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Exponentielles d’endomorphismes, de matrices

Dans le document Exponentielles & logarithmes (Page 29-35)

Corollaire 3 : La fonction exponentielle est continue de L dans L

7.2. Exponentielles d’endomorphismes, de matrices

Tout ceci s’applique à l’algèbre de Banach LLLL(E) des endomorphismes continus d’un espace de Banach E, pour la norme subordonnée ||| u ||| .

En particulier, si E est un C-espace de dimension finie, toutes les normes sur E sont équivalentes et tous les endomorphismes de E sont continus. L’algèbre LLLL(E) des endomorphismes de E peut être munie d’autant de structures d’algèbres de Banach qu’il y a de normes sur E.

Si l’on identifie LLLL(Cn) à Mn(C), on voit que Mn(C) est muni d’autant de structures d’algèbres de Banach qu’il y a de normes sur Cn. En particulier, si Cn est muni des deux normes ||x|| et ||x||1, la matrice A = (aij) Mn(C) a pour normes :

||| A ||| = max

1in

= n

j

aij 1

et ||| A |||

1 = max

1jn

= n

i

aij 1

. A ces normes usuelles s’ajoute la norme ||| A |||

2 subordonnée à la norme hermitienne standard de Cn, qui est étudiée dans le chapitre sur les espaces hermitiens.

Ces normes sont équivalentes. La suite Ak = (aijk) de matrices de Mn(C) tend vers la matrice A = (aij) ssi, pour tout couple (i, j), la suite (aijk)k tend vers aij.

Méthodes pratiques de calcul de l’exponentielle.

1) Si les puissances de A montrent une périodicité, on peut éviter de réduire A.

2) Lorsque A est diagonalisable dans Mn(C), ∃P ∈ Gln(C) P−1.A.P = diag(λ1, λ2, …, λn).

Alors P1.exp(A).P = diag( exp λ1 , exp λ2 , … , exp λn ).

Remarque : On peut aussi dire que si A =

= r

i i iP

1

λ. est la décomposition de A à l’aide des projecteurs propres, exp A =

= r

i

i

i P

1

).

exp(λ . Rappelons que les Pi sont les polynômes de Lagrange évalués en A.

3) Dans le cas général, A est trigonalisable : ∃P ∈ Gln(C) P−1.A.P = T, trigonale supérieure.

Alors P−1.exp(A).P = exp(T). Cela a une conséquence théorique : Proposition 4 : Le spectre de exp A est l’image par exp du spectre de A.

Corollaire : det(exp A) = exp(tr A).

Cependant, il n’est pas facile de calculer l’exponentielle d’une matrice trigonale supérieure générale, car elle s’écrit naturellement T = D + N, D diagonale, N nilpotente, mais D et N ne commutent pas, de sorte qu’on n’a pas exp T = exp D. exp N. Cette même difficulté avait été rencontrée lors du calcul des puissances de A.

Il faut donc recourir à des outils plus puissants que la trigonalisation simple :

• La forme trigonale supérieure réduite, qui passe par la détermination des sous-espaces carac-téristiques, convient bien, puisqu’elle fournit une (la) décomposition A = D + N, où D est diagonalisable, N nilpotente, D et N commutent.

• La réduction de Jordan décompose A en tableau diagonal de blocs de Jordan, dont l’exponentielle est facile à calculer.

Avec Maple, pour calculer exp(A), taper :

with(linalg) ; ouvre le package d’algèbre linéaire A := matrix(n, n, […]) ; entre la matrice

exponential(A) ; affiche l’exponentielle de A

exponential(A, t) ; affiche l’exponentielle de t.A 7.3. Exponentielles de matrices et systèmes différentiels.

Proposition 5 : Le système différentiel linéaire homogène à coefficients constants : X'(t) = A.X(t) , où A ∈ Mn(C) (1) a pour solution générale : X(t) = exp(t.A).X(0) (∀t ∈ R) (2) ou encore : X(t) = exp((t − t0).A).X(t0) (∀t ∈ R) (3)

Preuve : Cela se montre par variation des constantes, i.e. en cherchant X(t) sous la forme : X(t) = exp(t.A).C(t) ,

On a : X’(t) = A.exp(t.A).C(t) + exp(t.A).C’(t) = A.X(t) + exp(t.A).C’(t).

