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Ere précessionnelle de – 2 203 à – 45

Période du signe astrologique du Bélier de l’ère - 2 203 à - 45 : de - 2 203 à - 2 023 Bélier : « Feu initial, élan instinctif premier. Impulsivité, vitalité, force vive, aiguë, violente. » André Barbault – Petit manuel d’astrologie – Seuil, 1997 (192 p.) – p. 58

En Afrique

S’il est impossible actuellement de dater les peintures et gravures rupestres d’Afrique australe au sud de Limpopo, dont de nombreuses sont certainement de notre ère, le chamanisme semble être la clé de lecture de nombre d’entre elles, par comparaison des pratiques rituelles et croyances ancestrales des San du Sud d’hier et d’aujourd’hui, au centre desquelles prédomine la transe, souvent représentée1366. Les sociétés du sud de l’Afrique restent avant tout des communautés de chasseurs-cueilleurs. Ceux des plaines inondées du sud de la Zambie se servent, au IIIe et début du IIe millénaires avant notre ère d’arcs en bois et pointes de flèches microlithiques, de bâtons à fouiller, peut-être terriers, racines et tubercules. Au Kenya et dans la Tanzanie septentrionale, l’élevage des caprins et bovins ainsi que la céramique et l’emploi de céréales alimentaires progressent chez les pêcheurs des bords du lac Turkana, chez les chasseurs-cueilleurs de Ele Bor, plus à l’est, dont les établissements se sédentarisent graduellement du lac à l’escarpement éthiopien. Le niveau du lac baissant, l’activité pastorale se substitue peu à peu à la pêche1367. Les tailleurs de perles du Kenya se servent de pierre fine provenant des plateaux du Sahara central jusqu’à la vallée du Nil, témoin d’échanges sur de très longues distances. Les chasseurs-cueilleurs du Rift de l’Afar au Djibouti mènent paître leurs moutons à large queue, peut-être d’origine arabe1368.

Vers la fin du IIIe millénaire avant notre ère, la dessiccation progressive de la région saharienne voit baisser le niveau des lacs, ce qui pousse à l’abandon de sites comme celui de l’Adrar Bous dans le désert du Ténéré. L’aridification de la région impose de nouvelles stratégies de survie et de nouveaux déplacements de populations1369. Les pasteurs Bovidiens du Sahara façonnent une poterie à engobe rouge à côté d’une autre au décor pointillé : dans leurs peintures et gravures, après la phase Iheren qui ne représente que des Europoïdes1370, en prélude à la période caballine1371, la représentation humaine est de plus en plus présente. Les Ténéréens

1366 Louise DIOP-MAES, Aboubacry LAM, Massamba LAM, Théophile OBENGA, David PHILLIPSON, Babacar SALL – L’Afrique, à l’exclusion de la vallée du Nil – Etude régionale – L’Afrique australe – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 769 à 771

1367 Louise DIOP-MAES, Aboubacry LAM, Massamba LAM, Théophile OBENGA, David PHILLIPSON, Babacar SALL – L’Afrique, à l’exclusion de la vallée du Nil – Etude régionale – L’Afrique de l’Est – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 761 et 762

1368 John DESMOND CLARK - L’Afrique - L’Afrique de l’Est – Histoire de l’Humanité – Volume II - UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 502

1369 David PHILLIPSON – L’Afrique, à l’exclusion de la vallée du Nil - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 740 à 742

1370 Henri LHOTE – Art rupestre - Période bovidienne ou des pasteurs - Discussion (E.B.) – Encyclopédie Berbère – Volume 6 : Antilopes – Arzuges – Edisud, 1989 – p. 918 à 939

1371 Jean-Loïc LE QUELLEC – Périodisation et chronologie des images rupestres du Sahara central – Résumés – Préhistoires méditerranéennes – Varia, avril 2013 - http://pm.revues.org/715 - consulté le 27 août 2015

fabriquent de belles armatures de flèches, des meules, et polissent leurs haches. Ces populations, sans doute méditerranéennes au début, semblent se diversifier, l’influence égyptienne se fait sentir à la fin de la période1372. Entre l’Atbara, affluent du Nil, et le fleuve du Gash, entre vallée soudanaise et plateaux éthiopiens jusqu’à la mer Rouge, se développent un ensemble de principautés à la fin du IIIe millénaire avant notre ère1373, qui faisaient vraisemblablement partie du pays de Pount1374.

