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Evolutions récentes et impact de la crise

Les retraites en Italie dans la crise

6. Evolutions récentes et impact de la crise

La crise n’a pas eu beaucoup d’impact sur le système de retraite italien et aucune réformes ne sont discutée si ce n’est celle qui est imposée par Bruxelles en matière d’âge de la retraite pour les femmes.

En matière financière la crise a eu peu d’impact direct sur la capitalisation italienne car les pertes d’actifs on été très limitées et inférieures à 5 % (moins qu’en Allemagne).

Le fait le plus remarquable des dernières années est plutôt l’absence de décisions en matière de révision des paramètres du système notionnel. Comme on l’a vu, la réforme italienne s’applique très progressivement et les générations partantes le font encore pour une grande part sous l’ancien régime de retraite plus généreux que le nouveau. Il n’ya donc pas

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Cf. O. Chagny, G. Dupont, H. Sterdyniak et P. Veroni, « Les réformes des systèmes de retraite en Europe »,

encore d’inflexion notable du système.

En outre, les coefficients utilisés pour le calcul des rentes au moment du départ en retraite qui auraient du être révisés en 2005, pour tenir compte de l’augmentation de l’espérance de vie et de l’évolution de la tendance de la productivité, ne l’ont pas été. Si bien que l’équilibre du régime public n’est absolument pas garanti. En contre partie, la soutenabilité sociale de la réforme italienne est un peu renforcée.

Un seul évènement important a dominé le débat public au cours de la période récente : La condamnation de l’Italie par la Cours européenne pour rupture de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le secteur public du fait de la différence d’âge du droit à la retraite. Cette situation est exactement la même que celle qu’à connue la France. Comme en France le tribunal a considéré qu’il y avait rupture de l’égalité dans le secteur public du fait du caractère « salarial » de la pension alors que celle-ci relève de la prestation sociale dans le privé. Le ministre de la fonction publique a immédiatement proposé de se conformer au jugement de Luxembourg en reportant à 65 ans l’âge de la retraite des femmes. Ce point de vue a été très contesté par d’autres ministres, dont celui du travail. Il semble finalement que l’Italie propose un report très graduel de l’âge de la retraite des femmes pour l’aligner sur celui des hommes en 2018.

7. Les projections

Les projections de dépenses de retraite par la Commission européenne (tableau 12) sont rassurantes d’un point de vue financier, inquiétantes d’un point de vue social et globalement très peu crédibles. Comme on l’a vu le ratio de dépendance démographique se détériore très fortement en Italie. Il en résulte un fort déséquilibre des régimes de retraite à taux de remplacement et de cotisations inchangés. La dépendance économique pourrait néanmoins évoluer moins défavorablement que la dépendance démographique du fait du faible niveau initial de l’activité en Italie, en particulier des jeunes et des femmes.

Toutefois, ce n’est pas l’hypothèse retenue par les responsables des projections de dépenses et le ratio de dépendance économique (personnes âgées / emploi) se dégrade à peine moins vite que le ratio démographique (personnes âgées / population en âge de travailler). En valeur absolue il recule de 30 points comme le ratio démographique.

 

Tableau 12. Projections des dépenses de retraite à long terme en Italie 

2007 2015 2020 2030 2040 2050 2060

2006-2007 Taux de dépendance démographique 30 34 35 42 54 59 59 29 Taux de dépendance économique 50 53 55 64 80 89 89 30 Part des retraites publiques dans le PIB 14,0 14,0 14,1 14,8 15,6 14,7 13,6 -0,4 Ratio pensions / salaire 68,5 71,9 70,5 64,1 57,3 51,7 47,3 -21,2 Part des pensions du deuxième pilier dans le PIB nd nd nd nd nd nd nd nd

L’ajustement financier résulte donc uniquement de la baisse de la générosité des prestations. Celle-ci doit suivre la dégradation de la démographie et le ratio pension moyenne / salaire moyen devrait baisser en conséquence de plus de 21 points en passant de 68,5 % en 2007 à 47,3 en 2060. La paupérisation d’un certain nombre de retraités est donc une perspective très vraisemblable. Mais, il faut noter qu’elle ne concerne que le très long terme, car la progressivité de la réforme et l’augmentation des droits acquis conduit au contraire à une hausse des taux de remplacement d’ici 2020. On peut comprendre que les débats autour de la retraite soient moins animés qu’ils ne le furent.