Comme l’exponentelle est inversible, (1) ⇔ exp(t.A).C’(t) = 0 ⇔ C’(t) = 0 ⇔ C(t) = cste.

Cette méthode de variation des constantes permet également de résoudre :

X'(t) = A.X(t) + b(t) (4)

où b est une fonction continue I → C (I intervalle de R).

Posons X(t) = exp(t.A).C(t). On a X’(t) = A.exp(t.A).C(t) + exp(t.A).C’(t) = A.X(t) + exp(t.A).C’(t).

Alors (4) ⇔ exp(t.A).C’(t) = b(t) ⇔ C’(t) = exp(−t.A).b(t) ⇔ C(t) =

exp(t.A).b(t).dt ,

formule que l’on peut préciser si l’on introduit une condition initiale.

Les exponentielles de matrices fournissent donc une expression analytique exacte des solutions de (1) et (4). Cette expression n’est pas indispensable : on peut résoudre un système différentiel sans recourir aux exponentielles de matrices, par réduction directe de A.

_________

Exercices et problèmes

Exercice 1 : Calculer les exponentielles de J =

 On évitera de diagonaliser les matrices. Intégrer les systèmes différentiels associés.

Exercice 2 : Calculer l’exponentielle de



Exercice 3 : Comparer exp



Exercice 5 : Calculer les exponentielles des matrices suivantes :

Exercice 6 : Calculer l’exponentielle d’un quaternion A = 

 

Exercice 7 : Calculer cos A et sin A, où A =

Application : Montrer que les matrices

 Exercice 12 : Montrer que exp A est un polynôme de A (dépendant de A, bien sûr).

Exercice 13 : 1) Montrer l’équivalence dans Mn(C) : A diagonalisable ⇔ exp A diagonalisable.

[ Indication : utiliser une décomposition de Dunford de A. ] 2) Trouver les matrices A ∈ Mn(C) telles que exp A = In . 3) Trouver les matrices A ∈ Mn(R) telles que exp A = In . Exercice 14 : Stabilité des solutions d’un système différentiel.

1) Soient E un C-ev de dimension finie m, u ∈ LLLL(E), r = minλ∈Sp(u) Re λ.

Montrer que : ∃ a ≥ 0 ∀t ≥ 0 ||| e−t.u ||| ≤ a.( 1 + tm−1 ).e−tr .

2) Indiquer une cns pour que toutes les solutions du système différentiel Y’ = A.Y tendent vers 0 quand t tend vers l’infini.

3) Soient A, B, C trois éléments de Mn(C). On suppose que toutes les valeurs propres de A et B ont leurs parties réelles < 0. Montrer que A.M + M.B = O implique M = etA.M.etB , puis M = O.

Montrer qu’il existe une unique matrice M telle que A.M + M.B = C, et qu’elle est donnée par : M = −

0+∞exp(tA).C.exp(tB).dt.

Exercice 15 : Soient X, Y ∈ Mn(C). Montrer que X.Y = Y.X ⇔ (∀t ∈ R) et.X.et.Y = et.(X+Y) . Exercice 16 : Soient A, B, C ∈ Mn(C) telles que AB − BA = C , AC = CA et BC = CB.

On définit la fonction f(t) = exp(−t.(A + B)).exp(t.A).exp(t.B).

Montrer que f est C1 et que f’(t) = exp(−t.(A + B)).ϕ(t).exp(t.A).exp(t.B), où ϕ(t) est à préciser.

En déduire f(t), et conclure que : exp(A + B) = exp B. exp A. exp 2 AB−BA. Exercice 17: 1) Soit A ∈ Mn(C). Montrer que limp→∞ ( I +

A )p p = exp A . 2) Soient A, B ∈ Mn(C). Montrer que limp→∞ (exp

p A.exp

B )p p = exp (A + B) . et que limp→∞ ( exp

p A.exp

p B .exp

p

A.exp p

B ) = exp (A.B − B.A) .

3) Soit G un sous-groupe fermé de Gln(R). Montrer que A = { M ∈ Mn(R) ; ∀t ∈ R exp(t.A) ∈ G}

est un sous-espace de Mn(R). Par quelle autre opération est-il stable ?

