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Annexe 2 : Références bibliographiques personnelles

2.2 Liste des publications

2.2.9. Fiches techniques

1. GAUTIER (D.), ANKOGUI-MPOKO (G.-F.), PELTIER (R.), REOUNODJI (F.), SMEKTALA (G.), 2002. “Une démarche d’évaluation de la gestion des ressources arborées”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

2. GAUTIER (D.), NTOUPKA (M.), BONNERAT (A.), 2002. “Choisir une méthode d’inventaire forestier au niveau d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

3. GAUTIER (D.), NTOUPKA (M.), LAHOREAU (G.), 2002. “Choisir un protocole d’inventaire forestier au niveau d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

4. GAUTIER (D.), NTOUPKA (M.), KARR (N.), 2002. “Un exemple de protocole d’inventaire forestier au niveau d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

5. FIGUIE (M.), GAUTIER (D.), PELTIER (R.), SIBELET (N.), SMEKTALA (G.), 2002. “Indicateurs de gestion des ressources arborées au sein d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

École doctorale de géographie de Paris

De la gestion centralisée des savanes d’Afrique de l’Ouest

aux territoires de conservation et de développement

dans un contexte de globalisation environnementale

Dossier d’Habilitation à diriger des recherches (HDR)

Référent : M. Jean-Louis Chaléard

Denis Gautier

Jury :

M. Thomas J. Bassett. Professeur à l’Université de l’Illinois, Urbana-Champaign M. Jean-Louis Chaléard. Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne M. Pascal Marty (rapporteur). Professeur à l’Université de la Rochelle

M. Bernard Pecqueur (rapporteur). Professeur à l'Université Joseph Fourier, Grenoble M. Christian Seignobos. Directeur de recherche émérite à l’IRD

M. Jean-Philippe Tonneau. Directeur de l’UMR TETIS, Montpellier

soutenu le 1

er

juillet 2011

Volume 2 : Sélection bibliographique

commentée

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De l’ensemble des publications recensées dans l’annexe 2 du volume 1, j’en retiendrais 31, dont un rapport, ainsi que 5 fiches techniques, qui me semblent être des jalons dans l’évolution de mes écrits et donc de ma pensée, révélant les facettes des champs de la géographie que j’ai explorés au cours de ces vingt dernières années.

De l’observation des pratiques de gestion des arbres à

l’analyse des rapports des acteurs à l’espace

La base de mon métier de géographe est l’observation des pratiques de gestion des ressources naturelles et la compréhension des logiques et des stratégies qui sous-tendent ces pratiques, avec un focus particulier sur la dimension spatiale de ces pratiques, afin de comprendre comment elles participent de la construction des paysages et de l’organisation des activités dans l’espace et dans le temps, ainsi que des processus de territorialisation. Il m’est donc nécessaire de connaitre les ressources mobilisées par les sociétés, et en particulier les arbres, donc de faire un peu de botanique, de recenser les usages de ces arbres et donc de faire de l’ethnobotanique, de comprendre aussi –et c’est la partie la plus difficile de cette base thématique de mon métier– les représentations sociales qui sont liées à ces ressources et à leurs usages et en particulier ce qu’elles permettent de révéler des représentations spatiales et territoriales.

Les deux articles les plus notables de cette facette de mon itinéraire ont été écrits sur la gestion des arbres en pays Bamiléké et en particulier sur les ficus qui, du fait de leur capacité à régénérer par macro-bouturage, permettent d’organiser l’espace, de marquer le foncier, de canaliser les mouvements des hommes et des animaux en un dédale de haies formant un bocage notoirement célèbre, notamment depuis les travaux de Jean Hurault, tout en garantissant une certaine intimité aux concessions et en fournissant bois et fruits.

GAUTIER (D.), 1995. “The pole-cutting practice in the Bamiléké country (Western Cameroon)”, in Agroforestry Systems 31, pp. 21-37.

GAUTIER (D.), 1996. “Ficus as part of agrarian systems in the Bamileke region”, in

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Si l’observation des pratiques de gestion des ressources naturelles constitue toujours la base de mon métier, en revanche cette observation a évolué au cours de ces vingt dernières années. Sur mon premier terrain Bamiléké, j’ai recensé toutes les espèces présentes dans le paysage, je les aie toutes déterminées avec l’aide de botanistes de l’Université de Yaoundé et du Muséum d’Histoire Naturelle à Paris, j’en ai recensé scrupuleusement tous les usages et toutes les pratiques de gestion et d’exploitation, puis j’en ai fait des fiches qui ont été publiées par le GRET.

