté pédagogique de l'enseignant s'exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l'Éducation nationale

100 Tandis qu’une autre, nous le verrons plus loin (ch. 4) consiste à analyser les effets de cette activité.

TÂCHE

(ou travail prescrit), plus ou moins explicite et prescrite dans un contexte donné.

ACTIVITE (ou travail réel) FIGURE 33 L’ACTIVITÉ, RÉSULTAT D’UNE INTERPRÉTATION

INTERPRETATION de la tâche, variable en fonction de l’opérateur et de son poste de travail

TÂCHE (ou travail prescrit), plus ou moins explicite et prescrite dans un contexte donné.

ACTIVITE (ou travail réel) FIGURE 34UNE DES COMPOSANTES DE L’ANALYSE DE L’ACTIVITÉ : ANALYSER LA TÂCHE

INTERPRETATION de la tâche, variable en fonction de l’opérateur et de son poste de travail

En quoi consiste la tâche ? Dans quel contexte est-elle prescrite ? Quel est son degré de précision ?

Quel est le contexte propre à l’opérateur ? Quel est le contexte lié au poste de travail qu’il occupe ?

Quelle forme l’opérateur donne-t-il à la tâche prescrite ? En quoi se distingue-t-elle / s’apparente- t-elle aux formes données par d’autres opérateurs ?

et dans le cadre du projet d'école ou d'établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d'inspection ».

L’article 34 de cette même loi prévoit également de laisser aux établissements une plus grande autonomie, et le droit à l’expérimentation :

« Sous réserve de l’autorisation préalable des autorités académiques, le projet d’école ou d’établissement peut prévoir la réalisation d’expérimentations, pour une durée maximum de cinq ans, portant sur l’enseignement des disciplines, l’interdisciplinarité, l’organisation pédagogique de la classe, de l’école ou de l’établissement, la coopération avec les partenaires du système éducatif, les échanges ou le jumelage avec des établissements étrangers d’enseignement scolaire. Ces expérimentations font l’objet d’une évaluation annuelle. » (Article désormais inséré dans le code de l’éducation L. 401-1).

Ainsi, la tâche est fixée avec plus ou moins d’implicites par l’institution scolaire sous la forme de tâches à remplir. A charge pour les enseignants de l’interpréter au plus près des attentes de l’institution, avec une marge de manœuvre plus importante que dans d’autres profession, au nom de la liberté pédagogique. D’une même tâche pourront donc résulter des activités très différentes en fonction des sujets, de la manière dont ils interprètent la tâche qui leur est donnée, et ce en accord avec leur mission.

B. L’

INNOVATION INSTITUTIONNELLE

:

UNE TACHE DELIBEREMENT FLOUE POUR STIMULER LA CREATIVITE

Cela se complique encore lorsque l’institution souhaite innover. En effet, comme l’a montré le sociologue Norbert Alter (2000) l’innovation « ne se programme pas, ne se décrète

etc.

INTERPRETATION

Enseignant 1

TÂCHE prescrite par l’institution scolaire

ACTIVITE 1

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