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Excursus historique de la migration en Italie

196 L'Italie est aujourd’hui devenue l’une des principales « portes d’entrée » de l’Europe pour les immigrants qui arrivent du continent africain ou des pays de l’Europe de l'Est

Mais on ne saurait oublier que l’Italie a longtemps été une terre d’émigration.

Beaucoup d’italiens et surtout (mais pas exclusivement) les habitants de l’Italie du sud où les conditions de vie étaient particulièrement difficiles, se retrouvant sans emploi et sans ressources, ont longtemps été contraints de quitter l’Italie dans l’espoir de « far fortuna » en France, en Belgique ou même en Amérique.

À partir des années 1960 – 1970, les départs en Italie sont compensés par les arrivées, tout d’abord des familles des anciens émigrés rentrant au pays puis, à partir des années 1980, des populations d’Afrique du Nord et équatoriale pour pallier le manque de main-d’œuvre peu qualifiée nécessaire dans certaines secteurs (notamment l’agriculture).

Non préparée à ce retournement de situation, l’Italie a du mal à trouver sa propre politique d’immigration.

Le modèle d’intégration italienne trahit ses limites dès la fin des années 1980, la société ayant du mal à accueillir dans de bonnnes conditions ces nouvelles populations exogènes.

Mais, face au problème de la croissance démographique et du vieillissement de la population, l’immigration va apparaître de plus en plus comme une nécessité.

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L’Italie, terre d’accueil

Les arrivées d’immigrés sur le sol italien sont un phénomène récent.

L’Italie défaite en 1945 a perdu son Empire et n’a pas connu, comme la France, les guerres de décolonisation.

Les relations qu’elle entretient avec ces anciennes colonies sont donc d’une nature très différente. Toutefois, comme toutes les communnautés européennes installées sur le Continent africain ou au Moyen-Orient, la communauté italienne va devoir quitter les pays qui ont acquis leur indépendance. Dès le milieu des années cinquante, on a affaire aux premières vagues de migrations post-coloniales.

L’importante communuté italienne présente en Egypte va devoir s’exiler après la prise de pouvoir par Nasser en 1956.

Après le coup d’Etat de Kadhafi en 1969, quelque treize mille italiens seront également expropriés et explusés.

Dans les mêmes années, beaucoup d’italiens résidant dans les anciennes colonies Ethiopie, Erythrée, Somalie, en proie aux guerres civiles et aux conflits inter-ethniques regagnent l’Italie. Le « miracle économique » va également favoriser le retour de beaucoup d’italiens installés en Amérique latine188.

Avec la fin de ce que l’on est convenu d’appeler les Trente Glorieuses189, suite aux premiers chocs

188www.raistoria.rai.it/articoli/italia-anni ...il-boom-economico/

189 http://www.economie.gouv.fr/facileco/trente-glorieuses: « L’expression "Les trente glorieuses" est reprise du titre d’un livre de Jean Fourastié consacré à l’expansion économique sans précédent qu’a connu la France, comme les autres grands pays industriels, du lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au choc pétrolier de 1973. Jean Fourastié a choisi de donner ce nom à cette période en référence à la révolution de 1830 qualifiée traditionnellement de "Trois glorieuses". Pour lui, 1830 marque un tournant politique majeur en France, et la période 1945-1973 des "Trente Glorieuses" peut être considérée comme son équivalent sur le plan économique. »

198 pétroliers, les pays d’immigrations d’Europe du Nord commencent à fermer leurs frontières. Cela entraîne l’émergence du phénomène de l’immigration clandestine.

L’Italie devient alors une destination pour beaucoup de migrants, car elle ne s’est dotée, à la différence de ses voisins, d’aucune législation visant à contrôler les entrées190.

Insensiblement, les immigrés se substituent aux italiens dans les emplois les plus modestes et les moins qualifiés, notamment le secteur du bâtiment191.

Bien que le phénomène de l’immigration, et notamment de l’immigration clandestine, ne cesse de se développer, aucune mesure ne sera adoptée avant le milieu des années quatre-vingt pour modifier une législation héritée de la période fasciste qui s’avère désormais complètement inadaptée.

Les textes de loi qui règlent l’entrée et le séjour des étrangers en Italie remontent en effet à 1931192.

Après les premières mesures de régularisation des « sans papiers », la Loi Martelli promulguée en 1990 redéfinit le statut du demandeur d’asile, précise les conditions et les modalités d’accueil sur le territoire italien et d’obtention du permis de séjour, et élabore un programme de régulation des flux193.

Cette programmation se révèle toutefois assez chimérique et le contrôle des frontières qui devrait mettre un terme à l’immigration clandestine assez aléatoire.

190http://www.oecd.org/fr/gov/politique-reglementaire/36267296.pdf 191 http://www.cpc-chiasso.ch/attivita/doc/Migrazioni%20SUD- %20in%20Italia%20nel%20dopoguerra.pdf 192www.robertopolli.it/~rpolli/caritaslatina2.it/sito2/Youportfolio_Demo/images/stories/formazione/evoluzione_normati va_immigrazione.pdf 193 http://www.citinv.it/associazioni/LA_TENDA/Martelli.htm

199 Au cours des années 90, suite notamment à la chute du régime communiste en Albanie et à l’arrivée massives d’Albanais débarquant sur les côtes des Pouilles, de nouvelles régularisitions s’imposeront194.

Historique des flux de migrants depuis les années 1980

L’anthropologue et ethnologue italienne Clara Gallini décrit en ces termes ces nouveaux immigrés: « l'Italie est confrontée à l'arrivée massive d'une main-d'œuvre bon marché, qui s'est dispersée en diverses régions pour y occuper de multiples fonctions.

En Sicile les Nord-africains espèrent s'engager sur les bateaux de pêche ; en Campanie, des étrangers aux origines diverses attendent d'être embauchés comme ouvriers agricoles saisonniers et vivent entassés dans des bidonvilles [...]. Dans les grandes villes les sans-travail et sans-toit cherchent un refuge dans des dortoirs provisoires tandis que les femmes de ménage sud-américaines ou en provenance des Philippines, dorment sur les divans des salons et confient leurs enfants aux crèches de solidarité.

Dans les petites industries du nord, qui bénéficient d'un récent boom économique, on rencontre un petit nombre d'ouvriers dispersés mais en régulière augmentation.

En Toscane une minorité de Chinois s'organise en ateliers artisanaux. Un peu partout, on voit sur les places et les plages les vendeurs ambulants nord-africains ou sénégalais, "nomades" à la recherche d'une sédentarité toujours plus précaire.

194www.robertopolli.it/~rpolli/caritaslatina2.it/sito2/Youportfolio_Demo/images/stories/formazione/evoluzione_normat iva_immigrazione.pdf