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F IGURE 57 L E BRICOLAGE ENSEIGNANT

Bricolage 1, sur le terrain 1 Problème Innovation institutionnelle Bricolage 2, sur le terrain 2 Bricolage 3, sur le terrain 3 T0 T1 T2

Une diffusion dans les pratiques des autres enseignants ?

nos élèves se rendent seuls sur le terrain134 délimité pour l’étude. Cela était rendu possible

par le fait qu’il s’agissait de lycéens, plus libres de leurs mouvements que des collégiens. Cela était également rendu possible par le fait que le terrain sur lequel nous les envoyions ne présentait pas de dangers particuliers. Il impliquait également que nous ayons des élèves assez sérieux pour faire ce travail en dehors du temps scolaire. Plus précisément, nous l’avions conçu pour un public de lycéens de Première ES. C’est un niveau particulièrement adapté à un projet de cette nature, car ce n’est pas une classe à examen135, ce qui laisse plus de liberté par

rapport au programme et au volume horaire imparti. Par ailleurs, c’est une section pour laquelle l’histoire-géographie est une matière importante, tant dans son volume horaire (4h par semaine) que dans son coefficient au bac (coefficient 4). On peut donc compter sur le sérieux des élèves dans cette discipline, même si le lycée ne compte pas parmi les mieux classés de l’académie pour ses résultats136. D’autres éléments de contexte étaient également

à prendre en compte. La mise en place de notre concours-photo impliquait notamment que le chef d’établissement nous donne son autorisation. En 2011 sa politique était de favoriser les projets et l’autonomie des enseignants et de les valoriser, ce qui a grandement facilité notre projet. Autre élément de contexte enfin, en 2011 la possession des smartphones commençait à se répandre, ce que confirme une étude datant de la même année137 et qui

avance que 35% des jeunes entre 18 et 24 ans étaient alors équipés d’un smartphones, 17% si on se réfère à la population dans son ensemble. Il était donc envisageable de demander à des élèves d’aller prendre une photographie, seuls ou en groupe, sans que cela soit discriminant pour les élèves les plus défavorisés qui n’auraient pas possédé d’appareil photo.

Si on se tourne vers le lieu à présent, notre concours-photo était là encore conçu sur mesure. En effet, les anciens terrains Renault, que nous avions choisi comme support de notre

134 Comme lieu de l’exploration

135Ce n’était alors pas le bac en 1ère S où l’histoire-géographie venait d’être mis en épreuve anticipée au

baccalauréat.

136Sur le plan sociologique, la population du lycée est très hétérogène, le lycée recrutant autout côté Boulogne (historiquement partie industrielle) que Billancourt (partie résidentielle). Par ailleurs le lycée souffre de la concurrence des lycées parisiens, tout proches, ainsi que des lycées privés. Les résultats au baccalauréat témoignent de cette relative fragilité : 88% de réussite au bac toutes sections confondues en 2014, pour une moyenne nationale de 91%. En 2012, année où les élèves à qui nous avions proposé le concours-photo ont passé le bac, le pourcentage pour la section ES était de 76%.

137 Etude du Credoc, la diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société

française, 2011, http://www.arcep.fr/fileadmin/uploads/tx_gspublication/rapport-credoc-diffusion-tic- 2011.pdf, p.41

étude des « territoires du quotidien » nouvellement introduite par les programmes scolaires, se prêtaient particulièrement bien à un concours-photo sur le thème de l’aménagement. On y trouve en effet la superposition de trois opérations d’aménagement, qui obéissent à trois temporalités différentes : d’une part la cité du Pont de Sèvres, construite dans les années 1970 autour du principe de l’urbanisme de dalle et aujourd’hui en réhabilitation, pour permettre une meilleure insertion dans le quartier. D’autre part le quartier dit du Trapèze, longtemps en friche, et qui est partiellement construit en 2011 et en passe d’obtenir le label d’écoquartier (2013). Enfin l’île Seguin est encore une friche en 2011, occupée par des installations temporaires (un restaurant, un pavillon et un parc) et dont l’aménagement fait l’objet de nombreux débats. Pour les élèves, cela donnait la possibilité de photographier l’un ou l’autre de ces espaces, ou de les juxtaposer, choix qu’ont fait par exemple Maxime, Sarra et Hugues. Là où d’autres enseignants prenaient le parti d’étudier un rond-point (Vergnolle Mainar, 2009) pour y mener, comme le demande le programme, une étude par le local (voir chapitre 3), nous avions fait le choix d’un terrain qui nous conduisait à associer une étude par le local à une étude du local, particulièrement emblématique d’une opération d’aménagement.

Enfin, notre concours-photo avait été imaginé dans le cadre d’un chapitre en particulier, les territoires du quotidien, et plus précisément sur une partie de ce chapitre, une étude de cas, dont il était l’évaluation. En termes d’amplitude horaire, cet exercice mobilise environ 2h de cours (1h pour expliquer les consignes, 1h pour la « correction »138). Rapporté au nombre

d’heures que les élèves recevront en histoire-géographie en Première, cela ne représente pas plus de 3%, et 6% si on rapporte ça à la seule géographie. Rapporté au nombre d’élèves, le chiffre est tout aussi infinitésimal, puisqu’il concernait une soixantaine d’élèves seulement.

Ainsi, notre concours-photo, réalisé sur mesure, était très dépendant du contexte dans lequel nous l’avions créé, à savoir pour des élèves lycéens, de Première Economique et Social, dans un lycée de la proche banlieue parisienne, accueillant un public mixte, à proximité d’un territoire emblématique d’une opération d’aménagement remarquable, les anciens terrains Renault et au moment de l’essor d’une pratique appelée à connaître les années suivantes un grand succès, la photographie numérique par smartphone. Se posait alors la question du possible transfert de cet outil à d’autres pratiques que la nôtre, dans un autre contexte (autres élèves, autre terrain, autres cycles) et à d’autres chapitres que celui sur les territoires du

quotidien : était-il envisageable par exemple de le proposer à des élèves du Primaire par exemple, ou à un public défavorisé ? Un tel concours était-il envisageable par ailleurs avec une autre thématique que celle de l’aménagement ? Et avec des territoires moins emblématiques que les anciens terrains Renault ? Bref, notre concours-photo était-il exportable, et dans quelle condition ?

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