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Chapitre V. Etude expérimentale des mécanismes du fluage d’irradiation

IV. Mécanismes du fluage d’irradiation

IV.2. Mouvement des dislocations sous irradiation aux ions et sous contrainte

IV.2.1. Essais à haute température (400-450°C)

Le suivi du mouvement de dislocations lors de séquences d’irradiation aux ions est réalisé in-situ à haute température. La Figure V-17 illustre l’une des séquences réalisées. L’analyse du plan de glissement de la dislocation suivie est présentée en Figure V-15. L’inclinaison et les rotations des axes de tilts sont ici prises en compte afin de faire correspondre les images obtenues in-situ et la projection stéréographique. Sur toutes les images présentées dans la suite de ce chapitre, l’axe de traction est incliné de 26° par rapport à l’horizontal. Une incertitude demeure sur le plan de glissement de la dislocation. En effet, d’après leur inclinaison, les traces engendrées par le glissement de la dislocation peuvent appartenir au plan prismatique (1̅100) (en vert sur la Figure V-15) ou au plan pyramidal (011̅1) (en bleu sur la Figure V-15). Ces traces ne sont pas strictement rectilignes et montrent des preuves de glissement dévié, laissant alors penser que le glissement observé est du glissement pyramidal (chapitre III §I.2.2.). Cette supposition est appuyée par la direction du vecteur de Burgers de la dislocation,

indiquée par l’intersection du plan de glissement et du plan où a eu lieu le glissement dévié, qui est cohérente avec le vecteur de Burgers <a>, 𝑏⃗⃗⃗⃗ 𝜋,compris dans le plan (011̅1). En raison de son facteur de Schmid nul, le plan de base n’est ici pas un plan possible pour le glissement dévié de la dislocation. Les deux plans possibles, de même vecteur de Burgers que le plan pyramidal (011̅1) sont le plan prismatique (011̅0) de facteur de Schmid de 0,5 et le plan pyramidal (011̅1̅), de facteur de Schmid 0,4.

Figure V-15. Détermination du plan de glissement d'une dislocation sous irradiation aux ions Kr2+ 1 MeV à 400-450°C.

Une série de trois séquences d’irradiation aux ions (B), D) et F)) entrecoupées de périodes de pause (A), C) et E)) est représentée en Figure V-16 sur un graphe donnant la valeur du flux en fonction du temps.

Figure V-16. Etapes de la séquence d'allumage/extinction du faisceau d'ions Kr2+ 1 MeV lors d'une expérience à haute température (400-450°C).

Les observations réalisées au cours des différentes étapes sont illustrées en Figure V-17. Une application de contrainte a été réalisée peu de temps avant cette séquence. De plus la microstructure observée a déjà été soumise à une irradiation aux ions Kr2+ 1 MeV jusqu’à une fluence de 0,13.1018 ions.m-2. L’étape A) de la Figure V-17 illustre la position de la dislocation avant allumage du faisceau d’ions. L’image A).a) montre la dislocation au temps t=0 s, et l’image A).b) après 20 secondes d’attente.

La soustraction d’images a)-b) confirme bien que la dislocation est immobile, probablement bloquée par les nombreuses boucles de dislocation présentes au sein de la microstructure. L’étape B) illustre la

500 nm

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du glissement de la dislocation. La dislocation avance de façon saccadée. La vitesse de la dislocation a été estimée dans le plan de l’image. Lors de l’étape d’irradiation la dislocation glisse à vitesse de 16,6 nm.s-1. Pour les étapes suivantes, seules les soustractions d’images seront présentées.

L’irradiation est stoppée après 18 secondes. L’image C).a) démontre que le glissement de la dislocation continue encore après l’arrêt du faisceau pendant une durée de 49 secondes et à une vitesse plus faible de 8 nm.s-1. Cependant après un certain temps, le glissement de la dislocation est de nouveau stoppé, l’avancée étant probablement rendue difficile par la présence des défauts. De plus, les essais se déroulant sous un régime de relaxation de contrainte, il est également possible que cette dernière soit trop faible pour permettre le glissement de la dislocation. Afin de s’assurer de l’arrêt complet de la dislocation, les temps de pause entre deux séquences d’irradiation sont suffisamment longs, avec ici une attente de 117 secondes pour s’assurer de l’arrêt de la dislocation. L’image C)-b) démontre que pendant 17 secondes avant la fin de la pause, aucun mouvement de la dislocation n’est observé. Une seconde séquence d’irradiation est ensuite réalisée, et l’activation du glissement est presque instantanée dès le début de l’irradiation (Figure V-17 image D)-a)). Deux autres étapes de pause et de reprise de l’irradiation sont ensuite réalisées, et confirment le comportement général observé soit un arrêt du glissement de la dislocation après quelques secondes lors de l’extinction de l’irradiation, et une reprise du glissement de la dislocation rapidement après le début de l’irradiation.

Ce comportement a été vérifié pour plusieurs dislocations lors des essais à haute température, de façon quasi-systématique lors des différentes séquences réalisées au cours de la campagne d’essais (phénomène observé pour ~20 dislocations dans une dizaine de grains). Cependant il a été également noté que les dislocations dont le mouvement était affecté par le faisceau d’ions apparaissaient au cours de l’essai au niveau des joints de grains ou des précipités. En effet, les dislocations dont le glissement était observé lors de la mise en tension initiale de l’éprouvette ne semblent pas affectées par le faisceau d’ions et leur glissement restent bloqué par les boucles. Afin d’étudier de façon plus détaillée l’influence de l’irradiation sur ces dislocations, des expériences spécifiques ont été tentées. Après l’application initiale de la tension, permettant l’initiation du glissement de ces dislocations, une séquence d’irradiation était réalisée sur les dislocations mobiles. Ces dernières semblaient alors ancrées par les défauts d’irradiation et leur désancrage assisté par le faisceau d’ions n’était pas observé.

Une étude de l’effet du flux sur le phénomène observé a également été envisagée. Des essais ont été réalisés avec un flux 4 à 5 fois plus élevé. Un mouvement beaucoup plus rapide des dislocations a alors été observé. Cependant, des difficultés expérimentales, notamment liées à l’évolution du contraste sous faisceau d’ions, n’ont pas permis de suivre de façon précise le glissement des dislocations.

Figure V-17. Mouvement d'une dislocation glissant dans un plan prismatique ou pyramidal sous irradiation A) Avant la première irradiation

B) Irradiation 1

C) Pause de l’irradiation 1 D) Irradiation 2

E) Pause de l’irradiation 2 F) Irradiation 3

200 nm

a) t=0 sec b) t=20 sec a) - b) Δt=20 sec

200 nm

a) t=20 sec a) t=28 sec a) –b) Δt=8 sec

200 nm 200 nm

a) Δt=27 sec (entre 38sec et 65 sec) b) Δt=17 sec (entre 138sec et 155 sec)

200 nm

200 nm

a) Δt=14 sec (entre 164sec et 178 sec)

200 nm

a) Δt=66 sec (entre 186sec et 252 sec) a) Δt=18 sec (entre 252sec et 270 sec)

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