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Estimation en loi d’´echelle

4.3 Forme de la surface

4.3.2 Estimation en loi d’´echelle

Le syst`eme que nous consid´erons est celui d’une cuve cylindrique remplie d’une hau- teur d’eau h0. La surface est recouverte d’une membrane ´elastique d’´epaisseur e, de module

d’Young E et de rayon L. La cuve est mise en rotation `a une fr´equence angulaire de Ω [rad.s−1]. Nous repr´esentons sch´ematiquement ce syst`eme physique dans la figure 4.7(a). Nous cherchons `a calculer la forme ζ de l’interface.

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Ecrivons l’´energie du syst`eme en loi d’´echelle afin de comprendre les m´ecanismes physiques mis en jeu. Nous avons a priori quatre ´energies `a prendre en compte : l’´energie potentielle de gravit´e Eg, l’´energie potentielle due `a la rotation EΩ, l’´energie de flexion de la membrane ED

et l’´energie Ecompdue `a la compression du film dans la direction orthoradiale. Nous n´egligeons

ici l’extension de la membrane dans la direction radiale.

1/ Gravit´e

L’´energie potentielle de gravit´e s’´ecrit :

Eg= ρ× volume × g × hauteur

Nous n´egligeons la masse du film d´eplac´e car h ζ. Le volume d’eau `a prendre en compte ici est ζR2 et la hauteur de cette masse est ζ.

Le volume est ici encore ζR2, mais la longueur que nous devons prendre en compte est R,

car le vecteur r est colin´eaire `a l’orientation de l’acc´el´eration.

EΩ = ρΩ2R4ζ

3/ Flexion

L’´energie surfacique de flexion s’´ecrit comme le module de flexion D multipli´e par le carr´e de la courbure locale, l’´energie de flexion s’´ecrit donc :

EB = B  ζ R2 2 × surface En ordre de grandeur, la surface de la membrane est R2, d’o`u

EB= B

ζ2

R2 .

4/ Compression

La rotation change la courbure de Gauss de la membrane, nous for¸cons donc cette der- ni`ere `a se d´eformer soit en s’´etirant soit en se comprimant. Comme nous l’avons mentionn´e ci-dessus, nous n´egligeons l’´etirement dans la direction radiale pour ne consid´erer que la com- pression orthoradiale. Nous partons d’une longueur initiale r que nous “enveloppons” sur la forme ζ(r). En notant ε la d´eformation li´ee `a ce changement, nous pouvons ´ecrire l’´ener- gie volumique ´elastique E × ε2, o`u E est le module d’Young. Pour ´evaluer ε nous utilisons la figure 4.7(b), o`u sont repr´esent´ees sch´ematiquement la membrane au repos et la mem- brane d´eform´ee. La d´eformation s’exprime alors ε = Lζ(r)−r

r , o`u Lζ(r) est la longueur de

l’arc d´eform´e (son abscisse curviligne). Nous pouvons faire l’approximation que r ∼ R and Lζ(R)∼ p R2+ ζ2 ∼ R(1 +1 2 ζ2 R2) ; de sorte que

ε ζ

2

R2.

Pour obtenir l’´energie de compression nous multiplions l’´energie volumique par le volume h× R2, o`u h est l’´epaisseur du film. Finalement :

Ecomp∼ E  ζ2 R2 2 hR2 Ehζ 4 R2

Comparaison terme `a terme

Pour comprendre le sens physique des diff´erentes ´energies, nous pouvons comparer les termes deux par deux. De cette mani`ere nous pourrons d´eterminer quels sont les termes dominants et quels termes pourront ˆetre n´eglig´es.

Gravit´e vs. Rotation

Lorsque nous comparons l’´energie li´ee `a la rotation (motrice) et celle li´ee `a la gravit´e (qui tend `a maintenir la surface plate), nous ne prenons pas en compte la membrane. En d’autres termes, il s’agit de l’estimation en loi d’´echelle qui devrait nous permettre de trouver la forme obtenue pour une surface libre, dont nous savons qu’il s’agit d’une parabole. Nous avons :

Eg∼ EΩ soit ρgζ2R2∼ ρΩ2R4ζ et ζ ∼ Ω 2 g R 2.

Nous obtenons bien la forme attendue, puisque ζ ∝ R2.

