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CHAPITRE III : STRATEGIE DU VOLET SUIVI ECOLOGIQUE /CONSERVATION

I. Activités conduites sur fonds propres

I.1. Etude de la végétation

I.1. Etude de la végétation

I.1.1. Collaboration avec le Centre Commun de Recherche (CCR ou JRC -Joint Research Center-) d’Ispra

Cette collaboration concerne en premier lieu la composante SIG du Projet CURESS. En effet, les informations fournies par le CCR seront réceptionnées par le responsable du SIG, traitées et analysées à des degrés divers puis diffusées aux intéressés et utilisateurs, c’est-à-dire surtout le Volet Suivi Ecologique/Conservation et le Volet Développement Local.

1.1.1. Suivi des feux de brousse

Cette collaboration avait été initiée en 2003, en parallèle avec l’installation du Système d’Information Géographique (SIG) du Parc. Elle n’a pas été maintenue alors que le CCR est en mesure de permettre un suivi des feux de brousse tant au niveau de l’aire protégée que de la zone périphérique.

L’information est fournie sous forme d’images satellitales qui permettent une cartographie des feux en « temps réel » selon un intervalle restant à fixer entre les parties. Le Projet, de son côté, peut contribuer à optimiser cet échange en fournissant des informations de terrain à la demande du CRR (Type de végétation brûlée, espèces dominantes, biomasse, etc.).

1.1.2. Suivi des inondations annuelles

Ce suivi pourrait être demandé au CCR selon les mêmes termes de collaboration que pour les feux de brousse, si cela est possible.

Les informations relatives à ces suivis concernent directement la végétation et les études qui peuvent lui être associées, en particulier au niveau de la régénération et de la biomasse. Il en résulte des implications directes sur la distribution des grands mammifères.

I.1.2. Régénération des peuplements ligneux

Les travaux conduits sur la végétation et la flore et en parallèle sur l’impact du pâturage des éléphants sur les peuplements ligneux, entre 2000 et 2006, ont mis en évidence une dégradation locale des savanes. La pression de pâturage des pachydermes est très variable d’une région à l’autre du Parc, dépendant de la densité des peuplements et des ressources en eau.

Les savanes à Acacia seyal, principalement distribuées sur les vertisols dans l’Est du Parc, sont les plus sévèrement affectées par le pâturage des éléphants. Cette espèce est d’une part très appétée et forme d’autre part des peuplements plus ou moins monospécifiques dans lesquels les animaux ont un effort peu important à faire pour avoir accès à la ressource.

Très peu d’informations sont disponibles sur la régénération des espèces ligneuses au sein de ces savanes. Les inventaires réalisés en 2004 ont montré une régénération relativement faible de la plupart des espèces mais ils avaient été réalisés au cœur de la saison sèche et donc trop pour que les plants et rejets de souche soient tous feuillés et identifiables.

Il existe dans le Parc plusieurs zones dans lesquelles une étude de cette régénération pourrait être conduite:

- des savanes à Acacia seyal totalement détruites, réduites à de vastes superficies dépourvues de matériel ligneux;

- des savanes à Acacia seyal très dégradées mais déjà en cours de reconstitution bien que soumises au pâturage des éléphants;

- des savanes à Acacia seyal partiellement dégradées dans lesquelles les Acacia sont les principaux ligneux affectés;

- des savanes à Acacia seyal qui, à la suite de leur exploitation par les animaux (et certainement des épisodes de sécheresses récurrentes et des feux de brousse), ont évolué ou évoluent vers des formations arborées à Acacia sieberiana. Il s’agit dans ce cas d’une « transformation » ou d’une « modification » de milieu, certainement temporaire et non obligatoirement d’une « dégradation ».

Un protocole d’étude et de suivi pourrait être mis en place dans chacun de ces différents types de végétation:

- Identifier les sites: en véhicule ou à partir de survol de façon à ce qu’ils soient accessibles en toutes saisons (voiture, cheval, à pied).

- Matérialiser les placettes d’inventaires: l’utilisation de piquets métalliques n’est pas envisageable car ils seront couchés par les éléphants (ou les buffles) ou arrachés par les braconniers. Un dispositif efficace et pérenne consiste à enterrer des plots en béton de 90 x 40 x 40 cm, au centre et dans un coin de chaque placette, en les laissant dépasser de 10-15 cm et d’en prendre les coordonnées géographiques. Il est ensuite facile de reconstituer le périmètre de la placette, de la matérialiser avec des piquets et un ruban pour en effectuer l’inventaire.

- Collecter les données: elles correspondent à celles d’un inventaire de végétation avec en complément les informations sur la régénération:

• arbres et arbustes - espèce, taille, diamètre, couvert;

• régénération - espèce, origine (plant, rejet), taille, diamètre (compte tenu des classes définies), couvert;

• espèces herbacées: espèce, abondance.

L’inventaire des ligneux, au sein de chaque placette est exhaustif. Un échantillonnage pour les herbacées est suffisant par la méthode du point quadrat, par exemple, dans les formations basses, permettant d’obtenir un coefficient d’abondance et même un biovolume (Daget et Poissonnet (1991). Pour les herbacées de grande taille > 2 m (tapis graminéen à Andropogoneae), la méthode décrite par Daget et Konaté (1996) pourrait être utilisée. Elle consiste à faire des observations dans chaque placette à l’aide d’un quadrat en forme de U de 1 m de côté. Dans chaque relevé, la liste des espèces est pondérée par une note d’abondance-dominance et les notes sont ensuite additionnées pour obtenir la pondération définitive des espèces.

1.2.2. Savanes à Combretaceae

L’impact du pâturage des éléphants dans les savanes à Combretaceae est moins spectaculaire du fait de peuplements multi-espèces et de structure plus complexe que dans les savanes à Acacia

seyal.

