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dentine radiculaire/colle/système adhésif/tenon fibré par Microscopie Electronique à Balayage

4. DISCUSSION 5 CONCLUSION

3.2 Evaluation des tags de résine

L’ANOVA pour données répétées ne permet pas de mettre en évidence une différence significative entre les deux adhésifs utilisés ni une interaction entre l’adhésif et le niveau d’observation radiculaire. En revanche, il existe une différence significative (p<0,001) en fonction du niveau radiculaire, quelque soit l’adhésif utilisé. Les scores sont significativement différents entre eux et significativement plus élevés en allant du tiers coronaire vers le tiers apical (tableau 6). Les tags de résine sont plus denses, plus longs, avec plus de branches latérales dans les zones coronaires que dans les zones apicales (figure 18).

Traitement Tiers Coronaire 1 mm Tiers Moyen 4,5 mm Tiers Apical 8 mm Total Groupe 1 (Excite DSC*) 2.74 2.22 1.58 2.24* Groupe 2 (AdheSE DC*) 2.91 2.00 1.01 2.08* Total 2.84a 2.10b 1.72c

Tableau 6: Comparaison des moyennes des scores des tags de résine en fonction du niveau d’observation radiculaire et de l’adhésif

*Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein

*

: pas de différence significative entre les adhésifs

a, b, c : les niveaux d’observation avec une lettre différente sont significativement différents

Figure 16 : Observation au MEB : les branches latérales sont nombreuses et les tags présentent un aspect rugueux au tiers moyen après application de l’Excite DSC (Ivoclar Vivadent, Schaan,

Liechtenstein) (x 3600).

(a)

(b)

Figure 17 : observation au MEB : le score 3 est attribué en présence de nombreuses branches latérales sur ces tags longs et denses obtenus au tiers coronaire avec l’AdheSE (Ivoclar, Vivadent, Schaan, Liechtenstein) (x 540 (a), x 2000 (b)).

x 540

L’observation au MEB d’un tenon fibré enduit de colle Variolink II et d’adhésif AdheSE DC (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein) met en évidence une variation de distribution des tags de résine en fonction des différents niveaux radiculaires (figure 18).

Figure 18 : observation au MEB : le tiers cervical du tenon fibré après dissolution du substrat dentinaire montre une distribution très dense des tags de résine AdheSE DC (x 54).

Figure 19 : observation au MEB de la même zone que la figure 18 : les tags sont longs et fins (x 540).

x 540 x 54

Figure 20 : observation au MEB du tiers moyen du tenon : la longueur des tags est moins homogène, associant des zones comparables au tiers cervical et des zones avec des tags courts,

comme s’ils avaient été sectionnés, obturant juste l’entrée tubulaire (x 54).

Figure 21: observation au MEB de la même zone que la figure 20, montrant l’hétérogénéité morphologique des tags (x 540)

x 54

Figure 22 : observation au MEB : le tiers apical du tenon présente des tags de résine rares et des fibres de quartz exposées (x 54).

Figure 23 : observation au MEB : les tags apparaissent rares et très courts, certains semblant même creux (x 540).

x 540 x 54

(a)

(b) Figure 24 : Observation au MEB : la surface du tenon fibré FRC Postec après collage avec l’Excite DSC et le Variolink II (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein), montre de nombreuses branches latérales et des tags de résine à l’aspect rugueux avec une base en cône renversé. (x 540

(a), x 3000 (b)).

x 3000 x 540

4. DISCUSSION

L’hypothèse nulle ne peut pas être rejetée par les tests statistiques : nous ne pouvons pas conclure à une différence significative entre les deux adhésifs utilisés, un automordançant et un monocomposant dual, tant en terme de morphologie de l’interface adhésif-dentine par l’étude qualitative des tags de résine qu’en terme de présence de la couche hybride. Ce résultat rejoint celui de FERRARI et VICHI [78] et PERDIGAO [196]: couche hybride et tags de résine apparaissent avec les deux systèmes adhésifs utilisés (automordançants et dual monocomposant), même si le conditionnement des parois canalaires se fait de manière différente : l’application de l’Excite DSC (Dual-Self-Cure), monocomposant, est précédée d’un mordançage à l’acide phosphorique suivi d’un rinçage, éliminant la boue dentinaire et déminéralisant la dentine sous-jacente. L’automordançant AdheSE DC ne nécessite bien sûr qu’une étape sans rinçage avant l’application du bonding activé. La déminéralisation de la surface dentinaire et l’infiltration par le monomère de ces zones déminéralisées se font simultanément, les acides contenus dans le promoteur étant neutralisés sur la dentine [110].