Cette base d’observation a perdu de son caractère systématique au fil du temps, sur les autres territoires que j’ai étudiés. Il y a plusieurs raisons à cela : une raison très prosaïque tout d’abord qui est que sur les terrains suivants, que ce soit en Cévennes, sur les Causses, au Nord Cameroun ou au Mali, les pratiques de gestion des arbres et leurs usages étaient déjà bien connues, notamment au Nord Cameroun avec les travaux de Christian Seignobos ; mais il y a une seconde raison puisqu’il me semble aujourd’hui important de s’intéresser aux formations végétales, à leur organisation dans l’espace, à leur forme et à leur localisation dans le paysage, à leurs interactions réciproques, aux droits d’accès et d’usage qui leur sont liés et aux représentations qu’en ont les groupes sociaux qui les gèrent et les exploitent, plutôt que de s’intéresser aux usages spécifiques des arbres pris un à un.

Le diable se cache dit-on dans les détails, et il ne me semble plus si nécessaire aujourd’hui de connaitre par exemple les usages de tel arbre dans la pharmacopée traditionnelle, sachant que celle-ci tombe un peu en désuétude ou en tout cas qu’elle n’a pas une valeur d’usage suffisante aux yeux de la société locale pour justifier le maintien de l’arbre dans l’écosystème. Je m’attache donc davantage aujourd’hui à démontrer comment les différents éléments qui composent le territoire d’une société interagissent sous l’impulsion de cette société, car en comprenant ces interactions et les flux de biomasse et de biodiversité qu’elles génèrent, j’obtiens une première lecture des processus de territorialisation liées à la gestion des ressources naturelles.

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Les cinq fiches techniques suivantes, réalisées dans le cadre du PRASAC quand j’étais en poste à l’IRAD centre de Maroua, rendent compte des méthodes que j’ai contribuées à développer pour ce faire :

GAUTIER (D.), ANKOGUI-MPOKO (G.-F.), PELTIER (R.), REOUNODJI (F.), SMEKTALA (G.), 2002. “Une démarche d’évaluation de la gestion des ressources arborées”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

GAUTIER (D.), NTOUPKA (M.), BONNERAT (A.), 2002. “Choisir une méthode d’inventaire forestier au niveau d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

GAUTIER (D.), NTOUPKA (M.), LAHOREAU (G.), 2002. “Choisir un protocole d’inventaire forestier au niveau d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

GAUTIER (D.), NTOUPKA (M.), KARR (N.), 2002. “Un exemple de protocole d’inventaire forestier au niveau d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

FIGUIE (M.), GAUTIER (D.), PELTIER (R.), SIBELET (N.), SMEKTALA (G.), 2002. “Indicateurs de gestion des ressources arborées au sein d’un territoire villageois”. PRASAC, N’Djamena, Tchad.

Le chapitre d’ouvrage ci-après traduit bien cette volonté qui m’amine de raisonner désormais davantage au niveau des éléments de paysage qu’au niveau des espèces qui les composent.

GAUTIER (D.), BAZILE (D.), PICARD (N.), 2006. “Interactions between Sahelo-soudanian savannas and parklands in space and time. How it affects biomass and biodiversity in regards to stakeholder strategies”, in MISTRY (J.) and BERARDI (A.) (Eds), Placing People Back into Nature: lessons from savannas and dry forests. London, Ashgate, pp. 227-240.

En revanche, les savoirs locaux sur le fonctionnement des écosystèmes et les ressources sont indispensables pour comprendre les pratiques d’usage et de gestion de ces ressources, les trajectoires de ces pratiques dans l’espace et dans le temps et les processus de territorialisation qui leur sont liées. Un article sur les trajectoires de trois types d’éleveurs du

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Nord-Cameroun dans l’espace et dans le temps, au fil de la ressource fourragère, en particulier arborée, démontre cette nécessité, et m’a lancé sur la piste féconde des processus de territorialisation par le biais répété d’usage de la ressource en de mêmes lieux. A la suite de cet article, je défends l’idée que des territoires peuvent être aussi construits par des pratiques, liés à des droits d’usage qui sont reconnus au moins temporairement par les habitants du lieu et que les usagers temporaires des ressources peuvent éprouver du fait de la régularité de ces pratiques un sentiment d’appropriation de l’espace.

