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b) Le fantasme de l’hystérique

Dans le document tel-00651477, version 1 - 13 Dec 2011 (Page 60-63)

Dans le séminaire V100, le symptôme est abordé par Lacan comme masque du désir inconscient. « …le désir est désir de ce manque qui, dans l‟Autre, désigne un autre désir. »101 Le phallus, en tant qu‟il est l‟objet visé dans l‟Autre, crée une Spaltung du sujet entre ce qui est désir et ce qui est masque, entre désir et symptôme.

Lors de l‟offre de M. K. « … s‟effondre sa belle construction hystérique d‟identification au masque, aux insignes de l‟Autre, nommément aux insignes masculins comblés que lui offre M. K. et non pas son père. »102

L‟identification de l‟hystérique se fait en S <> a, au niveau du fantasme de l‟autre (M. K.). Son désir est le désir de l‟Autre (ligne du haut dans le graphe du désir). En ce sens elle s‟appuie sur le désir de l‟Autre.

« …l‟hystérique a toutes sortes de difficultés avec son imaginaire, ici représenté par l‟image de l‟autre, et qu‟elle est susceptible d‟y voir se produire des effets de morcelage, diverses désintégrations, qui sont ce qui lui sert dans son symptôme. »103

100 Lacan J. Séminaire V (p.319 -334, 368 Ŕ 370 et 387 Ŕ 404) : graphe du désir p.392.

101 Lacan J. op. cit. p. 329.

102 Lacan J. op. cit. p. 369.

103 Lacan J. op. cit. p. 398.

d ($ <> a)

I(a) m

Identification de l’hystérique

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En fait, Dora vise l‟Autre absolu104 au-delà du fantasme. L‟hystérique s‟efforce de réanimer l‟Autre, de le réparer, de le compléter105.

Dans ce séminaire Lacan donne le mathème du fantasme hystérique : a / - <> A

a représente l‟objet métaphorique de la castration imaginaire de l‟hystérique. Cet objet a est censé compléter l‟Autre pour en faire un Autre absolu.

Le désir de l‟hystérique est de soutenir le désir du père, soit pour Dora par procuration (à travers Mme K.)106.

Lacan reprend ses avancées à partir du cas Dora dans le séminaire XII :

« C'est ce que la psychanalyse découvre et ici, je vais accentuer pour vous en prenant, presque au hasard, des exemples dans les premières articulations de Freud, montrant à quel point c'est ainsi que doit s'exprimer, d'une façon appropriée, ce qui s'appelle la structure du symptôme.

L'aphonie de Dora n'est reconnue, n'est reconnaissable, pour représenter le sujet Dora, que par rapport à ce signifiant qui n'a point d'autre statut que de signifiant, si on vise correctement le fonctionnement du symptôme et qui s'articule « seule avec elle », elle c'est-à-dire Mme K. Elle ne peut plus parler dans la fonction même où elle est, seule avec elle, et l'aphonie représente Dora, non pas du tout auprès de Mme K, avec qui elle parle et même trop abondamment, dans les circonstances ordinaires mais quand elle est seule avec elle, quand M. K. est en voyage.

La toux de Dora, où est-ce que Freud la repère ? Lisez le texte. Quand il y désigne un symptôme c'est en fonction de cette toux, où elle prend fonction de signifiant, d'avertissement, dirais-je, donné par Dora à quelque chose qui surgit à cette occasion et qui ne serait point surgie autrement, et il faut lire le texte de Freud pour suivre le cheminement purement signifiant […] de jeu de mot autour du père qui est un homme fortuné, ce qui veut dire Ŕ dit Freud Ŕ sans fortune au sens où le mot fortune veut dire aussi en allemand puissance sexuelle.

Pas de Vermögen, c'est ce qu'il y a de plus purement signifiant que ce jeu de mots homonymique et en plus le renversement négatif de ce qu'il veut dire, quoi rien dans la toux de Dora n'aurait le sens que Freud lui donne, qui est aussi celui qu'a ce symptôme, qui est celui des substituts que le couple de son père et Mme K. apporte à cette impuissance, nommément ce que Freud articule d'ailleurs sans pousser absolument les choses jusqu'à leur terme, du rapport génito-buccal. »107

104 Lacan J. Séminaire VIII (p. 281 -296 et 423- 435) : Le grand Phi. p. 293.

105 Lacan J. op. cit. p. 294.

106 Lacan J. Séminaire XI (p.31 Ŕ 41)

107 Lacan J. Séminaire XII : Problèmes cruciaux pour la psychanalyse ou Les positions subjectives de l'être, 1964-1965.

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Dans sa conférence à l‟université de Milan, en 1972, Lacan dit : « le cas de Dora paraît privilégié pour notre démonstration en ce que, s‟agissant d‟une hystérique, l‟écran du moi y est assez transparent pour que nulle part, comme l‟a dit Freud, ne soit au plus bas le seuil entre l‟inconscient et le conscient, ou pour mieux dire, entre le discours analytique et le mot du symptôme ».

Voilà donc les signifiants qui parlent par les symptômes corporels de Dora.

L‟inconscient qui s‟écrit sur le corps de l‟hystérique, la marque corporelle du signifiant qui se met en scène. Je reprendrai ici les propos de Michel Lapeyre108 afin de les mettre en perspective avec les propos de Lacan : « Ceci nous conduit, de manière tout à fait logique, à cette conclusion, surprenante pour le sens commun, et qui consiste à poser qu‟il y a une relation entre la vérité et le symptôme : en tout cas, l‟action de la parole conjoint le sens du symptôme et la vérité du sujet. »109

« Cette identification à son père transparaît ainsi dans les symptômes de conversion et notamment celui de la toux nerveuse : et en effet, ces symptômes disparaissent quand l‟identification est repérée et relevée par Freud, et reconnue par Dora. »110

Quel rapport entre le père et la toux ? « Mme K. est pour Dora le mystère de sa propre féminité ». Se pose alors la question, comme à tout hystérique, qu‟est ce donc que d‟être une femme ?

Le symptôme prend valeur de signifiant et s‟exprime sur le corps. Voici une forme de matérialité et de causalité difficilement « assimilable » pour la science contemporaine. Le signifiant invisible (sauf par le son et l‟écrit) et inlocalisable dans le système nerveux (les neurones) se loge dans le corps de l‟hystérique Ŕ la matérialité du signifiant existant en dehors

108 Lapeyre M. Clinique freudienne. Cinq leçons. Anthropos, Paris, 1996

109 Lapeyre M. op. cit. p. 44-45.

110 Lapeyre M. op. cit. p. 52.

111 Lapeyre M. op. cit. p. 54.

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de toute description de la matière par la science. Le signifiant matériel et réel ek-siste au symbolique et se donne à voir par ses effets symptomatiques de corps.

Ceci pose évidemment la question de ce qu‟est le réel et le matériel pour la science.

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