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000 à 28 000 avant notre ère

Des origines à 40 000

De 40 000 à 28 000 avant notre ère

Il y a 50 000 ans, l’industrie à caractères moustériens de Florisbad, en Afrique du Sud, produit enclumes et outils de broyage234. De 41 000 à 28 000 au Lesotho, les lames commencent à réduire en dimension235, le débitage laminaire s’intensifie entre 40 000 et 20 000 dans les régions d’Orange et du Transvaal236 ; il apparaît aussi en Afrique orientale, où les pointes foliacées à retouches bifaciales se raffinent, touchant parfois le centre, où se perpétue un petit outillage spécifique à l’habitat forestier et des microlithes sporadiques237. Des pièces allongées, baptisées poignards, et des pièces foliacées très aigües annoncent un raffinement du Sangoen, nommé Lupembien238. En Tripolitaine également se développe une industrie à lames et lamelles, entre 38 000 et 30 000239, après une séquence moustérienne, et, dans le Maghreb, se crée la taille de pièces pédonculées destinées à l’emmanchement sur lames ou sur éclats – l’Atérien240 – qui se répand au Sahara. Des industries à caractères moustériens mais pourvues de quelques outils évolués remplacent l’Acheuléen final en Egypte entre 43 000 et 30 000 avant notre ère241 ; l’Atérien atteint la vallée du Nil vers 38 000 avant notre ère, où il se substitue à une industrie de type moustérien. Des mines d’extraction du silex sont mises en exploitation dès avant 30 000 près de Tahta en Egypte242. A Boker Tachtit243 dans le Néguev, au Proche-Orient, une industrie laminaire produit, peut-être dès 45 000 avant notre ère, de longues pointes sur lame amincies à la base pour leur emmanchement – la pointe d’Emireh244 – et des outils évolués245 : la pointe d’Emireh s’efface vers 40 000 au profit de pièces à chanfrein, au Néguev, mais aussi, en marge des occupations moustériennes, dans les industries laminaires naissantes

234 Sophie ARCHAMBAULTDE BEAUNE – Essai d’une classification typologique des galets et plaquettes utilisés au Paléolithique – Gallia Préhistoire – Année 1989 - Volume 31 – p. 28

235 Jean CHAVAILLON -L’Afrique – Le Middle Stone Age en Afrique du Sud et de l’Est – La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 614

236 Joseph KI-ZERBO - Histoire générale de l’Afrique – I. Méthodologie et préhistoire africaine – Le Middle Stone Age - Ed. UNESCO, 1986 (416 p.) p. 288

237 Katja DOUZE – Le Early Middle Stone Age d’Ethiopie : les changements techno-économiques à la période de l’émergence des premiers Homo sapiens – Presses académiques france, 23 octobre 2013 (380 p.) - p. 24 à 27

238 Roger DE BAYLEDES HERMENS – Lupembien I – Les industries préhistoriques du bassin du Zaïre – Préhistoire de l’Afrique centrale - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) - p. 573

239 Jean CHAVAILLON – Paléolithique final et sociétés de production – L’Afrique du Nord et le Sahara – L’Epipaléolithique en Lybie - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France, Nouvelle Clio, 1992 (848 p.) – p. 627

240 Jean ROCHE, Nicole CHAVAILLON – Atérien - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 82

241 Vincent DE SCHUYTENEER – Détails sur la préhistoire égyptienne – La Vallée du Nil/Préhistoire – Le Middle Stone Age - Quelques traditions spirituelles – Biodis Site scientifique et culturel –

www.vdsciences.com/...egypte/details-sur-la-prehistoire-egyptienne.html - consulté le 7 octobre 2014

242 Pierre VERMEERSCH, Etienne PAULISSEN, G. GUSELINGS, A. THOMA, Marcel OTTE, Christine CHARLIER – Une minière de silex et un squelette du Paléolithique supérieur ancien à Nazlet Khater, Haute-Egypte - L’Anthropologie (Paris) –Tome 88, n° 2 - G. Masson, éd. - p. 231 à 244