En Afrique de l’Ouest, l’élevage des moutons et des chèvres commence à toucher les communautés de Karkarichinkat au Mali, Kintampo, Nteresso au Ghana1375. Les agriculteurs du nord-ouest de la forêt équatoriale au Cameroun fabriquent leur poterie, polissent la pierre, s’organisent en villages, bientôt suivis par ceux des côtes de Guinée Equatoriale et du Gabon1376.

En Egypte

La fin de l’Ancien Empire égyptien est une période de déliquescence et de grande instabilité, où les VIIe et VIIIe dynasties voient se succéder très rapidement une multitude de rois sur lesquels on ne sait à peu près rien. Les IXe et Xe dynasties gouvernent la Moyenne Egypte depuis leur capitale, Hérakléopolis : elles cherchent à refaire l’unité du pays et à en chasser les nomades venus d’Orient pour s’installer dans le delta du Nil, tandis qu’apparaît la XIe dynastie à Thèbes en Haute-Egypte. La rivalité de ces dynasties les pousse à se combattre sur le front d’Abydos et Thinis, sans succès, plongeant le pays souffrant de nombreuses famines dans la guerre civile. A l’occasion des troubles dynastiques de cette « Première Période Intermédiaire »1377, plusieurs Nomarques gouvernent de manière autonome, les trois petits Etats nubiens d’Irtjet, Setju et Wawat prennent leur indépendance1378.

1372 Jean CHAVAILLON - Le Néolithique en Afrique du Nord et au Sahara – La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) - p. 633

1373 Andrea MANZO – From the sea to the deserts and back – New research in Eastern Sudan – Introduction – From Mersa/Wadi Gawasis…to the Eritrean Sudanese lowlands and… - Britsh Museum (106 p.) - p. 77 à 79-

http://www.britishmuseum.org/research/online_journals/bmsaes/issue_18/manzo.aspx - consulté le 17 octobre 2015 1374 Francis ANFRAY – Massawa et la mer Rouge – Catalogue de l’exposition – UNESCO (50 p.) - p. 11 et 12 Navigation en mer Rouge dans les temps anciens – Les Egyptiens et le pays de Pount – consulté le 17 octobre 2015 - http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001340/134093fo.pdf

1375 Sylvain OZAINNE – Un néolithique ouest-africain : cadre chrono-culturel, économique et environnemental de l’Holocène récent en Pays dogon, Mali – Un scénario de peuplement pour le Néolithique récent en l’Afrique de l’Ouest subsaharienne – De 2500 à 2000 – Africa Magna Verlag, 2013 (304 p.) - p. 194 à 196 ; Louise DIOP-MAES, Aboubacry LAM, Massamba LAM, Théophile OBENGA, David PHILLIPSON, Babacar SALL – L’Afrique, à l’exclusion de la vallée du Nil – L’Afrique australe – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 788

1376 Louise DIOP-MAES, Aboubacry LAM, Massamba LAM, Théophile OBENGA, David PHILLIPSON, Babacar SALL – L’Afrique, à l’exclusion de la vallée du Nil – Notes – L’Afrique centrale – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 755 à 757

1377 MUSEEDU LOUVRE - Dictionnaire des Arts – Périodes intermediaries – La Première Période Intermédiaire –

http://www.louvre.fr/definitions/periodes-intermediaires - consulté le 27 août 2015

