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CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE

2.4 EXIOBASE

EXIOBASE est un MRIO développé dans l’objectif de proposer une vision de l’économie détaillée, en particulier au niveau de secteurs d’industrie primaire (agriculture, extractions, énergie…) et permettant une analyse poussée des problématiques environnementales à travers des Extensions Environnementales (EE) bien plus complètes, avec 32 différentes substances inventoriées comme

émissions (EXIOBASE, 2015a), que les autres MREEIO disponibles comme WIOD 2013 (8 émissions) (Dietzenbacher et al., 2013) ou GTAP (uniquement CO2, CH4, N2O et les gaz fluorés)

(Irfanoglu & van der Mensbrugghe, 2015). Cette grande couverture des flux élémentaires, relativement aux autres MREEIO, est la raison pour laquelle cette maîtrise a utilisé EXIOBASE comme objet d’analyse des problèmes de troncature environnementale des AIO.

La version 2 d’EXIOBASE a été produite dans le cadre du projet CREEA, financé par la Commission Européenne et publiée en 2014. Elle fait suite à la première version produite dans le cadre du projet EXIOPOL et publiée en 2012 et précède la troisième version, issue du projet DESIRE et publiée en 2015. Les principales avancées de la version 2 par rapport à la première version sont d’une part l’ajout de régions Reste du Monde permettant une vision plus détaillée des échanges internationaux (le nombre de régions étudiées est ainsi passé de 44 à 48, dont 43 pays spécifiques et 5 Restes du Monde regroupant divers pays de grandes régions comme l’Afrique, l’Europe de l’Est ou l’Amérique latine) et d’autre part une description beaucoup plus précise des secteurs industriels (129 produits et industries pour la version 1 contre 200 produits et 163 industries pris en compte dans la version 2). La deuxième version met également à jour les données utilisées en prenant les valeurs de l’année 2007 alors que la première version était valable pour l’année 2000. La version 3 ajoute la région Croatie, propose des données annuelles entre 1995 et 2014, des tables physiques et plus seulement économiques, un plus grand détail pour la provenance des émissions dans l’inventaire et un plus grand nombre de ressources étudiées (Stadler et al., 2018; Wood et al., 2014). Malheureusement, cette version n’était pas encore disponible au commencement de ce travail de recherche, ce qui es la raison pour laquelle nous n’avons pas pu l’utiliser.

La version utilisée dans le cadre de ce mémoire est la version 2.2 et les tables utilisées sont les tables par industries et non par produits. Dans la suite de ce mémoire, sauf précision, c’est donc à cette version que nous nous référerons en évoquant EXIOBASE. De plus, nous nous intéressons uniquement aux émissions et non aux ressources car les ressources ne sont typiquement pas considérées comme souffrant de troncatures dans les MREEIO.

La classification industrielle d’EXIOBASE se base sur la classification NACE 1.1 (Europa - RAMON, 2002) de l’Union Européenne elle-même directement reliée à la classification ISIC 3.1 de l’ONU (United Nations, 2008). Certains des secteurs de NACE 1.1 qui étaient les responsables

des plus grands impacts sur l’environnement et pour lesquels les émissions des différentes industries le composant étaient très hétérogènes ont ensuite été désagrégés en de nombreux secteurs plus spécifiques et composés d’industries aux impacts potentiels plus homogènes afin de permettre des études plus précises et détaillées. C’est le cas notamment les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, de l’extraction et de la transformation des minéraux et des hydrocarbures, de la production d’électricité, des transports et des déchets (Wood et al., 2013). Grâce à ce haut niveau de détail, EXIOBASE est actuellement le MREEIO qui permet les analyses les plus précises au niveau industriel devant, par exemple, EORA (26 secteurs communs à toutes les régions malgré un détail allant jusqu’à 511 secteurs pour certains pays mais ne permettant pas une analyse homogène au niveau mondial) (Lenzen et al., 2013) ou WIOD (35 secteurs) (Dietzenbacher et al., 2013). EXIOBASE propose par contre une résolution assez faible en ce qui concerne les différentes régions prises en compte avec 48 régions différentes, alors que GTAP 8.1 en décrit 134 et EORA 187 (Lenzen et al., 2013; Wood et al., 2013). Cependant, ce problème est relativement négligeable puisque les 43 pays spécifiquement détaillés dans EXIOBASE couvrent 90 % du PIB mondial et la très grande majorité de l’empreinte carbone du monde (Arnold Tukker et al., 2014). Les données ayant permis de produire EXIOBASE sont diverses. Les échanges économiques sont basés sur les inventaires de Eurostat pour les pays de l’Union Européenne et sur des tables IO nationales pour 16 autres pays. Ces données sont ensuite harmonisées (par exemple pour traiter les taxes de la même manière entre les différents pays ou les achats de résident d’un pays donné à l’étranger) puis certains détails sont ajoutés pour les secteurs désagrégés à l’aide d’hypothèses ou de multiples données annexes comme les inventaires de la FAO ou d’AgroSAM pour l’agriculture ou encore de l’IEA pour l’énergie. Diverses opérations sont ensuite mises en place afin d’assurer le respect de certains bilans, par exemple économiques, en particulièrement pour les échanges internationaux, et pour produire des tables MRIO symétriques (industrie par industrie et produit par produit). En ce qui concerne les données environnementales et sociales, elles sont extraites de nombreuses sources nationales ou internationales (FAOSTAT, Aquastat, LABBORSTA…) ou estimées à partir d’autres données concernant des activités industrielles ou des consommations énergétiques. Par exemple, les informations concernant l’énergie extraites des bases de données de l’IEA servent à estimer des valeurs d’émissions pour différents pays. Pour les pays ne disposant pas d’informations spécifiques, les valeurs ont été déduites de valeurs mondiales ou extrapolées depuis d’autres pays considérés comme proches et pour lesquels plus de détails étaient disponibles.

Toutes ces données sont par la suite harmonisées et vérifiées en les comparant à des relevés d’émissions nationaux afin de relever et corriger de potentielles erreurs importantes (Wood et al., 2014).

Les difficultés à obtenir des informations détaillées concernant les flux environnementaux de tous les pays sont la raison pour laquelle, même le MRIO le plus complet au niveau de ses Extensions Environnementales qu’est EXIOBASE, peut rencontrer de nombreux problèmes de couverture, en particulier pour les émissions. Ceci explique le besoin de développer des méthodes afin de quantifier ces problèmes de couverture et potentiellement de les réduire. C’est l’objectif de cette maîtrise.