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S´eries de vecteurs dans R p , s´eries de matrices

Dans le document ALG `EBRE ET ANALYSE APPROFONDIES (Page 145-149)

Chapitre 7. Topologie de R n

7.5. S´eries de vecteurs dans R p , s´eries de matrices

D´efinition 7.5.1. Soit E un espace vectoriel norm´e ; on dit qu’une suite (xn) de points de E est une suite de Cauchy si pour tout ε >0, il existe N tel pour tous m, n≥ N on ait d(xm, xn)< ε.

On dit que l’espace E estcomplet si toute suite de Cauchy dans E admet une limite dans E.

Th´eor`eme 7.5.2. L’espace Rp est complet. Plus g´en´eralement, tout espace vectoriel E de dimension finie est complet.

D´emonstration. Avec les coordonn´ees. ´Ecrivons la d´emonstration pourp= 2 pour simpli-fier. Supposons que (xn) soit une suite de Cauchy dansR2, avecxn = (an, bn),an, bn ∈R.

L’in´egalit´e |am−an| ≤ d(xm, xn) montre que la suite (an) est une suite de Cauchy de nombres r´eels, donc la suite (an) converge dansRvers une limite a, et de mˆeme la suite (bn) converge versb∈R. On sait alors que la suite (xn) converge dansR2 versx = (a, b).

D´efinition 7.5.3. Soient u0, u1, . . . , un, . . . des vecteurs d’un espace vectoriel r´eel ou complexe E de dimension finie ; on dit que la s´erie de vecteurs P

un est convergente si la suite (Un) des sommes partielles d´efinie par

Un=u0+· · ·+un

converge dans E vers un vecteur U. On d´efinit alors la somme de la s´erie par X+∞

n=0

un = U = lim

n→+∞Un ∈E.

Si on passe aux coordonn´ees dans une base de E, on voit que la s´erie de vecteurs P un converge dans E si et seulement si les p s´eries coordonn´ees convergent, et que laj-i`eme coordonn´ee du vecteurP+∞

n=0un est ´egale `a la somme de la s´erie desj-i`emes coordonn´ees des vecteurs un.

S´eries normalement convergentes de vecteurs dans un espace vectoriel E de dimension finie : si P

On sait que (Vn) converge par hypoth`ese, donc elle est de Cauchy, donc (Un) est aussi une suite de Cauchy, mais dans E. On peut aussi d´emontrer facilement le r´esultat en passant aux coordonn´ees. Dans le cas particulier des s´eries de matrices, on obtient le principe suivant :

si P

kAnk<+∞, la s´erie de matrices P

An converge dans Mp(C).

Si P

ku(n)k < +∞, les s´eries des coordonn´ees dans une base quelconque de E v´erifient P|u(n)i | <+∞ pour i= 1, . . . , p = dim E, donc on peut calculer leur somme en faisant des regroupements par paquets, d’apr`es le th´eor`eme 2.5.4. En appliquant ce principe

`a chaque coordonn´ee, on voit que pour toute s´erie P

un de vecteurs d’un espace de dimension finie E, telle queP

Exercice (difficile). Montrer que l’ensemble des sommes des permut´ees d’une s´erie simple-ment convergente de vecteurs de E (celles des permut´ees qui sont rest´ees convergentes) est un sous-espace affine de E.

Inversibilit´e et condition de norme

Proposition 7.5.4. Soit E un espace norm´e de dimension finie ; si h est un endomor-phisme de E tel que khk<1, l’endomorphisme u= IdE−h est inversible et de plus

k(IdE−h)−1k ≤(1− khk)−1.

D´emonstration. On ´ecrit dans l’espace norm´e de dimension finie L(E,E) la s´erie nor-malement convergente

v= X n=0

hn et on v´erifie quev est l’inverse de IdE−h.

Si A est une matrice de taille p×p telle que kAk< 1, o`u la norme de matrice est calcul´ee `a partir d’une norme donn´ee sur Cp comme on l’a expliqu´e pr´ec´edemment, on a de la mˆeme fa¸con

(Ip−A)−1 = X n=0

An.

L’inverse de la matrice Ip−A se calcule encore par la s´erie g´eom´etrique si on sait seulement que toutes les valeurs propres complexes de A sont de module < 1 (c’est-`a-dire quand ρA <1). En effet dans ce cas on sait d’abord que Ip−A est inversible, et on a vu que la suite (An) tend vers 0, et on a en notant B l’inverse de Ip−A

Ip+ A +· · ·+ An = B(Ip−An+1)→B.

