• Aucun résultat trouvé

FIEVRE BOUTONNEUSE

B. ZOONOSES BACTERIENNES

7. FIEVRE BOUTONNEUSE

Febbre bottonosa (Ital.), Boutonneuse fever (Angl.).

La fièvre boutonneuse (dite « méditerranéenne ») est une des trois zoonoses présentes en Italie (avec la fièvre Q et l’ehrlichiose) classées parmi les rickettsioses. En effet, l’agent étiologique de la maladie est Rickettsia conorii. Cette zoonose sévit de façon endémique sur tout le pourtour méditerranéen [174].

7-1. Espèces animales réservoirs

:

Le réservoir principal est constitué par les chiens et les rongeurs sauvages, mais aussi par le lapin de garenne. Chez le chien surtout, l’infection reste inapparente.

Dans certaines régions, comme la Sicile, près de 80% des sérums canins examinés se sont révélés positifs [87]. D’autres études menées à Palerme (Sicile aussi) ont montré une recrudescence des cas de séropositivité canine avec une augmentation de 46% en 1973 à 86% en 1982.

Certains auteurs pensent même que le chien peut être assimilé à une sentinelle épidémiologique de la circulation de R.conorii dans une zone géographique déterminée, car la séropositivité chez ces animaux reflète plus fidèlement que l’expression des cas humains de maladie, les fluctuations des rapports acariens – chiens – rickettsies.

7-2. Modalités de contamination ou de transmission

:

Le plus souvent, la contamination est provoquée par piqûre de tique (Rhipicephalus

sanguineus en Italie) ; parfois, elle emprunte la voie oculaire et, plus rarement, la voie

respiratoire, ou fait suite à une morsure [172]. R.conorii se transmet de façon verticale chez la tique.

7-3. Professions et populations à risque

:

Les populations les plus exposées au risque sont bien entendu celles qui entrent d’une façon ou d’une autre en contact avec la tique vectrice. Par exemple, à Alcamo (Sicile), les professions touchées par la maladie étaient les viticulteurs ou les personnes faisant du travail manuel [87]. D’ailleurs, si à Alcamo, la prévalence de la fièvre boutonneuse atteint 18,9% (population majoritairement rurale), celle de Palerme n’était que de 3,5% (comprenant essentiellement des étudiants, professeurs, personnes ayant de rares fréquentations avec le milieu rural). Donc, le risque de maladie semble plus corrélé à l’activité professionnelle qu’à la prévalence de l’infection chez les chiens, principaux réservoirs (nous avons vu en effet plus haut que cette prévalence était identique pour les deux villes).

De même, l’emplacement géographique a toute son importance : l’étude menée par Nuti et coll. [107] a montré une prévalence nulle dans le nord-est du pays chez des professions pourtant à risque (très souvent en contact avec les régions boisées où l’on retrouve beaucoup de tiques) : travailleurs en forêt, garde-champêtres, pêcheurs. Il est vrai que l’on rencontre plutôt Ixodes ricinus dans cette zone du pays.

7-4. Régions et villes d’Italie dangereuses

:

Le tableau n° XI infra permet de dégager quelques régions dangereuses, bien qu’il concerne toutes les rickettsioses (essentiellement fièvre boutonneuse et fièvre Q).

Tableau n° XI

: Cas de rickettsioses humaines diagnostiqués en Italie entre 1993 et 1996

par régions (adapté de [94]) 1993 1994 1995 1996 Total Tendance * Incidence **

Valle d’Aosta 0 0 0 0 0 - 0

Piemonte 23 18 26 34 101 + 0,58

Lombardia 24 23 20 22 89 + 0,25

Trentino Alto Adige 1 1 4 5 11 +/- 0,29

Veneto 4 9 6 6 25 +/- 0,14

Friuli Venezia Giulia 1 3 0 0 4 - 0,08

Liguria 20 31 33 24 108 + 1,59 Emilia Romagna 15 13 7 8 43 +/- 0,27 Toscana 4 16 13 12 45 +/- 0,31 Marche 13 14 13 13 53 +/- 0,93 Umbria 0 4 2 2 8 - 0,24 Lazio 210 257 275 185 927 +++ 4,50 Abruzzo 17 31 25 10 83 + 1,66 Campania 46 46 82 72 246 ++ 1,06 Molise 4 4 9 6 23 +/- 1,76 Puglia 3 0 8 0 11 +/- 0,07 Basilicata 3 3 9 4 19 +/- 0,80 Calabria 69 94 124 128 415 ++ 5,16 Sicilia 361 567 653 561 2142 +++ 10,60 Sardegna 105 315 250 257 927 +++ 14,65 Italia 923 1449 1559 1349 5270 +++ 2,31

*Tendance calculée par rapport au nombre de cas enregistrés. **Incidence moyenne entre 1993 et 1996 pour 100.000 habitants.

