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Figufe ; Procédure experimentale d'après le noodèfe de tranS mission

4,2 - Préparation du matériel commun

4.2.1 - Choix du conte

Le choix du conte constituait la première étape de l’élaboration du matériel expérimental. Nous désirions choisir un matériel brut, non transformé, d'origine folklorique, donc un conte typique recueil­ li en cours d'enquête d'un informateur typique. Par contre, le conte choisi devait également répondre à certains critères pour en facili­ ter la comparaison avec les textes utilisés dans d'autres recherches. Parmi les milliers de contes conservés aux Archives de Folklore de 1'Université Laval, plusieurs dizaines pouvaient répondre à ces cri­ tères. Devant notre peu de connaissance du répertoire des contes re­ cueillis en Amérique française, nous avons eu recours à M, Luc Lacour- cière dont l'expérience s'est avérée fort précieuse,

4.2.1.1 - critères de choix

Les critères suivants ont été posés,

La durée du conte devait être de 10 à 15 minutes. Lorsqu'on sait qu'un conte peut durer jusqu'à trois heures, il se serait plutôt agi d'un résumé que d'une véritable narration. Au dessus de cette limite,

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il aurait été difficile de considérer le conte dans le cadre des au­ tres recherches qui elles utilisent des textes ne dépassant pas l’é­ quivalent de cinq minutes en durée. De plus, la grande majorité des sujets étant des enfants, il est apparu que monopoliser leur attention pour une quinzaine de minutes constituait le maximum qu'on pouvait exiger d'eux.

Le conte devait être complet dans son déroulement de façon à ne laisser planer aucune incertitude dans l'esprit du sujet.

Sa structure devait être claire, simple et précise pour facili­ ter la compréhension de l'histoire d'une part, et l'analyse des ré­ sultats d'autre part.

La langue ne devant pas constituer un obstacle, il fallait choi­ sir un conte non patoisant, dont le niveau de langue correspondrait à celui du Canadien français moyen.

Sans être trop connu, le thème devait être accessible et adapté aussi bien à des enfants qu'à des adultes, éduqués ou non.

Dans la classification Aame-Thompson, le conte devait: appartenir à la catégorie des contes merveilleux, catégorie typique du conte re­ cueilli au Québec. De plus, cela permettait d'écarter les contes de style cumulatif ou énumératif qui auraient présenté des particulari­ tés structurales étrangères aux objectifs de la recherche.

4.2.1.2 - le conte choisi

Lorsque nous lui avons exposé ces critères, M. Lacourcière nous a proposé immédiatement une version correspondant à nos besoins. Il s'agissait d'une version du conte-type 5^3» ayant pour titre Grotte mon Ane, recueillie par Luc Lacourcière et Mgr Félix-Antoine Savard, disques no 303-305, en 1947, de M. Hermel Tremblay, 69 ans, de St- Joseph-de-la-Rive, comté de Charlevoix.

Ce conte durait environ 14 minutes. Le français était correct, et la structure complète. M. Lacourcière avait déjà eu l’occasion de le raconter à des enfants et avec succès.

Le conte-type 5^3 assez fréquemment répété dans la littérature enfantine, mais cette version particulière en constituait une varian­ te suffisamment éloignée pour conserver son aspect de nouveauté. Ce type est résumé ainsi par Aame-Thompson i

563. The Table, the Ass, and the Stick, The stick compels the teacherous host of the inn to give back the table and the ass.

See analysis below» I a,b,c,d; II a,(b),d.

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I. The Magic Objectj (a) A poor man receives three magic objects» (b) a table or sack that supplies itself with food, (c) a gold-dropping ass, (d) and a cudgel or (e) a sack containing a mannikin that beats an ennemy until called off by its owner.

II. The Objects Stolen and Recovered» (a) The first two objects are stolen by the host of an inn, (b) by the hero's brothers, (c) or by a

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or sack the other objects are

recovered. (Aame et Thompson, 1961, P. 205)

Les Archives de Folklore possèdent 23 versions de ce type qui apparaît ainsi comme suffisamment représentatif de notre fond tra­ ditionnel.

