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F ACTEURS INFLUENÇANT L ’ EFFICACITÉ D ’ UN PHYTOCIDE

9. PESTICIDES POUR LA GESTION DE LA VÉGÉTATION

9.5 F ACTEURS INFLUENÇANT L ’ EFFICACITÉ D ’ UN PHYTOCIDE

L’efficacité des traitements dépend de plusieurs facteurs, dont les conditions climatiques, le type de sol, l’humidité, le type de feuilles, la résistance, le travail du sol, les obstacles, le stade de croissance et la formulation du phytocide.

Les conditions climatiques (vent, température, humidité relative, gel) lors de l’application du phytocide influencent grandement l’efficacité des traitements. Par exemple, la pluie après une application d’un phytocide devant rester sur le feuillage va réduire l’efficacité. Toutefois, une pluie légère après un traitement d’un phytocide appliqué sur le sol et devant être absorbé par les racines augmentera l’efficacité.

L’application sur un sol gelé d’un phytocide devant être absorbé par les racines limitera le déplacement vers la zone racinaire et rendra le traitement inefficace. Lors d’un traitement, les températures doivent être modérées. Les applications doivent généralement s’effectuer entre 10 C et 30 C. Une température trop froide ralentira l’activité de la plante, ce qui freinera l’absorption du phytocide par la plante, alors qu’une température trop chaude aura tendance à provoquer l’évaporation du phytocide. L’application d’un phytocide lorsqu’il y a risque de dérive par le vent réduira aussi l’efficacité du traitement. Avant d’appliquer un phytocide, veuillez consulter l’étiquette pour connaître les conditions météorologiques souhaitées ou à éviter.

Il faut faire preuve de vigilance lors de l’utilisation du dicamba (p. ex., Dycleer). Ce phytocide a fortement tendance à s’évaporer lorsque la température dépasse 25 C. Si vous le vaporisez près de cultures sensibles en période de chaleur, il pourrait se volatiliser, dériver et endommager celles-ci.

La vigilance est également de mise lorsque vous utilisez du glyphosate (p. ex., Roundup, Credit 45, Vantage, etc.), car celui-ci a tendance à être adsorbé par les particules de matières organiques présentent dans le réservoir. L’eau utilisée doit être exempte de matières organiques.

Le type de sol (texture) peut également jouer un rôle sur l’efficacité du traitement. La dose d’application peut varier en fonction de la texture du sol (sable, limon, argile) ou du contenu en matière organique à cause du phénomène d’adsorption. Avant de traiter, veuillez consulter l’étiquette pour connaître la bonne dose à utiliser. La dose peut être plus élevée dans les sols ayant une forte rétention (sols argileux) par rapport aux sols à faible rétention (sable). Les pH extrêmes, la teneur élevée en sodium, la contamination par les métaux lourds, la présence de produits chimiques industriels sont également des facteurs qui influent sur l’efficacité des traitements.

L’humidité ou la présence d’eau dans le sol peut aussi affecter le traitement. Par exemple, un sol saturé d’eau rendra difficile l’absorption d’un phytocide devant être absorbé par les racines, alors qu’un sol chaud et humide facilitera une meilleure migration du phytocide jusqu’aux racines.

Les feuilles jouent un rôle important dans la réception du phytocide. Plus elles sont larges, plus il est facile au phytocide d’entrer en contact direct. En revanche, plus elles sont petites, plus la réception est difficile.

En effet, les feuilles minces et verticales sont difficiles à recouvrir. Les feuilles ayant des surfaces pubescentes (poilues) ou cireuses risquent aussi de réduire le contact avec le phytocide. Pour améliorer l’efficacité des traitements, il existe sur le marché des surfactants ou des agents tensioactifs qui améliorent la réception du phytocide sur la surface traitée. La tonte ou la fauche avant un traitement ne sont pas recommandées puisque la surface de réception du traitement est alors diminuée.

La résistance au phytocide peut également faire en sorte que le traitement ne sera pas efficace.

L’utilisation répétée d’un même groupe peut entraîner le développement d’une population résistante au phytocide utilisé.

Les obstacles dans la zone à traiter le long des corridors de transport routier, tels que les lampadaires, les poteaux de téléphone, les panneaux de signalisation, etc., peuvent causer des difficultés lors de l’épandage et ainsi réduire la quantité de phytocide souhaitée. À la rencontre d’un obstacle, il est recommandé d’interrompre le traitement pour éviter les éclaboussures ou de choisir un matériel de pulvérisation adapté qui permet d’éviter l’obstacle (rampes plus élevées avec buses à égouttement, buses sans rampes ou buses réglées de façon à pulvériser de chaque côté de l’obstacle). De plus, la maîtrise de la végétation le long des routes comporte certains risques pour l’applicateur et les usagers de la route. Les usagers peuvent être distraits par les travaux et mettre en danger les travailleurs. Par ailleurs, la turbulence d’air produite par le passage des véhicules peut provoquer la dérive des gouttelettes pulvérisées. Aussi, les voitures stationnées le long de l’accotement nuisent à l’application uniforme du phytocide. Pour un traitement efficace et sécuritaire, ce type d’épandage devrait s’effectuer en dehors des heures de fort achalandage.

