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Etat de conservation et facteurs affectant le bien

4.a. Etat actuel de conservation

Un peu plus d’une dizaine de sites similaires aux Ruines de Loropéni a été répertoriée dans le Sud-ouest du Burkina Faso. De tous ces sites, celui des ruines de Loropéni est parmi les plus grandes et des plus élaborées, et surtout est celle où les vestiges sont les mieux conservés. Le potentiel archéologique du site est intact, ce qui augmente considérablement la valeur du site par rapport aux autres. En effet, ceux-ci ont servi de carrière de matériaux de construction ou sont restés des sites habités et ont donc leurs vestiges archéologiques très perturbés.

Si une grande majorité des structures situées à l’intérieur se sont écroulées, et ne sont parfois présentes que sous forme de trace au sol, la muraille extérieure et le mur de partition intérieur sont assez bien conservés, atteignant parfois plus de six mètres de hauteur. Environ 80% de ces murs de remparts originels sont encore présents.

Les murs les plus atteints sont ceux qui sont orientés Nord-Sud car leurs façades Est sont battues par les pluies qui sont accompagnées de vents violents en début de saison des pluies. La façade Est de la muraille principale est particulièrement affectée avec des zones où la couche de pierre extérieure s’est effondrée.

Les murs qui possèdent toujours leur couronnement en terre (une ou plusieurs levées de bauges) sont mieux protégés et résistent mieux. Mais dès que cette protection disparaît, la maçonnerie de pierre maçonnée à la terre gravillonneuse se met à se dégrader assez rapidement.

Un des facteurs de dégradation les plus importants est le développement de la végétation, non pas dans ou autour des ruines où celle-ci permet en fait une certaine protection des pluies battantes, mais de la végétation qui pousse sur les murs. Certaines espèces d’arbre sont particulièrement destructrices.

Il existe d’autres faiblesses dans les structures, notamment à la base des murs. Celles-ci- servent de refuge aux petits animaux tels que les serpents (heureusement non dangereux) et les rongeurs. La plupart des enduits situés en zone inférieure ont aussi disparus. Ceci est probablement dû à la répétition de feux de brousse et aux effets de remontées d’humidité dans les murs par capillarité en saison des pluies. On note aussi quelques affouillements provoqués par les eaux de ruissellement.

Certaines structures sont dans des situations de stabilité douteuse et pourraient disparaître. Toutefois, les problèmes constatés devraient pouvoir être techniquement résolus après une période de mise au point de techniques de consolidation préventive qui permettront de stabiliser l’état des ruines. Il apparaît en effet important que cet aspect de ruine soit conservé et c’est bien ce qui a été exprimé dans la vision partagée établie lors de l’élaboration du plan de conservation et de gestion du site.

Nous devons enfin signaler ici que les fouilles ciblées réalisées, ont été immédiatement suivies d’un travail préventif de ré-enfouissage après qu’ait été installée une bâche de protection (voir p.30).

Végétation pouvant affecter les structures de pierre

Structures affaiblies

4.b. Facteurs affectant le bien

4.b.1. Agriculture, exploitation minière,…

Une partie de la zone tampon, notamment celle située au Nord des ruines comprend des zones anciennement cultivées, actuellement en jachère. Ces zones se situent assez loin des ruines et ne sont pas visibles lors de la visite. Certaines parties ont été plantées d’anacardiers et restent exploitées. La méthode de plantation qui a respecté les espèces existantes fait que même si ces zones sont exploitées, elles restent en harmonie avec l’environnement boisé. Une partie de la zone tampon est aussi utilisée pour l’apiculture. Cette activité jugée compatible a été repoussée à une distance suffisante des ruines et de la voie d’accès principale.

Quelques zones situées le long de la route principale (Gaoua à Banfora) mais aussi de la route secondaire (Loropéni à Obiré) ont été utilisés pour l’extraction de matériaux de construction, mais aussi de terre latéritique graveleuse servant à réaliser le remblai nécessaire à la mise en oeuvre des routes. Avec l’établissement officiel de la zone tampon, ces pratiques ne sont plus admises. Les zones d’extraction de terre latéritique seront reboisées dans le cadre du programme de reboisement de l’Association pour le Développement de Loropéni (ADL) pris en compte dans le plan de conservation et de gestion.

Zone tampon cultivée Ecoulement des eaux à proximité des ruines

4.b.2. Contraintes liées à l’environnement

Les Ruines de Loropéni sont situées dans un climat tropical marqué par une distinction très claire entre saison sèche et saison des pluies. Ce type de climat implique des pluies fortes et accompagnées de vent, plus particulièrement au début de la saison dite d’hivernage. Les vents viennent principalement de l’Est, ce qui fait que les façades Est sont plus particulièrement affectées.

Le climat relativement humide permet aussi à la végétation de se développer rapidement. Les plantes et arbres qui poussent sur les ruines sont un facteur de dégradation important qui doit être contrôlé.

4.b.3. Catastrophes naturelles et planification préalable

Le site est sujet aux feux de brousse. Ceci a probablement en partie été à l’origine de la dégradation de l’enduit situé en partie basse des murailles.

Les feux de brousse sont maintenant contrôlés avec la mise en place de feux précoces, beaucoup moins violents. Cette disposition est complétée par le débroussaillage régulier des abords des ruines qui permettra d’éviter totalement la progression d’éventuels feux de brousse aux abords et à l’intérieur des ruines.

Les pluies sont abondantes dans la région et certaines zones peuvent être inondées. C’est le cas notamment des zones situées à l’Est et à l’Ouest des ruines, identifiées comme étant les lieux ou fut extraite la terre destinée à la construction. Les ruines elles-mêmes ne sont jamais inondées. Toutefois, la forme actuelle de la route en latérite compactée entraîne un écoulement des eaux qui passe près des ruines, dans son angle sud-ouest, ce qui, en cas de pluie exceptionnelle pourrait entraîner l’inondation de la structure en cet angle. Le plan de conservation et de gestion du site prévoit de dériver cet écoulement des eaux plus à l’Ouest.

4.b.4. Contraintes dues au flux des visiteurs/au tourisme

Bien que l’intérêt pour le site ait connu une croissance importante ces dernières années, la fréquentation du site reste pour le moment assez réduite (voir statistiques). Il n’y a donc pas de problèmes de capacité de charge. On note que le site possède de façon naturelle des conditions qui permettent l’accueil de groupes importants.

A plus long terme, avec la possibilité d’une fréquentation plus importante, il conviendra de bien gérer le circuit de visite de façon à éviter que le passage des visiteurs ne se fasse trop près des structures qui présentent des instabilités de maçonnerie marquées.

4.b.5. Nombre d’habitants à l’intérieur du bien, dans la zone tampon

Il n’y a aucun habitant aussi bien dans le site que dans la zone tampon.

Avec le développement de conflits internes dans le pays voisin, la Côte d’Ivoire, de nombreux émigrants sont revenus s’installer dans leurs régions d’origine, dont a fait partie la région de Loropéni. Cet afflux de populations s’est heureusement déroulé après l’établissement de la zone tampon autour du site, ce qui fait que toute tentative d’établissement dans cette zone a pu être stoppé.

Cette situation qui a engendré pour quelque temps une pression plus importante sur la question d’attribution de terres cultivables est en voie de se régler et les flux de retour sont en train de s’inverser. Le comité de gestion reste vigilant pour que le site et sa zone tampon puissent conserver un certain niveau d’utilité pour les populations riveraines de façon à éviter des tentatives d’implantation.