4.2.1.3 “ résumé du conte choisi

On trouvera en appendice une transcription complète du conte choisi, Crotte mon Ane. Nous n’en donnons ici qu’un résumé, de peur d'alourdir trop le texte.

C'est l'histoire d'un vieux bûcheron et de sa femme. Un jour, le vieux tombe malade. Sa femme l'envoie de force à l'ouvrage.

Arrivé à son chantier, il rencontre une vieille femme avec du poil dans le visage. Elle lui donne un âne qui lui crottera de l'ar­ gent comme il en voudra lorsqu'il dira» "Crotte mon âne". Elle lui recommande de retourner chex lui directement mais le vieux s'arrête en cours de route chez un heaume et une femme. Malgré l'avertissement du vieux de ne pas parler à l'âne, le couple va à l'étable, obtient de l'argent de l'âne, et lui substitue son propre âne. Le lendemain, le vieux repart avec un autre âne et quand il veut lui faire crotter de l'argent devant sa femme, il ne peut que crotter une vraie crotte. Sa femme le chasse à coups de balai.

avec plus de poil encore. Elle lui donne une serviette; il n'aura qu’à la placer sur une table et il aura toute la nourriture qu'il vou­ dra. Il transgresse à nouveau son avertissement de ne pas arrêter en chemin et passe la nuit chez le même couple que la veille, en leur demandant de ne pas toucher à la serviette. Ils y touchent quand mê­ me, obtiennent de la nourriture et remplacent la serviette par une autre semblable. Le lendemain, le vieux retourne chez lui et sa fem­ me le chasse avant qu'il ait eu le temps d'essayer la serviette.

Le vieux s'en va à nouveau dans le bois. La vieille femme lui fait un dernier don. Elle lui donne une tabatière et lui recommande cette fois-ci de s'arrêter au même endroit que les autres fois. Il s'y arrête et recommande bien à ses hôtes de ne pas ouvrir la taba­ tière. Pendant la nuit, ceux-ci vont l'ouvrir; un gros bourdon en sort et commence à piquer la femme un peu partout. Le vieux se ré­ veille et exige qu'on lui rende son âne et sa serviette, après quoi il rouvre la tabatière et le bourdon vient se replacer dedans. Il re­ tourne chez lui avec ses trois objets.

Arrivé à la maison, il veut montrer à sa femme que l'âne crottait vraiment de l'argent. Elle veut prendre le manche à balai. Il rouvre la tabatière, le bourdon fait la même chose qu'à l'autre, jusqu'à ce qu'elle promette de mettre la serviette sur la table et de laisser l'âne dans la maison. Le vieux rouvre alors la tabatière, le bourdon vient s'y remettre et ils ont de l'argent et de la nourriture à volon­ té jusqu'à la fin de leurs jours.

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4.2.2 - Enregistrement vidéo et audio des versions

4.2.2.1 - le conteur

Pour raconter le conte, on a eu recours à un étudiant en art dramatique d’environ 25 ans. Un repiquage sur bande magnétique des disques originaux de même qu'une transcription littérale lui furent confiés pour une période de deux semaines, avec comme instructions d'apprendre le conte le plus fidèlement possible, tant au niveau des mots qu'au niveau du style du conteur original,

4.2.2.2 - directives

Lors de l'enregistrement, le conteur reçut comme directives de produire cinq versions de même longueur, mais d'intonation plus ou moins vivante. Une version plus vivante lui fut présentée comme comportant plus d'inflexions et de contrastes de la voix qu'une version moins vivante qui elle comportait plus d'aspects de monotonie. Quoi­ qu'il ne devait pas aller jusque là, l'extrême limite d'une version moins vivante fut présentée comme un texte dit "recto tono". Il choi­

sit de les interpréter graduellement, de la moins vivante à la plus vivante. Il devait réduire ses gestes au minimum, et conserver une apparence stable pendant les cinq essais. Avant de commencer le conte, il devait en donner le titre,

4.2.2.3 - conditions d'enregistrement et matériel

de 1'Audio-Visuel de 1'Université Laval.

