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ETUDE ARCHITECTURALE DES EDIFICES NEO-MAURESQUES EN ALGERIE

CHAPITRE 2: LA PRODUCTION NEO-MAURESQUE A SKIKDA

III. ETUDE ARCHITECTURALE DES EDIFICES NEO-MAURESQUES EN ALGERIE

III.1. Le deuxième visage de la France : le style protecteur

Après la conquête militaire de l‟Algérie, la France engage la gestion politique de sa colonie, ou elle s‟oriente vers la constitution d‟une nouvelle image civilisatrice, protectrice respectueuse des traditions indigènes soucieuses des différences. Cette nouvelle politique du protectorat, va apporter une nouvelle démarche et une idéologie spécifique pour s‟imposer dans le champ des grandes réalisations urbaines en Algérie.

Pour réussir cette nouvelle image, différents moyens matériels et symboliques vont être fournis par la métropole, parmi les le nouveau intérêt manifesté aux monuments arabes et maisons mauresques.

III.2. Type des édifices construits dans ce style

Le style néo-mauresque ou le style Jonnart est devenue style officiel en Algérie après le circulaire instauré par C.C. Jonnart en 1905, qui ordonna le développement d‟un nouveau style architectural réconciliant Lorient et L‟occident.

Planche N° 08 : La décoration

Photo1: Panneau de décoration végétale (gare d‟Annaba).

Source :www.google.dz/images(2 013)

Photo2: Panneau de mosaïque (hôtel de ville de Skikda).

Source :www.google.dz/images(2 013)

Photo3: Panneau en stuc et calligraphie (palais bengana à Skikda).

Source :www.google.dz/images(2 013)

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Afin de matérialiser cette nouvelle image, plusieurs circulaires vont officialiser la directive de l‟administration coloniale instituant le style néo-mauresque en tant que style officiel de l‟état. Au début cette décision a concernée seulement les établissements scolaires comme les medersas et les écoles et les édifices de cultes comme les mosquées.

En effet, l‟école coranique située à proximité du mausolée de Sidi-Abderahmane, dans la Basse-Casbah, est le premier édifice construit dans le style néo-mauresque. La Medersa, “destinée à l‟enseignement supérieur des jeunes indigènes”, a été inaugurée en octobre 1904 par le ministre de l‟Instruction publique et des Beaux-arts.

Après l‟émergence de cette idéologie, ce style va être imposé aux constructions administratives et publiques et aux édifices communaux comme : les hôtels, les postes, les mairies, les gares et les banques, et enfin il a arrivé aux villas et aux palais.

Alger et les grandes villes se dotent d‟édifices utilisant un vocabulaire faisant référence à la culture locale : des medersas, des écoles, des postes, des mairies, des gares, des mosquées…un programme similaire a été appliqué, de Constantine, Bône, et après Skikda à l‟Est, à Oran et Tlemcen à l‟Ouest, les architectes ont construits des édifices types dans ces villes, notant l‟exemples de la médersa d‟Alger (1905), l‟architecte Henri Petit conçoit celle de Tlemcen. De son côté Albert Ballu réalise la medersa de Constantine en 1909 et la gare d‟Oran. Enfin, La plus grande richesse de ce style a été réalisée à Alger : « le siège de La Dépêche algérienne (1906), actuel siège du Rassemblement national démocratique, la Grande Poste (1910), la Préfecture d‟Alger (1913), actuelle Wilaya, ou Les Galeries de France (1914), actuel musée d‟Art moderne d‟Alger (MAMA) »1.

III.2.1 Les médersas

Les médersas ont été les premiers modèles d‟interprétation de l‟art mauresque, qui reflètent une image rassemblant la tradition et la modernité.

Le nom Medersa apparait sous plusieurs vocations, il signifie à la fois collège, académie, et université. Les autorités françaises ont institué trois medersas en Algérie : à Constantine, Tlemcen et Alger. En 1905, la France inaugurait la fameuse «Medersa » de Tlemcen.

L‟école, lieu de transmission de la culture laïque en 1902 est ainsi le premier équipement concerné par la nouvelle orientation. Ce choix stratégique s‟appliquera en tout premier lieu, aux médersas avec l‟objectif d‟adapter l‟enseignement religieux musulman à l‟enseignement républicain.

III.2.1.1 La Medersa de Constantine

La medersa de Constantine, compte parmi les édifices remarquables de style néo-mauresque élevés en Algérie. Située dans la rue Lrabi Ben M‟hidi, occupant une place centrale dans cette rue « trik Djedida », cet endroit stratégique représente le point de jonction entre les tissus local et colonial. L‟œuvre de l'architecte ALLBERT BALLU, fut construite entre 1906 et 1909 et inaugurée en 1909 par les autorités coloniales.

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Cette medersa a été une Ecole Française Arabe destinée à former des fonctionnaires de l'administration coloniale dans l'intention de disposer d'auxiliaires musulmans, qui devaient assurer la liaison avec les indigènes pour garantir une domination plus efficace.