1378 Molefi ASANTE, Abu Shardow ABARRY - African Intellectual Heritage: a Book of Sources - Harkhuf – Sixth dynasty, 2300-2150 B.C., Kemet – Autobiography – Temple University Press, 1996 (828 p.) - p. 450; Jane ROY - The Politics of Trade: Egyptand Lower Nubia in the 4th Millenium BC – Commodities exchanged - The Autobiography of Harkhuf –Brill, 2011 (369 p.) - p. 248 et 249

Au Moyen-Orient

En Mésopotamie, les derniers successeurs de Sargon d’Akkad affrontent tant de révoltes, de frondes et de révolutions de palais que les prétentions hégémoniques de cet empire bureaucratisé finissent par se réduire à la seule ville d’Akkad1379. La pression des Hourrites1380, de langue caucasienne, au nord-est, des Amorrites, nomades syriens de langue sémitique venus de l’Ouest, coupant les communications entre les villes, et l’invasion des Guti1381, peuple venu des hauteurs du Zagros, plongent l’empire dans l’anarchie1382 : des rois guti imposent leur domination sur certains territoires de Basse Mésopotamie1383. Le dernier roi de la dynastie d’Awan en Elam s’empare de Suse, son influence s’étend en Iran, des liens se nouent avec Tureng Tépé, Tépé Hissar, Shahr-i-Sokhta ; perles, vases d’albâtre, de chlorite, de serpentine, sceaux de cuivre transitent par les centres urbains élamites d’Anshan et de Shimashki ou par mer pour atteindre la Mésopotamie1384. Mais cette émancipation et cette expansion de l’Elam est de courte durée : Ur-Nammu, roi d’Ur, défait alors les Guti et s’attache à refaire l’unité du pays. Le nouvel empire d’Ur – Ur III, un empire très administratif centré sur la tenue des temples et palais - s’étend alors de la Mésopotamie à l’Elam, une extension territoriale comparable à celle de l’ancien empire d’Akkad1385. Mais bientôt les gouverneurs de Basse-Mésopotamie prennent leur indépendance, l’arrivée croissante des Amorrites affaiblit l’empire qui se désagrège, se résume à la seule région d’Ur, la ville d’Ur est détruite par le roi élamite Idadu Ier de la dynastie de Shimashki, le roi d’Ur est emmené en captivité.

En Asie Mineure

Au nord, en Turquie, le peuple des Hattis est sans doute responsable de l’unité de style de la décoration de la céramique et des vases de bronze et de métaux précieux de la culture matérielle commune aux villes anatoliennes, à Alisar, Beycesultan, Alaça Hüyük, Mahmatlar, Horoztepe, décoration faite de cannelures striées, triangulaires, spiralées, en zigzags et croix gammées. L’art des cliquetis, sistres, cornes de bœufs de soutien aux bannières sphériques retrouvés dans les tombes témoigne du caractère religieux de ces objets votifs. Idoles féminines, bœufs et cerfs sont omniprésents dans les représentations, parfois en bronze plaqué d’argent ou d’or. Certaines nouveautés dans les modes funéraires, telles les larges fosses rectangulaires cernées de pierres irrégulières fermées d’un couvercle de lourds madriers couverts de terre où

1379 Gilbert LAFFORGUE – Akkad – Encyclopaedia Universalis en ligne – consulté le 30 août 2015 – URL :

http://www.universalis.fr/encyclopedie/akkad/

1380 LAROUSSE – Hourrites – Encyclopédie Larousse en ligne - consulté le 10 septembre 2015 –

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Hourrites/124283

1381 LAROUSSE – Goutis – Encyclopédie Larousse en ligne - consulté le 30 août 2015 –

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Goutis/121973

1382 Dominique CHARPIN – Les Amorrites, fondateurs de Babylone – L’origine syrienne des Amorrites – Les voyages Clio, 2002 – http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_amorrites_fondateurs_de_babylone.asp - consulté le 30 août 2015

1383 Carl LAMBERG-KARLOWSKY, R. WRIGHT – La Mésopotamie – La vallée du Tigre et de l’Euphrate (3000-1500 av. J.-C.) – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 426 et 427