L’âge ou le stade de croissance de la plante indésirable est aussi un facteur à considérer dans l’efficacité des traitements. Les phytocides systémiques sont plus efficaces sur les jeunes plantes indésirables en croissance active, car ils sont transloqués plus rapidement que dans une plante âgée. En général, les phytocides sont moins efficaces lorsqu’ils sont appliqués sur des plantes ayant atteint leur pleine floraison ou qui sont montées en graines. Au fur et à mesure qu’elles vieillissent, les plantes vivaces peuvent résister aux traitements. Cependant, celles-ci peuvent à nouveau devenir vulnérables au stade bouton ou au premier stade de la floraison, car c’est à ce moment que les substances nutritives sont emmagasinées dans les racines ou les rhizomes. Il est important de bien planifier les traitements avant le début de la saison afin que le synchronisme des interventions permette d’atteindre une efficacité optimale.

Exemple de calendrier d’intervention à l’aide de phytocides Printemps Lutte contre les plantes annuelles

Lutte contre les pousses de bisannuelles de la deuxième année Fin printemps Lutte contre les plantes vivaces

Début automne Lutte contre les pousses de bisannuelles de la première année Automne Lutte contre les annuelles d’hiver

Exemple d’approche de la synchronisation des traitements de phytocides

Avant le 1er mai Utiliser des phytocides de préémergence pour enrayer toute la végétation.

Du 1er au 15 juillet Traiter à cette période pour maîtriser les jeunes pousses avant qu’elles ne montent en graines.

Du 1er mai au 15 août Période pour lutter contre les broussailles à l’aide de traitements foliaires (les plantes ligneuses sont plus sensibles puisque l’étalement des feuilles est généralement complet).

Juillet-août Période pour traiter les plantes indésirables annuelles à croissance

La formulation du phytocide peut aussi affecter l’efficacité des traitements. Par exemple, certains phytocides, comme les phénoxys, sont disponibles dans plus d’une formulation; dans ce cas, l’utilisateur doit faire le choix le plus approprié selon les circonstances.

Tableau 13. Caractéristiques de deux formulations de phytocides chez les phénoxys Formulation à base de sel

(amine, sodium, potassium) Formulation à base d’ester Solubilité Se dissout rapidement dans l’eau Se dissout dans l’huile, mais pas

dans l’eau (formulation de concentré émulsifiable) Tendance à

précipiter

Peut se précipiter dans des eaux dures, ce qui réduit l’efficacité et peut obstruer les buses

N’a pas tendance à précipiter Lessivage de la

feuille

Rapidement lessivé de la surface

des feuilles Résiste au lessivage

Absorption par la

sol Tendance à être adsorbé Tendance moyenne à être adsorbé

Volatilisation Non volatil, ce qui diminue le risque de dérive des vapeurs

Plus volatil, plus de risque de dérive

En résumé, la sélection d’un phytocide ne doit s’effectuer qu’après s’être posé plusieurs questions :

• Quel est le type d’infestation (plantes herbacées, espèces ligneuses, mélange de plusieurs espèces)?

• Quel est le principal problème à régler?

• Quelles sont les espèces à protéger?

• Quel est le stade de croissance des plantes sur le site à traiter?

• Quel est le degré d’infestation des plantes indésirables?

• Y a-t-il des zones à protéger?

• Quel est le type de végétation près des zones traitées?

• Quels sont les phytocides disponibles pour faire le travail?

• Sous quelles formulations sont-ils disponibles?

• Quel groupe chimique a été utilisé précédemment?

• Y a-t-il des risques de résidus après le traitement?

• Quel est le coût relié aux traitements alternatifs par rapport à celui relié à l’utilisation des phytocides?

• À quel moment faut-il appliquer le produit?

• Quelles sont les conditions environnementales propices à l’application?

• Quel type d’équipement est disponible pour faire le traitement?

• Quels sont les règlements provinciaux et municipaux concernant le traitement à effectuer?

Sur les terres agricoles, il faut porter une attention particulière aux interventions afin de minimiser les impacts sur le site et autour de la zone à traiter. Il est préférable d’utiliser un phytocide sélectif et non résiduel afin de ne pas nuire aux cultures avoisinantes ou à la prochaine culture. Aussi, il est important de respecter la délimitation des zones de protection prescrites pour les pâturages, car certains résidus peuvent être toxiques pour les animaux de ferme.

Pour les pipelines, l’objectif est de maintenir une végétation composée de plantes basses et dont la croissance est lente. Une maîtrise sélective des plantes à feuilles larges sera privilégiée afin de permettre aux plantes herbacées de devenir plus compétitives et de couvrir la surface.

Pour les sites industriels où la végétation crée un risque d’incendie ou contribue à la détérioration des structures ou des équipements, un traitement non sélectif sera utilisé. Dans certains cas, l’objectif sera de rendre le sol stérile. Il est essentiel d’être vigilant et de prendre les mesures nécessaires pour prévenir le lessivage ou le déplacement du phytocide ou du stérilisant hors de la zone traitée.

Dans le cas où la végétation est composée essentiellement d’espèces ligneuses, des méthodes d’application spécialisées peuvent être requises (application sur le feuillage, application sur les feuilles et les tiges, traitement basal, injection, etc.).