L‟édifice présente une grande valeur architecturale et décorative qui reflète clairement ce nouveau style colonial. Par ses coupoles vertes flanquant le dôme central, par son magnifique portail qui se réfère aux portes de l‟art ottoman. Mais le gabarit et l‟aspect massif de l‟édifice ainsi que la taille des ouvertures rompent totalement avec la tradition maghrébine en particulier et arabo-musulmane généralement.

A l‟intérieur de la medersa, une richesse dans le choix des éléments architecturaux et artisanaux ou on voit l‟emploi des colonnes avec des chapiteaux, une variété des arcs, une décoration florale et végétale très fine en faïence et en marbre, ainsi l‟utilisation du bois ouvragé pour les moucharabiehs.

Planche N° 09: La Medersa de Constantine

Photo1: Vue sur le hall et l‟entrée principale, délimitée par des galeries d‟arcs.

Source : Boulbene-Mouadji Ines Feriel, « Le style néo-mauresque en Algérie fondement-portée-réception », Mémoire de Magister, Université Mentouri de Constantine, Février 2012.

Photo2:Insertion de la Medersa de Constantine dans le front urbain de la vielle ville.

Source : Boulbene-Mouadji Ines Feriel, « Le style néo-mauresque en Algérie fondement-portée-réception », Mémoire de Magister, Université Mentouri de Constantine, Février 2012.

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III.2.2 Les gares

III.2.2.1 La gare « Karguentah » d‟Oran

Cette gare fut construite par l‟architecte Marius Toudoire (1852-1912) pour la compagnie française des chemins de fer. Cette belle construction fait partie du vaste répertoire du patrimoine bâti issu de la colonisation française en Algérie. Sa réalisation s‟inscrit dans le cadre d‟une politique coloniale d‟aménagement et d„équipement outre-mer qui, par arrêté ministériel du 4 février 1857, prévoyait la création d‟un réseau de chemins de fer pour relier les principaux ports algériens entre eux et avec les villes de l‟intérieur du pays.

C'est un beau monument de style hispano- mauresque, tant par son architecture extérieure que par sa décoration intérieure. Notons son minaret carré une inspiration de l‟architecture andalouse maghrébine associée à la référence ottomane. Sa grande coupole rappelle l‟architecture des mosquées, permettant par ces qualités techniques d‟aménager des vastes espaces d‟une fluidité remarquable. Aussi, la tour avec sa petite coupole rappelle les minarets algériens (mosquée Sidi Bou Mediene à Tlemcen, mosquée du Pacha à Oran).

Par contre, l‟horloge se présente comme symbole de la colonisation, signifiant les premiers moments d‟une Algérie coloniale.

Planche N°10: La Gare d’Oran

Photo1: la façade principale avec l‟entrée principale, délimitée par des galeries d‟arcs surmontés d‟un auvent en bois.

Source :www.google.dz/images(2013)

Photo1: vue sur le hall de la gare ou on voit la richesse décorative en mouquarnas et le guichet en bois ouvragé. Source :www.google.dz/images(2013)

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III.2.3 Les postes

III.2.3.1 La grande poste d‟Alger

L‟un des plus bels chez d‟œuvres néo-mauresques du pays, implanté sur le boulevard Laferrière (act. Khemisti), à la place de l‟ancienne chapelle anglicane de style anglo-saxon, qui a été réalisée au profit d‟une communauté anglaise venue s‟installer à Alger. ce majestueux édifice est l‟œuvre architectural des deux architectes :Voinot et Tondoire, réalisé en 1911 destiné à habriter les services des postes.

La Grande Poste présente une typologie et une structure spatiale pouvant convenir parfaitement pour un bâtiment néo-classique ou Art nouveau, dont s‟apparait la symétrie parfaite de la façade qui se réfère à l‟architecture européenne classique, et annonce au foie l‟axialité de l‟entrée et une organisation symétrique du plan et ses espaces. Aussi, on note un certain savoir-faire constructif comme l‟utilisation de la structure métallique.

En effet, on peut observer des signes d‟arabité comme : la coupole, les arcs outrepassés brisés, les stalactites, la faïence polychrome en soubassement des murs, le stuc ciselé, et les trois formes de décors de l‟architecture arabo-musulmane, à savoir ; la géométrie, l‟écriture, et la végétation.

Concernant l‟organisation interne, la salle centrale est couverte par une coupole d‟un plan octogonale. Ce type de coupole fait référence au Moyen- Orient influencé par l‟art byzantin. Quant à son intérieur, il est revêtu d‟un stuc ciselé, ce type de décor fait rappel à l‟ornementation andalouse très raffinée de l‟Alhambra, ou le trouve à Fès et à Tlemcen.

Les parois intérieures présentent une ornementation raffinée développée selon un Principe qui consiste à décomposer les surfaces en deux parties bien distinctes : un soubassement constitué d‟une mosaïque de faïences polychromes, surmonté d‟un décor de stuc finement ciselé. Cette disposition très particulière est forcément imitation de l‟architecture hispano-mauresque de l‟Andalousie et plus précisément le palais de l‟Alhambra.

D‟après la qualité et le type de décor employé, cet édifice trouve son inspiration principale dans la référence architecturale et décorative hispano-mauresque tel le monument andalou des Nasrides de l‟Alhambra, et ceux des vieux monuments de Tlemcen ou des merveilles architecturales des Mérinides de Fès.

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