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Facteurs associés avec les médiateurs plasmatiques de l’endocannabinoïdome

1.3 L’endocannabinoïdome

1.3.2 Facteurs associés avec les médiateurs plasmatiques de l’endocannabinoïdome

Chez l’humain, la mesure des niveaux plasmatiques des médiateurs de l’endocannabinoïdome est fréquemment utilisée dans les études puisque cette mesure est beaucoup plus accessible. En effet, cette mesure est beaucoup moins invasive et beaucoup plus facile à récolter que, par exemple, la mesure des niveaux de ces médiateurs dans le tissu adipeux ou le muscle puisqu’elle nécessite qu’une prise de sang. Par contre, cette méthode comporte certaines faiblesses étant donné que le rôle exact des médiateurs de l’endocannabinoïdome en circulation ainsi que leur provenance (p. ex. : système nerveux central, tissu adipeux, muscle, intestin) ne sont pas bien connus. Les études portant sur l’endocannabinoïdome ont démontré que plusieurs facteurs semblent influencer les niveaux circulants de ces médiateurs. Parmi ces facteurs, on retrouve l’adiposité, les apports alimentaires, la pratique d’activité physique ainsi que les bactéries composant le microbiote

intestinal. En effet, les niveaux circulants des endocannabinoïdes, soit l’AEA et le 2-AG, ont été positivement associés avec différentes mesures d’adiposité et mesures anthropométriques telles que la graisse corporelle, le tissu adipeux viscéral, l’IMC et la circonférence de taille (Blüher et al., 2006a; Côté et al., 2007a; Engeli et al., 2005; Fanelli et al., 2018). Il a été démontré que les mesures de composition corporelle et de distribution des graisses corrèlent avec les niveaux plasmatiques des médiateurs de l’endocannabinoïdome. Plus précisément, la plupart des congénères des NAEs corrèlent positivement avec la masse grasse tandis que les congénères des 2-MAGs corrèlent positivement avec les niveaux de graisse viscérale (Castonguay-Paradis et al., 2020).

Les apports alimentaires ont également été associés avec les niveaux circulants des médiateurs de l’endocannabinoïdome. Plus précisément, il a été démontré que les niveaux circulants de certains congénères de NAEs sont altérés en réponse à une supplémentation en huiles riches en différents types d’acides gras et corrèlent positivement avec les niveaux plasmatiques de leur acide gras précurseur (Pu et al., 2016). De plus, selon une récente étude, les niveaux circulants de certains congénères des NAEs et des 2-MAGs sont associés avec l’apport alimentaire rapporté en acides gras précurseurs de ces congénères. Également, il a été observé que la consommation d’une diète méditerranéenne riche en acide gras oléique, eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque entraine une augmentation des niveaux circulants de certains congénères des NAEs et des 2-MAGs (Castonguay-Paradis et al., 2020).

Par ailleurs, la pratique d’activité physique semble activer l’endocannabinoïdome et modifier les niveaux circulants de certains médiateurs. En effet, les niveaux circulants d’AEA et d’autres congénères des NAEs augmentent suivant la pratique d’activité physique à intensité modérée (Hillard, 2018). Il a été observé que la pratique d’activité physique d’intensité modérée à élevée est associée avec des niveaux circulants plus élevés d’AEA chez des femmes de poids normal et souffrant d’obésité (Fernández-Aranda et al., 2014). Bien que les effets de la pratique d’activité physique sur les niveaux de 2-AG soient moins évidents, une récente étude a démontré que la pratique d’activité physique est associée avec des niveaux circulants plus élevés d’AEA, mais également de 2-AG (Brellenthin et al., 2017).

Certaines études se sont également intéressées aux associations entre les médiateurs de l’endocannabinoïdome et le microbiote intestinal et suggèrent une association bidirectionnelle entre ces deux systèmes dans l’axe microbiome intestinal - endocannabinoïdome. En effet, l’endocannabinoïdome et le microbiote intestinal seraient interreliés et interviendraient dans la régulation du métabolisme (Cani et al., 2016). Il a été démontré que chez la souris, des changements au niveau de la composition du microbiote intestinal sont accompagnés par des changements dans l’endocannabinoïdome au niveau de l’intestin (Guida et al., 2018; Manca et al., 2020). L’endocannabinoïdome a également été associé avec la composition du microbiote intestinal dans la dysbiose associée à l’obésité (Lacroix et al., 2019). Par ailleurs, chez l’humain, l’abondance relative de certaines familles bactériennes corrèle avec les niveaux plasmatiques de certains congénères de la famille des NAEs et des 2-MAGs indépendamment de l’adiposité (Castonguay-Paradis et al., 2020).

