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3. L’Observatoire Pierre Auger  73

3.4 Les d´etecteurs de surface

3.4 Les d´etecteurs de surface

Ce sont des cuves d’eau cylindriques (1.2 m

10 m

), sur lesquelles (Fig. 3.7) sont dispos´es 3 photomultiplicateurs (PM) dont la sortie aboutit `a des convertisseurs analogique-num´erique rapides (Flash-ADC `a 40 MHz), puis `a une carte d’acquisition sur laquelle est broch´e un proces-seur charg´e de l’intelligence locale. Le mat´eriau constituant les cuves est `a l’´etude (conditions d´ependantes du site).

10.2 m2 1.2 m

3 PMs

Fig. 3.7: Cuve ˇCerenkov `a eau. Les particules g´en`erent de la lumi`ere par effet ˇCerenkov. Cette lumi`ere est r´efl´echie par les parois int´erieures des cuves et parvient aux PM.

3.4.1 Physique du d´etecteur

Les particules charg´ees arrivant dans la cuve n’interagissent quasiment pas avec le couvercle puis produisent un effet ˇCerenkov dans l’eau, donc ´emettent de la lumi`ere (Fig. 3.8). Les pho-tons des gerbes soit produisent des paires d’´electrons et de positrons, soit produisent un effet Compton sur les ´electrons, qui `a leur tour engendrent la lumi`ere ˇCerenkov.

Le seuil de l’effet ˇCerenkov dans l’eau s’obtient `a partir de l’indice de r´efraction

             % 

d’o`u les ´energies seuil de 150 MeV pour les muons et 750 keV pour les ´electrons. Ce dernier seuil implique une valeur de 1250 keV pour celui des photons des gerbes. Il sera donc l´egitime de couper les simulations de gerbes `a 1 MeV. Ces seuils permettent la d´etection de la majorit´e des particules, car les muons parviennent aux cuves avec une ´energie moyenne de 1 GeV et les particules ´electromagn´etiques (EM) 10 MeV.

L’angle d’´emission des photons vaut 

1

 

 , leur nombre croissant avec l’´energie [66]. L’angle de diffusion des photons dˆu `a la cr´eation de paires est de quelques degr´es `a 10 MeV. Les particules charg´ees peuvent d´eposer de l’´energie par ionisation (environ 2 MeV/g.cm 

) ou par bremsstrahlung, causant une d´eviation



, la diffusion coulombienne multiple valant en moyenne ais´ement 90 degr´es apr`es 3 ou 4 longueurs de radiation pour 10 MeV.

Le nombre de photo´electrons parvenant aux PM est % 

par muon vertical, environ un par photon et 2 ou 3 par ´electron. Les photons g´en´er´es sont r´efl´echis par les parois int´erieures (en Tyvek) de la cuve. Des contraintes p`esent sur la d´efinition de la cuve. En effet, le noircissement partiel des parois ou du plafond modifie le signal collect´e, r´etr´ecissant la queue et l’int´egrale du signal pour des muons verticaux incidents.

Le principe est calorim´etrique : alors que les particules EM d´eposent toute leur ´energie dans la cuve, les muons y d´eposent une quantit´e `a peu pr`es invariable d`es qu’ils sont substantielle-ment au-dessus du seuil (environ 300 MeV, soit quelques dizaines de fois plus). L’amplitude du

θ émission de => électron, positron création de paires eau paroi couvercle ou atmosphère muon ou électron photon lumière

Fig. 3.8: Effet ˇCerenkov. Les photons, non charg´es, transf`erent leur ´energie `a des ´electrons ou positrons qui g´en`erent ensuite un effet ˇCerenkov.

signal dans chaque cuve vaut donc

           (3.1) o`u  

est la densit´e de muons et  

 la densit´e d’´energie des particules EM, et 

et 



des constantes de proportionnalit´e. L’unit´e de mesure pratique est le VEM (Vertical Equivalent Muon), signal ´equivalent au passage d’un muon vertical dans une cuve.