En termes de continuité et d’uniformité de la couche hybride, notre étude ne met pas en évidence de différence significative entre les deux adhésifs « one-bottle » (figure 14) et « self-etch » (figure 15). FERRARI et VICHI [78] montrent que l’utilisation d’un adhésif dual procure une couche hybride plus uniforme au niveau du tiers apical, comparé à des adhésifs photopolymérisables. En utilisant la même méthodologie d’observation, mais dans des conditions in vivo, VICHI et coll [272] mettent en évidence, au niveau du tiers apical, un collage micromécanique plus efficace par les systèmes adhésifs en trois étapes comparés aux systèmes monocomposants. GREGOIRE [109], BRESCHI [26], BITTER [22] remarquent que la couche hybride apparaît moins épaisse avec les automordançants qu’avec les « etch and rinse ». En effet, la déminéralisation par l’acide phosphorique provoquerait une pénétration plus profonde de l’adhésif par rapport à un automordançant qui ne peut pénétrer la boue dentinaire que de façon incomplète. BITTER [22] ne retrouve pas de variation d’épaisseur de la couche hybride en fonction de la zone radiculaire observée au contraire de FERRARI et MANNOCI [76, 75] qui observent une couche hybride significativement plus fine dans les régions affectées d’une faible densité tubulaire comme celle du tiers apical. Cette réduction

n’influerait pas sur la qualité du collage [110, 127, 247]. PIOCH [206], HASHIMOTO [120] montrent qu’une couche hybride épaisse obtenue après un temps de déminéralisation trop long peut entraîner une réduction de la force de collage si l’hybridation de la dentine est incomplète. Il faut donc considérer la qualité de la couche hybride mais aussi sa continuité. La persistance de gutta percha lors de la mise en forme pour le logement du tenon empêche toute hybridation. La morphologie radiculaire et la préparation du logement radiculaire jouent donc un rôle non négligeable dans la continuité de la couche hybride.

Concernant l’évaluation qualitative des tags de résine par des scores, il apparaît une différence significative en fonction du niveau radiculaire d’observation, indépendamment du système adhésif. Les tags sont de moins en moins denses et longs avec disparition des branches latérales lorsque l’observation progresse vers la région apicale. Notre étude rejoint les résultats de BITTER [22], FERRARI [75, 80], VICHI [272], GRANDINI [107], PERDIGAO [194] et CEBALLOS [37] qui notent une différence significative de longueur et de densité des tags entre les tiers coronaires et moyens et le tiers apical, où les tags ressemblent à des « bouchons obturant les tubules dentinaires». Dans les deux tiers coronaires, nous retrouvons la présence de branches latérales et de tags à la surface rugueuse [74, 75, 107] en forme de cône renversé à la base (figure 24), qui sont plus rares au niveau apical (figure 22). Pour ces auteurs, ces caractéristiques sont significativement plus présentes au niveau apical avec un adhésif dual qu’avec des adhésifs photopolymérisables.

FERRARI [80] recommande d’utiliser conjointement à ces systèmes adhésifs « one-bottle » et « self-etch » des résines de collage auto-polymérisantes ou dual afin d’obtenir un meilleur degré de conversion dans les zones les plus apicales et donc une amélioration des qualités mécaniques [92]. Cette morphologie des tags de résine moins favorable au niveau du tiers apical peut s’expliquer par un accès plus difficile à ce niveau du logement canalaire. Toutefois, l’utilisation d’une microbrossette fournie par le fabricant (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein), spécifique pour les canaux radiculaires, donne de meilleurs résultats au niveau du tiers apical tant en termes d’uniformité de la couche hybride qu’en termes de morphologie et de densité des tags de résine [74]. Elle permet en effet d’accéder plus aisément dans la portion profonde et étroite des canaux radiculaires, d’appliquer une certaine pression sur l’adhésif, optimisant sa pénétration dans le substrat déminéralisé [107].

Alors que les tags de résine se font rares et courts au niveau apical, nous avons observé des longueurs de tags de résine allant jusqu’à 258 microns dans la région cervicale. FERRARI

[76] mesure lui aussi des tags longs de plusieurs dizaines de microns dans une étude in vivo, dans laquelle un tenon en fibres de carbone est collé à l’aide d’un adhésif monocomposant photopolymérisable. TITLEY [254] montre que les tags sont une combinaison de résine et de lamina limitans. Cette structure organique flexible, très riche en glycosaminoglycannes (GAG), borde les tubules dentinaires sur toute leur longueur [252]. Ces GAG résistent aux attaques acides et au NaOCl, ce qui pourrait expliquer leur participation dans la formation de tags particulièrement longs. GIACHETTI [92] explique que la lamina limitans se collapse sur elle-même lorsqu’elle n’est plus supportée par la dentine péritubulaire, justifiant la forme sinueuse et l’absence de fracture de tags très longs. Les tags ne seraient pas entièrement constitués de GAG, mais la résine ne serait pas non plus leur seule composante.

