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Contexte de la CAAO

1.1 Objet architectural et ambiance

1.1.3 Ambiance lumineuse

L’ambiance lumineuse est une des composantes des ambiances architecturales et urbaines, au même titre que l’ambiance sonore ou olfactive. Elle résulte de notre perception de l’éclairage et de l’espace construit, lors de l’usage de cet espace construit. On peut décrire cette ambiance à travers les effets lumineux qui la composent. Le rôle de l’ambiance lumineuse dépend du sens qu’elle donne à l’espace.

Ambiances architecturales et urbaines

Les ambiances architecturales et urbaines expriment de manière structurée la relation de l’homme à son milieu. C’est une notion qui représente la globalité de notre perception de l’environnement. Elles sont décomposées en ambiances sensorielles pour permettre une étude pratique.

1.1 ARCHITECTURE ET AMBIANCE

L’homme et le milieu La relation de l’homme au milieu est un élément fondamental de la notion d’ambiance architecturale et urbaine. La définition de la réalité sensible (chôra), propriété ontologique, se distingue du lieu physique (topos) et de l’idée sous-tendue par ce lieu (eidos) [Nussaume, 2000]. Cette réalité sensible, « l’écoumène »1, est la relation entre l’homme et son environnement dont il est à la fois organisateur et usager. On retrouve cette notion chez Platon avec l’association topos/chôra qui considère le lieu sensible, contrairement à Aristote ou Descartes qui ne voient que le topos. Cette relation dépend du lieu physique, du sens donné à ce lieu et des impressions qu’il nous procure. Cette réalité sensible ne se réduit pas à une simple réalité physique, ni purement subjective puisque justement ce sont les deux composantes qui en définissent l’idée. Si l’on essaye de considérer alternativement les deux notions pour les étudier, on est justement privé de la relation entre les deux.

Notion d’ambiances architecturales et urbaines [Augoyard, 1998] Les ambiances architecturales et urbaines rassemblent sous un même terme la perception du milieu et l’influence de l’environnement au niveau physique et social. Cette notion peut être appréhendée comme une formalisation de la réalité sensible (l’écoumène). C’est un ensemble de phénomènes répondant aux conditions suivantes (fig. 1.5) :

– Les signaux physiques sont repérables et décomposables.

CHAPITRE1 : CONTEXTE DE LA CAAO

FIG. 1.5 –Modalités d’un phénomène d’ambiance in situ [Augoyard, 1998]

Ambiances sensorielles L’ambiance d’un lieu est appréhendée par des canaux sensoriels distincts. Ces canaux décomposent l’ambiance en ambiances senso-rielles qui sont facilement identifiables (visuelle, sonore, tactile, etc.). Elle est ensuite recomposée par l’esprit qui nous permet de l’apprécier dans son ensemble. C’est bien la réunion et l’imbrication de ces ambiances sensorielles qui créent l’ambiance globale. Une étude des ambiances sensorielles distinctes permet de caractériser l’ambiance précisément selon des indices de confort [Mudri, 1996]. D’autres approches permettent de qualifier les ambiances sensorielles par des enquêtes sociologiques ou des observations anthropologiques.

Usage du bâtiment : génération de l’ambiance lumineuse

L’usage du bâtiment implique la perception de l’objet architectural par un observateur. La perception visuelle de l’objet architectural se fait à travers la perception du bâtiment et de l’éclairage généré par celui-ci (Éclairage 1.1.2). La perception de l’éclairage établit une des relations entre l’homme et l’objet architectural, et fournit les conditions d’émergence de l’ambiance lumineuse. C’est donc au cours de l’usage qu’il y a génération de l’ambiance lumineuse par le biais de la perception visuelle. C’est en ce sens que l’éclairage est un révélateur

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FIG. 1.6 –Church of light (1989) par Tadao Ando à Osaka, Japon.

d’expérience du lieu [Millet, 1996]. L’expérience vécue d’un lieu remplace toutes les descriptions, et c’est la confrontation d’expériences qui permet de dégager une analyse objective du lieu [Chelkoff et Thibaud, 1992]. L’ambiance est notre appréhension de l’expérience du lieu.

