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III. Methode

1. Expérience 1

Participants.

Dix-neuf sujets adultes (neuf hommes et dix femmes), pour la plupart des étudiants universitaires d’un âge compris entre 19 et 34 ans et (m=25,9, (3,7)) ont été recrutés pour cette expérience. Nous nous sommes assuré que nos sujets avaient une vision normale, ou corrigée, de sorte qu’ils puissent voir correctement les stimuli à l’écran. Par ailleurs, à

l’exception d’un sujet souffrant d’asthme et d’un sujet ayant subi une commotion cérébrale, nos sujets ne rapportaient aucun problème de santé actuel ni aucun antécédent neurologique.

Un sujet a rapporté avoir pris la veille ou le jour-même de l’expérience un médicament (Algifor-L®/-forte) susceptible de diminuer les capacités de réaction de manière occasionnelle à fréquente (Morant & Ruppanner, 2001). Toutefois, pour des raisons mentionnées plus loin, ledit sujet a dû être exclu de nos analyses EEG. Nous avons restreint notre échantillon à des sujets droitiers, l’organisation cérébrale des gauchers pouvant en différer quelque peu. Pour nous assurer de la latéralité manuelle de nos sujets, nous leur avons fait passer le questionnaire d’Edimbourg (Oldfield, 1971). Le quotient de latéralité de tous les sujets était supérieur à 0 (min = 25, max = 100), ce qui indique qu’ils étaient tous droitiers. Le quotient de latéralité moyen était de 80,2% (24,2), un chiffre compris entre les déciles 5 et 6. En moyenne, nos sujets avaient dormi durant 7 heures (1,3) la nuit précédant l’expérience. Sur les 19 sujets, neuf estimaient que leur durée de sommeil la nuit avant l’expérience était un peu trop courte, neuf l’estimaient comme normale et un comme plutôt longue. La consommation de café, thé et cigarettes de tous les sujets le jour de l’expérience était estimée comme normale par rapport à leurs habitudes, à l’exception d’un et de trois sujets qui estimaient leur consommation de cigarettes, respectivement de thé ou de café comme inférieure à leur habitudes. Cinq de nos sujets ont rapporté avoir consommé de l’alcool dans les vingt-quatre heures précédant le début de l’expérience. Toutefois, le nombre d’heures entre la dernière consommation d’alcool et le début de l’expérience n’était jamais inférieur à sept heures. Chaque participant était payé 60 CHF pour sa participation et a donné son consentement écrit certifiant notamment qu’il avait été informé des buts généraux de l’étude (pour ne pas fausser les résultats de l’expérience, les buts précis de celle-ci n’étaient expliqués au sujet qu’après la passation de l’expérience), qu’il avait eu suffisamment de temps pour réfléchir avant de prendre sa décision volontaire de participation, que les informations recueillies resteraient strictement confidentielles et qu’il pouvait à tout moment retirer son accord de participation sans avoir à donner de raison. Toutes ces données ont été récoltées au moyen de questionnaires écrits dont une copie figure en annexe (annexe I, II et III).

Matériel et dispositif.

Le logiciel E-prime, version 1.1 (Schneider, Eschman, & Zuccolotto, 2002) a été utilisé pour créer l’expérience et collecter les réponses comportementales. Les stimuli émotionnels, présentés sur fond noir, étaient des visages photographiés en nuances de gris de

12 individus (6 hommes et 6 femmes) issus d’une série d’images d’affects faciaux (Ekman &

Friesen, 1976). Dans un quart des essais le visage présenté avait une expression neutre, dans un deuxième quart, une expression de joie et dans la moitié restante, une expression de peur.

Nous avons ôté les cheveux ainsi que les contours non-faciaux de chaque visage, au moyen du logiciel Adobe Photoshop (version 11), pour éviter que ces derniers aient un effet sur nos résultats (tous les visages étaient délimités par une forme ovale). Ces visages (voir figure 1) couvraient une région de 14.42 degrés d’angle visuel horizontalement x 9.65 degrés d’angle visuel verticalement. Nous avons également dû utiliser un masque, afin d’éviter toute persistance de l’image sur la rétine après sa disparition. Nous avons opté pour une image apparaissant au même endroit que le visage, proche dans le temps (backword masking), une technique largement utilisée dans les études sur la vision dans le but de limiter l’accès visuel à la cible (Enns & Di Lollo, 2000). Celui-ci consistait en le même visage neutre qui était apparu comme cible mais découpé en carrés réorganisés de manière aléatoire sur la surface du visage (voir figure 2). Ces masques, également générés par le logiciel Adobe Photoshop (version 11), avaient déjà été utilisés dans des études antérieures (Kiss & Eimer, 2008) et présentent l’avantage de conserver les mêmes couleurs, texture et contrastes que le visage présenté précédemment. Nous avons choisi de présenter un visage neutre et non de peur, brouillé dans toutes les conditions afin d’éviter une situation dans laquelle un de ces masques contiendrait un segment avec des propriétés reconnaissables associées à la peur, comme par exemple des yeux largement ouverts (Kiss & Eimer, 2008).