La différence significative de densité et de morphologie des tags de résine en fonction du niveau radiculaire peut s’expliquer en partie par des variations de l’ultrastructure du substrat dentinaire. La dentine radiculaire présente des spécificités morphologiques comparée à la dentine coronaire : HARRAN PONCE [118] montre que l’aire des tubules dentinaires ouverts sur les parois de la chambre pulpaire est significativement supérieure par rapport à toutes les autres surfaces internes dentinaires (34,08% au niveau de la pulpe camérale, 25% au tiers cervical). Les tubules dentinaires ont une forme conique. La forme de l’ouverture varie en fonction de la région dentinaire, en relation avec la morphologie des odontoblastes : au niveau des parois camérales, elle apparaît grossièrement circulaire pour devenir ovalaire au tiers apical de la dent. En effet, ces caractéristiques sont en rapport avec les cellules : cylindriques au niveau coronaire, cubiques au tiers moyen et plates au niveau du tiers apical. La densité des tubules dentinaires est également moins importante dans la pulpe radiculaire que camérale [118, 174], la perméabilité et la surface de collage sont donc diminuées. MJÖR [175] montre une diminution du nombre de tubules dentinaires en direction apicale : de 57600 tubuli/mm² dans la région coronaire à 19600 tubuli/mm² au niveau apical. Au niveau apical, la couche hybride deviendrait donc plus importante que les tags de résine en termes de qualité d’adhésion. L’oblitération des tubules par de la dentine réactionnelle et leur variation de direction peuvent également affecter les propriétés dentinaires et avoir de ce fait une incidence sur le collage [174]. Au niveau de la couche interne de la dentine radiculaire, KAGAYAMA [133] observe que les tubules dentinaires présentent peu de branches par rapport aux couches moyennes et externes. Les caractéristiques morphologiques de la dentine radiculaire pourraient donc expliquer les moins bons résultats en termes d’adhésion au niveau

apical. FERRARI [75] remarque que cette grande variabilité de densité tubulaire existe selon les régions au sein d’une même dent et selon les dents d’un même individu.

La qualité de l’interface entre adhésif et colle peut s’expliquer par la composition chimique semblable de ces matériaux et, concernant l’Excite DSC associé au Variolink II, par l’absence de photopolymérisation entre l’application de l’un et de l’autre [37]. GRANDINI [107] décrit des interfaces entre adhésif, tenon et colle « substantiellement » indemnes de vides ou de bulles. Les décollements rares et discontinus entre tenon et colle (observés sur 3 échantillons) paraissent liés à des artefacts de préparation [80]. VICHI [272] note des vides dans quelques échantillons et les attribue à la pression sous vide créée lors de la métallisation et de l’observation au MEB. Les séquences de décalcification, déprotéinisation puis déshydratation des échantillons suivie de la mise sous vide au cours de la métallisation puis de l’observation au MEB peuvent induire des contraintes [74, 270]. L’adhésion entre la résine qui entoure les fibres de verre et la colle est optimisée par leur composition chimique similaire et la couche de silane [107]. Cette qualité de l’interface améliore l’étanchéité liée au collage. MANNOCCI [156] ne retrouve d’ailleurs aucune percolation entre tenon et colle, à la différence des tenons scellés au ciment au phosphate de zinc.

La couche de colle varie en épaisseur en fonction de l’anatomie radiculaire. Des bulles (diamètre : 20 à 30 microns) y sont inclues dans 73% des échantillons, ce qui peut s’expliquer par le mélange manuel de la base et du catalyseur du VarioLink II ou comme le décrivent certains auteurs [37, 74, 106, 107, 272], par la viscosité de la colle et l’anatomie de la racine. FERRARI [74, 80] met en évidence des bulles au niveau de cette couche de colle dans 20% à 50% des échantillons selon les systèmes adhésifs testés. VICHI [272] observe un pourcentage de bulles (30% à 60 %) augmentant avec la viscosité de la colle. Quant à GRANDINI [107], elle constate un plus grand nombre de bulles ou vides lorsque la photopolymérisation de l’adhésif et de la colle se fait en un temps (30%) qu’en deux temps (10%).

Un rapport intime des différentes surfaces de collage entre elles autorise une adhésion non seulement micromécanique mais également chimique, diminuant le risque de micropercolation et augmentant par là la pérennité de la reconstitution. Le protocole de réalisation clinique d’une reconstitution corono-radiculaire collée doit donc être respecté scrupuleusement et l’indication doit être posée après évaluation des différents paramètres cliniques.

5. CONCLUSION

En conclusion, l’hypothèse nulle ne peut pas être rejetée : il n’y a pas de différence significative entre les deux adhésifs dual, un automordançant AdheSe DC (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein) et un mono composant Excite DSC (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein) associés à la colle Variolink II (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein) pour le collage radiculaire de tenons fibrés Postec FRC (Ivoclar Vivadent, Schaan, Liechtenstein) en ce qui concerne la morphologie de l’interface adhésif-dentine.

Néanmoins, une différence significative existe indépendamment de l’adhésif utilisé, entre les différents tiers d’observation radiculaire (tiers cervical, moyen et apical) : la qualité des tags de résine est moindre en termes de longueur, de densité et de présence de branches latérales au niveau apical comparé aux niveaux d’observation cervicaux et moyens de la racine. [184]

B. Etude de l’étanchéité radiculaire par la méthode de