Un protocole semblable à celui défini pour les savanes à Acacia peut être utilisé pour les savanes à Combretaceae lorsque des dégradations sont évidentes.

Un suivi de telles savanes serait également intéressant lorsqu’elles sont en contact avec les plaines herbeuses marécageuses. Les formations à Combretaceae qui bordent la savane de Rigueik sont, par exemple, localement très dégradées (frange à Piliostigma reticulatum).

Le protocole consisterait alors à effectuer des inventaires dans des placettes distribuées sur des transects (1 km de long) rayonnant à partir de la plaine et traversant les différents types de végétation. Les données collectées permettraient ainsi de quantifier l’impact du pâturage des éléphants, en fonction de la distance à l’eau, tout en évaluant la régénération dans les différents habitats.

Les études prioritaires demeurent cependant pour les savanes à Acacia seyal. Une étude semblable pourrait être également conduite, en parallèle, dans la zone périphérique du Parc lorsque les parcelles de culture de berbéré sont abandonnées à la jachère. Certaines se reboisent rapidement en Acacia seyal et une comparaison entre la régénération dans le Parc et en dehors, certes dans des conditions différentes, serait intéressante.

La chute des effectifs de la population d’éléphants constitue une opportunité pour lancer de telles études. La réduction du pâturage des pachydermes, depuis la reprise du braconnage en 2006, se remarque déjà dans certaines savanes où la régénération réussit à s’installer et où les jeunes arbres s’installent. D’autres peuplements, au préalable soumis aux passages répétés des animaux, se reconstituent à partir des souches du fait de l’arrêt de prélèvements ou d’une pression beaucoup moins forte.

Dans les deux types de savanes, la périodicité des inventaires pourrait être de 2-3 ans.

I.1.3. Carte de la végétation du Parc

Sous l’impact du pâturage des éléphants, des feux de brousse et des épisodes récurrents de sécheresse la végétation du Parc, au moins pour certaines unités, est en constante évolution. La transformation de certaines savanes à Acacia seyal en savanes à Acacia sieberiana constitue certainement un stade transitoire ne signifiant pas obligatoirement une dégradation du milieu. Il s’agit davantage d’une « transformation » ou d’une « modification » de ce dernier. Un autre facteur, qui agit sur les peuplements d’Acacia seyal et participe à leur affaiblissement est le développement des « guis » (Agelanthus dodoneifolius en particulier) qui occupent parfois plus de la moitié de la cime des arbres. Ce phénomène est particulièrement remarquable dans les savanes situées à l’Ouest du Bahr Tama. La dernière version de la carte, produite par le CIRAD/ULB/LRVZ en 2007, a partir des inventaires conduits entre 2004 et 2006 par le Volet Suivi Ecologique/Conservation a permis d’affiner la typologie de la végétation du Parc mais elle demeure encore imprécise. En complément de l’évolution de certaines formations certaines unités de végétation, de superficie réduite, ne sont pas discernables sur les images satellitales alors qu’elles sont parfaitement bien différenciées des autres sur le terrain. C’est le cas, par exemple, des savanes à:

• Acacia sieberiana qui se sont substituées (récemment) aux savanes à Acacia seyal (environnement de Zakouma);

• Terminalia avicennioides (Est du Parc); • Terminalia laxiflora (Ouest du Parc);

• Ziziphus mauritiana et Bauhinia rufescens le long des forêts galeries;

• Anogeissus leiocarpa, monospécifiques sur les sols à effondrements et nodules calcaires (Ouest du Parc);

• Anogeissus leiocarpa et Acacia polyacantha subsp. campylacantha sur les sols à effondrements et nodules calcaires (Ouest du parc);

• Acacia nilotica dans les dépressions hydromorphes; • etc….

L’avion de la WCS constitue un excellent moyen pour apporter ces informations complémentaires à la carte de la végétation du Parc.

Les formations végétales les mieux différenciées peuvent être délimitées en utilisant un GPS. Les points relevés, introduits dans ArcView, permettront de définir de nouvelles unités ou sous-unités de végétation.

Ce travail peut être réalisé lorsque l’avion est disponible ou lors de toute autre opération. Il suffit de peu de temps pour circonscrire une unité de végétation. De plus, cette activité constituerait un moyen d’habituer les éco-gardes aux conditions de survol et d’acquérir les compétences et réflexes nécessaires au relevé d’observations de qualité.

Une carte de la végétation fiable constitue un outil indispensable pour la définition des protocoles de recherche, la localisation des placettes d’inventaires ou la cartographie de la distribution de la faune. Elle pourra également servir de référence pour une cartographie de la zone périphérique ou de certaines localités, en référence aux images satellitales. Ces dernières ne dispensent pas des vérifications de terrain et l’expérience acquise au niveau de l’aire protégée sera très utile pour une définition rigoureuse des types de végétation bordant le Parc.

I.1.4. Herbier de référence du Parc

L’herbier du Parc, commencé en 2003, compte près de 2 500 spécimens. Il concerne aussi bien les plantes ligneuses qu’herbacées. Bien que les conditions de conservation (climat, locaux non climatisés, parasites) soient difficiles, l’équipe du Volet Suivi Ecologique/Conservation a fait peu d’efforts pour maintenir cette collection en bon état. Le manque de moyens informatiques a conduit à abandonner l’étiquetage des spécimens qui aurait pu, alors, être fait manuellement.

Un tel herbier constitue un outil de travail, utile et indispensable lors des inventaires de la végétation ou des études sur la biomasse herbacée. De plus, il constitue une référence quant à la diversité végétale de l’aire protégée. Il serait donc souhaitable que cette collection ne disparaisse pas et qu’elle soit, au contraire, enrichie.