Au cours des dernières années, la compréhension de l’endocannabinoïdome s’est grandement améliorée et plusieurs rôles physiologiques lui ont été attribués dont un rôle clé dans la régulation de l’homéostasie énergétique et de la prise alimentaire (Silvestri & Di Marzo, 2013). De plus, des altérations dans la signalisation de l’endocannabinoïdome ont également été associées avec différentes pathologies reliées à l’homéostasie énergétique telles que l’obésité, le diabète de type 2 ainsi que les troubles du comportement alimentaire et ce système a été la cible dans le traitement de plusieurs maladies (Di Marzo, 2018; Marco et al., 2012).

1.3.3 L’endocannabinoïdome et l’homéostasie énergétique

L’endocannabinoïdome joue un rôle clé dans la régulation de l’homéostasie énergétique, entre autres, en augmentant la prise alimentaire et en favorisant le stockage d’énergie. Sous certaines conditions, ce système intervient avec d’autres systèmes de signalisation homéostatique afin de restaurer l’homéostasie locale qui a été perturbée, et ce, en favorisant la production de médiateurs lipidiques (Di Marzo, 2008). Les endocannabinoïdes régulent la balance énergétique par leurs interactions avec les récepteurs cannabinoïdes exprimés au niveau du système nerveux central et dans différents tissus et organes périphériques (Li et al., 2011).

Plus précisément, l’endocannabinoïdome joue un rôle important dans plusieurs organes clés qui interviennent dans le contrôle de l’homéostasie énergétique tels que le tissu adipeux, le muscle, le foie ainsi que le pancréas (Gatta-Cherifi & Cota, 2016). Les récepteurs CB1 ainsi que différentes enzymes de synthèse et de dégradation des endocannabinoïdes sont exprimés au niveau des adipocytes blancs (Silvestri & Di Marzo, 2013). L’activation des récepteurs CB1 stimule l’adipogenèse ainsi la lipogenèse tandis que, à l’opposé, la stimulation du canal ionique TRPV1 par l’AEA inhiberait la lipogenèse (Di Marzo, 2008). Les hépatocytes ainsi que les cellules musculaires produisent des endocannabinoïdes et expriment également les récepteurs CB1. L’activation de ces récepteurs au niveau du foie entraine une accumulation de lipides tandis que ce système semble intervenir de manière négative sur les voies oxydatives au niveau du muscle (Silvestri & Di Marzo, 2013). Les récepteurs CB1 sont également exprimés au niveau des ilets pancréatiques et participent à la signalisation et à la libération de l’insuline (Gatta-Cherifi & Cota, 2016). L’activation in vitro des récepteurs CB1 augmenterait la sécrétion d’insuline (Silvestri & Di Marzo, 2013). Par ailleurs, la stimulation des récepteurs GPR119 par l’OEA, un congénère de la famille des NAEs, interviendrait également dans la régulation du métabolisme énergétique en stimulant la sécrétion de GLP-1 et en régulant, par le fait même, la sécrétion d’insuline (Laleh et al., 2019).

Il a également été démontré qu’un dérèglement de l’endocannabinoïdome intervient généralement lorsque des perturbations prolongées ou chroniques de l’homéostasie surviennent dans le corps. Lors de telles perturbations, la production et l’action des endocannabinoïdes ne sont plus spécifiques, une suractivation des récepteurs cannabinoïdes est observée et les endocannabinoïdes se fixent à des cellules qui, à l’origine, n’étaient pas ciblées (Di Marzo, 2008). En général, dans l’obésité ainsi que dans certaines conditions telles que le diabète de type 2, une suractivation des récepteurs CB1 est observée et cette suractivation contribue au gain de poids (Li et al., 2011). En effet, plusieurs études ont démontré que les niveaux des médiateurs de l’endocannabinoïdome corrèlent positivement avec l’adiposité (Blüher et al., 2006b; Côté et al., 2007b) et des antagonistes des récepteurs CB1 ont été développés afin de traiter l’obésité et ces complications (Di Marzo, 2008).

En outre, en plus de son rôle dans le contrôle périphérique de l’homéostasie énergétique, plusieurs composantes de l’endocannabinoïdome sont également présentes au niveau du système nerveux central. Ce système de signalisation lipidique est donc étroitement impliqué, avec d’autres neuropeptides et neurotransmetteurs, dans l’homéostasie énergétique via la régulation de la prise alimentaire tel que décrit dans la prochaine section (Cristino et al., 2014).

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