Flexion vs. Rotation

Nous comparons ici l’´energie li´ee `a la rotation (motrice) et celle li´ee `a la flexion (qui tend `

a maintenir la surface plate) :

EB ∼ EΩ Bζ 2 R2 ∼ ρΩ 2R4ζ ζ ρΩ 2 B R 6

Ecomp ∼ EΩ soit Ehζ 4 R2 ∼ ρΩ 2R4ζ ζ3 ρΩ 2 EhR 6 ζ  ρΩ2 Eh 1/3 R2

Avec les mˆemes valeurs que ci-dessus et E ∼ 106 Pa et h ∼ 10−4 m, nous obtenons

ζ ∼ 4.6 cm. Ce r´esultat est plus raisonnable, et semble indiquer que l’´energie de compression orthoradiale de la membrane r´egira la forme de l’interface.

Il est important de noter qu’ici nous obtenons une parabole (ζ ∝ R2), comme dans le

cas de la surface libre. Nous pouvons donc comparer les deux pr´efacteurs obtenus afin de pr´evoir quel terme sera dominant. Nous repr´esentons dans la figure 4.7(c) l’allure des courbes de la d´eflexion ζ en fonction de la vitesse de rotation Ω. Nous obtenons une d´ependance en Ω2/3 lorsque nous comparons l’´energie de compression `a l’´energie de rotation (nous notons

la d´eflexion obtenue ζcomp), contre une d´ependance en Ω2 lorsque nous comparons l’´energie

de gravit´e `a celle de rotation (nous notons ζg la d´eflexion dans ce cas). Nous observons

sur la figure 4.7(c) que ζg est inf´erieur `a ζcomp pour des vitesses de rotation inf´erieures `a

une valeur critique que nous appelons Ωc. Ceci signifie que d´eplacer la masse d’eau est bien

plus couteux ´energ´etiquement que de comprimer orthoradialement la membrane. Pour ces vitesses de rotation, nous nous attendons donc `a avoir un comportement r´egi par la gravit´e, c’est-`a-dire `a observer une forme parabolique avec un pr´efacteur en Ω2. Au-dessus de Ωc,

nous nous attendons plutˆot `a un comportement r´egi par la compression orthoradiale, auquel cas nous obtiendrons ´egalement une parabole, avec cette fois un pr´efacteur en Ω2/3. Nous pouvons estimer la valeur de Ωc en ´egalant : ζg ∼ ζcomp, soit Ωc4 ∼ g3 Ehρ



. Avec les valeurs donn´ees pr´ec´edemment, nous trouvons Ωc ∼ 6.7 rad/s. ´Etant donn´ees les vitesses

avec lesquelles nous avons travaill´e (Ω < 2 rad/s), nous nous attendons `a toujours observer une forme r´egie par la gravit´e, c’est `a dire une parabole ζ g2R2. Ce r´esultat est contraire

-2 -1 0 1 2 10-4

Figure 4.8 – Quatre champs de hauteur mesur´es `a quatre vitesses de rotation 1.1 rad/s (a), 1.3 rad/s (b), 1.5 rad/s (c) et 1.7 rad/s (d). La barre d’´echelle mesure 20 cm. La surface est corrig´ee par la d´eformation moyenne de l’interface de mani`ere `a apparaˆıtre presque plate ici. Les rides ondul´ees qui apparaissent en bas de chaque image sont un d´efaut de fabrication dans le film et ne doivent pas ˆetre prises en compte.

aux observations exp´erimentales, car nous observons des interfaces de formes diff´erentes pour une surface libre et pour une surface couverte d’une membrane ´elastique. Ceci signifie que l’argument en loi d’´echelle ne suffit pas, et qu’il faut d´eriver plus rigoureusement l’´equation diff´erentielle d´ecrivant le syst`eme.

Pour trouver la forme exacte, nous pouvons ´ecrire l’´energie compl`ete du syst`eme sous la forme d’un lagrangien. Nous esp´erons de cette mani`ere trouver une solution grˆace `a un calcul variationnel, en minimisant l’´energie. Malheureusement, l’´energie de compression orthoradiale (point 4/ dans notre estimation en loi d’´echelle) nous donne un terme int´egral complexe, qui rend la r´esolution de l’´equation diff´erentielle impossible. Nous pr´esentons tout de mˆeme en annexe C la solution que nous trouvons en n´egligeant ce terme (c’est-a-dire en ne conservant que les ´energies li´ees `a la gravit´e, la rotation et la flexion pure). Le lecteur pourra y trouver le calcul donnant l’´equation diff´erentielle compl`ete obtenue, ainsi que la r´esolution propos´ee pour sa forme simplifi´ee. Nous utilisons la routine de calcul Matlab bvp4c que nous avons adapt´ee pour trouver une solution malgr´e les singularit´es de l’´equation (voir annexe). Comme attendu, en n´egligeant l’´energie de compression la solution de l’´equation diff´erentielle donne une forme de l’interface qui tr`es proche d’une parabole (moins de 1% de diff´erence, voir annexe).