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Partie 1 Épidémiologie des cancers

1.2. e. Les facteurs de risque des autres localisations de cancer

Le cancer du côlon-rectum

Le cancer du côlon-rectum est fortement associé au mode de vie. En effet, l’alimentation joue un rôle important dans l’étiologie de ce cancer : une alimentation riche en fibres, céréales complètes et calcium diminuerait le risque de cancer du côlon-rectum, alors qu’une consommation élevée de viandes rouges ou transformées et riches en graisse serait associée à une augmentation du risque de ce cancer. D’autres facteurs de mode de vie influent sur le développement de ce type de cancer, comme le tabagisme, la consommation d’alcool, la sédentarité, le surpoids, l’obésité et l’âge. Le cancer du côlon-rectum est également plus fréquent

chez les hommes et les individus diabétiques, souffrant d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (telle que la maladie de Crohn* ou la rectocolite hémorragique*) ou infectés par certaines bactéries (telle que l’Helicobacter Pylori*). Enfin, les facteurs génétiques pourraient influencer la survenue de cancer du côlon-rectum : un sur-risque a été observé chez les individus présentant des antécédents familiaux de cancer du côlon-rectum (47;76-78).

Le cancer du poumon

Depuis les dernières décennies, le cancer du poumon est devenu un véritable enjeu de santé publique, principalement à cause de la hausse de la consommation de tabac chez les femmes. L’association existante entre l’incidence du cancer du poumon et le tabac est suspectée depuis les années 1920 et confirmée depuis les années 1960. De nos jours, il est estimé que 80 à 85 % des décès par cancer du poumon sont attribuables au tabagisme. Par ailleurs, l’exposition au radon* a été identifiée comme la seconde cause de cancer du poumon après le tabac. Les autres facteurs de risque de cancer du poumon identifiés à ce jour comprennent le tabagisme passif et certaines expositions professionnelles, telles que les expositions à l’amiante*, à la silice*, au chrome*, au cadmium*, au nickel*, à l’arsenic* ou au béryllium*. Le risque du cancer du poumon est plus élevé chez les individus infectés par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et les femmes survivantes d’un cancer du sein traitées par radiothérapie et fumeuses, à cause de l’effet multiplicateur de l’exposition conjointe des radiations et du tabac (79).

Le cancer de la thyroïde

Le facteur de risque de cancer de la thyroïde le mieux établi par la littérature est l’exposition aux radiations ionisantes, particulièrement lorsque celles-ci ont lieu dans l’enfance. Les prédispositions familiales semblent tripler le risque de cancer non-médullaire* de la thyroïde (80). La présence de maladie bénigne de la thyroïde, comme les nodules et adénomes thyroïdiens ou le goitre* qui augmentent respectivement de 30 et de 6 fois le risque de cancer. Le cancer de la thyroïde touche trois fois plus de femmes que d’hommes, probablement à cause de l’association existant entre les hormones endogènes et le cancer de la thyroïde. En effet, l’âge au premier enfant et une ménopause artificielle seraient associés à une augmentation modeste du risque de cancer. Les quelques études qui ont analysé le lien entre le cancer de la thyroïde et l’alimentation ont montré que la carence en iode, mais aussi des taux élevés d’iode, sont associés à un risque accru de cancer de la thyroïde, de même qu’une forte consommation de poisson et une faible consommation de légumes. Enfin, le surpoids et l’obésité, ainsi que la sédentarité, sont des facteurs de risque probables de ce type de cancer (81).

Le lymphome malin non hodgkinien (LMNH)

La présence d’antécédents familiaux de lymphome* augmente le risque d’en développer un soi-même. Le principal autre facteur de risque de LMNH est un système immunitaire affaibli, qu’il soit endommagé à la naissance (congénital) ou plus tard dans la vie (acquis). Les principales raisons d’un système immunitaire affaibli sont la prise d’immunosuppresseur (utilisé principalement à la suite d’une greffe), une infection au VIH et la présence de troubles d’immunodéficience ou auto-immuns. Certaines infections peuvent accroître le risque de LMNH, telles que le virus d’Epstein-Barr (qui provoque la mononucléose infectieuse), le virus

T-lymphotrope humain de type 1 (HTLV-1), la bactérie Helicobacter Pylori, l’herpès-virus humain 8

(HHV-8) ou le virus de l’hépatite C. D’autres facteurs ont été classés comme facteurs de risque probables de lymphome malin non hodgkinien, tels que l’exposition aux pesticides, au trichloréthylène ou aux colorants capillaires, l’obésité ou une alimentation riche en viande, en produits laitiers et en acides gras saturés, ou faible en légumes (82).