1384 Jean-Claude MARGUERON – Le Proche-Orient et l’Egypte antiques – L’Iran et l’Elam – L’épisode Puzur-Inshushinak - Hachette Education, 2012 (416 p.) – p. 215

1385 Valentin NIKIPROWETZKY – Ur ou Our - Encyclopaedia Universalis en ligne – consulté le 30 août 2015 – URL :

reposent les crânes et pieds de bœufs d’un banquet funéraire, renfermant le défunt accompagné d’offrandes, laissent à penser que la pénétration d’éléments indo-européens a déjà commencé1386. Dans la baie de Morphou sur l’île de Chypre apparaissent les premiers bâtiments aux murs rectilignes, la céramique est d’inspiration anatolienne, ainsi que les boucles d’oreilles d’argent et d’or qui accompagnent certains défunts dans la tombe, le taureau et le serpent sont vénérés, ainsi qu’une déesse de la fécondité1387.

De l’Egée au Caucase

Plusieurs cités de l’Argolide, du Péloponnèse, des îles orientales de l’Egée, Lerne, Tirynthe, Thermi, Poliochni, Emporio, mises à sac, détruites par le feu, sont abandonnées ou sont occupées par des nouveaux-venus1388. La seconde cité fortifiée de Troie subit, entre 2 200 et 2 000 avant notre ère, les ravages d’un nouvel incendie destructeur, peut-être provoqué par l’irruption des hordes indo-européennes qui apparaissent à cette époque. L’agresseur ne s’y installera pourtant pas, Troie s’en relèvera, en continuité de culture, de population et de traditions1389. Les mégarons de l’Helladique ancien disparaissent de ces villes, la maison absidale, peut-être d’origine danubienne, se répand un peu partout, la céramique incisée laisse place à une céramique peinte, austère, grise, puis noire, rouge, enfin jaune, le tour de potier commence à être utilisé. La Grèce continentale commence à subir des vagues d’immigration, d’abord sur les côtes de la péninsule hellénique1390, qui l’altèrent et l’appauvrissent, aussi bien sur le plan culturel que matériel1391.

Dans les Cyclades, pourtant touchées sur les collines côtières isolées, la population augmente cependant, plusieurs établissements de mouillage, Phylakopi sur l’île de Mélos, Aghia Irini sur Kéos, Paroikia sur Paros, se développent, tournés vers la mer et le commerce. La Crète ne connaît aucune rupture dans l’essor de sa prospérité1392, une écriture « hiéroglyphique » ou « idéographique » ainsi qu’une écriture qu’on nomme « linéaire A » apparaissent sur les sceaux d’Arkhanès, Moni Odigitria, Pangalochori, de la nécessité de gérer les biens provenant des campagnes1393.

1386 Ekrem AKURGAL – L’Anatolie – L’âge du bronze moyen (2500-1800 av. J.-C.) – La culture hatti (2500-2000 av. J.-C.) - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) – p. 516 à 523

1387 Vassos KARAGEORGGHIS – Chypre – D’environ 3000 av. J.-C. à environ 1900 av. J.-C. - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) – p. 417 et 418

1388 René TREUIL – Helladique archéologie - Encyclopaedia universalis (en ligne)

URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/archeologie-helladique/) - consulté le 29 octobre 2015 ; Christos DOUMAS – L’âge du bronze ancien (3000-1500 av J.-C.) - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 369 ; Claude MOSSE, Annie SCHNAPP-GOURBEILLON – Précis d’histoire grecque – L’Helladique ancien - Armand Colin, 2009 (376 p.)

1389 Ekrem AKURGAL – L’Anatolie – Le bronze moyen I (2500-2200 av. J.-C.) – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 513

1390 Michel SAKELLARIOU – L’âge du bronze moyen et récent (2100-1100 av. J.-C.) – Aperçu historique : économie, société, Etat - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 383

1391 Claude MOSSE, Annie SCHNAPP-GOURBEILLON – Précis d’histoire grecque – La fin de l’Helladique ancien - Armand Colin, 2009 (376 p.)

