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Les traitements symptomatiques et les traitements de fond ont déjà été décrits précédemment donc je ne rappellerai ici que les grands axes de bon usage des médicaments et les conseils généraux que le pharmacien doit délivrer en même temps que l’ordonnance. Les biothérapies et le rôle du pharmacien dans leur dispensation seront abordés ultérieurement (Partie 3 : 2/ Délivrance à l’officine des biothérapies et du méthotrexate).

Le patient polyarthritique est souvent un malade polymédicamenté. En effet en plus du traitement de la polyarthrite, il est généralement amené à suivre un traitement contre les dyslipidémies, contre les troubles cardio-vasculaires et pour prévenir l’ostéoporose. Le respect de la posologie et des précautions d’emploi de chaque médicament est primordial pour éviter au maximum la recrudescence de la maladie et, dans la mesure du possible, pour tendre vers la rémission. L’officinal doit donc accompagner sa délivrance de médicaments de conseils, tout aussi indispensables pour le patient concernant différents domaines :

- le but du traitement :

Pour assurer une bonne prise en charge et un bon suivi du traitement, le patient doit connaître le rôle de chacun de ses médicaments. Il doit être capable de classer ses traitements selon leur but : antalgique, anti-inflammatoire, traitement de fond, supplémentation (calcium, acide folique…), ostéoporose…Le pharmacien doit aider le patient à comprendre son traitement, condition indispensable à la bonne compliance et à la réussite de la stratégie thérapeutique.

- la posologie :

Le respect de la posologie est à la base de l’efficacité du traitement. Il faudra être particulièrement attentif pour les médicaments ayant une posologie autre qu’hebdomadaire (comme le méthotrexate ou les anti-TNFα). En effet la prise journalière d’un médicament s’inscrit souvent dans une forme de routine que le patient respecte mais dès lors que le traitement présente un rythme particulier d’administration, hebdomadaire, bimensuel ou autre, le patient est susceptible d’oublier sa prise ou de la décaler par rapport à l’horaire prévu. Le pharmacien peut en partie contrôler l’observance du malade en comparant la fréquence des délivrances des médicaments avec la posologie donnée par le prescripteur. Ceci est d’autant plus facile si le patient est « fidèle » à sa pharmacie ou s’il a ouvert son dossier pharmaceutique.

- le moment de prise :

On peut distinguer le moment de prise dans la journée du moment de prise par rapport aux repas. Certains médicaments se prennent plutôt le matin, d’autres le midi ou le soir ; c’est dans le rôle du pharmacien de le rappeler aux patients à chaque délivrance. Il en va de même pour la prise par rapport aux repas, par exemple les AINS devront toujours être pris au milieu des repas pour en limiter les effets indésirables digestifs.

- la gestion des effets indésirables :

Le pharmacien doit savoir conseiller le patient pour limiter les risques d’effets indésirables (par exemple rappeler l’importance de désinfecter la peau avant l’injection d’un anti-TNFα). Si ces conseils ne suffisaient pas à éviter la survenue d’un effet indésirable ou s’il n’était pas

évitable, alors le pharmacien devra savoir reconnaître un effet secondaire peu gênant n’obligeant ni l’arrêt du traitement ni une consultation médicale (comme par exemple un léger prurit après injection d’un anti-TNFα dans les premiers jours de traitements) d’un effet indésirable potentiellement grave imposant une consultation médicale d’urgence (comme une fièvre inexpliquée ou une infection chez un patient traité par anti-TNFα par exemple). Je m’attarderai davantage sur les conseils liés à la délivrance des anti-TNFα ultérieurement (cf partie 3 : 2/ Délivrance à l’officine des biothérapies et du méthotrexate).

- les examens biologiques de suivi :

Comme nous l’avons vu précédemment, la très grande majorité des traitements de fond de la polyarthrite rhumatoïde nécessitent des examens biologiques de surveillance. Le pharmacien doit s’informer du bon respect de ces examens auprès des patients. En effet la surveillance biologique (numération formule sanguine, dosage des plaquettes….) est importante pour dépister une intolérance à un traitement ou une réaction anormale du patient vis-à-vis de ce médicament. Ces résultats seront, dans l’idéal, consignés dans le carnet de suivi du malade pour permettre un meilleur suivi de la maladie. L’officine sert souvent d’intermédiaire entre le laboratoire d’analyse médicale et le patient aussi bien pour transmettre les échantillons que pour remettre les résultats aux patients. Le pharmacien peut donc être amené, à la demande du patient bien évidemment, à commenter et expliquer dans une certaine mesure ses résultats et donc à le conseiller sur la démarche à suivre en cas d’irrégularités.

Le pharmacien est également souvent amené à conseiller les patients pour différentes pathologies bénignes de la vie courante. Face à un patient polyarthritique le pharmacien redoublera de prudence dans son conseil. Le premier risque est d’interférer avec le traitement du malade (par exemple de conseiller un AINS alors que le patient en prend déjà un au long cours) et donc d’augmenter les risques d’effets indésirables ou de recrudescence des symptômes de la maladie. Le second risque sera de sous-estimer l’importance de la pathologie, amenant à la demande de conseil, compte tenu du terrain particulier du malade. Par exemple, une toux hivernale peut être bénigne chez un individu en bonne santé générale mais elle nécessite une consultation médicale chez un patient traité par méthotrexate. De la même manière, une infection cutanée même limitée devra être prise très au sérieux chez un patient traité par anti-TNFα.

Tous ces conseils que le pharmacien d’officine doit délivrer au patient font partie intégrante de la prise en charge du malade. Dans tous les cas, l’officinal devra également rappeler au patient polyarthritique que toute automédication est à proscrire. Précisons, qu’en aucun cas le pharmacien ne devra se substituer au médecin et aller au delà de ses prérogatives.