243 François VALLA – Boker Tachtit - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 151

244 François VALLA – Emireh (pointe d’) - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 365

245 Francis HOURS – Emiréen - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 351

des grottes du littoral libanais246, des montagnes du Zagros247. Entre 35 000 et 30 000 avant notre ère, lames et lamelles, légères, sont produites par percuteur doux, du Sinaï au Liban248. Dans la région de Khorramabad, dans le Zagros249, barrettes – lames épaisses à bord abattu250 – et pointes légères sont obtenues sur lames entre 38 000 et 30 000 avant notre ère251.

C’est vers cette époque que l’Homme moderne pénètre en Europe où il développe une culture propre, l’Aurignacien252, caractérisé dans l’ouest, et dont on retrouve des éléments plus ou moins reconnaissables jusqu’en Pologne, Moravie, Slovaquie, ex-Yougoslavie, Bulgarie253, jusqu’à Shanidar en Irak, jusque dans le Néguev et, dans le nord-est africain, au Sinaï254. On obtient des dates qui remontent jusqu’à 40 000 ans en Espagne, au-delà même en Europe centrale, mais son épanouissement se situe à partir de 32 000 avant notre ère. Les Aurignaciens débitent de belles lames dont ils retirent des outils réguliers, retouchés latéralement en écailles, faciles à emmancher, taillent l’ivoire et l’os, dont ils retirent des pointes de sagaies255. Les Néandertaliens, à leur contact, adoptent ces matériaux alternatifs, retirent des poinçons de l’os, enrichissent leur parure de pendeloques en matière animale, utilisent l’ocre avec plus d’intensité256. Ils enterrent armes, outils et animaux de chasse avec leurs défunts, pratique que l’Homme moderne partage largement et qui précise clairement que le trauma de la prise de conscience de leur propre mort à travers celle de leurs semblables, insupportable pour les Homo sapiens, est conjuré par un au-delà de la mort imaginé semblable à la vie terrestre, racine de toutes les traditions religieuses. Les Néandertaliens conservent racloirs, pointes foliacées, bifaces et denticulés, empruntent grattoirs carénés257, burins, perçoirs et lames, qu’ils interprètent dans leur style – le Szélétien258 en Europe centrale, l’Uluzzien259 en Italie, le

246 François VALLA – Le Moyen-Orient – Le Paléolithique supérieur - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 542

247 Francis HOURS – Baradostien - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 112

248 Ofer BAR-YOSEF– Les premières industries à lames – L’Asie occidentale – Histoire de l’Humanité – Volume 1 - Ed. Corinne Julien, UNESCO, 2000 (1658 p.) - p. 593 à 596

249 Francis HOURS – Proche-Orient, premiers habitants - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 940

250 Béatrice SCHMIDER – Lamelle à bord abattu ou à dos abattu - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 627

251 François VALLA – Le Moyen-Orient – Le Paléolithique supérieur - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 545

252 Yvette TABORIN – Aurignacien (culture de l’) - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 85

253 Yvette TABORIN, Stéphanie THIEBAULT - Aurignacien de l’Europe - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 86

254 François VALLA – Aurignacien du Levant - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 87 et 88

255 Bernard VANDERMEERSCH – Aurignacien - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 209

256 Sylvestre HUET – Néandertal, le raffinement de l’homme moderne – Libération Sciences, 1er novembre 2012 257 Yvette TABORIN, Stéphanie THIEBAULT – Grattoir caréné - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 466