1392 Christos DOUMAS – L’âge du bronze ancien (3000-1500 av J.-C.) – L’archipel des Cyclades – La Crète - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 372 à 376

1393 Louis GODART – Les écritures crétoises et le bassin méditerranéen – Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres – Année 1994 – Volume 138 – Numéro 3 – (p. 707 à 731) - p. 707

En Europe

Les artisans de la pierre, roche dure ou silex, atteignent un haut niveau de technicité pour la fabrication des couteaux, racloirs, faucilles, poignards, mais surtout haches polies, des vastes territoires de Russie jusqu’à l’Angleterre. De nouvelles mines de silex sont creusées, à Kvarna, à Tullströp dans le sud de la Suède, à Rocio au Portugal, à Monte Tabuto en Sicile. En France, les mineurs de Mur-de-Barrez dans l’Aveyron éclatent la pierre par le feu dans les puits et galeries pour faciliter l’extraction. L’excellente qualité du silex du Grand-Pressigny en Indre et Loire permet le débitage de lames dont on fait des poignards renommés, que l’on retrouve largement dans les sépultures de la culture de Seine-Oise-Marne, dans des tombes hollandaises auprès de gobelets, à Charavines en Isère, à Clairvaux dans le Jura1394. En Andalousie, l’argent est travaillé, l’or même parfois, des bandeaux à palettes ou torsades sont façonnés à El Argar, village retranché derrière ses fortifications en maçonnerie dans le sud-est de l’Espagne, ces objets de luxe accompagnent de puissants personnages dans la tombe individuelle. Cette culture s’étend dans le sud à la région de Valence, et d’Atalaia au Portugal. Elle partage de nombreux aspects sociaux-culturels avec l’Italie et l’Europe, mais la forme de ses objets en bronze, en céramique, et la coutume d’ensevelir les morts sous l’habitat ou dans de petits sépulcres à proximité n’appartiennent qu’à elle1395. En Europe centrale arrivent quelques lingots-torques de cuivre produits en Asie Mineure, dont les forgerons de Bohême, de Moravie, s’inspirent pour créer les leurs. Leur succès s’étend de la mer du Nord à la Transylvanie. Dans les mines d’étain de Bohême, les artisans de la culture d’Unetice – nécropole près de Prague – commencent à produire des objets en bronze en série, utilisés et déposés dans les habitations et les séputures de la région. Les riches chefs du groupe de Leubingen en Saxe, dont les grands tumulus recouvrent les maisons funéraires en bois, contrôlent le marché des armes d’Unetice ; parfois la mort d’un chef entraîne le sacrifice d’un domestique ou d’un proche. Le groupe de Straubing en Bavière produit en série des lingots en barre et des bracelets spiralés. Poignards et haches unéticiens atteignent Pays-Bas, France et Grande-Bretagne1396. L’industrie métallurgique unéticienne inspire les créations du mouvement rhodanien dans le Valais suisse, le Jura, et dans la vallée du Rhône1397, de la culture palafittique de la Polada dans le nord de l’Italie aux bords du lac de Garde, puis dans la plaine du Pô. Les gravures du Val Camonica1398 dans les Alpes orientales du nord italien, comme celles du mont Bego1399, représentant des scènes de chasse aux cervidés, de chamanisme, mais aussi de lutte et de duel avec casque, épée et bouclier, témoignent des échanges entre les différentes régions cuturelles, de la France à l’Autriche au

1394 Jean-Pierre MOHEN – L’Europe – Introduction - Aspect techno-économique – L’artisanat domestique et l’artisanat spécialisé - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 805 à 808

1395 Renato PERONI L’Europe méridionale – L’Âge du bronze dans le sud-ouest de l’Europe - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 835 et 836

1396 Jacques BRIARD – Protohistoire – Civilisations du bronze - Encyclopaedia universalis (en ligne) URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/protohistoire/ - consulté le 6 janvier 2016