Le conteur était assis dans un fauteuil, avec éclairage direction­ nel et arrière-plan sombre (rideaux unis). La caméra était placée de manière à donner un cadrage de face, et un gros plan du conteur (de la mi-poitrine en montant), La caméra demeurait fixe la plupart du temps, le technicien n’ayant à effectuer que de très légers déplace­ ments panoramiques pour conserver le cadrage.

Dans le but d'uniformiser au maximum les versions, le texte du conte, écrit en grosses lettres sur de grandes feuilles, était placé sur un chevalet, près de la caméra, en face du conteur, pour lui ser­ vir d'aide-mémoire, La disposition du chevalet n'empêchait pas le con­ teur de fixer régulièrement la caméra, ce qui était nécessaire pour donner à l'auditoire l'impression que le conte leur était conté.

Les versions furent enregistrées sur ruban magnétoscopique Pa­ nasonic NV-P71, à la suite l’une de l'autre. Un signal visuel et sono­ re commençait trente secondes avant le début, pour faire place à un "black" avec fondu sur le conteur. A la fin du conte, l'image faisait place à un "black", en fondu toujours. Pendant l'enregistrement, le son du vidéo était repiqué sur ruban magnétique 7 pouces BASF de 1 mil, à vitesse 7t (19 cm/sec), sur une seule piste.

Les cinq versions reproduisent à peu près fidèlement le texte original. Une seule variante plus importantei dès la première version, le conteur a changé le "bourdon de un pouce et demi" pour le "bour­ don d'un demi-pouce". Comme cette erreur se situait à la fin du conte, on a évité de recommencer et on a conservé la même erreur pour les

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autres versions. La durée du conte est demeurée relativement stable, à 14 minutes plus ou moins 30 secondes,

4.2.3 - Cotation des versions plus vivantes et moins vivantes

Afin de choisir avec plus de certitude la version la moins vi­ vante et la version la plus vivante, on a eu recours a une procédure de jury.

Du conte furent extraits six passages de même longueur, les deux premiers au tout début du conte, les troisième et quatrième au mi­ lieu du conte et les derniers vers la fin (voir en appendice la trans­ cription du conte; les extraits choisis y sont indiqués). Pour chaque couple d'extraits, le texte se suivait de l’un à l’autre passage.

Pour chaque extrait, le passage correspondant de chacune des

versions enregistrées fut repiqué, sur bande magnétique 5 pouces Scotch 1.5 mil; la présentation des passages d’un extrait variait selon un ordre établi au hasard (1), Ceci donnait un total de 30 passages à juger.

4.2.3.1 - le jury

Le jury était composé de 9 adultes, dont 2 hommes et 7 femmes. Chaque juge avait en main un crayon et un cahier broché de 6 feuilles, soit une feuille par extrait. Au haut de chaque feuille, le numéro de

l’extrait était inscrit et au bas apparaissait une échelle en 5 points avec au point extrême gauche la mention "la moins vivante" et au

point extrême droit la mention "la plus vivante". L'espace central était laissé libre pour permettre au juge de prendre des notes.

Après avoir accueilli les juges, l'expérimentateur (E) présentait la tâche de la manière suivante:

Vous allez entendre 6 extraits d'un conte de folklore.

Pour chaque extrait, il y a 5 versions, semblables pour le contenu, mais diffé­ rentes quant à la façon de raconter. Pour chaque extrait vous allez ordon­ ner les versions entendues sur une échelle,de la moins vivante à la plus vivante.

Il y aura une pause après chaque ver­ sion pour vous permettre de coter la version en question, par rapport à celles que vous aurez entendues (2)

L'E s'assurait ensuite que les juges avaient compris, puis il suggérait une procédure uniforme pour chaque extrait, et faisait en même temps un exemple sur un carton reproduisant une feuille de co­ tation (voir la figure 4,3). Le carton était laissé ensuite à la vue des juges. La procédure suggérée se définissait comme suit:

Ecouter la première version;

dans la partie "note", écrire à peu près au milieu le numéro 1, Ecouter la deuxième version;

écrire le chiffre 2 à droite de 1 si la version paraît plus vivante, ou à gauche de 1, si elle paraît moins vivante.

Ecouter la troisième version;

écrire le chiffre 3 avant 2, entre 2 et 1, ou après 1, selon ce que

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extrait

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