Bien que ceci d´epende de la distance de la cuve au cœur de la gerbe, les gammas g´en`erent en moyenne l’essentiel du signal, les ´electrons et muons se partageant le reste (une dizaine de %).

3.4.2 Alimentation solaire

La consommation de l’ensemble (Tab. 3.3) est limit´ee, pour une question de coˆut (1 M$/W), `a 10 W, le fonctionnement devant ˆetre assur´e entre -10 C et +50 C. La puissance solaire ´etant de 1 kW/m

et le rendement des panneaux solaires de quelques dizaines de %, la surface n´ecessaire est d’un dixi`eme de m

. Module Consommation (W) Haute tension (PM) 0.4 Amplificateurs 0.08 Flash ADC 0.51 ASIC trigger/m´emoires 1.0 Contrˆoleur 2.5 R´ecepteur GPS 1.15 Timing 0.51 Communications 1.3 Al´eas 1.0 Pertes de conversion 1.59 Total 9.94

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3.4.3 Photomultiplicateurs

La basse tension des batteries solaires est transform´ee en haute tension pour alimenter des photomultiplicateurs (PM). Les photons issus du rayonnement ˇCerenkov parvenant aux PM sont appel´es photo´electrons (PE).

Pour une gerbe donn´ee, la dynamique du signal de sortie d´epend de la distance au cœur de la gerbe. La plage `a laquelle doivent ˆetre sensibles les d´etecteurs doit favoriser les signaux `a grande distance de l’axe, au d´etriment de la saturation des signaux plus proches.

3.4.4 GPS

Les satellites GPS ´emettent p´eriodiquement (1 Hz = 1 pps) un signal en direction de la terre. Les stations locales du r´eseau de d´etecteurs sont ´equip´ees de r´ecepteurs GPS permettant, grˆace `a la r´eception de ces signaux, la d´etermination absolue r´eguli`ere de la date, et donc leur synchronisation.

Dans l’interface GPS, une horloge `a 100 MHz prend le relais et un compteur mesure le d´ecalage accumul´e. A chaque seconde, le r´ecepteur GPS peut ´egalement fournir les corrections `a apporter `a la seconde pr´ec´edente. La pr´ecision de 10 ns est obtenue en tenant compte de ces corrections et `a condition de fonctionner dans un mode o`u toutes les SL rec¸oivent les signaux des mˆemes satellites (autour de 7). Cette pr´ecision n’est pas absolue, mais relative au r´eseau. Le signal rec¸u par le contrˆoleur GPS est alors associ´e `a un TimeStamp, compos´e de deux mots de 32 bits, contenant respectivement les valeurs de la seconde et de la nanoseconde.

processus dur´ee

pr´ecision carte GPS 10 ns

´echantillonnage FADC 25 ns

r´eponse d’un PM `a un PE 300 ns

gerbe verticale quelques dizaines de s

gerbe horizontale entre 2 SL voisines 5 s fenˆetre pour l’int´egration du signal 20 s

Tab. 3.4: Ordres de grandeurs de temps.

3.4.5 Electronique d’acquisition

Le sch´ema g´en´eral de la chaˆıne d’acquisition est pr´esent´e sur la Fig. 3.9. Les diff´erents modules `a assembler y sont repr´esent´es : l’´electronique de Front-End, le contrˆoleur, les modules t´el´ecommunications et GPS.

En pratique, l’int´egration de plusieurs fonctions sera r´ealis´ee sur l’ASIC de Front-End. Cet ASIC est situ´e `a la sortie des FADC, et contient



les buffers de Front-End (FEB) ;



les registres contenant les param`etres donn´es par le contrˆoleur.

Cet ASIC se charge des d´eclenchements de premier niveau en envoyant les triggers au contrˆoleur, en avertissant le GPS, et en plac¸ant les signaux dans les FEB.

DMA Low Thr. W1W2 W3 W4 W5 W6 High Thr. T. Reg. Fast GPS RS232 Telecoms RS232 Slow Station centrale Alim. TS

FADC FEB Contrôleur

Fig. 3.9: Sch´ema d’une station locale.

