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Nous l’avons vu, les patients traités par biothérapie attendent de leur pharmacien un véritable rôle de conseiller en matière de santé. Les biothérapies sont des traitements relativement récents et surtout très complexes. Cette seconde étude organisée par le conseil de l’ordre des pharmaciens de Haute-Normandie a permis de faire un état des lieux auprès des officinaux de Seine-Maritime et de l’Eure afin d’évaluer s’ils se sentaient suffisamment formés pour la délivrance de ces thérapeutiques non dénuées d’effets secondaires. Notons qu’il est regrettable que seulement 14% des officines de Haute-Normandie (soit 76 officines) aient répondu à l’enquête. Cette enquête ne concernait bien sûr que les biothérapies disponibles en ville en novembre 2009 à savoir Enbrel®, Humira® et Kineret®.

Sur les 76 officines interrogées, 63 soit 83% avaient délivré une des trois spécialités au cours des six derniers mois précédents l’enquête. Ceci met en avant une nouvelle fois deux points importants, premièrement que les patients traités par biothérapies sont de plus en plus nombreux et deuxièmement qu’une très large majorité des officines est confrontée à ce type de délivrance. Rappelons également que la fréquence de ces délivrances en officine est croissante. S’informer et se former sur les biothérapies représente donc un enjeu majeur pour tous les pharmaciens officinaux.

Le questionnaire distribué aux officinaux a donc aussi permis de détaillé plus précisément si les pharmaciens s’estimaient assez bien formés pour être en mesure de conseiller le patient face à différentes situations. Le tableau suivant récapitule les résultats obtenus (figure 64) :

Questions posées par l’enquête OUI NON

Ne se prononce

pas

Votre malade était-il au courant des modalités

d’injection ou lui avez-vous expliqué ? 68% 11% 11% Avez-vous donné des conseils relatifs à la

surveillance du traitement ? 39,5% 39,5% 21% Vous sentez-vous assez formé pour les

conseils à donner lors de la délivrance d’une biothérapie ?

13% 75% 12%

Vous sentez-vous assez formé pour les conseils à donner pour son association à un

autre traitement ?

17% 71% 12%

Vous sentez-vous assez formé pour les conseils à donner pour les précautions à

prendre lors d’une vaccination ?

20% 72% 8%

Vous sentez-vous assez formé pour les conseils à donner si une infection se

développe chez le malade ?

Vous sentez-vous assez formé pour les conseils à donner s’il a une réaction au lieu

d’injection ?

29% 66% 5%

Vous sentez-vous formé pour les conseils à donner sur les précautions à prendre lors

d’un voyage ?

30% 67% 3%

Avez-vous informé votre malade sur les

risques possibles ? 33% 45% 22%

Figure 64 : Synthèse des résultats de l’étude menée auprès des officinaux de Haute- Normandie.

A la première question, « Votre malade était-il au courant des modalités d'injection ou lui avez-vous expliqué ? » 68% des pharmaciens ont répondu positivement. Ce bon résultat s’explique probablement par deux phénomènes, tout d’abord les patients sont souvent bien informés par les équipes médicales hospitalières sur les conditions d’administration de leur traitement. L’éducation thérapeutique que font ces services est donc très utile. La deuxième hypothèse qui explique ce résultat peut-être le fait que ces traitements sont de plus en plus souvent utilisés sous forme de stylos auto-injecteurs très pratiques et simples d’utilisation. Les officinaux connaissent bien les modalités d’utilisation de ces formes galéniques puisque bon nombre de diabétiques sont traités par insuline sous forme de stylos pré-remplis similaires à ceux utilisés pour s’auto-administrer les biothérapies.

Près de 40% des pharmaciens déclarent avoir donnés des conseils relatifs à la surveillance du traitement mais seulement 13% se sentent suffisamment formés pour les conseils à donner lors de la délivrance d’une biothérapie. Ces deux résultats sont liés mais pas nécessairement incohérent, ne s’estimant pas assez formé pour conseiller le patient lors de la délivrance d’une biothérapie, les conseils relatifs à la surveillance du traitement donnés étaient peut-être des conseils plus généraux comme le bon respect de la posologie ou la surveillance de l’apparition d’un effet non souhaité. Ainsi, il aurait été intéressant de savoir quels étaient les conseils donnés lors de la dispensation et s’ils étaient spécifiques aux biothérapies.

Globalement donc, 75% des pharmaciens ne se sentent pas assez formés pour accompagner la délivrance d’une biothérapie de conseils adaptés. Il est donc tout à fait

logique de retrouver des résultats assez proches (autour des 70% de réponse négative) pour les différentes situations proposées dans les questions suivantes. Ces situations particulières font justement partie des thèmes sur lesquels les patients sont les plus à même de demander conseil auprès de leur pharmacien. Le fait que moins d’un tiers des pharmaciens s’estiment apte à y répondre démontre un manque flagrant de formation et d’information.

Notons également que seul un tiers des pharmaciens informe son patient sur les risques possibles de ces traitements. Cependant, comme pour les modalités d’administration, les patients sont souvent très bien informés par les services hospitaliers spécialisés à l’instauration de ces traitements. De plus si le pharmacien doit rappeler certains conseils systématiquement lors de la délivrance du traitement, il ne rappelle pas toujours au patient les risques possibles lorsque ce dernier prend son traitement depuis plusieurs mois voire plusieurs années. Les risques possibles des traitements sont donc plus souvent abordés lors des premières dispensations que lors des renouvellements.

Dans l’ensemble, cette étude met en évidence un cruel manque de formation des officinaux sur ces récentes classes thérapeutiques. Plusieurs pistes peuvent être envisagées pour sécuriser la délivrance et améliorer le suivi des patients traités par biothérapies par les pharmaciens d’officine mais cela passe avant tout par une meilleure connaissance de ces médicaments. La réalisation et la mise à disposition auprès des officinaux de fiches conseils pour ces biothérapies constitue un premier pas dans cette voie.

2/ 3/ Les fiches conseils pour les