1397 Joël VITAL – La séquence Néolithique final – Bronze ancien dans l’axe rhodanien : enseignements chronométriques et perspectives culturelles - Le cadre chronométrique, p. 540 ; Composante centre-européenne du Bronze ancien, p. 543 à 544 – Bulletin de la Société préhistorique française, 2008 (p. 539 à 554) – Volume 105 – Numéro 3

1398 UNESCO – La liste du Patrimoine mondial – Art rupestre du Valcamonica – UNESCO World Heritage –

http://whc.unesco.org/fr/list/94/ - consulté le 7 janvier 2016 1399 Thierry SERRES – Le mont Bégo et la vallée des Merveilles -

nord des Alpes.

En Eurasie

A la culture de Yamnaya succède dans les steppes d’Eurasie la culture des Catacombes, des vallées de la Volga et du Don aux contreforts du Caucase aux steppes boisées occidentales ; armes et chars à deux ou quatre roues signalent une élite guerrière. Moules, creusets et tuyères accompagnent les artisans du métal dans la tombe1400. Dans le piémont du sud-est de l’Oural se forment les agglomérations circulaires de deux rangées de maisons concentriques, fortifiées, de la culture de Sintasta, dont l’influence se fait sentir jusque dans les steppes nord-pontiques. Les kourganes contemporains recèlent armes et chars de combat à deux roues1401. Plus à l’est, dans le bassin de Minusinsk, une population d’éleveurs de moutons, chevaux et bovins, au type mongoloïde, y remplace les groupes indo-européens de la culture d’Afanasievo. Leur culture, la culture d’Okunevo, diffère peu des kourganes, mais des corps sont inhumés dans des fosses rectangulaires entourées de pierres sur chant, leur poterie est à fond plat, leurs sculptures, gravures et peintures rupestres, très personnelles, parfois très schématiques, représentent visages, animaux et êtres fantasmagoriques1402. L’outillage lithique se complète d’aiguilles, porte-aiguilles et harpons en os, et de haches, couteaux, poinçons et hameçons en cuivre ou en bronze1403.

En Iran, en Asie centrale et en Inde

En Asie centrale, la civilisation harappéenne, après avoir connu le développement brillant des grands centres urbains du IIIe millénaire avant notre ère, subit un déclin aussi étonnant qu’inexpliqué : ainsi en va-t-il de la ville de Mohenjo-Daro dont la dégradation commence peut-être dès 2 200 avant notre ère1404. En l’absence de textes historiques, les causes n’en sont pas connues, assèchement des deux fleuves, changement de leur cours, surexploitation appauvrissant les sols, invasions1405 ? Les routes terrestres et maritimes des réseaux d’échanges entre les cultures de l’Helmand, de Bactriane et Margiane – aussi appelée civilisation de l’Oxus -, de l’Indus et de la Sarasvati perdent leur fréquentation, en conséquence, Shahr-i-Sokhta1406 et Mundigak, les grandes villes de l’Helmand, s’effondrent1407. Chaque culture ou civilisation se survit pourtant, se transforme, abandonnant le développement urbain pour revenir à une

1400 Hermann PARZINGER – Le monde des steppes – L’affermissement des nouveaux modes de vie – L’Europe, un continent redécouvert par l’archéologie – Gallimard, 2009 (221 p.) - p. 65

1401 Hermann PARZINGER – Le monde des steppes – L’affermissement des nouveaux modes de vie – L’Europe, un continent redécouvert par l’archéologie – Gallimard, 2009 (221 p.) - p. 66

1402 Georges SOKOLOFF – Nos ancêtres les nomades - L’épopée indo-européenne – Chapitre 8 : ceux qui restent fidèles à la steppe - Quand chaque coin d’Eurasie conserve sa propre histoire – Fayard, 2011 (344 p.)

1403 Anatoly DEREVYANKO – L’Asie du Nord et la Mongolie (3000-700 av. J.-C.) - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 1052 et 1053

1404 Michel ANGOT – Histoire des Indes - Avant les empires : la culture harappéenne ou civilisation de l’Indus