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Evaluation de la comp´etence vectorielle

1.2 La capacit´e et la comp´etence vectorielles

1.2.3 Evaluation de la comp´etence vectorielle

Comme pr´ec´edemment expos´e, la d´etermination de la comp´etence vectorielle est

indispen-sable pour ´evaluer finement le potentiel de transmission des arbovirus par les vecteurs. ´Etant

donn´e que la comp´etence vectorielle est  unique  et caract´eristique `a chaque

combinai-son moustique/virus (Lambrechts 2011 ; Lambrechts et al. 2005), d´efinir les couples mous-tique/virus les plus performants est essentiel pour l’analyse du risque ´epid´emiologique. En ef-fet, l’´evaluation de la comp´etence vectorielle permet de pr´edire les risques ´epid´emiologiques que

repr´esente l’introduction d’un arbovirus dans un environnement o`u les populations de

mous-tiques locaux peuvent pr´esenter une bonne r´eceptivit´e `a l’infection virale. Ceci contribue `a iden-tifier les localit´es ayant besoin d’un renforcement de la surveillance ´epid´emiologique (i.e. control et isolement des cas import´es). En mˆeme temps, l’´evaluation de la comp´etence vectorielle per-met de connaˆıtre la PIE d’un arbovirus donn´e chez le vecteur d’int´erˆet, ce qui apporte des ´el´ements indispensables pour la mise en place d’une lutte antivectorielle adapt´ee et le condi-tionnement de la strat´egie de surveillance ´epid´emiologique.

Arbovirus et Transmission vectorielle L’´evaluation de la comp´etence vectorielle est effectu´ee en laboratoire en utilisant des in-fections exp´erimentales. L’infection est r´ealis´ee suivant une adaptation du protocole d´ecrit par

Vazeille et al. (2007). Tout d’abord, des milliers de moustiques de l’esp`ece et de la

popu-lation d’int´erˆet sont ´elev´es sous des conditions contrˆol´ees de nutriments, temp´erature, humi-dit´e et photop´eriode, ce qui permet d’avoir une homog´en´eit´e dans la taille et un bon ´etat des individus. Pour chaque population de moustiques, des lots de 60 femelles ˆag´ees de 7 jours sont isol´es dans des boˆıtes `a fond amovible. Les femelles sont mises `a jeun 24h avant l’in-fection pour optimiser le taux de gorgement lors du repas artificiel qui a lieu dans un labo-ratoire de s´ecurit´e de niveau 3 (L3). Le jour de l’infection exp´erimentale, un m´elange infec-tieux contenant du sang de lapin et une suspension virale de titre connu est propos´e aux

fe-melles `a l’aide de gorgeurs chauffants qui maintiennent la temp´erature `a 37C, et des

cap-sules recouvertes d’une peau du poulet d´egraiss´ee ou d’intestin du porc (syst`eme Hemotek ).R

Au terme du repas, les femelles sont anesth´esi´ees sur glace, et celles qui sont pleinement gorg´ees sont conserv´ees et transf´er´ees dans des boites en carton(Figure 7). Un coton imbib´e d’une so-lution d’eau sucr´ee `a 10% est fourni pour l’alimentation des femelles pendant la dur´ee de l’in-cubation post-infection (pi).

Figure 7 – Protocole d’infection exp´erimentale de moustiques en laboratoire du niveau de s´ecurit´e 3. (A) Boˆıte `a fond amovible contenant les femelles de moustique. (B et C) Dispositif Hemotek deR gorgement artificiel. (C) Transfert des femelles gorg´ees dans des boˆıtes en carton.

Les diff´erentes ´etapes du d´eveloppement de l’arbovirus dans le vecteur sont prises en compte 23

Arbovirus et Transmission vectorielle

pour l’´evaluation de la comp´etence vectorielle. Dans nos exp´eriences, nous ´evaluons principale-ment les param`etres suivants :

– Taux d’infection : correspondant `a la proportion de femelles pr´esentant le tube digestif infect´e parmi les femelles analys´ees ayant surv´ecu.

– Taux d’infection diss´emin´ee : correspondant `a la proportion des femelles avec

ailes/pattes ou tˆete infect´ees parmi les femelles ayant le tube digestif infect´e. Ceci per-met d’´evaluer la capacit´e du virus `a franchir la barri`ere du tube digestif du moustique et de diss´eminer dans l’h´emoc`ele.

– Efficacit´e de diss´emination : correspondant `a la proportion des femelles avec

ailes/pattes ou tˆete infect´ees parmi les femelles analys´ees ayant surv´ecu.

– Taux de transmission : correspondant `a la proportion des femelles pr´esentant la salive infect´ee parmi les femelles ayant assur´e la diss´emination virale (femelles avec la tˆete, les pattes ou les ailes infect´ees).

– Efficacit´e de transmission : correspondant `a la proportion de femelles pr´esentant la

salive infect´ee parmi les femelles analys´ees ayant surv´ecu.

Ainsi, le taux d’infection diss´emin´ee et l’efficacit´e de diss´emination permettent d’´evaluer la capacit´e du virus `a franchir la barri`ere du tube digestif du moustique et de diss´eminer au-del`a, tandis que le taux et l’efficacit´e de transmission indiquent que le virus a franchi l’ultime barri`ere des glandes salivaires pour ˆetre lib´er´e dans la salive du moustique. Par cons´equent, le taux et l’efficacit´e de transmission sont les principaux param`etres qui permettent l’´evaluation du risque ´epid´emique associ´e `a la transmission d’un virus donn´e par des moustiques locaux (transmission autochtone).

Pour estimer le taux et l’efficacit´e de transmission, la salive des moustiques doit ˆetre r´ecup´er´ee. La technique de collecte de salive pour d´eterminer la pr´esence du virus est d´ecrite depuis 1966 (Hurlbut 1966). Plusieurs m´ethodes ont ´et´e par la suite d´evelopp´ees, notam-ment l’utilisation de tubes capillaires remplis de sang d´efibrin´e (Aitken 1977), d’huile d’im-mersion (Colton et al. 2005), d’huile min´erale ou de s´erum de veau fœtal (Smith et al. 2005). Dans notre laboratoire, la collecte de salive est r´ealis´ee suivant une adaptation du protocole d´ecrit par Dubrulle et al. (2009). Il s’agit d’une technique de salivation forc´ee : apr`es avoir ˆot´e les ailes et les pˆates des femelles, le proboscis de chaque femelle est introduit dans un cˆone de 20 µL contenant du s´erum de veau fœtal (SVF) (Figure 8). Apr`es 30-45 min, le contenu du cˆone

Arbovirus et Transmission vectorielle est transf´er´e dans un tube Eppendorf contenant du milieu L-15 (Leibovitz). Lorsque tous les ´echantillons ont ´et´e g´en´er´es, leur statut infectieux ainsi que le nombre des particules virales in-fectieuses est d´etermin´e par titrage viral sur des cellules d’insectes (i.e. C6/36) ou de mam-mif`ere (i.e. Vero).

Figure 8 – Technique de salivation forc´ee de moustiques. Les cˆones de pipette contiennent 5 µL de s´erum de veau.