Nous avons choisi l’expression émotionnelle de peur, car beaucoup d’auteurs estiment que cette dernière est traitée par un module spécialisé dans le cerveau (LeDoux & Bemporad, 1996; A. Ohman & Mineka, 2001). En outre, certains auteurs estiment que cette émotion est particulièrement adaptée pour attirer l’attention du sujet. Les visages avec expression neutre et de joie nous serviront de ligne de base pour inférer l’effet de la peur sur l’attention, indépendamment de l’effet de la perception d’un visage et de celui d’une autre émotion. La figure 3 montre un exemple de visage avec expression émotionnelle neutre, de peur et de joie tels qu’utilisés dans notre expérience. Nous avons choisi de placer les stimuli émotionnels dans la région fovéale du champ de vision du sujet. En effet, une expérience de Holmes, Kiss et Eimer (2006) a montré que des sujets devant focaliser leur attention sur des lignes présentées en périphérie et sur lesquels on mesurait des ERP répondaient précocement à des visages exprimant la peur s’ils étaient disposés fovéalement. A l’inverse, plusieurs autres expériences n’ont pas mesuré d’effets de l’expression émotionnelle quand leur sujets devaient

focaliser leur attention sur des stimuli secondaires et que les stimuli émotionnels étaient situés en périphérie (Eimer et al., 2003; Holmes et al., 2003).

Figure 2. Visages et masques tels qu’utilisés dans notre expérience.

Procédure.

L’expérience, présentée au sujet comme une étude sur les fonctions visuelles, s’est déroulée dans une cage de Faraday, dans un environnement calme où le sujet ne risquait pas d’être distrait de sa tâche. Elle s’est faite sur un ordinateur ayant un écran de 30 cm x 41 cm, placé de telle sorte qu’une distance d’environ 70 cm séparait les yeux du sujet du centre de l’écran.

Une croix de fixation (1.64° x 1.64° d’angle visuel, épaisseur du trait : 0.08° d’angle visuel), d’une durée aléatoire de 800, 1000 ou 1200 ms était affichée au centre de l’écran avant chaque essai. Puis, un visage avec expression de peur, de joie ou neutre apparaissait pendant une durée de 16 ms (condition subliminale) ou de 166 ms (condition supraliminale).

Il était ensuite remplacé par un masque d’une durée de 284 dans la condition subliminale ou de 134 ms dans la condition supraliminale. Le masque disparaissait ensuite et une première question apparaissait à l’écran demandant au sujet s’il avait vu l’expression émotionnelle du visage. Une fois que le sujet avait répondu, une deuxième question apparaissait à l’écran, demandant au sujet de deviner si l’expression émotionnelle du visage était de peur ou de non-peur (voir figure 4 pour un schéma de l’expérience et l’annexe IV pour les consignes exactes

données aux sujets). La question restait visible jusqu’à ce que le sujet ait appuyé, avec l’index ou le majeur de sa main droite, sur une des deux touches de réponse. La réponse correspondant à chacune des touches était contrebalancée entre les sujets. Avant l’expérience à proprement parler, le sujet effectuait dix essais non analysés pour se familiariser avec la tâche.

Figure 3. Visages avec expression émotionnelle neutre, de peur et de joie.

Plan d’expérience

Chaque sujet passait un bloc de 96 essais (=2 x 12 visages x 2 conditions émotionnelles x 2 durées) dans un ordre aléatoire. Ainsi chacune de nos quatre conditions (non-peur subliminal / peur subliminal / non-peur supraliminal / peur supraliminal) était représentée par 24 essais par sujets.

Notre première variable indépendante est la durée de présentation des stimuli : dans la condition subliminale, les visages sont présentés pendant 16 ms, suivi du masque pendant 284 ms (durée totale: 300 ms), alors que dans la condition supraliminale, les visages sont présentés pendant 166 ms suivis du masque pendant 134 ms (même durée totale de 300 ms).

Le choix de ces deux durées se base sur l’observation dans des études antérieures qu’à 16 ms, aucun sujet ne perçoit un stimulus et qu’à 166 ms, tous les sujets perçoivent le stimulus, alors que pour les durées comprises entre 16 ms et 166 ms, il y a des différences interindividuelles quant à la perception consciente ou non du stimulus (Eimer et al., 2003;

Holmes et al., 2003). La seconde variable indépendante est l’expression du visage: cette dernière peut être une expression émotionnelle de peur, une expression neutre ou une

expression de joie. Les variables dépendantes de notre expérience sont le nombre de réponses « oui » et « non » à la première question sur la perception de l’expression émotionnelle, et le nombre de réponses correctes et erronées lorsque les sujets devaient deviner l’expression du visage.

Figure 4. Exemple schématisé du déroulement d’un essai de l’expérience 1.

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