avec une erreur moyenne de 3 mm qui peut être réduite de moitié avec la prise en
compte d’une carte d’élasticité des tissus. Cela montre l’intérêt des mesures
d’élas-tographie dans les algorithmes d’observation et de planification de trajectoire.
Enfin, les essais sur tissus biologiques ont mis en lumière les effets non
négli-geables de la structure de ces tissus sur le guidage. Les performances restent
cepen-dant satisfaisantes avec une erreur moyenne de ciblage de 1.7 mm.
Finalement, notre approche semble robuste aux conditions d’insertion, avec des
résultats convaincants quels que soient les paramètres d’insertion. Une discussion
détaillée de nos méthodes, étayée par ces résultats est proposée dans le chapitre8.
T
ABLEAU7.4 – Résultats du guidage d’aiguilles flexibles.
Paramètres d’insertion Nombre d’insertions [longueur d’insertion (mm)] Décalage de la cible (mm) Erreur de ciblage (mm) i Gélatine homogène 10 [84] 11.8±3.0 [5.5; 16.3] <1∗ i Gélatine homogène avec obstacle 10 [93] 5.5±4.2 [0.9; 12.6] 1.3±0.6∗∗ [0.5; 2.0] ii Agar bicouche [5 90] 16.0±10.0 [3.6; 26.2] 3.0±1.5∗∗ [1.2; 5.5] ii Agar bicouche avec élastographie 5 [93] 16.2±4.6 [10.3; 21.0] 1.5±0.9∗∗ [0.3; 2.9]
iii Gélatine homogène
fantôme mou
7
[87]
6.3±2.4
[2.8; 8.9] <1∗
iii Filet de porc 25
[79]
4.6±1.8
[1.1; 7.5]
1.7±0.8∗∗
[0.7; 3.7]
Guidage d’aiguille biseautée en nitinol de 24 Gauge.
Format : moyenne±écart type [min ;max].
∗Cible physique.
∗∗Cible virtuelle statique.
7.3 Essais sur cadavre
Les performances dans un environnement contrôlé ont été présentées dans la
section précédente. Si elles sont encourageantes, les conditions expérimentales que
nous avons présentées sont encore éloignées du contexte clinique réel. Dans la
pers-pective d’une applicabilité clinique, nous avons décidé de mettre en œuvre des essais
sur sujet anatomique.
7.3.1 Protocole expérimental
Pour ces essais, nous avons naturellement choisi le contexte de la curiethérapie
de la prostate.
Notre objectif pour ces premiers essais est le suivant : valider la capacité de la
solution proposée à atteindre une cible physique dans la prostate. Pour ce faire, afin
de disposer de cibles physiques à atteindre et visibles à l’échographie, des grains de
curiethérapie ont été implantés dans la prostate par voie endorectale (cf. Fig.7.14a).
Ces grains hyperéchogènes sont localisés manuellement dans les échographies 3D et
constituent les cibles à atteindre lors du guidage robotisé (cf. Fig.7.14b). La courbure
attendue lors du guidage est faible (autour de 0.0003 mm
−1). Par conséquent, lors de
130 Chapitre 7. Intégration et expérimentation
ces premiers essais, le décalage entre la cible et l’aiguille au début de l’insertion est
choisi faible (de quelques millimètres).
(a) Schématisation du protocole expérimental.
(b) Première étape : implantation du grain de
cu-riethérapie par voie endorectale.
(c) Seconde étape : guidage robotisé de l’aiguille
jusqu’au grain.
F
IGURE7.14 – Protocole expérimental proposé pour les essais sur sujet
anato-mique.
Ce protocole expérimental a été tout d’abord testé sur des tissus de porc. Un
fantôme, réalisé comme présenté dans la section7.2.4sert de support de validation.
La sonde est placée de biais pour représenter l’angle de visualisation de l’aiguille
lors des insertions sur sujet anatomique (cf. Fig.7.15a). Le grain cible est implanté
dans le tissu puis le guidage commence (cf. Fig.7.15b). Ces essais nous ont permis
de valider le bien fondé du protocole expérimental proposé, le grain étant visible à
l’échographie et atteint avec succès lors de la dizaine d’insertions réalisées.
(a) Dispositif expérimental. (b) Guidage réalisé au sein du framework
Ca-miTK.