Trois régions se détachent nettement – en ce qui concerne le nombre de cas – toutes situées dans la partie sud du pays et en bordure de la Méditerranée (voir carte n° 11 page 47) : le Latium (Lazio) et les deux îles principales du pays (Sicile et Sardaigne). La Sicile connaît une situation dramatique avec 2142 cas diagnostiqués entre 1993 et 1996, soit plus de 40% des cas totaux d’Italie.

En fait, il est aisé de conclure que les régions dangereuses sont situées au-dessous de la ligne horizontale traversant Rome et longeant le pourtour méditerranéen, soit le Latium, la Campanie, la Calabre, la Sicile et la Sardaigne (voir carte n° 12 page 48). Quelques cas sporadiques sévissent en Piémont, Lombardie, Ligurie et Abruzzes.

Les villes dangereuses appartiennent évidemment aux régions mentionnées ci-dessus : citons Rome (108 cas en 1996), Palerme (130 cas) et Cagliari (153 cas) pour les plus importantes.

Mansueto et coll. [87] ont mené une enquête plus poussée en Sicile, plus exactement à Alcamo (province de Trapani qui compte 45.000 habitants) : 24,5% des sérums humains testés étaient positifs soit un quart de la population de cette petite ville.

En terme d’incidence, il n’y a pas de différences significatives par rapport à la tendance (calculée par rapport au nombre de cas) : 4 régions se positionnent en tant que « dangereuses » : Lazio (incidence de 4,50 pour 100.000 habitants), Calabria (5,16), Sicilia (10,60) et Sardegna (14,65).

En considérant les années 1993 à 1996, l’incidence annuelle moyenne en Italie est de 2,31 pour 100.000 habitants, ce qui classent les rickettsioses (et donc la fièvre boutonneuse) parmi les principales zoonoses du pays.

Carte n° 11 (d’après [94])

Carte n° 12 (d’après [94])

:

Les données les plus récentes se trouvent dans les Bolletino epidemiologico de 1997 et 1998 [95] : l’Italie a recensé 1114 cas de rickettsioses humaines en 1997 (dont quasiment la moitié en Sicile : 519) et 913 en 1998 (450 pour la seule Sicile), ce qui correspond au nombre de cas le plus faible depuis 6 ans.

7-5. Mesures de prévention

:

La principale mesure de prophylaxie consiste en la lutte contre les tiques [172] et la protection vestimentaire lors de trajet en zone infectée par ces acariens. L’application d’acaricides sur le chien ne pourra qu’aider à la lutte contre cette maladie.

Références bibliographiques

:

87. MANSUETO, S., ACCARDO, S., MILAZZO, B., VITALE, G., MENTO, C., TRINGALI, G. - Indagini siero-epidemiologiche sulla Febbre Bottonosa in Sicilia Occidentale. IX. Anticorpi anti-R.Conorii in sieri umani e canini di Alcamo (TP). - Clinica

Veterinaria, 1985, 108, 1, 61-63.

94. MINISTERO DELLA SANITA (ROMA). - Bolletino epidemiologico. - Ministère de la

Santé (Rome) - Service des Maladies infectieuses, 1993, 1994, 1995, 1996.

95. MINISTERO DELLA SANITA (ROMA). - Bolletino epidemiologico. - Ministère de la

Santé (Rome) - Service des Maladies infectieuses, 1997, 1998

107. NUTI, M., AMADDEO, D., CROVATTO, M., GHIONNI, A., POLATO, D., LILLINI, E., PITZUS, E., SANTINI, G.F. - Infections in an Alpine environment : antibodies to Hantaviruses, Leptospira, Rickettsiae, and Borrelia burgdorferi in defined Italian populations. - American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 1993, 48, 1, 20-25.

172. TOMA, B. et les Enseignants de Maladies contagieuses des quatre Ecoles nationales vétérinaires françaises. - Les zoonoses infectieuses. Rhône Mérieux, 1996.

174. TRINGALI, G., OCCHINO, C., MANSUETO, S., WALKER, D.H., RAOULT, D. - Fièvre boutonneuse méditerranéenne diagnostiquée pendant la saison froide : quatre cas. -

8. FIEVRE CHARBONNEUSE