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500 à 2 203 avant notre ère

Des origines à 40 000

De 4 500 à 2 203 avant notre ère

En Afrique

Dans les grottes et sous-abris d’Afrique du Sud, les chasseurs de petit gibier, cueilleurs et collecteurs de mollusques marins perpétuent la longue tradition wiltonienne des petits grattoirs unguiformes en demi-cercle, perçoirs et segments de cercle microlithiques, qui s’étend encore860, tandis que progressent, en Angola, en République Démocratique du Congo, en Afrique centrale, lames à bords abattu, tranchets et microlithes géométriques du Tshitolien et, dans l’est, les lames à dos, microlithes géométriques en segment de cercle et pointes en os des pêcheurs-chasseurs-cueilleurs de l’Eburien861. Au IIIe millénaire, les chasseurs-cueilleurs de la plaine zambienne polissent leurs outils, façonnent quantité d’objets en bois et en os862 : peut-être protègent-ils l’igname pour le cultiver à partir de 2 500 avant notre ère dans la zone équatoriale863. Les occupants des abris-sous-roche tanzaniens décorent les parois d’animaux864. Dans la plaine du Stanley Pool, les tailleurs du Tshitolien tardif produisent tranchets, pointes et quelquefois du matériel de broyage ; le Tshitolien récent se prolonge dans la plaine de Kinshasa865. Si, dans l’Est, dans la forêt équatoriale, en Afrique occidentale persistent de nombreuses industries sur éclats, retirés par plans de frappe sur bloc préparé, des outils sont polis au cœur de l’Afrique, autour de la cuvette centrale, au nord de la forêt, au Cameroun, au Gabon, au Congo, en République Démocratique du Congo, dans le bassin de l’Uélé866, haches et houes sont taillées dans la pierre dès le IVe millénaire avant notre ère. La culture de l’igname est peut-être la raison du développement de cet outillage pour le défrichage et l’exploitation des tubercules. Ces outils taillés et polis n’arriveront qu’au IIIe millénaire dans la zone la plus occidentale de la forêt équatoriale867. Dans la région d’Egaro au Niger, deux récipients en céramiques recèlent des objets en fer datés de 2 000 à 2 600 ans avant notre ère868. Sur les côtes

860 Jean CHAVAILLON – L’Afrique du Sud – Paléolithique final et sociétés de production – La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 634 et 635

861 Jean CHAVAILLON – L’Afrique Subsaharienne – Paléolithique final et sociétés de production – La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 647 et 648

862 Francis VAN NOTEN – Afrique centrale, 2e partie - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) p. 596

863 Jean-Luc VELLUT – Afrique centrale de l’Ouest – Origine de l’agriculture, de l’élevage et de la métallurgie du fer - - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 44 ; Thurstan SHAW - Préhistoire de l’Afrique occidentale -Méthodologie et préhistoire africaine – Histoire générale de l’Afrique – Joseph KI-ZERBO – Ed. UNESCO, 1980 (893 p.) – p. 663

864 John Edward Giles SUTTON - L’Afrique orientale - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) p.496 et 518

865 Jean CHAVAILLON – L’Afrique Subsaharienne – Paléolithique final et sociétés de production – La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 648

866 Francis VAN NOTEN – Afrique centrale, 2e partie - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) p. 596 ; Bernard CLIST - Le Néolithique en Afrique centrale : état de la question et perspectives d’avenir - III. – Discussions –L’Anthropologie– Tome 90 – Numéro 2 – Masson, 1986 (p. 217 à 232) - p. 227

867 Louise DIOP-MAES, Aboubacry LAM, Massamba LAM, Théophile OBENGA, David PHILLIPSON, Babacar SALL – L’Afrique, à l’exclusion de la vallée du Nil – Etude régionale – L’Afrique de l’Ouest – Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 751 et 752

868 François PARIS, Alain PERSON, Gérard QUECHON, Jean-François SALIEGE – Les débuts de la métallurgie au Niger septentrional - Termit-Egaro – Journal des africanistes, 1992 (p. 55 à 68) – Volume 62 – Numéro 62-2 - p. 58

gabonnaises et ghanéennes, le long du golfe de Guinée, la consommation des mollusques forme des amas coquilliers869.

Chèvres et bovins accompagnent les groupes de pêcheurs ou de chasseurs-cueilleurs aux occupations plus permanentes le long de la Rift Valley du Kenya jusqu’en Tanzanie. Ces groupes utilisent meules et pilons ; sur les hauts-plateaux, ils incinèrent les morts, dont ils recouvrent la sépulture d’un petit amas de pierres. L’élevage y est bien développé dès le IIIe millénaire avant notre ère870. En Ethiopie, meules et broyeurs sont utilisés, une figurine d’Agordat, en Erythrée, représente un bovidé ; en Erythrée et près d’Aksum, au Tigray, des agriculteurs cultivent le millet vers 3 000 avant notre ère871. Dans la vaste région qui s’étend de Abu Hujar à Dongola de part et d’autre de Khartoum, les gros pêcheurs au harpon barbelé en os habitent des huttes en clayonnage, taillent des microlithes géométriques, utilisent un important matériel de broyage et une abondante poterie qu’ils décorent de lignes ondulées ou de points imprimés : ils enterrent leurs morts, de type négroïde, aux incisives avulsées, couchés sur le côté sous l’habitat. Ils chassent le buffle, l’antilope, l’hippopotame, le crocodile, mais aussi le chat sauvage, le porc-épic et la souris872. Au sud de la sixième cataracte, au nord de la confluence des Nil Bleu et Blanc, les pêcheurs de Esh Shaheinab873 utilisent aussi l’hameçon en nacre. Ils chassent girafes et phacochères, domestiquent la chèvre naine et quelques moutons. Ils taillent, outre meules et microlithes, des têtes de massue planes ou convexes, des herminettes au tranchant concave, fabriquent des haches polies en os, des gouges planes et une poterie rouge à engobe874. En Nubie soudanaise, les éleveurs de bœufs et de chèvres construisent sur le Nil un système de barrage qui semble cette fois destiné à ralentir le cours du fleuve et favoriser le dépôt du limon pour la mise en culture ; la technique céramique atteint un niveau remarquable. L’essor démographique y laisse alors une profusion de tombes et nécropoles875, les courants d’échanges, de bijoux, de fromage, de vin et d’huile égyptiens contre les pierres taillées, les minerais, l’ébène, l’ivoire et le bétail soudanais se renforcent avec la basse vallée du Nil d’où sont importés de nombreux produits : des aiguilles en cuivre y parviennent, ainsi que des vases en albâtre ou en schiste. Puis, brutalement, cette civilisation cède à une culture misérable, reflet de la colonisation de la région par la dynastie égyptienne du nord876. La cité de Kerma877, dans

