De nombreuses études scientifiques ont mis en évidence certains mécanismes de développement des cancers. Cependant, il est rare qu’un cancer se déclenche sous l’effet d’une cause unique et il est difficile d’identifier toutes les causes du cancer du poumon à non petites cellules. Cependant, on appelle facteur de risque une substance, ou un état, qui augmente le risque de survenue du cancer. La coexistence de plusieurs facteurs favorisants la survenue d’un cancer chez le même sujet augmente considérablement le risque.
2.3.1. La consommation de tabac
Le tabac est le premier facteur de risque du cancer du poumon. La quantité de tabac et la durée du tabagisme sont toutes deux impliquées dans l'augmentation du risque : plus on consomme de tabac pendant longtemps, plus le risque de souffrir d'un cancer du poumon est important. Un homme fumeur a près de 10 fois plus de risque d'être atteint d'un cancer bronchique qu'une personne qui n'a jamais fumé. Le tabagisme actif est responsable de 80% des cancers bronchiques (5).
Cependant, le tabagisme passif est tout aussi dangereux car la fumée qui s'échappe d'une cigarette contient plus de 4 000 substances chimiques, dont au moins 50 sont cancérigènes. Il a été démontré qu'une personne en situation de tabagisme passif voit son
38 risque de développer un cancer du poumon augmenté de 26% par rapport à un non-fumeur (23).
Tableau V: Incidence du tabac sur le cancer pulmonaire (23)
2.3.2. L’exposition professionnelle
L'exposition professionnelle à certaines substances chimiques, biologiques ou physiques a été reconnue cancérogène. En effet, il a été prouvé que certains produits provoquent des cancers, augmentent leurs fréquences d'apparition, ou favorisent une survenue plus précoce de certains cancers.
L’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) estime que 4 à 8,5% des cas de cancers en France seraient d'origine professionnelle. Pour le cancer du poumon, ce chiffre s'élèverait à 15%. Mais si une exposition professionnelle est associée au tabagisme, le risque est multiplié de 20 à 50 %.
2.3.2.1. L’amiante
L'exposition aux fibres d'amiante est une cause reconnue de maladie professionnelle et peut être à l’origine de cancers professionnels. L’amiante est d’ailleurs la principale cause de cancers professionnels (Tableau VI). Environ 12 % des cancers du poumon des hommes de plus de 55 ans et 7 % de ceux de 35 à 55 ans peuvent être imputés à une exposition à l’amiante au cours de leur vie professionnelle.
De fait, les secteurs les plus à risque sont :
- L’amiante textile, avec un risque relatif augmenté de 2 à 10 fois - L’isolation thermique, avec un risque relatif multiplié par 3 à 6 fois - La fabrication d’amiante ciment
- La fabrication de matériaux de friction.
2.3.2.2. Les substances chimiques
En France, l’Assurance maladie reconnait certaines substances responsables de maladies professionnelles. Parmi les principales, nous distinguons les substances ci-dessous ainsi que leurs lieux d’exposition:
39 - Arsenic : fonderie de cuivre, mines d'or, production de pesticides arsenicaux - Ethers – chlorométhyle : fabrication de résines échangeuses d'ions.
- Hydrocarbures polycycliques : four à coke, gaz - Nickel : raffineries de nickel
- Radon : mine d'uranium
Tableau VI: Tableau des maladies professionnelles – Agents responsables des cancers pulmonaires (24)
2.3.3. Les irradiations
2.3.3.1. Les irradiations professionnelles
L’exposition aux radiations ionisantes augmente le risque de cancer bronchique. Ce risque est augmenté chez les mineurs d’uranium, fumeurs ou non-fumeurs. L’excès de risque professionnel est lié à l’inhalation de radon, gaz radioactif inerte formé à partir du radium, lors de la décomposition de l’uranium.
En dehors des mines d’uranium, le radon, incolore et inodore, est retrouvé à de très faibles niveaux dans le sol et les roches, et peut-être libéré par les murs des habitations, particulièrement ceux construits en granit.
40 2.3.3.2. Les irradiations médicales
Le risque de cancer bronchique lié à une irradiation médicale est clairement démontré. En effet, plusieurs cas de cancers bronchiques se sont développés quelques années après des irradiations réalisées dans le cadre d’un traitement de cancer du sein. Ces cancers bronchiques radio-induits surviennent du côté de l’irradiation, plus de 10 ans après l’irradiation.
2.3.4. Autres facteurs de risques
Certains autres facteurs tels que la pollution atmosphérique ou des affections respiratoires, influenceraient le risque de développer un cancer pulmonaire mais il existe moins de preuves scientifiques. Cependant, ces facteurs joueraient un rôle important dans les cas de cancers bronchiques à non petites cellules.
2.3.4.1. La pollution atmosphérique
En 2008, l'Inserm et de l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail) sur «Cancer et Environnement», ont réalisé des travaux pour recenser toutes les connaissances sur ce sujet. Il apparaît ainsi que la pollution atmosphérique (d'origine automobile et industrielle) est un facteur de risque, mineur comparé au tabac, mais qui pourrait néanmoins favoriser le développement de cancer bronchique.
La pollution atmosphérique est liée à des gaz, comme le dioxyde de soufre (SO2), le dioxyde d'azote (NO2), l'ozone (O3), ainsi que différentes particules émises, et les fumées de diesel.
Les données concernant la pollution atmosphérique et le cancer pulmonaire doivent être encore affinées. Ces études sont difficiles puisqu’elles visent à associer des taux de pollution mesurés à un moment précis à une affection survenant bien des années après (5), (25),(23).
2.3.4.2. Les affections respiratoires : antécédents personnels et familiaux
Les affections respiratoires telles que la Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO), la silicose, la bérylliose et la tuberculose peuvent être considérées comme un facteur de risque du cancer pulmonaire.
De même, Les personnes qui ont déjà été atteintes d'un cancer du poumon risquent davantage de développer un second cancer pulmonaire que la population générale(5).
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