258 Catherine FARIZI – Szélétien - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 1012

259 Margherita MUSSI – Uluzzien - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 1131

Châtelperronien en France et en Espagne260. Vers la fin d’une dizaine de millénaires de partage de l’espace européen, sans autre indice d’explication que la proximité de l’Homme de Cro-Magnon, ces Néandertaliens si profondément, si ancestralement enracinés dans leur milieu s’éteignent, peu après 30 000261. Les sociétés de chasseurs n’étaient apparemment pas violentes outre mesure262 : plusieurs hypothèses ont été avancées, mais aucune ne peut être vérifiée à ce jour263. Les premières analyses ADN d’ Hommes de Neandertal, effectués sur un prélèvement crânien, sur un os de côte, sur une molaire, établissent clairement que leur code génétique est différent du nôtre, ce qui semble bien confirmer la thèse du remplacement d’une espèce d’Homo sapiens par une autre en Europe264. Une étude plus récente, datant de 2010, décèle une contribution génétique du Néandertalien à l’Homme moderne eurasiatique, évaluée entre un et quatre pour cent de notre génome265. C’est sans doute le remplacement qui a prévalu progressivement en Asie comme en Afrique, mais, à partir de l’Europe orientale, rien ne vient jusqu’à présent étayer un caractère aussi tranché de la substitution d’une espèce d’homme par une autre. Le Néandertalien pouvait avoir la peau claire et la chevelure rousse, pour au moins un pour cent de la population. Mis bout à bout, vingt pour cent du génome néandertalien subsisteraient dans les populations européennes et asiatiques actuelles266.

Dans le Périgord267, où les industries des Moustériens s’étaient déjà distinguées par le passé par leur richesse et leur variété, apparaissent peintures et gravures des Aurignaciens, figurant des animaux sur les parois des grottes268 : au cours des millénaires, le phénomène s’étend largement dans le Jura souabe en Allemagne, où des représentations de mammouths, ours, bisons sont traitées en relief, en ronde-bosse, témoignant d’une véritable maturité artistique dans la période la plus accomplie de l’Aurignacien entre 28 000 et 25 000 avant notre ère. Dans la grotte de Geissenklösterle, divers pendentifs sont réalisés il y a 42 ou 43 000 ans selon de nouvelles radio-datations, des flûtes en ivoire de mammouth ou en os d’oiseaux sont taillées vers 38 000 avant notre ère269 ; à Vogelherd, quelques figurines en ivoire de mammouth, dont l’une représentant cet animal, sont sculptées vers 33 000 avant notre ère270. L’Aurignacien

260 Bernard VANDERMEERSCH – Châtelperronien ou Castelperronien - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 260

261 Bernard VANDERMEERSCH – Néandertaliens – Une extinction inexpliquée - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 699 et 700

262 Jean GUILAINE, Jean ZAMMIT – Le Sentier de la guerre – Visages de la violence préhistorique – Ed. du Seuil, 2000 (371 p.)

263 Bruno MAUREILLE – Qu’est-il arrivé à l’homme de Neandertal ? - Ed. Le Pommier, 23 septembre 2008 (62 p.) 264 Catherine HÄNNI – Revisting neandertal diversity with a 100 000 year old mtDNA sequence – Current Biology - Volume 16 – Numéro 11 – Ed. Geoffrey North - 6 juin 2006 - R400 à R402

265 Cécile DUMAS – Il y a un peu de Neandertal en nous –Archéo et paléo - Sciences et Avenir – Perdriel, 7 mai 2010

266 Maxime LAMBERT – Notre ADN cacherait 20% du génome de Néandertal – MaxiSciences du 30 janvier 2014 - Gentside Découverte – Cerise media – consulté le 1er octobre 2014

267 Béatrice SCHMIDER – Périgordien - Dictionnaire de la Préhistoire – Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) – p. 859

268 François ESCOFFIER – L’art aurignacien - Art des cavernes préhistoriques, 2010 –

www.iesanetwork.com/art_des_cavernes/apres/apres.htlm - consulté le 28 janvier 2015