Exercice 18 : Montrer que A → exp A de M2(C) dans Gl2(C) est surjective et non injective.

Décrire l’image de M2(R) par l’exponentielle.

Exercice 19 : Montrer que A → exp A de Mn(C) dans Gln(C) est surjective et non injective.

[ Indication : Soit B∈Gln(C) ; décomposer B = D + N, D diagonale, N nilpotente, D.N = N.D ; écrire B sous la forme B = D.( I + N’), et substituer N’ à X dans l’identité formelle I + X = exp ln ( I + X). ] Exercice 20 : Soient A et B deux matrices diagonalisables dans Mn(R).

Montrer que exp A = exp B ⇒ A = B

Exercice 21 : Monter que l’application A → exp A induit une bijection continue de l’espace des matrices symétriques (resp. hermitiennes) sur le cône convexe des matrices symétriques (resp.

hermitiennes) définies positives.

Exemple : résoudre l’équation exp A =





 2 1 0

1 2 1

0 1 2

, avec A symétrique réelle.

Exercice 22 : Monter que l’application A → exp(iA) de Mn(C) dans Gln(C) induit une surjection continue de l’ensemble des matrices hermitiennes sur l’ensemble des matrices unitaires.

Exercice 23 : Matrices antisymétriques et matrices de rotation.

1) Exponentielles de 

 − 0 0 a

a et





− − − 0 0 0

p q

p r

q r

. Intégrer les systèmes différentiels associés.

2) Montrer que l’exponentielle d’une matrice antisymétrique réelle est une matrice de rotation, et que exp induit une surjection de l’espace vectoriel An(R) des matrices antisymétriques réelles d’ordre n sur le groupe compact On+(R) des matrices de rotation.

Exercice 24 : Soit f : R → Gln(R) une fonction de classe C1 telle que ∀(s, t) ∈ R2 f(s + t) = f(s).f(t).

Montrer qu’il existe A ∈ Mn(R) telle que (∀t ∈ R) f(t) = exp(t.A).

Exercice 25 : Soit f : R → Mn(R) une fonction de classe C1 telle que ∀(s, t) ∈ R2 f(s + t) = f(s).f(t).

Montrer qu’il existe P, A ∈ Mn(R) telles que P2 = P , P.A = A.P = P et (∀t ∈ R) f(t) = P.exp(t.A).

Problème 1

On se propose d’étudier la suite (fn) de fonctions définies par : fn(x) = ( 1 +

n

x)n pour x n , f

n(x) = 0 pour x ≤−n.

1) a) Montrer que la suite (fn) converge simplement sur R vers une fonction que l’on déterminera.

b) Montrer que (fn) est une suite croissante de fonctions croissantes. Graphes avec Maple ? 2) a) Etudier les variations de gn(x) = ex − fn(x) sur R.

[ On pourra utiliser ∀A, B > 0 , sgn(A − B) = sgn(ln A − ln B). ] b) En déduire maxx 0 gn(x) = gn(an) = −

n a an.exp( n)

n.e

1 , puis que gn→ 0 uniformément sur toute demi-droite ]−∞, A].

3) On rappelle que an ∈ ]−n, 1[ est tel que exp an = (1 + n

an )n−1. On cherche un équivalent des suites (an) et (gn(an)). Vérifier qu’en posant an = − n.un , on a ϕ(un) =

n

1 , où ϕ(x) = 1 +

) 1 ln( x

x. Etudier les variations de ϕ sur [0, 1]. Monotonie, limite et équivalent de (un) ? Conclusion ?

4) Applications : Trouver limn→∞ e dt n

n t

t n. . ) 1

0(

+ 2 , limn→∞

0n(1nt)n.t3.dt.

Problème 2

Pour tout α réel, on définit la fonction de variable réelle fα(x) =

α

α ) 1 (1

xx ++ . 1.a) Quel est le domaine de définition commun à toutes les fonctions fα ? b) Etudier les variations des fonctions fα .

c) Déterminer les points d’arrêt, ainsi que les tangentes en ces points.

