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Evolution spatiale et numérique des ongulés sauvages dans le massif du

Dans le document En synthèse : (Page 103-106)

Jura français

A. Barboiron, C. Saint-Andrieux et B.Guibert Mail : rezoos@oncfs.gouv.fr

Pour le massif du Jura français, les données récoltées par le réseau Ongulés sauvages de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et des Fédérations des chasseurs permettent de dresser un état des lieux des tendances d’évolution depuis le début des années 1970 des quatre espèces d’ongulés présentes sur le massif, à savoir le chevreuil (Capreolus capreolus), le sanglier (Sus scrofa), le cerf (Cervus elaphus) et le chamois (Rupicapra rupicapra).

Un accroissement important des aires de répartition, mais également des effectifs de chacune de ces espèces a été constaté à partir des années 1980 jusque dans les années 2000. Depuis, si le cerf continue sa progression, celle du sanglier reste à confirmer et une diminution du nombre de chamois et de chevreuils tués à la chasse a été constatée avec une certaine stabilisation ces cinq dernières années.

Introduction

Dans le cadre de ses missions de préservation de la biodiversité et de gestion de la faune sauvage, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) assure depuis plus d’une trentaine d’années, à travers un réseau d’observation, le suivi des populations d’ongulés sauvages en France.

Ce réseau, tout d’abord appelé « réseau des correspondants Cervidés-sanglier », est devenu en 2003 un réseau commun à l’ONCFS et aux Fédérations départementales, régionales et nationale des chasseurs. Une convention en fixe les principes généraux de fonctionnement. Pour qu’une enquête puisse être réalisée, il faut au préalable qu’une validation technique et scientifique soit accordée par le comité directeur des réseaux.

Le réseau fonctionne grâce à deux interlocuteurs techniques par département : un de la Fédération départementale des chasseurs et un du service départemental de l’ONCFS (soit environ 180 personnes).

Il a pour mission le suivi patrimonial du grand gibier en France à l’échelle communale, départementale, régionale et nationale. Il contribue à la connaissance des types de milieux occupés, des modes de gestion

pratiqués et des problèmes rencontrés (impact sur le milieu agricole ou forestier, fragmentation de l’espace, collisions routières, etc.).

Différentes enquêtes ont été mises en place au cours du temps pour suivre spatialement et numériquement l’évolution des ongulés en plein développement sur le territoire national, aussi bien au niveau des aires occupées que des effectifs (http://www.oncfs.gouv.

fr/IMG/file/mammiferes/ongules/ongules_sauvages/

ongules_sauvages_liste_enquetes.pdf).

Une enquête annuelle permet de recenser les tableaux de chasse départementaux de tous les ongulés présents en France, ainsi que les tableaux de chasse communaux du sanglier. Les enquêtes concernant les tableaux de chasse communaux du chevreuil et la répartition géographique du cerf élaphe et des ongulés de montagne sont faites tous les 5 ans.

Sans exclure des facteurs extérieurs tels que la pression de chasse, les épizooties ou les volontés politiques qui influencent directement les niveaux des prélèvements du grand gibier, nous pouvons considérer que, sur le moyen et le long terme, les tendances d’évolution de ces tableaux de chasse permettent de suivre efficacement les tendances d’évolution des populations d’ongulés sauvages (Milner et al., 2006).

Pour le versant français du massif du Jura, qui s’étend sur environ 9 000 km2 sur les départements de l’Ain, du Doubs, du Jura et du Territoire de Belfort, des données sur les ongulées ont été récoltées depuis le début des années 1970.

Le chevreuil (Capreolus capreolus)

A la fin du XIXème siècle, le chevreuil ne subsistait plus que dans les grands massifs forestiers du Haut-Jura (Ogérien frère, 1863), mais aujourd’hui c’est une espèce très bien représentée sur l’ensemble du territoire jurassien. En 2012, le chevreuil a été prélevé sur la quasi-totalité des communes des quatre départements du massif (fig. 1).

Afin de suivre au mieux les tendances d’évolution spatiale et numérique de cette espèce, six enquêtes

« tableau de chasse communal chevreuil » ont été réalisées par le réseau Ongulés sauvages entre 1985 et 2012. Ces enquêtes ont permis de compiler l’ensemble

Chapitre III : Faune sauvage

des données sur les attributions et réalisations du plan de chasse pour chacune des communes.

D’après la figure 2, on observe une augmentation très importante des prélèvements cynégétiques à la fin des années 1980 allant jusqu’à des prélèvements de l’ordre de 20 000 chevreuils par saison au début des années 2000. A partir de 2004, les prélèvements ont diminué et semblent aujourd’hui se stabiliser aux alentours de 14 000 prélèvements par an.

Plusieurs facteurs sont sans doute responsables de cette baisse des prélèvements. Il est probable que des phénomènes de densité dépendance ont commencé à apparaître dans les populations de chevreuil avec pour conséquence un fonctionnement démographique moins productif (Delorme et al., 2008). Il a également été montré récemment l’effet du réchauffement climatique qui réduirait la démographie du chevreuil en milieu forestier (Klein et al., 2014). Il faut encore signaler la présence actuelle d’une centaine de lynx sur le massif jurassien français qui peuvent avoir impact non négligeable sur les effectifs de chevreuils (Gatti et al., 2014; Molinari-Jobin et al., 2002).

Figure 1 : carte des prélèvements cynégétiques par commune de chevreuil au cours de la saison 2007/2008.

Figure 2 : évolution du tableau de chasse du chevreuil entre 1973 et 2014.

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Le sanglier (Sus scrofa)

Tout comme le chevreuil, le sanglier était devenu une espèce très rare dans le massif à la fin du XIXème siècle.

Ce n’est qu’à partir de 1990 que la population a connu un véritable accroissement. Actuellement, le sanglier occupe tous les types d’habitats présents sur le massif et l’espèce y est prélevée quasiment partout (fig. 3).

La figure 4 souligne très nettement l’augmentation des prélèvements de sangliers à partir du début des années 1990. Ils ont été néanmoins très variables d’une année à l’autre, avec des pics pouvant atteindre 15 400 sangliers au cours de la saison 2010/2011 ou 16 068 sangliers en 2012/2013. De façon générale, bien que les deux dernières saisons aient été très nettement à la baisse, la tendance est à l’augmentation du nombre de sangliers tués au sein du massif.

Figure 3 : carte des prélèvements cynégétiques de sanglier par commune au cours de la saison 2014/2015.

Figure 4 : évolution du tableau de chasse du sanglier entre 1973 et 2014.

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