Enfin, on peut noter que la crédibilité des projections financières (qui présentent un système en équilibre en 2060) repose sur la stricte application des mécanismes d’ajustement automatique. La leçon des années récentes est que comme en Suède et en Allemagne, le respect des procédures prévues à l’avance est difficile quand elles conduisent à des baisses de prestation importantes. L’Italie, n’évitera pas, comme ses partenaires dans la même situation

démographique de devoir revenir régulièrement sur l’arbitrage : prestations/durée de

retraite/cotisations. L’histoire semble montrer que l’on ne peut pas figer cet arbitrage pour laisser ensuite des mécanismes plus ou moins automatique prendre entièrement en charge le pilotage du système.

Pays-Bas

Gérard Cornilleau

1. L’évolution macroéconomique

L’économie néerlandaises est une économie moyenne (parmi les économies européennes) très ouverte sur l’extérieur et qui dépend très fortement de son environnement et de l’évolution de sa compétitivité extérieure. Jusqu’en 1980, la compétitivité néerlandaise n’était pas spécialement favorable, mais dès 1981, le cout unitaire du travail dans l’industrie à commencé à stagner alors qu’il continuait de progresser dans les autres pays européens (graphique 1).

Graphique 1. Evolution des couts salariaux unitaires dans l’industrie (1 en 1970) 

0.9 1.1 1.3 1.5 1.7 1.9 2.1 2.3 2.5 2.7 2.9 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 Pays-Bas Zone euro Source : OCDE.

Il en a résulté une amélioration des parts de marché à l’exportation des produits néerlandais à partir du milieu des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990 (graphique 2).

Graphique 2. Part de marché des exportations néerlandaises  0.8 0.82 0.84 0.86 0.88 0.9 0.92 0.94 0.96 0.98 1 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 Source : OCDE.

Conformément aux évolutions de la compétitivité et des parts de marché le différentiel de croissance des Pays-Bas ,avec ses principaux partenaires qui était négatif dans les années 1970 s’est réduit dans les années 1980 avant de devenir très positif dans les années 1990 et plus faiblement positif dans les années 2000 (tableau 1 et graphique3).

Tableau 1. Croissance annuelle moyenne aux Pays‐Bas et dans la zone euro 

19980/1970 1990/1980 2000/1990 2008/2000

Pays-Bas (1) 2,9 2,2 3,2 1,9

Zone euro (2) 3,3 2,4 2,2 1,7

(1)-(2) -0,4 -0,2 +0,9 +0,2

Graphique 3. Taux de croissance de l’économie néerlandaise et de la zone euro  -6.0% -4.0% -2.0% 0.0% 2.0% 4.0% 6.0% 8.0% 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Pays-Bas Zone Euro Source : OCDE.

Le chômage est très faible aux Pays-Bas depuis la fin des années 1990. C’est l’un des rares pays en Europe dont on peut dire qu’il a réussi à revenir au plein emploi après les chocs des années 1970 et 1980. Comme on le sait ce résultat a été obtenu par un partage du travail massif induit par la généralisation du temps partiel. Les Pays-Bas sont le pays qui a la plus faible durée du travail annuelle (selon l’OCDE) avec 1389 heures en 2008 contre 1432 en Allemagne et …1542 en France.

La crise a fortement touché l’économie des Pays-Bas qui est maintenant très corrélée à l’économie Allemande. Alors que la croissance s’était encore maintenue à 2 % en 2008 elle a chuté très fortement, comme l’Allemagne, de plus de 4 % en 2009.

Le gouvernement néerlandais a réagi en mettant en œuvre assez rapidement, à l’automne 2008, un plan de soutien de l’activité de 6 Mds d’€ en 2008 constitué de 3 Mds de dépenses dans les infrastructures (constructions d’écoles et d’hôpitaux, logement et économies d’énergie) et 3 Mds affectés à la politique de l’emploi, au soutien des entreprises et aux dépenses d’éducation et de recherche. De 2008 à 2011, 8 Mds de dépenses publiques supplémentaires sont prévues pour l’indemnisation du chômage, les dépenses d’assistance et la lutte contre le chômage des jeunes. Le budget néerlandais qui était excédentaire de 1 point de PIB avant la crise devrait connaître un déficit de 6 points de PIB en 2010. La dette publique passerait de 45,5 % du PIB en 2007 à 67,4 en 2010.

