Expression de l’intention d’ambiance lumineuse

Le problème, à cette étape, est de permettre l’expression et la représentation graphique de l’intention d’ambiance lumineuse. Nous considérons que les intentions d’ambiance lumineuse sont conçues au préalable, et qu’elles sont connues. Nous précisons que nous ne traitons pas la question de la conception de l’ambiance lumineuse, mais bien de la conception par l’intention d’ambiance lumineuse. La question de l’expression de l’intention d’ambiance lumineuse se décline autour de la sensation, de l’observation et de la description de la lumière. Sentir et percevoir la lumière

La première interface qui nous lie à l’ambiance lumineuse est le sens visuel. Le système de vision permet l’acquisition d’informations visuelles : la luminance et la couleur, reçues des objets présents dans notre champ de vision qui constituent notre environnement visuel. Notre œil peut être assimilé à un appareil photographique dont les propriétés dépendent de la biologie. Pour aider à mieux

2.2 QUESTIONNEMENT

sentir la lumière nous pouvons étendre ces propriétés. L’extension du spectre de la perception visuelle au rayonnement infrarouge permettrait de considérer et de concevoir les ambiances lumineuses et thermiques simultanément. L’extension de la plage de luminance perceptible permettrait de couvrir une plus grande gamme de valeur, comme dans l’imagerie à grande gamme dynamique (High Dynamic Range Imaging - HDRI).

Dans la suite du système perceptif, vient le décodage de cette information brute : la perception naturelle (ou discrète selon Merleau-Ponty [Merleau-Merleau-Ponty, 1945]). Ce décodage inné ou acquis révèle les propriétés de notre environnement (textures, couleurs, transparence, etc.) à travers les phénomènes optiques (émission, réflexion, transmission, etc.). La lumière est une présence d’informations pour le sens de la vue. Mais l’ombre peut aussi apporter son lot d’informations pour notre perception visuelle, justement par cette « présence » d’ombre qui pourrait ne pas avoir lieu. Malgré les connaissances actuelles de la perception visuelle, c’est un phénomène cognitif qui n’est pas encore reproduit par un système numérique. Il est donc difficile d’imaginer une aide numérique à la perception visuelle.

Observer et analyser la lumière

L’observation influence le décodage d’informations au cours de la perception. Les informations données par l’œil seront les mêmes que dans la perception naturelle mais elles seront décodées différemment (Gestalttheorie).

CHAPITRE2 : PROBLÉMATIQUE

Hormis un ensemble de quantité comme une valeur de luminance sur une table ou une durée d’éclairement, nous pouvons aussi observer à travers la lumière les qualités d’un éclairage, comme la manière dont la lumière prend la place de l’ombre au début de la journée.

L’observation de l’ambiance lumineuse est la focalisation de l’attention sur notre perception de la lumière. C’est un sujet nettement plus délicat que nous n’aborderons pas et qui demande d’avoir conscience de notre propre perception, ainsi que du raisonnement induit par l’observation qui modifie cette perception.

L’analyse de la lumière est le traitement cognitif qui fait suite à l’observation. C’est l’interprétation des informations décodées pour chercher à comprendre le phénomène observé. La répartition de la lumière dans un espace est caractérisée par les alternances et les nuances entre l’ombre et la lumière, par les motifs de transition. Des ensembles de motifs de transition peuvent caractériser les heures ou les saisons. Les sources de lumière peuvent aussi être déterminées par l’analyse de la lumière. Une lumière nettement plus intense que les autres peut être une tâche solaire. Une lumière au plafond provient sûrement de la réflexion de l’environnement, la source pouvant être une fenêtre ou un mur éclairé indirectement. L’interprétation de la luminance révèle les autres propriétés de la lumière (intensité, couleur, etc.), et par les propriétés de la lumière, nous arrivons enfin à décoder les propriétés des objets (texture, réflectance, transparence, etc.).

L’observation et l’analyse de la lumière sont des étapes importantes et indispensables de la conception par l’intention d’ambiance lumineuse. Néanmoins il est difficile d’apporter directement une aide numérique à un processus cognitif, pour des raisons similaires à celles évoquées lors de l’étude de la perception naturelle.

2.2 QUESTIONNEMENT

Décrire et représenter les intentions d’ambiance lumineuse

La luminance et la couleur étant les seules informations disponibles dans notre environnement, la description d’une ambiance lumineuse pourrait être basée uniquement sur ces données (voir les impressionnistes). Sur un rendu sommaire d’un espace donné (volume et orientation), le concepteur dessine des taches lumineuses sur des surfaces, murs ou meubles [Glaser et al., 2003]. C’est une description géométrique des ambiances lumineuses (tache, bulle, surface et volume, contraste, densité, etc.)

L’ambiance lumineuse peut aussi être exprimée par le biais des propriétés de la lumière (intensité, radiosité, longueur d’onde, etc.). Cette démarche demande d’avoir connaissance des phénomènes optiques, connaissance qu’il parait raisonnable d’acquérir pour la conception architecturale.

Si nous décrivons l’ambiance lumineuse par les propriétés des objets, nous en arrivons à une conception architecturale qui s’intéresse à décrire la matière, la forme et la structure pour exprimer une intention d’ambiance lumineuse. Cette situation demande une connaissance des phénomènes d’interactions lumière-matière, mais aussi des phénomènes perceptifs. Nous sommes ici à un niveau d’expertise qu’il devient difficile d’intégrer dans le projet architectural.

La représentation d’une intention d’ambiance lumineuse est la description graphique de la lumière perçue dans un espace construit. Cette représentation est un outil de travail pour concevoir ou communiquer une intention d’ambiance lumineuse. Elle apporte des informations concernant la relation de l’espace à la

CHAPITRE2 : PROBLÉMATIQUE

considérons l’aide à la représentation de l’intention d’ambiance lumineuse comme la mise à disposition des outils permettant l’expression des intentions d’ambiance lumineuse. C’est donc un problème de visualisation d’informations relatives à la lumière. S’il est difficile de fournir directement une aide à la perception naturelle, le stimulus traité par notre système de perception visuelle peut être modifié pour constituer une aide à la conception. La représentation des ambiances lumineuses sera donc étudiée comme aide à la perception.

Comment représenter les paramètres invisibles de la lumière ? Quel est donc l’affichage adapté à la conception par l’intention d’ambiance ? Nous devons afficher un minimum de données spatiales pour donner assez d’indices au concepteur, mais nous ne pouvons afficher les données que nous ne connaissons pas. Nous nous interrogeons sur le rôle de la donnée spatiale dans la définition des intentions d’ambiance lumineuse, et en particulier, sur les différences entre les divers types de rendus (photoréaliste, photométrique, non-photoréaliste).