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2.3 Spécificité de la peur de l’avion

2.3.3 Etiologie et facteurs de vulnérabilité à la peur de l’avion

2.3.3.3 Des facteurs psychologiques

Selon Oakes et Bor (2010), Foreman, Bor, et Van Gerwen (2006) et Van Gerwen et al. (1997), la peur de l’avion peut être associée à d’autres troubles pathologiques (voir pa- ragraphe 3.1.1, p.75 pour plus de détails). Ainsi, la peur de l’avion peut être l’expres- sion d’une autre peur/phobie, ou une combinaison de plusieurs peurs/phobies, telles que la claustrophobie, la peur des hauteurs, du noir, de l’eau, du sang. Elle peut aussi être la conséquence de la peur de vivre une attaque de panique durant un vol notam- ment pour les patients agoraphobes avec trouble panique (Van Gerwen & Diekstra, 2000 ; Van Gerwen et al., 1997).

Trait(s) anxieux

Dans leur étude, Wilhem et Roth (1997) ont mis en évidence chez les patients pho- biques de l’avion avec un trouble panique, une anxiété trait plus élevée que chez un groupe contrôle. De plus, 17% d’entre eux attribuaient leur peur à une tendance à être une personne anxieuse. Par ailleurs, une étude évoque la sensibilité à l’anxiété comme facteur de vulnérabilité à la phobie de l’avion (Vanden Bogaerde & De Raedt, 2010). Selon Reiss (1991), la sensibilité à l’anxiété peut être définie comme la ten- dance à focaliser son attention sur les sensations corporelles en cas d’anxiété, ce qui provoque de l’anxiété en retour et plus de symptômes physiques. Plus précisément, la sensibilité à l’anxiété serait la tendance à répondre aux symptômes de l’anxiété par des interprétations catastrophistes (McNally, 1990). Les personnes ayant une sensibi- lité à l’anxiété élevée ont tendance à croire que l’anxiété peut avoir des conséquences au niveau physiologique, psychologique ou sociale. Les personnes à faible sensibilité à l’anxiété ont tendance à croire que ressentir de l’anxiété est inoffensif. La sensibilité à l’anxiété semble être un trait de personnalité relativement stable (Naragon-Gainey, 2010). Alors qu’une sensibilité à l’anxiété serait particulièrement présente dans les

cas de trouble panique, les personnes phobiques de l’avion (sans trouble panique) rap- porteraient également un niveau de sensibilité à l’anxiété élevé (Vanden Bogaerde & De Raedt, 2010).

Implication de biais attentionnels

Les individus anxieux et phobiques expérimentent des biais attentionnels. En effet, contrairement aux individus non anxieux, ils auraient tendance à sélectionner les in- formations relatives à leur anxiété aux dépends d’autres informations neutres ou bien- veillantes (Bar-Haim, Lamy, Pergamin, Bakermans-Kranenburg, & Van Ijzendoorn, 2007 ; Mathews & Mackintosh, 1998 ; Williams, Watts, MacLeod, & Mathews, 1997). Par exemple, un individu souffrant de phobie de l’avion pourrait avoir tendance à fo- caliser davantage son attention sur les éléments de sécurité de l’avion ou sur les com- portements du personnel de bord, que les personnes non anxieuses. Plusieurs auteurs s’accordent à valider le rôle des processus de sélection de l’information dans le déve- loppement et le maintient de l’anxiété (Bar-Haim et al., 2007 ; MacLeod, Mathews, & Tata, 1986 ; Ouimet, Gawronski, & Dozois, 2009). Cette tendance aux biais attention- nels tournés vers l’objet source d’anxiété aurait alors pour effet d’alimenter l’anxiété, inscrivant alors la personne dans des cercles vicieux de vécu anxieux (Williams, Ma- thews, & MacLeod, 1996). Chez les personnes souffrant d’anxiété de vol et phobiques de l’avion, ce type de biais attentionnels a été mis en évidence par Vanden Bogaerde, Pieters, et De Raedt (2012). Selon ces auteurs, les biais attentionnels chez les pho- biques de l’avion seraient tournés en particulier sur les sensations internes (vécu cor- porel) et non seulement vers les conditions extérieures (liées à l’environnement de l’avion).

Sentiment de contrôle et perception des risques

La notion de locus de contrôle (LOC) a été développée par Rotter en 1966 pour dési- gner les croyances liées à l’attribution des causes de nos échecs et nos réussites. Deux lieux de contrôle sont alors possibles : un locus de contrôle (LOC) interne et/ou un lo- cus de contrôle externe. Un individu avec un LOC interne aura tendance à croire que les évènements de sa vie et les conséquences en découlant, dépendent de lui même

PRENDRE L’AVION

(ses actions, ses cognitions). Inversement, un individu avec un LOC externe aura ten- dance à expliquer les évènements par des facteurs externes (les autres, la chance par exemple). Les phobiques de l’avion qui perçoivent le vol en avion comme dangereux ont tendance à avoir un LOC externe (Openshaw, 2014). De manière générale, lors- qu’une situation implique une faible contrôlabilité, comme c’est le cas pour le passager lors d’un vol en avion, la tolérance à la prise de risque est réduite (Kouabenan, Ca- det, Hermand, & Sastre, 2007). Il parait alors important d’identifier avec les patients phobiques de l’avion, ce qu’ils peuvent contrôler et ce qu’ils ne peuvent pas contrôler à travers la psychoéducation. Par exemple, un avion en vol peut subir quelques tur- bulences et cela ne peut être changer, mais les sensations physiques dues à l’anxiété de vol peuvent être gérées par le passager. Selon Openshaw (2014), le LOC est plutôt stable et ne se modifie pas après thérapie, il semble alors essentiel de remettre en question les croyances erronées des patients concernant les vols en avion afin de leur redonner un sentiment de contrôle perçu. La peur de perdre le contrôle et un besoin important de maitriser la situation, sont souvent associés à la peur de l’avion par les patients eux même (Bor, 2007 ; Depla et al., 2008 ; Openshaw, 2014 ; Van Gerwen & Diekstra, 2000). Dans l’étude de Van Gerwen (2000), 25,3% des phobiques évoquaient la peur de ne pas maitriser la situation, et 12,1% la peur de perdre le contrôle de soi comme raison à leur peur de l’avion. Enfin, la peur de mourir est très présente pour de nombreux patients phobiques (Skolnick et al., 2012 ; Van Gerwen et al., 1999).

2.3.4

Conséquences de l’anxiété de vol