Pour éviter une hausse forte du chômage le gouvernement a mis en place à partir du 1er avril 2009 un système étendu d’indemnisation du chômage partiel. A partir de cette date les entreprises ont pu réduire la durée du travail, au maximum de 50 %, et leurs salariés obtenir l’indemnisation du temps de travail chômé. Le système pouvait être appliqué pendant trois mois renouvelable deux fois pour des périodes de six mois (soit 15 mois au total) ; les demandes de mise en œuvre devaient être réalisées avant le 1er janvier 2010. Ce système a

permis à très court terme de limiter les suppressions d’emploi totales et la hausse du chômage. Ainsi le taux de chômage néerlandais a augmenté de moins de 1 point contre plus de 2 points dans l’UE à 15 (tableau 2).

Tableau 2. Taux de chômage 

1973 1978 1985 1990 1994 2000 2005 2008 2009 Pays-Bas 2,3 5,4 11,1 7,6 6,9 2,7 4,7 2,8 3,7

UE15 2,4 4,9 9,4 7,3 10,5 7,7 7,9 7,1 9,4

Source : OCDE.

Toutefois ce résultat n’a été obtenu, comme en Allemagne, qu’au prix d’une chute exceptionnelle de la productivité du travail (tableau 3) et il ne pourra pas être maintenu au-delà de 2009.

Tableau 3. Taux de croissance annuel moyen de la productivité moyenne du travail 

2000/1991 2008/2000 2009

Pays-Bas 1,3 1,0 -4,4

Europe des 15 1,4 0,8 -2,3

Allemagne 1,6 0,9 -4,9

France 1,4 0,9 -0,4

A partir de 2011, le gouvernement néerlandais prévoit de mettre en œuvre une politique économique restrictive. Celle-ci devrait combiner une réduction du déficit public de 0,5 point de PIB chaque année par une révision en baisse des dépenses publiques dont un audit est en cours et une forte modération salariale dont l’objectif vise le redressement de la compétitivité.

2. L’évolution démographique

Avec un taux de fécondité de 1,77 en 2008, les Pays-Bas se placent parmi les pays à natalité élevée en Europe. En outre le taux de fécondité a augmenté régulièrement au cours des dix dernières années passant de moins de 1,6 en 2007 à une moyenne de 1,73 au cours de cinq dernières années.

Les migrations ont peu contribuées à la croissance de la population au cours des dernières années (tableau 4). Nettement moins qu’en France et en Allemagne et à fortiori que dans le sud de l’Europe qui a été la zone d’immigration la plus importante au cours des dix dernières années en Europe. Paradoxalement celles-ci semblent avoir augmentées fortement dans la crise, en 2008-2009, mais les incertitudes relatives à cette variable sont telles qu’il ne faut sans doute pas sur-interpréter cette observation.

Tableau 4. Migrations nettes 

1998-2007 2008-2009

Moyenne annuelle Taux en ‰ Moyenne annuelle Taux en ‰

Pays-Bas 17 600 1,1 35 300 2,4 Allemagne 129 000 1,6 -55 000 -0,7 France 144 000 2,3 79 000 1,2 Italie 288 000 5,0 408 000 6,8 Espagne 506 000 11,9 249 000 5,4 Source : Eurostat.

Au total, sur la base d’un taux de natalité relativement élevé, mais encore insuffisant pour assurer le renouvellement des générations, et d’une immigration modérée, la population néerlandaise devrait continuer à augmenter jusqu’en 2036 avant de diminuer avec les décès des baby-boomer particulièrement nombreux aux Pays-Bas.

L’importance du baby boom qui a été particulièrement marqué au Pays-Bas, explique le profil de l’augmentation du taux de dépendance démographique (graphique 4) qui passe brutalement de moins de 23 % en 2010 à plus de 27 % en 2015 (les premiers baby-boomer nés en 1945 atteignent 65 ans en 2010). Par la suite comme dans les autres pays le taux de dépendance démographique atteint 46 à 47 % et se stabilise autour de 2040.

Graphique 4. Ratio de dépendance démographique 

(Population de 65 ans et plus / population de 15 à 64 ans) 

19.6 19.8 19.9 20.0 20.1 20.2 20.3 20.5 20.8 21.1 21.5 21.8 22.3 22.8 27.1 30.7 35.0 40.0 44.5 46.8 46.1 45.6 46.0 47.2 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2015 2025 2035 2045 2055 Pays-Bas France Source : Eurostat.

3. L’emploi et le marché du travail