Exponentielle de matrice

Posons K = R ou C. On suppose donn´ee une norme sur Kp (par exemple la norme euclidienne si on veut, mais cela n’a pas d’importance), et on en d´eduit une norme sur Mp(K) ≃ L(Kp,Kp) comme rappel´e ci-dessus. ´Etant donn´ee une matrice A de taillep×p, la s´erie

X An n!

≤XkAkn n!

est convergente, ce qui permet de poser eA=

+∞X

n=0

An n! . On voit que keAk ≤ekAk.

Exemples.

1. Si A est diagonale, eA est la matrice diagonale dont les coefficients diagonaux sont les eai,i; si A est diagonale par blocs, eA est diagonale par blocs et les blocs diagonaux de eA sont les exponentielles des blocs diagonaux de A.

2. Si R est la matrice de la rotation d’angle π/2 dans R2, la matrice etR est la matrice de la rotation d’anglet.

On va s’int´eresser `a la fonction exponentielle de matrice t → etA, lorsque t varie dans R. On peut noter que etIp = etIp pour tout t r´eel (ou complexe) ; en particulier, si 0p d´esigne la matrice nulle de taille p×p, on a

e0p = Ip.

Pour tout entier n ≥ 0, d´esignons par A(n)i,j le coefficient (i, j) de la matrice An. On a alors|A(n)i,j| ≤ kAnk2 ≤ kAkn2 pour tout n≥1, ce qui montre que lesp2 s´eries coefficients

+∞X

n=0

tn n! A(n)i,j

de la matrice etA convergent pour tout t ∈ R. Les coefficients de la matrice etA sont donc des s´eries enti`eres de la variable t, de rayon de convergence infini, qui sont par cons´equent d´erivables sur R, avec pour d´eriv´ee

X+∞

n=1

tn−1

(n−1)! A(n)i,j .

Ces coefficients sont les coefficients de la matrice somme de la s´erie (de matrices) d´eriv´ee Ptn−1An/(n−1)!, donc

d

dt etA=

+∞X

n=0

tn n! An+1 ce qui donne

(∗∗) d

dtetA= A etA= etAA.

Proposition 7.5.5. Si les matrices A et Bcommutent, on a eA+B = eAeB.

En particulier, la matrice eA est inversible et son inverse est e−A. D´emonstration. On remarque que si AB = BA,

(∗) B eA = lim

n B(Ip+· · ·+ An

n! ) = lim

n (Ip+· · ·+ An

n! )B = eAB.

On introduit la fonction t→M(t) `a valeurs matrices d´efinie par M(t) = etA+tBe−tAe−tB,

dont on montre que la d´eriv´ee est nulle, grˆace aux propri´et´es (∗) et (∗∗) ci-dessus. En

´ecrivant que M(1) = M(0), on obtient la relation eA+Be−Ae−B = Ip.

En appliquant ceci `a B = −A, on trouve eAe−A = Ip, ce qui permet de transformer la relation pr´ec´edente en eA+B= eBeA.

Remarque. On aurait pu aussi d´emontrer ce r´esultat par sommation par paquets, comme dans le cas complexe (chapitre 2).

Calcul pratique d’exponentielles de matrices

On se sert de la th´eorie de la r´eduction des matrices complexes, qui utilise la d´ecom-position de Cp en sous-espaces caract´eristiques de la matrice A et la triangulation des blocs caract´eristiques. On sait ainsi que la matrice A peut s’´ecrire A = VMV−1, o`u V est inversible, et o`u M est une matrice diagonale par blocs, chaque bloc diagonal ´etant une matrice triangulaire Tα, avec une valeur constanteλα ∈C sur la diagonale (λα est l’une des valeurs propres (complexes) de la matrice A). On obtient alors etA = V etMV−1, et etM est diagonale par blocs, chaque bloc ´etant ´egal `a etTα. Il reste `a expliquer l’allure de etT, o`u T est l’un quelconque de ces blocs diagonaux de M, de taille p×p. On peut

´ecrire T = λIp+ N, o`u N est nilpotente, ce qui donnera puisque λIp commute avec N et que Np = 0

etT = etλIpetN = e Ip+tN + t2

2!N2+· · ·+ tp−1

(p−1)!Np−1 . Si T a la forme de Jordan on obtient une information un peu plus pr´ecise.

Cons´equence. Si toutes les valeurs propres (r´eelles ou complexes) de la matrice A sont de partie r´eelle <0, la matrice etA tend vers 0 lorsque t→+∞ (on peut d´emontrer que c’est si et seulement si).

Dans le document ALG `EBRE ET ANALYSE APPROFONDIES (Page 145-149)