GAUTIER (D.), BONNERAT (A.), NJOYA (A.), 2005. “The relationship between herders and trees in space and time in Northern Cameroon”, in The Geographical Journal,

Vol. 171, n° 4, December 2005, pp. 324–339.

Cependant, il me semble avoir trop délaissé le recueil systématique de ces savoirs locaux en passant un peu vite sur les relevés systématiques des espèces botaniques et des usages liés aux plantes. Il me semble important d’y revenir comme un nouveau pas vers une meilleure compréhension des processus écologiques en lien avec les activités humaines, domaine qui est finalement assez mal exploré en zone soudano-sahélienne, puisque les études des dynamiques savanicoles sont pour l’essentiel réalisées en milieu contrôlé, conditions qui ne se trouvent pas dans la réalité où les formations végétales sont soumises à des extensions agricoles, des coupes de bois, du pâturage ou encore des feux de brousse, sans contrôle strict.

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Des motifs d’organisation spatiale au multi-usage de

l’espace

En parallèle de cette observation des pratiques de gestion qui a évolué de celle des arbres à celle des formations végétales dans la cohérence d’une construction paysagère et territoriale par une société, j’ai étudié (i) les motifs d’organisation de l’espace, en particulier à l’échelle des quartiers Bamiléké, cévenols ou caussenards ou des terroirs, (ii) l’inscription des pratiques de gestion dans ces motifs et (iii) les interactions entre ces pratiques qui constituent le multi-usage de l’espace avec ses complémentarités et ses conflits entre activités et groupes sociaux.

L’article fondateur dans cet exercice de révéler les motifs d’organisation spatiale en lien avec les activités de mise en valeur de l’espace et de gestion des ressources naturelles concerne l’espace Bamiléké.

GAUTIER (D.), 1996. “Poupées russes et montagnes Bamiléké. De la concession à la chefferie : emboîtement des structures et dynamiques spatiales en pays Bamiléké”, in L'Espace Géographique 2/1996, pp. 173-187.

Cet article est un de ceux que j’ai eu le plus de plaisir à concevoir et à écrire. Il résulte de la conjonction d’un ensemble de facteurs. Il faisait suite à un article fondateur paru dans NSS sur les fondements naturels et sociaux du bocage Bamiléké qui m’a révélé au monde de la géographie, tout autant qu’il m’a révélé à moi-même comme géographe, notamment du fait de la discussion qu’avait fait Nicole Mathieu de cet article.

GAUTIER (D.), 1994. “Fondements naturels et sociaux d'un bocage d'altitude : l'exemple Bamiléké”, in Natures, Sciences, Sociétés, n°1, vol. 2, pp. 6-18.

Ces considérations sur l’organisation bocagère du pays Bamiléké ont ensuite muri dans l’ombre tutélaire de Roger Brunet, à la Maison de la Géographie de Montpellier, où tant son article sur les quartiers dans l’arrière-pays toulousain que ses inventions sur les motifs élémentaires de structures et de dynamiques spatiales m’ont inspiré cet article sur le plateau Bamiléké où j’examine les emboitements de motifs d’organisation spatiale similaires à différentes échelles.

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Cependant, cet exercice de modélisation des motifs d’organisation spatiale n’a pas seulement pour objectif de révéler les structures spatiales. J’appréhende celles-ci comme des constructions sociales, la résultante de l’histoire d’une société qui a mis en valeur l’espace environnant son habitat en fonction de ses besoins et de ses stratégies dans un contexte environnemental et social toujours changeant. Je me suis donc appuyé sur ces modèles de structures et dynamiques spatiales pour comprendre les processus spatiaux d’usage des ressources, dans le cas du bois de feu et de l’intégration agriculture-élevage dans le Nord Cameroun, et pour le cas du multi-usage de l’espace en Cévennes.

MERLE (C.), GAUTIER (D.), 2003. “Prélèvements de bois de feu dans les villages du sud de Maroua (Cameroun) : une modélisation”, in Mappemonde, n°69, 2003.1, pp. 13-18.

GAUTIER (D.), ANKOGUI-MPOKO (G.-F.), REOUNODJI (F.), NJOYA (A.), SEIGNOBOS (C.), 2005. “Agriculteurs et éleveurs des savanes d’Afrique centrale : de la co-existence à l’intégration territoriale”, in l’Espace Géographique, n°3/05, pp. 223 -236.

GAUTIER (D.), 2000. “Le multi-usage de l’espace en Cévennes analysé grâce à des modèles graphiques spatio-temporels”, in l’Espace Géographique, n°2/00, pp. 123-136.

