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8. Discussion

8.3 Facteurs de risques de complications obstétricales

Certains facteurs autour de la grossesse et l’accouchement peuvent être de potentiels risques de développer des complications de l’accouchement. Cette partie du travail discute de quelques-uns de ces facteurs et parmi ceux-ci se trouve l’âge maternel qui a été étudié dans les études sélectionnées pour ce travail. En effet, il est constaté une moyenne d’âge augmentant de quelques années entre les études menées en pays émergents et dans les pays développés. Gebremicheal et al., (2018) et Banks et al. (2006) affichent des moyennes variant entre 25 et 27 ans, tandis que les sujets de Balachandran et al. (2017) et Wuest et al. (2009) fluctuent entre 27 et 30 ans. Selon un article paru en 2012, les femmes avec un niveau d’étude supérieur ont leur premier enfant plus tard que les femmes n’ayant pas effectué d’études (Davie, 2012). Dans ce travail, il s’avère que les femmes des échantillons d’études

menées en pays émergents n’ont majoritairement pas bénéficié de scolarité, ou uniquement de scolarité basique. Ceci peut donc expliquer cette différence d’âge, minime mais tout de même notable, entre les pays émergents et les pays développés. De plus, l’étude mentionnée ci-dessus met en perspective que les femmes originaires d’Afrique sont moins diplômées que la moyenne.

Plusieurs études démontrent que l’âge maternel joue un rôle important dans les issues obstétricales, ce qui pourrait présenter un biais pour ce travail. En effet, les femmes avec un âge supérieur à 35 ans sont significativement plus à risque de développer un diabète gestationnel ainsi qu’une pré-éclampsie (Wu et al., 2019). En effet, l’étude de Varol et al. (2016) rapportent un taux significativement plus élevé de diabète gestationnel (DG) chez les femmes avec MGF III. Les facteurs de risque d’un DG sont nombreux, parmi eux figurent l’âge maternel, comme mentionné plus haut, ainsi que l’origine ethnique. Selon une étude française, il semblerait que les femmes originaire d’Afrique du Nord et d’Asie (Inde, Pakistan, Sri Lanka) soient plus à risque de développer un DG (Cosson et al., 2014). Moins de 10% de l’échantillon de Varol et al., (2016) est originaire d’Afrique du Nord ou d’Asie, et seule une femme est porteuse d’une MGF III. Il semblerait que l’ethnie ne soit pas directement impliquée dans le développement du DG chez les femmes avec MGF III pour cette étude. Toutefois, le DG permet de faire un lien direct pour les femmes avec MGF césarisées en urgence. En effet, une femme avec un DG est plus à risque d’avoir recours à une césarienne notamment à cause du plus grand risque de macrosomie fœtale (Hohlfeld et al. 2012 ; Le Tinier et Jornayvaz 2019). Il s’avère que 19% des femmes avec MGF césarisées en urgence avaient pour indication une stagnation de la présentation, ce qui pourrait notamment être induit par une disproportion fœto- pelvienne liée à la macrosomie fœtale.

Les différents lieux d’étude peuvent également impacter les résultats des issues obstétricales. En effet, pour Banks et al., (2006), l’étude a été menée dans 28 centres hospitaliers différents. Dans leur discussion, les auteurs affirment que les résultats ne sont pas forcément représentatifs des populations analysées. Cela est dû au fait que la population sélectionnée représente surtout les femmes avec des grossesses à haut risque ou ayant les moyens de payer les soins en centre hospitalier. Par conséquent, les issues obstétricales chez les femmes avec MGF et chez celles du groupe contrôle ne sont potentiellement pas représentatives de la population générale des pays où a été menée cette étude. Concernant Varol et al., (2016), l’étude a été réalisée dans un centre hospitalier australien n’accueillant que les grossesses à bas risque. Les situations pathologiques sont donc probablement transférées dans un centre hospitalier de niveau supérieur. Toutefois, une grossesse à bas risque n’est pas garante d’un accouchement sans complications. C’est ce que démontre une étude française mettant en avant le fait que 37% des parturientes considérées à bas risque ont nécessité l’avis d’un obstétricien et 21% une intervention médicale (Selvi Dogan et al., 2013). De plus, les auteurs

ne définissent ni les critères de transfert en vigueur, ni les critères d’une grossesse à bas risque. De surcroît, l’échantillon inclut les grossesses de >24 SA. Cela est étonnant au vu du fait qu’il s’agisse d’un centre accueillant les grossesses et accouchements à bas risque. Toutes ces composantes font régner un flou sur le niveau du service d’obstétrique, et donc sur les diverses interventions obstétricales qui s’y tiennent, ne permettant pas un regard critique avisé sur la situation.

La gestité et la parité sont des composantes prise en compte dans les articles sélectionnés pour cette revue de littérature. Elles jouent un rôle important dans les facteurs de risque de complications obstétricales. Pour Gebremicheal et al. (2018) la majorité des femmes avec MGF sont primigestes et primipares. Du côté du groupe contrôle, la majorité des femmes ont une gestité comprise entre 2 et 4 et une parité entre 1 et 3. Ces données peuvent présenter un biais pour ce travail. En effet, le fait d’être primipare peut impacter directement les issues obstétricales telles que le recours à l’épisiotomie, les présentations dystociques ou encore le recours à la césarienne (Munan et al., 2017). Ceci peut potentiellement expliquer le taux élevé de césarienne chez les femmes avec tous types de MGF. De plus, selon le NICE, la durée du travail dure en moyenne 8h chez une femme primipare contre 5h chez la multipare (NICE, 2017) ce qui peut potentiellement créer un biais quant à la durée augmentée de la 1ère phase

du travail de l’accouchement chez les femmes avec MGF II et III. Toutefois, ces résultats sont à nuancer car les auteurs semblent avoir interverti les résultats entre les tableaux et le texte. Par conséquent, le lecteur ne sait pas lesquels sont corrects.

Concernant Varol et al. (2016) et Wuest et al. (2009), ils se rejoignent au niveau de leurs échantillons en démontrant que les femmes avec MGF ont une parité supérieure aux femmes du groupe contrôle. L’Institut National d’Etudes Démographiques le confirme, les femmes africaines ont en moyenne 4.3 enfants. Cela varie d’une région à l’autre, allant jusqu’à 5.3 en Afrique centrale, tandis que les femmes européennes n’en ont que 1.6 et les océaniennes 2.3 (Institut national d’études démographiques, 2019).