Mouvement de l’usager Le mouvement de l’usager participe à la génération de l’ambiance lumineuse [Tahrani, 2006, Sarradin, 2004]. Par exemple, dans la

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Description de l’ambiance lumineuse : effets lumineux

La description des qualités de l’ambiance lumineuse dépend de l’aspect, fonctionnel ou esthétique, que l’on souhaite évaluer. Les qualités fonctionnelles sont mesurées par l’intensité et la direction de la lumière reçue à l’aide d’instruments de mesure (Éclairage 1.1.2). Les qualités esthétiques sont évaluées de manière subjective par rapport à l’impression ressentie à travers la perception d’une ambiance lumineuse. La perception humaine est difficilement descriptible par un appareil de mesure. Un outil qualificatif, l’effet, permet de décrire l’espace perçu à travers la caractérisation de la lumière. Cet outil utilise l’expérience directe du lieu afin de montrer les sensations provoquées, les observations suscitées et la compréhension des intentions des concepteurs.

Notion d’effet ambiance [Augoyard et Torgue, 1995] Un ensemble d’effets d’ambiance est la représentation formelle de l’ambiance architecturale. L’effet d’ambiance est lié à une cause circonstancielle qui décrit la relation entre la source d’un phénomène physique et l’interprétation de l’observateur. Cet effet d’ambiance est un outil conceptuel qui permet l’analyse des ambiances architecturales et urbaines. Il permet de qualifier le lien entre la perception et le milieu, suivant les attitudes neurophysiologiques, la culture, l’état d’esprit de l’observateur.

Effets lumineux Un effet lumineux est la relation entre un espace éclairé et la perception visuelle de l’observateur. Les effets lumineux peuvent être présentés selon l’élément qui en est la source. Les effets solaires sont sans conteste les plus évidents et les plus marqués. Tahrani [Tahrani, 2006] propose une classification de ces effets selon qu’ils sont liés à la forme délimitée par la lumière, à la psychologie de l’observateur, au déplacement de l’observateur ou aux

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mouvements de la lumière. Le travail des détails, par exemple sur les cannelures des colonnes grecques, permet de traduire le mouvement du soleil en effets de rythmes lumineux par le jeu des rayons rasants. Les effets lumineux dûs aux autres sources de lumière naturelle (le ciel et l’environnement urbain), sont peut-être plus difficiles à déceler car ils baignent notre quotidien de leurs subtiles nuances. Quant aux effets lumineux dus aux sources artificielles, ils sont les plus spectaculaires, et sont utilisés principalement la nuit pour perpétuer l’animation lumineuse de la scène urbaine [Chelkoff et Thibaud, 1992].

Rôle de l’ambiance lumineuse

La lumière comprend un grand nombre d’informations, qui donne du sens et de la mesure à l’espace architectural. L’ambiance lumineuse est donc un révélateur de l’architecture, au sens matériel et symbolique [Millet, 1996]. On distingue les notions de lumière par le latin lux, la lumière spirituelle qui s’approche de l’illumination, de la clairvoyance ou de l’émotion, et lumen la lumière physique qui est parfaitement rationnelle [Fontoynont, 1998].

Mise en forme La lumière procède à une réelle mise en forme de l’espace par la révélation des structures et des matières. Millet [Millet, 1996] évoque même l’idée d’un volume de lumière qui vient construire l’espace. C’est la cohérence entre la morphologie du bâtiment et la lumière qui détermine les propriétés structurantes de la lumière. L’église de Ronchamp est un contre-exemple de cohérence entre

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Symbolique Les temples égyptiens et grecs seraient les premières constructions où le rôle de l’éclairage n’est plus seulement fonctionnel. La lumière est utilisée pour la création d’une atmosphère propice à l’adoration des dieux. Cette mise en lumière ajoute une dimension esthétique, voire divine, à l’aspect fonctionnel de l’éclairage. La dimension esthétique est supportée par des effets d’ambiance, qui sont des composantes perceptibles de l’expression architecturale. Si ces effets sont faciles à mettre en place avec un éclairage artificiel, ils sont beaucoup plus difficiles à réaliser avec la lumière naturelle. C’est le résultat d’une grande cohérence entre les éléments architecturaux : forme, matière, orientation. Le couvent de la Tourette par Le Corbusier (fig. 1.8) est un exemple de mise en œuvre de cet effet.

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FIG. 1.7 – (gauche) Chapelle Notre-Dame du Haut (1950) par Le Corbusier à Ronchamp, France. (droite) Église Myyrmaki (1980) par Juha Leiviska à Vantaa, Finlande.

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