Dans le cas de ce dernier article, le passage par la modélisation graphique m’a permis de mettre en évidence des articulations ou des conflits d’activités dans la châtaigneraie d’une manière que je n’ai pas pu réaliser avec une cartographie des activités et une superposition des espaces d’activités sous SIG, puisque certaines activités de cueillette était très difficile à cartographier. En ce sens, il me semble que c’est un article innovant en termes de méthodologie et créatif en termes de représentation de connaissances nouvelles.

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L’analyse et la modélisation des dynamiques spatiales

Pour analyser les processus de gestion des ressources naturelles, il était nécessaire que je ne m’arrête pas à l’organisation spatiale résultant des activités des sociétés sur des structures biophysiques et humaines existantes, mais que je saisisse la dynamique de cette organisation spatiale résultant de tout un ensemble de processus de différentes échelles, parmi lesquels les pratiques d’acteurs à l’échelle locale, les politiques et filières à l’échelle régionale et nationale, mais également les processus d’échelle globale qui deviennent de plus en plus prégnants avec la mondialisation et les changements environnementaux globaux.

Pour analyser ces dynamiques spatiales, j’ai bénéficié d’une insertion dans le réseau de recherche CASSINI qui m’a d’abord permis de bien poser les concepts utiles à l’analyse et à la modélisation des dynamiques spatiales. Cela a donné deux papiers collectifs, qui sont toujours pour moi des références quand je traite du changement, des transitions, ou des mutations qui surviennent dans un système spatial ou territorial donné.

SANDERS (L.), GAUTIER (D.), MATHIAN (H.), 1999. “Les concepts de système spatial et de dynamique, un essai de formalisation”, in Revue internationale de Géomatique, vol 9 - n°1/99, pp. 25-44.

CHEYLAN (J.-P.), GAUTIER (D.), LARDON (S.), LIBOUREL (T.), MATHIAN (H.), MOTET (S.), SANDERS (L.), 1999. “Les mots du traitement de l’information spatio-temporelle”, in Revue internationale de Géomatique, vol 9 - n°1/99, pp. 11-23.

Cette réflexion conceptuelle a bénéficié des travaux que j’ai menés au cours de ma thèse, avec une instrumentalisation des dynamiques spatiales à l’aide d’un SIG, ce qui n’était pas si courant à l’époque. J’ai d’une part mis en évidence l’intérêt de comparer sous SIG deux états de l’occupation du sol d’une commune cévenole pour en tirer des matrices de transition entre types d’occupation du sol.

GAUTIER (D.), 1995. “Dynamique spatiale de mise en valeur d’une châtaigneraie par transition entre deux états d’occupation du sol”, in Revue internationale de

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D’autre part, j’ai mis en évidence l’intérêt d’utiliser une autre méthode consistant en une approche historique des événements ayant modifié soit la forme, soit l’état des éléments de paysage, soit les deux.

ARNAUD (M.-T.), GAUTIER (D.), 1996. “Impact d'événements spatiaux dans le paysage de Gabriac (Cévennes)”, in Le paysage, pour quoi faire ?, Actes Avignon 3/1996, Laboratoire Structures et Dynamiques Spatiales, Université d’Avignon, pp. 31-39.

Enfin, j’ai combiné les deux méthodes en une approche intégrée innovante des dynamiques spatiales à base de SIG.

GAUTIER (D.), 2001. “Spatiotemporal analysis of rural land-use dynamics. Review and integration of three methods involving GIS and matrices”, In FRANK (A.), RAPER (J.), CHEYLAN (J.-P.) (Eds), Life and Motion of Socio-Economic Units. ESF GISDATA, Taylor & Francis, pp. 203-216.

Parallèlement à cette exploration des potentialités des SIG pour rendre compte des dynamiques spatiales d’un territoire à la suite de processus ou d’événements environnementaux ou sociaux, j’ai également participé à un groupe de réflexion sur l’utilisation des modèles multi-agents pour simuler les dynamiques spatiales. Nous avons eu avec mon collègue et ami François Bousquet du CIRAD cette idée un peu saugrenue de comparer deux méthodes de simulation spatiale, l’une considérant l’espace comme un support dont les agents humains modifient l’organisation au fur et à mesure de leurs actions et de leurs interactions, l’autre considérant les entités spatiales elles-mêmes comme des agents. Cela a donné un des projets scientifiques parmi les plus stimulants que j’ai mené, même si malheureusement, l’expérience n’a pas été plus loin alors que j’aurais aimé qu’elle se poursuive en adaptant l’alphabet chorématique proposé par Roger Brunet dans le logiciel Cormas de simulation multi-agent développé par l’équipe Green du CIRAD. L’idée n’est pas enterrée mais je suis désormais assez loin, il faut le reconnaitre, de l’univers de la modélisation spatiale, conséquence de mes longs séjours en Afrique.