Flash-ADC

Le signal provenant des PM est num´eris´e par deux s´eries de FADC, l’une `a bas gain (W1 `a W4 sur les Figs. 3.9 et 3.10) et l’autre `a haut gain (W5 et W6 sur les Figs. 3.9 et 3.10), r´ealisant une dynamique totale de 17 bits (

   ) par PM et fonctionnant `a 40 MHz. PMT PMT PMT Amplifier Base /512 /64 /8 A Amplifier Base /512 /64 /8 A Amplifier Base /512 /64 /8 A Sum Sum Sum FADC FADC FADC FADC W6 FADC FADC W1 W2 W3 W4 W5

Fig. 3.10: Impl´ementation des Flash-ADC. W1 `a W3 constituent les 8 bits de poids faible pour chacun des PM. W4, W5 et W6 ajoutent chacun 3 bits grˆace `a la division pr´ealable du signal par 8, 64 et 512, conduisant donc `a une dynamique de 8+3+3+3 = 17 bits.

ASIC de Front-End

Les triggers de niveau 1, tenant compte de contraintes physiques, sont d´efinis ainsi :



trigger SLOW : envoy´e toutes les 0.1 s, il signale les traces de muons (3000/s, donc 300 `a chaque fois) accumul´ees dans un buffer. Ce buffer est utile pour la calibration d’une part, pour les ´ev´enements neutrino (gerbes horizontales) d’autre part.

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triggers FAST0 et FAST1 : “vrais” ´ev´enements, d´eclench´es une centaine de fois par se-conde au total. La distinction entre 0 et 1 est destin´ee `a tenir compte des gerbes proches ou distantes.



trigger Random : sans contenir forc´ement de signal utile, il sert `a la calibration et `a la surveillance. Est ex´ecut´e sur demande expresse du contrˆoleur.

Des ´echelles de comptages (scalers) sont ´egalement impl´ement´ees : entre deux triggers SLOW, le nombre de signaux au-dessus de certains seuils est compt´e. Cette information est utile pour la d´etection de sursauts gamma ou de charg´es ´emis en association avec eux (dans le cas de sources proches, on mesurerait ainsi l’augmentation temporaire du niveau moyen des signaux sur le r´eseau entier).

Lorsqu’un d´eclenchement a lieu, l’ASIC de Front-End assigne sa propre ´etiquette (TimeS-tamp, qu’on notera TimeStamp FE pour le distinguer du TimeStamp GPS d´ej`a introduit), qui sert de r´ef´erence `a l’enregistrement du signal.

Contrˆoleur

La m´emoire n´ecessaire prend en compte le fait qu’un ´ev´enement couvre une fenˆetre de 20 s `a 40 MHz, multipli´e par les 6 voies des FADC, soit 4.8 ko/´ev´enement. Mˆeme si un algorithme de suppression des z´eros (zero suppress) appliqu´e au niveau des FEB diminue l´eg`erement cette valeur, conserver 100 ´ev´enements par seconde pendant 10 secondes donne une taille de 5 Mo. La m´emoire mise en œuvre est de 8 Mo pour les donn´ees, autant pour le syst`eme et les applications et 1 Mo pour la FEPROM, 128 ko pour la boot EPROM.

La commande du GPS et des t´el´ecommunications s’effectue par liaisons s´erie RS232. Les FEB sont lus par DMA.

3.4.6 Calibrations

Comment r´ealiser la calibration des signaux au sein de chaque station locale ? Une m´ethode possible est l’utilisation des d´esint´egrations de muons. En effet, une fraction des muons parve-nant dans les cuves s’y d´esint`egrent en lib´erant un ´electron et 2 neutrinos, l’´electron d´eposant alors environ un tiers de l’´energie totale du muon. Ce ph´enom`ene doit se voir par deux pics successifs sur le signal, l’un dˆu au d´epˆot d’´energie du muon pas encore d´esint´egr´e, l’autre dˆu `a l’´electron ´emis.