F
IGURE7.15 – Validation du protocole expérimental proposé pour les essais sur
7.3. Essais sur cadavre 131
7.3.2 Insertions dans la prostate
(a) Dispositif expérimental pour les essais
anato-miques. 1 - Robot PROSPER ; 2 - Sonde
échogra-phique 3D endorectale ; 3 - Périnée ; 4 -
Ordina-teur.
(b) Volume échographique correspondant.
F
IGURE7.16 – Dispositif expérimental proposé pour les essais sur sujet
anato-mique.
Mise en place
Avec l’aide du Laboratoire d’Anatomie Des Alpes Françaises ainsi que la
collabo-ration de Gaëlle Fiard, urologue au CHU Grenoble Alpes, nous avons mis en place
les essais sur sujet anatomique. Le sujet est mis en position gynécologique (cf. Fig
7.16). Le protocole expérimental de mise en place est alors celui sus-cité ; le
proto-cole d’insertion, quant à lui, est similaire à celui décrit dans la section7.2.1.
Les aiguilles utilisées pour ces insertions sont biseautées, en acier ou en nitinol
de 24 Gauge. Nous n’avons pas pu réaliser de mesures d’élastographie, faute de
matériel adéquat. Le module de Young des tissus traversés sera donc choisi égal à 50
kPa [60] pour une courbure théorique deκ =0.0035mm
−1pour l’aiguille en nitinol
etκ =0.0020mm
−1pour l’aiguille en acier. Par ailleurs, aucun obstacle n’est défini,
et la cible physique est suivie automatiquement tout au long de l’insertion.
Résultats
Aiguille en nitinol de 24 G
Les procédures tentées avec l’aiguille en nitinol de 24 G ont été un échec. En effet,
les tissus cadavériques étant difficiles à percer, nous n’avons pas réussi à insérer ces
aiguilles qui ont subi un flambage important, malgré la présence du guide d’aiguille
télescopique décrit en section7.1.1.
Aiguille en acier de 24 G
Comme pour les aiguilles en nitinol, les aiguilles en acier de 24 G percent
diffici-lement le périnée. En réalisant une petite incision de la peau au point d’insertion, il
a été possible d’insérer ces aiguilles du périnée jusqu’à la prostate.
132 Chapitre 7. Intégration et expérimentation
Au total, une douzaine d’insertions ont été réalisées. Les performances
obser-vées sont cependant mauvaises, avec un guidage d’aiguilles qui est en apparence
non fonctionnel. Aussi, présenter un tableau recensant les erreurs de ciblage ne nous
semble pas approprié dans ce cas. Cependant, l’observation de ces essais nous a
per-mis de mettre en évidence plusieurs facteurs qui ont contribué à l’échec du guidage.
Ces facteurs sont principalement :
- la mauvaise visibilité de l’aiguille pendant l’insertion ;
- la mauvaise localisation manuelle initiale de l’aiguille ;
- le comportement de l’aiguille qui diffère du modèle employé.
En effet, lors de ces essais, nous avons vu que la visibilité de l’aiguille était
gran-dement affectée par la nature des tissus traversés. L’aiguille est alors peu contrastée
dans les tissus (cf. Fig.7.17). Si elle est pour la plupart du temps segmentée
correc-tement, elle est régulièrement perdue pendant quelques secondes car non visible à
l’échographie.
Un second effet de cette mauvaise visibilité est la mauvaise localisation manuelle
initiale de l’aiguille dans les volumes échographiques 3D. Couplée à la mauvaise
visibilité, cela peut entraîner la perte de l’aiguille dans les volumes échographiques.
Enfin, à ces deux difficultés s’ajoutent de fortes perturbations telles qu’un effet
de flambage puis de relâchement rapide de l’énergie de déformation élastique
ac-cumulée. En outre, plus rarement, les fibres tissulaires peuvent s’enrouler autour de
l’aiguille, ce qui cause une déflection inattendue, voire paralyse le guidage de
l’ai-guille qui se retrouve bloquée dans les tissus. Enfin, le déplacement de la cible lors
de ces essais est conséquente (de 2 mm à 5 mm) ce qui perturbe encore davantage
l’insertion.
Insertion faite sur cadavre. Le suivi de l’aiguille a partiellement échoué.
F
IGURE7.17 – Représentation 3D du guidage d’aiguilles flexibles dans un sujet
anatomique. Pour une meilleure visualisation, les images d’échographie présentées
dans les graphiques sont une combinaison de coupes 2D du volume 3D, acquis à la
Dans le document
Guidage robotisé d’aiguilles flexibles sous échographie 3D
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