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Présentation des données et analyse

8 Conditions familiales et environnement

8.2 Des familles plus vulnérables que d’autres

8.2.1 Une famille nombreuse et avec ses « malheurs »

Chantal (E. 27) issue d’une famille nombreuse, raconte un certain nombre de souvenirs qui nous donnent des indications sur le contexte de vie de la famille et différents événements,

sœur ne figurait pas comme aspect le plus difficile. Ce n’est que lorsque la mère fut trop âgée pour continuer le soutien à sa fille que Chantal (E. 27) s’engage personnellement, en tant que sœur adulte, auprès de sa sœur handicapée.

La mère a donné naissance à une autre fille après Myriam, la sœur atteinte de trisomie.

(…) je me rappelle de ma petite sœur qui est né 2 ans après et qui est décédée à 2 mois. Alors je me rappelle bien, quand elle est partie à l’hôpital, et qu’on nous a annoncé son décès. J’avais peut-être 8ans, j’avais 2 ans de plus. (Par rapport à la naissance de Myriam)

Le changement d’activité professionnelle des parents, la famille quitte la ferme pour le restaurant Sa naissance (Celle de la sœur trisomique) je me rappelle pas, je me rappelle plutôt après, quand j’avais 10 ans on a déménagé et on a tenu un restaurant. Alors, depuis là, j’ai plus de souvenirs. Le décès prématuré du père à 54 ans :

Quand mon papa est décédé, alors là au décès de mon papa, en septembre 1975, elle (Myriam) ne s’est pas très bien rendu compte.

Ce décès semble être une rupture pour la vie de Chantal (E. 27), elle raconte aussi le changement survenu dans la suite pour sa sœur et sa maman.

Mais là au décès, je me rappelle j’avais 20 ans, elle a pas dû être très marquée. Il y avait toute cette fratrie autour, et les clients qui étaient là. Deux ans après, ils ont remis le restaurant et ils sont retournés à la ferme qu’on avait, alors là elle a vécu avec maman. La journée elle allait à B., elle prenait le bus. Donc elle était connue dans tout le bus, je vous explique pas. Elle rentrait le soir. Là j’ai trouvé que c’était les années les plus dures pour nous.

Le ils (la mère, un fils, et sa fille trisomique), Chantal (E. 27) en est exclue car elle fonde sa propre famille et entretient d’excellentes relations avec sa belle-mère. Celle-ci à ses dires est en quelque sorte une maman de « substitution » pour elle. Le nous, des années les plus dures, il s’agit d’elle- même et ses sœurs, impuissantes pour intervenir dans la relation de Myriam (sœur trisomique) avec sa mère. En effet, selon les sœurs aînées, la maman ne met pas assez de limite à Myriam, qui mange ce qu’elle veut. Chantal (E. 27) évoque également des problèmes d’hygiène. Enfin, elle raconte aussi le moment où sa maman ne peut plus prendre en charge sa fille handicapée.

Puis maman n’y arrivait plus. Elle était diabétique, elle se piquait, elle avait aussi ses problèmes de santé. Après elle a eu cette grosse opération et c’est là qu’elle (Myriam, la sœur handicapée) est partie,

Se rajoute le décès, d’un autre frère

Quand mon frère est décédé en 2000, mon frère Fernand est décédé en 2000 d’une leucémie, alors là ça lui a fait beaucoup. Il habitait la même maison que maman. Ça lui a fait beaucoup le décès de mon frère (…) Très affectée, oui. Puis après le décès de maman aussi,

Après l’énonciation de ces malheurs successifs, Chantal (E. 27) raconte d’un bloc, tous les « malheurs » auxquels sa famille et elle-même sont confrontées. Elle explique être très affectée par une maladie : la fibromyalgie.

Entre les deux aînés, j’ai mon frère qui est aveugle, moi j’ai une fibromyalgie, depuis 89, mon frère qui est décédé, Myriam, qui est trisomique…Martin qui a eu du psoriasis, partout, des fois, je dis on en a eu assez, quoi. C’est très rare que je dise ça. Mais là je vois, mon frère qui était aveugle a eu un fils, qui a eu une méningite à 8 mois, il lui est quand même resté quelque chose, quoi. Il n’est pas handicapé, il travaille, il conduit, mais limité quand même. Il a 34 ans maintenant, il ne se mariera jamais...

(Le frère aveugle) vers l’âge de la vingtaine, c’est le syndrome de Behcet, ça s’est dégradé sur 20 ans petit à petit. A présent, il a un chien guide, il a fait des cours de canne. (La mère) elle a fait tout ce qu’elle a pu. On avait un bistrot, y avait 7 enfants, on ne pouvait pas lui demander de faire plus qu’elle n’a fait.

Une famille nombreuse, un "bistrot" à gérer, ont eu pour conséquences que les enfants ont été très tôt appelés à contribuer par leur travail dans l'entreprise familiale, et les parents avaient peu de disponibilité pour leurs enfants. Alors Myriam, au milieu de tout cela a grandi avec les autres, les clients et les familles du village, où elle se rendait quelquefois. De plus les conditions de vie de la maman n’avaient pas été faciles car son beau-père n’était pas aimable avec sa bru.

(…) je sais que son beau-père, il était méchant. Il était connu dans la région pour être méchant. Alors voilà. Certainement, il y a des choses qui sont vraies. On ne connaît pas.

On comprend dès lors que la trisomie de Myriam, était finalement une réalité au milieu d’un contexte de vie difficile, avec de nombreux « heurs et malheurs », mais avec un cadre et une insertion sociale satisfaisants, du moins à cette époque.

Tout cela n’a pas empêché Chantal (E. 27), de construire sa propre vie de laquelle elle semble tirer beaucoup de satisfactions, malgré sa maladie qui la fait souffrir.