BOUSQUET (F.), GAUTIER (D.), 1999. “Comparaison de deux approches de modélisation des dynamiques spatiales par Simulation Multi-Agents : les approches "spatiale" et "acteurs"”, in Cybergeo, revue électronique de géographie (http://cybergeo.revues.org/2389).

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En revanche, l’idée des événements spatiaux que j’avais appliquée à mon cas d’étude au cours de ma thèse sur la châtaigneraie cévenole a continué son petit bonhomme de chemin. Sous la tutelle de Joël Charre, professeur de géographie à l’Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, un groupe de recherche s’est monté autour des événements spatiaux et espaces post-euclidiens, dont j’ai pris le leadership et la plume. Cela a donné un premier article, théorique, sur la définition et l’utilité du concept d’événement spatial, qui a été discuté par le comité scientifique de l’Espace Géographique.

EPEES (collectif), 2000. “Evénement spatial”, in l’Espace Géographique, n°3/00, pp. 193-199.

Même si le concept proposé par le groupe EPEES n’a pas fait florès, j’ai la faiblesse de considérer qu’il est intéressant, même s’il demanderait une réflexion profonde sur ce qu’est un système spatial et comment on le modélise pour pouvoir mesurer l’impact de l’événement spatial sur le système spatial. J’ai donc poussé un étudiant de troisième cycle à l’appliquer sur notre terrain du Mali en considérant les marchés ruraux de bois comme un événement territorial, engendrant des modifications dans le territoire villageois.

HAUTDIDIER (B.), BOUTINOT (L.), GAUTIER (D.), 2004. “La mise en place des marchés ruraux de bois au Mali : un événement social et territorial”, in l’Espace

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Les processus de territorialisation

Les dynamiques spatiales sont la résultante d’évolutions biophysiques et sociales, sous forme de transition quand elles sont liées à des processus, ou de mutation quand elles sont liées à des événements. Ces processus et événements sont de différentes natures : climatiques, économiques, politiques, sociaux, culturels ; et il convient, dans une perspective holistique, de s’intéresser à tous les moteurs des évolutions observées dans l’espace, même si cela nécessite des alliances disciplinaires sur les compétences que l’on ne possède pas. Il y a cependant une catégorie de processus qui relève tout particulièrement du métier de géographe : celle des processus de territorialisation, compris comme des processus de revendication sur l’espace qui peuvent prendre plusieurs formes (étatiques, coutumiers, etc…) mais visent toujours à contrôler au moins les ressources sinon les hommes d’un espace géographique donné.

Mon intérêt pour ces processus de territorialisation est ancien mais je l’ai formalisé depuis moins de dix ans. Si j’étais resté faire carrière en France, peut-être aurais-je continué ma trajectoire de recherche sur la modélisation des dynamiques spatiales. Mais mon recrutement au CIRAD et mon retour vers une Afrique soudano-sahélienne, en pleine mutation politique, à la suite des plans d’ajustement structurel et sur la voie de la décentralisation politique, des transferts d’autorité de gestion des ressources naturelles et de libéralisation des filières, m’a conduit à porter un regard plus attentif à la superposition de territoires de différentes natures en un même lieu, aux compétitions voire aux conflits de pouvoir que cela pouvait engendrer, avec des conséquences directes sur les droits d’accès et d’usage des ressources et donc sur les conditions de vie des populations.

Les papiers notables que j’ai écrits sur ce thème spécifique ne sont pas légions, puisqu’ils se résument à deux papiers aboutis et à un autre en cours de construction. Dans un premier papier, je partais de l’idée simple que l’arbre, du fait qu’il s’agit d’une plante pérenne pouvait nous renseigner, de par ses formes, les formations auxquelles il participe et l’organisation spatiale de ces formations, sur l’histoire de la mise en valeur de l’espace et sur les processus de territorialisation anciens et actuels. Partant des méthodes d’analyse des ressources ligneuses et de leur gestion mises au point dans le cadre du PRASAC (Cf. les fiches techniques précédemment mentionnées), je suis ainsi passé de la mise en évidence de