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20 Figure II- 6: Hydrogrammes comparés du fleuve Niger à Niamey

Outre le fleuve Niger, le tissu urbain de Niamey est traversé par des affluents temporaires (koris) du fleuve qui ne coulent que pendant la saison des pluies (de juin à septembre). Le plus important de ces cours d’eau est le Gounti Yéna (

Figure II- 2

) qui entaille et draine le plateau de la rive gauche. Le Gounti Yéna subit depuis une dizaine d’année une érosion régressive due au dépôt de sédiments engendrés par le ruissellement de plus en plus agressif sur le plateau. Le Gounti Yéna est actuellement un élément quasi permanent suite au drainage des eaux usées et de la nappe. En rive droite, d’anciens méandres du fleuve coulent après de fortes précipitations. Ces cours d’eau prennent leurs sources au niveau des hauts plateaux. En rive droite, les escarpements marqués des hauts plateaux avec des pentes de 20 à 30% leur confèrent un fort potentiel gravitaire. Les koris de la rive droite présentent donc un fonctionnement de type torrentiel. Le bassin de réception des eaux est situé au niveau des hauts plateaux et les cônes de déjection à l’aval peuvent atteindre des tailles très importantes. Ces koris menacent l’ensablement du fleuve (Amogu, 2009).

Les koris en rive gauche présentent une morphologie et un fonctionnement totalement différents des koris de la rive droite. Leurs lits sont bien inscrits dans le paysage et présentent des vallées encaissées. Leur tracé, qui suit les grandes directions structurales de la région, présente une forme en baïonnette. Le potentiel gravitaire est peu important dans cette zone (pente inférieure à 5%), ce qui explique la faible pente des profils en long de ces cours d’eau. En saison sèche, l’eau stagne dans les concavités du lit des koris, formant ainsi des chapelets de mares. Mais en saison des pluies, la plupart des mares de la région se remplissent très vite au cours d’averses ou quelques heures après ces averses (Leduc, 2003) ; ce qui peut rendre ces cours d’eau très dangereux. Ces koris sont au nombre de quatre sur la zone d’étude. Les deux plus importants, le kori de Ouallam et celui de Goudel Gorou, sont localisés au Nord-Ouest de la ville. Leurs cours, ponctués de larges méandres, entaillent profondément les hauts plateaux au nord de la ville. Le kori de Tondibia, à l’Ouest de la ville, et celui du Gounti Yéna, totalement inséré au tissu urbain, sont de taille et de compétence moindre. Il existe cependant en rive gauche, d'autres koris au fonctionnement identique à celui des koris de la rive droite. Ces koris prennent naissance au niveau de la corniche correspondant au versant séparant T2 et T3 et qui présente

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un fort potentiel gravitaire. A Niamey, l’induration du sol consécutive à l’urbanisation, la faiblesse des pentes et le ruissellement créent des petites dépressions où stagnent les eaux pluviales.

II.1.5. Couverture pédologique et végétation

Les premières connaissances sur la pédologie du Sud-Ouest Niger proviennent des travaux de Gavaud (1966, 1977). La carte pédologique de reconnaissance de la République du Niger, feuille de Niamey, au 1/500.000 montre que la ville est construite, en rive gauche, sur un plateau latéritique représenté par des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés. Ce plateau est formé d’une succession de bancs gréseux du Continental Terminal qui reposent sur le socle précambrien. Ces formations gréseuses se sont indurées sur une épaisseur de 2 à 6 m, formant une cuirasse ferrugineuse imperméable. La vallée du fleuve est constituée principalement par la moyenne terrasse (T3) et la basse terrasse (T4). Elle est dominée par des cordons dunaires orientés Nord-Ouest ayant une épaisseur estimée entre 15 et 20 m. La terrasse moyenne présente deux couches de dépôts à matériaux différents ; à la base il s’agit d’un banc de graviers grossiers de quartz émoussés sur 2 m ; la partie supérieure est constituée de sables alluviaux grossiers portant des sols bruns souvent remaniés par déflation éolienne et les ruissellements. Ces matériaux permettent une infiltration des eaux. Cette terrasse est moins perméable en certains endroits notamment à Kirkissoye côté sud et tout le long du bras mort du fleuve. Son altitude est de 182 m alors que la nappe phréatique est à 179 m. Quant à la basse terrasse, dont la côte est inférieure à 182 m, elle est caractérisée par des matériaux sablo-limoneux à limono-argileux rendant l’infiltration quasi-impossible. Elle est inondable pendant la saison des pluies et en période de hautes eaux du fleuve.

La végétation naturelle de la région est la savane arborée. La végétation de la vallée du fleuve est constituée d’espèces comme Acacia nicolitica, Acacia sieberiarana, Ficus sycomorus, les palmiers comme le palmier doum (Hyphaene thebaica) et les rôniers (Borassus flabellifer). La strate herbacée est constituée par l’herbe bourgou (Echinocloa stagnima), Aristida mutabili. Sur le plateau, la végétation est représentée par les espèces comme Ziziphus jujuba, Combretum micranthum, Balanites

aegyptiaca, Faidherbia albida (Gao), Guiera senegalensis. Cette végétation a été en majeure partie

remplacée par des espèces cultivées (mil principalement) en périphérie de la ville (excepté les « Gaos » souvent conservés pour leurs propriétés fertilisantes des champs) et le paysage est désormais une mosaïque de jachères et de champs de mils, entrecoupés de glacis indurés. Le maraîchage et la riziculture sont pratiqués le long du fleuve. De plus les eucalyptus, gros consommateurs d’eau constituent les espèces utilisées pour les campagnes de reboisement, notamment au niveau de la ceinture verte. Cette ceinture, formée d’eucalyptus et de neem (azadirachta indica a. juss.), couvre une superficie de 1600 ha et s’étend sur une largeur de 1 km. Elle ceinture la ville au niveau des quartiers Poudrière, wadata, Route Filingué et Cité CNSS. D’autres espaces verts sont visibles au Nord de Foulan Koira et à l’Ouest de Niamey, sur la route de Tillabéri.

