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2.2 Améliorer les fréquences de suivi de la mobilité

2.2.2 Evolution annuelle des distances domicile-travail dans les communes non agglomérées

Les figures suivantes illustrent cette possibilité de suivre annuellement l’évolution des distances domicile-travail et des facteurs qui l’influencent :

- les valeurs extrêmes de la distribution (travail dans la commune de résidence ou dans des lieux très éloignés),

- la répartition des lieux de travail entre espaces de faible densité, agglomérations petites, moyennes ou grandes, qui influence également les temps de trajet estimés,

- l’âge des actifs

- distribution de l’emploi par PCS

La distribution statistique des distances est particulière et très dissymétrique. La moyenne a peu de représentativité et elle doit être écrêtée pour que ses variations soient robustes. On a intérêt à compléter les calculs de la moyenne par ceux des quartiles (figure 2) ou la distribution selon des classes de distance (pour des seuils de 0, 30 ou 80 km à vol d’oiseau par exemple)

Figure 2 : Evolution de la distance moyenne domicile-travail dans les communes de moins de 10 000 habitants non agglomérées selon les pourcentiles remarquables

Lecture : l’échelle de distance est logarithmique. Graduations : 5, 10, 15,20,25,30,40,45,50,100,150,200,250 Source : Insee, recensements de la population 1999, 2006 et 2010 (exploitation complémentaire)

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On observe une croissance continue des distances à vol d’oiseau avec une très légère inflexion depuis 2010. Cette inflexion s’explique par la stabilisation de la proportion d’actifs travaillant dans leur commune de résidence à partir de 2007, après une longue période de baisse. Les distances croissent de façon monotone lorsque les actifs travaillent dans une autre commune.

Ainsi, la distance totale a augmenté de presque 25% en 13 ans (1999-2012), pour l’ensemble des navettes : de 14% pour celle qui restent dans les territoires peu denses et de 8% pour les navettes aboutissant dans des agglomérations moyennes et grandes. La méthode de lissage des EAR permet de représenter l’évolution de la distribution statistique de cette distance.

La croissance des distances peut s’analyser comme la résultante de deux tendances : la baisse du travail dans la commune de résidence et le nombre croissant de résidents de l’espace peu dense travaillant dans une agglomération moyenne ou grande.

L’ensemble des actifs résidant dans l’espace peu dense peut se diviser en trois sous- populations : les actifs travaillant dans la commune de résidence, les actifs résidant et travaillant en espace peu dense mais pas dans la même commune, et ceux qui travaillent dans les agglomérations denses. Pour les premiers les distances sont artificiellement à zéro8. Les

distances de la deuxième classe d’actifs – navetteurs en faible densité – sont relativement élevées : en 2012, 50 % des actifs seulement travaillent à moins de 13,5 km à vol d’oiseau, 75 % à moins de 22,5 km et 90 % à moins de 37,5 km. Pour la troisième population, qu’on appellera navetteurs périurbains, les distances sont plus élevées encore. En 2012 : la médiane vaut environ 16 km, 75 % des actifs travaillent à moins de 26,2 km, 90 % à moins de 44 km.

En outre, la distance croît régulièrement en fonction de la taille de l’unité urbaine du lieu de travail (figure 3). Les navettes frontalières se situent au niveau des agglomérations de 500 000 à 2 millions d’habitants (agrégées avec l’agglomération parisienne sur le graphique), et en effet, ces navettes sont principalement dirigées vers des agglomérations européennes de cet ordre de grandeur : Bruxelles, Saarbrücken, Karlsruhe, Luxembourg, Bâle, Genève et Lausanne.

Figure 3 : Indicateurs de distance domicile-travail depuis l’espace peu dense en fonction de la tranche d’unité

urbaine de la commune de travail (données EAR 2004 à 2012)

Champ : Actifs résidant hors des agglomérations de plus de 10 000 habitants, EAR 2004 à 2012 Source : Insee, recensements de la population 2006, 2010 (exploitation complémentaire)

8

Nous leur affectons une valeur non nulle imputée à partir du mode de transport et des distances déclarées de l’ENTD 2008, de façon à pouvoir en calculer le logarithme. Cette imputation augmente d’environ 0,3 km la distance moyenne.

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L’âge des actifs influence aussi la distance. Les plus jeunes travaillent plus généralement dans une autre commune et, avec l’âge, la distance diminue mais à chaque cohorte les distances par classes d’âge augmentent (figure 4) ;

Figure 4 Profils des distances domicile-travail écrêtées à 80km à 5 ans d’intervalle pour les groupes de rotation

1 et 4

Lecture : la distance moyenne des actifs de 25 à 29 ans vaut 9,6 km en 1999, 10,3 km en 2004 et 10,8 km en 2009 respectivement 5,4 5,8 et 7,0, pour ceux de 55 à 59 ans (base territoriale constante).

Source : Insee, recensements de la population 2006, 2010 (exploitation complémentaire)

Les professions et catégories sociales sont également associées à des niveaux de distances différents pour les actifs résidents dans l’espace peu dense (figure 5) mais la distribution de certaine CS, notamment des cadres, est très inégale dans l’espace peu dense

Figure 5 : Évolution de la distance domicile-travail par PCS : distances à vol d’oiseau, y-c nulles, et temps de trajet entre communes différentes

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 2004 2009 2014

Cadres Prof.Int. Empl. Ouvr. Art.Chef.Ent. Agri Ensemble ,

km

Source :Insee, recensement de la population 2006 et 2011 (exploitation complémentaire) ; distancier H2 Network sur IGN Route 500

20 25 30 35 40 45 50 2004 2009 2014 min

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Les emplois de cadres sont les plus distants, suivis de ceux des professions intermédiaires, des ouvriers, employés et artisans, commerçants, chefs d’entreprise et agriculteurs. En temps, pour les trajets vers une autre commune, les cadres se distinguent encore par des trajets nettement plus longs, suivis des professions intermédiaires et employés et ouvriers bien plus proches car les employés ont plus souvent un emploi dans la commue. L’évolution des distances dépend donc aussi de la composition en PCS des actifs dans les communes. Cette évolution des distances a également été l’occasion de tester un distancier pour estimer le temps des trajets domicile-travail en voiture. Il s’agit également d’une analyse provisoire. L’augmentation des durées en 2012-2013, après une décennie de stabilité est difficile à expliquer. L’écart plus grand dans les durées que dans les distances entre la catégorie des cadres et celle des professions intermédiaire peut en revanche s’expliquer par la plus grande proportion des premiers en région Ile de France où les vitesses praticables sont moins rapides du fait de la congestion des infrastructures.

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