269 Frédéric BELNET – L’art mobilier de la grotte de Geissenklösterle daté entre - 42 et – 43 000 ans (25/05/2012) - L’art aurignacien a 43 000 ans ! – Hominidés.com – consulté le 1er octobre 2014

270 Nicholas John CONARD – De nouvelles sculptures en ivoire aurignaciennes du Jura souabe et la naissance de l’art figuratif – Das Aurignacien und die Anfänge der Kunst in Europa – Ed. Harald Floss et N. Rouqueroi, 2006 (27 p.)

se répand dans le bassin de la Meuse en Belgique, sur le territoire français, dans la région cantabrique en Espagne271. A partir de 33 000 avant notre ère, dans l’immense aire sibérienne qui se libère lentement des glaces, des groupes de chasseurs pénètrent dans les régions de l’Altaï, du Baïkal, dans les vallées inférieures de l’Ienisseï et de son affluent l’Angara, de la Lena, qu’ils occuperont jusqu’aux environs de 8 000 avant notre ère272. Peut-être poursuivent-ils alors leur pénétration à travers la Béringie, bande de terre qui reliait aux époques glaciaires le Nord-Est asiatique au Nord américain273, jusqu’aux Amériques, des dates aussi reculées, jusqu’à plus de 30 000 ans, ayant été relevées au Mexique, en Amérique centrale274 et dans les abris du Nordeste au Brésil275. Les chasseurs de rhinocéros, de mammouth, de cheval et de renne en Sibérie se servent, vers 28 000 avant notre ère, de crans et de pointes d’une facture plus belle et plus régulière que celle de l’industrie moustérienne, taillent des outils en os276. L’outillage du Paléolithique ancien perdure au Japon, mais il commence à se diversifier vers 28 000 avant notre ère277. Aussi anciennes que les premières œuvres de l’Aurignacien, les impressions de mains retrouvées dans les grottes de la région de Maros-Pankep à Sulawesi datent de 38 000 avant notre ère : les occupants représentent également des cochons sauvages, les babiroussas, ainsi que de petits bovidés278. Revenant dans le sud de l’Afrique, datant de 35 000 ans, l’intrigant os de Lebombo gravé de 29 encoches par les chasseurs-cueilleurs de la grotte de Border Cave au Swaziland servait peut-être de calendrier lunaire279 : il rappelle dans son principe les bâtons-calendriers des San de Namibie280.

271 Georges SAUVET, Carole FRITZ, Gilles TOSELLO – Emergence et expansion de l’art aurignacien – Préhistoire, Art et Sociétés - Bulletin de la Société préhistorique française – Tome LXIII, 2006 – p. 33 à 44

272 Vadime ELISSEEF – Sibérie – Premier peuplement - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 985 à 987

273 Patrick PLUMET – Béringienne, tradition, Arctique - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 227

274 José Luis LORENZO – – L’archéolithique - Le Mexique et l’Amérique centrale depuis les premiers habitants jusqu’aux débuts de la production de nourriture – Histoire de l’Humanité – Volume I - Ed. Corinne Julien, UNESCO, 1986 - p. 759 à 763

275 Danièle LAVALLEE – Amérique du Sud précéramique – Les premières occupations - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 111

276 Béatrice SCHMIDER – Le Paléolithique supérieur de la Sibérie (texte corrigé par J. M. Burdukievicz) – L’Europe et l’Asie septentrionale - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 441 à 444 277 José GARANGER –Le Japon – Le Paléolithique - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 670

278 David CYRANOSKI – World’s oldest art found in Indonesian cave – Nature News, Nature Publishing Group - 8 octobre 2014 – consulté en ligne le 15 octobre 2014

279 Jean-Philippe OMOTUNDE – L’os de Lebombo – Les humanités classiques africaines pour les enfants – Volume 1 – Ed. Menaibuc, 2006 (94 p.) – p. 78

280 Bob SAINT CLAR – Os de Lebombo - Wikipédia, l’encyclopédie libre. 8 mars 2009 –