2) Déduire de l’étude précédente les majorations suivantes :

• Si α≥ 1, ∀x ≥ 0 1 + αx ( 1 + x )α

• Si 0 ≤α≤ 1, ∀x 0 ( 1 + x )α≤ 1 + αx

3) Représenter sur un même graphique les graphes Cα des fonctions fα pour α = −2 , −1 , − ½ , 0 , ½ , 1 , 2.

4) Etudier la concavité des fonctions.

Quel est le lieu des points d’inflexion ? Etude et représentation de ce lieu.

5) Discuter selon la position du point M(x, y) le nombre des Cα qui passent par M.

Construire le régionnement correspondant.

6) Déterminer l’enveloppe y = ϕ(x) des courbes Cα . Etudier les variations, et représenter le graphe de ϕ.

7) Trouver la partie principale de f1/2(x) −ϕ(x) quand x → 0.

Problème 3

Soit q un réel > 0. On définit la fonction expq x =

+∞

=0 1.(1+ )...(1+ +...+ 1)

n

n n

q q q

x .

Discuter selon les valeurs de q le domaine de définition de expq. Représenter sur un même graphique les fonctions exp0.5 , exp1 et exp2 Quelle est la q-dérivée de expq ? Réciproque ?

(On nomme q-dérivée de f la fonction (Dq f)(x) =

x q

x f qx f

) 1 (

) ( )

( −− si q ≠ 1, sa dérivée usuelle si q = 1).

____________

A little stupid …

Exponentielle et le polynôme x2 + 3x + 5 sont sur un bateau. Le polynôme s’affole : « Aie ! Aie ! Aie ! On dérive ! Au secours ! ». Exponentielle répond : « Je m’en fous ! ».

C’est exponentielle à la soirée des fonctions. Tout le monde s’amuse sauf elle. Cosinus vient la voir et lui dit : « Participe ! ». Exponentielle répond : « Bof ! Que je m’intègre ou pas, c’est pareil ! »

The guy gets on a bus and starts threatening everybody : “ I’ll integrate you ! I’ll differentiate you !!! “ So everybody gets scared and runs away. Only one person stays. The guy comes up to him and says : “Aren’t you scared, I’ll integrate you, I’ll differentiate you!!!” And the other guy says :

“No, I am not scared, I am ex.”

Exponentielle et logarithme vont au repas de classe. Qui est-ce qui paie ? 14 Bibliographie

L. Chambadal & J.-L. Ovaert : Cours de mathématiques, t. 1, chap. VI (Gauthier-Villars) R. Godement : Analyse mathématique (Springer)

J. Lelong-Ferrand & J.-M. Arnaudiès : Cours de maths, t. 4 (Dunod) J.-M. Arnaudiès & H. Fraysse : Cours de maths, t. 4 (Dunod)

I. Glazman & Y. Lioubitch : Analyse linéaire dans les espaces de dimension finie, p. 124 (Mir) V. Smirnov : Cours de math sup, t. III, p. 317-353 (Mir)

V. Arnol’d : Equations différentielles ordinaires, p. 102-122 (Mir)

14 Réponse : l’exponentielle, parce que le logarithme nepérien…

L. Pontriaguine : Equations différentielles ordinaires, p. 98-157 (Mir) A. Kirillov : Eléments de théorie des représentations, p. 119-122 (Mir) R. Mneimné : Groupes de Lie classiques (Hermann)

A. Delachet : Les logarithmes et leurs applications (Que sais-je n° 850) D. Leborgne : Calcul différentiel complexe (Que sais-je n° 2560) E. Hairer & G. Wanner : L’analyse au fil de l’histoire (Springer 2001)

P.-J. Hormière : Equations fonctionnelles, Notes sur les exponentielles itérées.

Problèmes ESIM 1982, ENS Lyon 1988, Mines-Ponts 1991, Centrale 2001.

B. Rittaud : La peur exponentielle (Puf 2015) L. Adler : Marguerite Duras (Folio)

P. Serraino : Eero Saarinen (Taschen) Encyclopedia Universalis :

Exponentielle, Calcul infinitésimal, Calcul numérique, Séries, Euler, etc.

Benoît Rittaud : Magnifiques logarithmes youtube (cnrs, Audimath)

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