Le mélanome cutané

Il existe trois grands types de cancer de la peau : le mélanome (touchant les mélanocytes de l’épiderme), le carcinome basocellulaire* (touchant les cellules basales de l’épiderme) et le carcinome épithélial ou spinocellulaire (touchant les cellules de la couche épineuse de l’épiderme) (figure 8). Le carcinome basocellulaire est le cancer cutané le plus fréquent (environ 75 % des cancers), mais également le moins agressif. Contrairement au carcinome basocellulaire qui se développe uniquement localement, les deux autres types de cancer de la peau peuvent franchir la membrane basale et envahir d’autres parties du corps. Le facteur de risque le plus important des cancers de la peau est l’exposition aux rayonnements ultraviolets (UV), qu’ils soient naturels (soleil) ou artificiels (cabines de bronzage) (83). Le risque de cancer de la peau augmente avec la durée d’exposition et est différent selon l’heure d’exposition, avec un risque maximum pour une exposition au soleil entre 10 h et 14 h, heure solaire (en France métropolitaine, en été, cette plage horaire correspond à 12 h - 16 h), au moment où le rayonnement solaire est le plus intense (84). Certaines caractéristiques phénotypiques individuelles prédisposent au cancer de la peau, comme le fait d’avoir une peau claire, des taches de rousseur, des yeux ou des cheveux clairs et une peau incapable de bronzer. Le risque de mélanome est également plus important chez les individus présentant des antécédents familiaux de cancer de la peau, ayant un grand nombre de nævi (appelés couramment grains de beauté) atypiques et avec une exposition prolongée aux hormones ovariennes (83;85).

Figure 8 : Représentation d’une coupe transversale de l’épiderme.

Source : http://www.cosmeticofficine.com/la-peau-et-ses-differentes-couches-tissulaires/lepiderme/ (consulté le 23/07/2014) Les cancers de l’endomètre et des ovaires

Les cancers de l’endomètre et des ovaires présentent des facteurs de risque reproductifs très similaires. Les facteurs réduisant le risque de ces deux cancers seraient un âge tardif à la ménarche, un âge précoce au premier accouchement, un âge tardif au dernier accouchement, un nombre élevé d’accouchements, une longue période d’allaitement, des cycles courts ou irréguliers et un âge tardif à la ménopause. L’utilisation prolongée de contraceptifs oraux combinés diminue également le risque de ces deux cancers jusqu’à 20 ans après leur arrêt. Les contraceptifs oraux séquentiels à climat œstrogénique dominant, l’utilisation de THM composé d’œstrogène seul et le surpoids seraient associés à une augmentation du risque du cancer de l’endomètre. Le tabagisme serait associé à un risque diminué de cancer de l’endomètre, mais l’association n’est pas clairement définie pour le cancer des ovaires. Les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques* présenteraient une augmentation du risque de cancer de l’endomètre et, seulement chez les femmes jeunes, de cancer des ovaires. La présence d’antécédents de fractures et un niveau élevé d’activité physique récréationnelle* seraient associés à un risque diminué de ces deux cancers, avec seulement des preuves limitées pour le risque de cancer des ovaires (86-88).

Les cancers du col de l’utérus

Aujourd’hui, il est estimé que la quasi-totalité des cancers du col utérin est secondaire à une infection par un papillomavirus humain oncogène, essentiellement le 16 et le 18 (HPV), condition nécessaire mais non suffisante d’apparition du cancer du col utérin (89). Ainsi, un dépistage

régulier par frottis tous les trois ans diminue la mortalité par cancer du col de plus de 90 %, le cancer évoluant très lentement (3). La vaccination est recommandée dans de nombreux pays chez les jeunes filles avant le début de leur vie sexuelle (90).

Le cancer du pancréas

Les principaux facteurs de risque du cancer du pancréas sont un âge avancé, la présence d’antécédents familiaux ou de certaines maladies génétiques, le tabagisme (actif ou passif), l’obésité et certaines expositions professionnelles et industrielles, telles que l’exposition au radon, aux composés et solvants de pétrole, à certains pesticides ou colorants et aux hydrocarbures. Le risque de cancer du pancréas serait également plus élevé chez les hommes, les personnes afro-américaines, diabétiques, ou atteintes de cirrhose alcoolique, du VIH, de l’hépatite B ou de

pancréatite chronique. La présence de la bactérie Helicobacter Pylori a également été associée à un

risque accru de cancer du pancréas, tout comme la présence de certaines mutations génétiques (BRCA2, P16, P53). Enfin, les personnes n’appartenant pas au groupe sanguin O auraient un risque plus élevé de cancer du pancréas (91;92).