II.1.6. Risque d'inondation de la ville de Niamey

Au vu de la topographie, de l'hydrographie, du climat et de la pédologie de la zone d'étude, la ville de Niamey, les risques d'inondation sont évidents. Une étude de ce risque a été effectuée par Bechler-Carmaux (1998) (Figure II- 7). La localisation des zones à risque est obtenue par le croisement des limites de la crue centennale avec la carte des îlots urbains. En rive droite, la crue semble affecter de façon importante les quartiers de Lamordé et Nogaré et dans une moindre mesure ceux de Karadjé et d'Université. En rive gauche, les quartiers de Goudel et de Saga seraient les plus exposés.

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1 0 1 2 km 13°2 8'00" 13°2 8'00" 13°30'00" 13°30'00" 13°32 '00" 13°32 '00" 2°4'00" 2°4'00" 2°6'00" 2°6'00" 2°8'00" 2°8'00" 2°10'00" 2°10'00"

Figure II- 7 : Carte des risques d'inondation à Niamey (Bechler – Carmaux, 1998)

II.2. Géologie et contexte hydrogéologique II.2.1. Contexte géologique régional

La géologie régionale s’inscrit dans celle du craton Ouest-Africain et du bassin sédimentaire des Iullemmeden (

Figure II- 8

).

La zone d’étude se situe sur le Liptako nigérien, en bordure du socle précambrien à l'Ouest et de la couverture sédimentaire à l'Est où affleurent les niveaux supérieurs du bassin des Iullemmeden (

Figure II- 8

et

Figure II- 9

). Le Liptako est compris entre les méridiens 0° et 3°E et les parallèles 13° et 15° N. Il est limité au Nord par le bassin de Taoudeni et à l’Est par les formations superficielles du bassin des Iullemmeden.

II.2.1.1. Le socle précambrien (protérozoïque inférieur)

Le socle précambrien du Liptako, bordure extrême orientale de la dorsale de Man (partie sud du craton Ouest-Africain stabilisé il y’a 1900 Ma, à la fin de l’orogenèse éburnéenne qui s’est déroulée de 2400 à 1600 Ma.) est formé essentiellement de roches birimiennes datées de 2300 à 1800 Ma.(

Figure II- 9

) et couvrant environ 75% de la superficie du Liptako.

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Les principales formations rencontrées constituent des ceintures de roches vertes (formations métavolcano-sédimentaires) et de granitoïdes orientées suivant la direction générale NE-SW (Machens, 1973) (

Figure II- 9

).

Les ceintures de roches vertes comportent des méta-ultrabasites, des métabasites plutoniques à volcaniques localement amphibolitisées, des métasédiments grossiers ou fins et des métagrauwackes. On y rencontre des micaschistes, des quartzites, des grenatites notamment au contact des massifs granitoïdiques. Ces derniers sont constitués par des intrusions de diorites, diorites quartziques à tonalites, monzonites, granodiorite à granite et localement de syénites. Pour certains auteurs (Dupuis et al., 1991; Lama, 1993; Cheilletz et al., 1994; Pons et al., 1995; Soumaïla, 2000) ces massifs granitoïdiques sont des plutons intrusifs dans les ceintures de roches vertes. Leur mise en place et leur gonflement sont à l'origine de la principale structuration des roches vertes. Cette hypothèse confirmée par des études radiométriques et géochimiques exclut la présence de socle archéen dans les roches birimiennes du Liptako et remet en cause le modèle géosynclinal (Machens, 1973) pour expliquer la disposition actuelle de ces ensembles. Il semble que l'évolution des roches birimiennes se soit entièrement déroulée en domaine océanique incluant des arcs (Pouclet et al., 1990; Ama Salah, 1991; Ama Salah et al., 1996) ou des arcs/plateaux océaniques (Soumaïla, 2000). Des filons de dolérites, microgabbros et gabbros doléritiques, datés de 1380 à 900 Ma (Ama Salah, 1991) recoupent toutes les roches du socle birimien du Liptako nigérien.

La principale phase de structuration des formations birimiennes correspond à la mise en place des plutons granitoïdiques. Cette phase dite D1 y a développé la schistosité principale (Pons et al., 1995; Soumaïla, 2000).

Fig.3:

Fig.4:

Figure II- 8 : Carte géologique schématique de l’Afrique de l’Ouest (Moreau, 1982 ; in Ousmane,

1988). 1 : Dorsale, 2 : Couverture de plate-forme, 3 : Socle de la zone mobile, 4 : Couverture primaire, 5 : Formations secondaires, tertiaires et quaternaires, 6 : Fossés crétacés, 7 : Front de chaînes panafricaines et chaînes hercyniennes

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% % % % % % % % % % Dolbel Téra Diagorou Darbani Tillabéry Gothèye Niamey Torodi Dargol Ayorou N 0 30 km

Ceinture de roches vertes Granitoïdes

Couverture sédimentaire infracambrien et phanérozoïque Fleuve Niger