869 John DESMOND CLARK – Afrique occidentale - Histoire de l’Humanité – Volume II – Ed. UNESCO, 2001 (1402 p.) - p. 497

870 Olivier BAIN –– A) L’Afrique Orientale – Préhistoire africaine – Afrique : Histoire, économie, politique - mis en ligne par Jean-Marc LIOTIER - http://afriquepluriel.ruwenzori.net/prehi.htm - consulté le 10 mai 2015

871 John Edward Giles SUTTON - L’Afrique orientale - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) p.520 et 521 ; Jean CHAVAILLON – L’Afrique orientale - – Paléolithique final et sociétés de production – La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 638

872 Olivier BAIN, Jean-Marc LIOTIER – a) El Kadada – Préhistoire africaine – Afrique : Histoire, économie, politique – http://afriquepluriel.ruwenzori.net/prehi.htm - consulté le 10 mai 2015

873 Sylvie AMBLARD – Shaheinab (Esh), vallée du Nil, Soudan - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 1007

874 Jean CHAVAILLON – Le Paléolithique final de la vallée du Nil - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 645 ; H J HUGOT - Préhistoire du Sahara - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) - p. 632 à 633

875 Jacques REINOLD – Un quart de siècle de coopération archéologique – Section française de la Direction des Antiquités du Soudan – SFDAS, 2001 - p. 42 à 45

876 Matthieu HONEGGER - Archéo-Nil – Numéro 20 – Revue de la société pour l’étude des cultures prépharaoniques de la vallée du Nil - Cybele, 2011 – p. 78

877 Brigitte GRATIEN – Aux frontières sud de l’Egypte, le royaume de Kerma – Les voyages Clio, 2002 –

http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/aux_frontieres_sud_de_l_egyptele_royaume_de_kerma.asp - consulté le 29 août 2015

la région de Dongola, capitale africaine construite en brique crue, est le centre d’un royaume que l’Egypte, dont les caravanes et les installations étaient régulièrement attaquées, réprime alors878. A la fin de cette période, à partir de 2 250 avant notre ère, le nomarque Herkhouf d’Eléphantine mène pour le roi Mérenré trois expéditions caravanières au pays de Yam, probablement situé dans le Darfour879. Il en ramène un tribut en grain, encens, parfum, ébène, ivoire d’éléphants, peaux de panthères ; d’une quatrième expédition, il rapportera un Pygmée, pour la plus grande joie du jeune roi Pépi II880.

Le déclin des lacs sahariens oblige les pêcheurs négrides à se replier vers le sud de la Mauritanie, les agriculteurs un peu plus à l’est, les terres devenues arides ne leur convenant plus881. En revanche, elles conviennent aux populations d’éleveurs, principalement de bovidés, venues de l’Est, peut-être de type méditerranéen au départ, qui se répandent aux IVe et IIIe millénaires avant notre ère dans la région saharo-soudanaise, où ils ravivent la tradition des gravures et peintures rupestres, qu’ils enrichissent, après une série d’éléphants, de très belles et vivantes scènes pastorales, mais aussi de chasse à l’arc et autres activités, art qui caractérise le Bovidien882. Vers 3 200 avant notre ère, des populations de chasseurs à l’arc aux belles armatures de flèches en fleur de lotus, de pêcheurs au harpon, s’installent plus à l’ouest dans le Ténéré : leur céramique est de tradition soudanaise, leur outillage lithique de jaspe vert, de grande qualité, aux formes très variées, contient entre autres disques, meules et haches polies, à l’Adrar Bous notamment883.

Au Nigeria, sur le site de Iwo Eleru884 occupé de la fin du Xe au IIe millénaire avant notre ère, les chasseurs-cueilleurs taillent des microlithes géométriques vers 3 200 avant notre ère, polissent leurs haches et fabriquent de la poterie885 alors que, non loin de là, comme dans l’ensemble de l’ouest jusqu’au sud de la Guinée, la pierre est débitée sur bloc à l’ancienne. Car au nord de la forêt équatoriale et dans l’extrême ouest africain, la pierre taillée ne contient pas de microlithes ; sur le littoral atlantique, les coquillages sont ramassés dans les lagons et estuaires, les poissons sont pêchés ou capturés à partir du rivage. Des morceaux de quartz assez grossièrement taillés, au Ghana, sont peut-être des restes de houes, qui témoigneraient de

878 Brigitte GRATIEN - Le commerce entre Egypte et Nubie et les expéditions lancées par l’Egypte - Les cultures Kerma : essai de classification – p. 291 et 292

879 Babacar SALL – Herkouf au pays de Yam – Ankh - Revue d’Egyptologie et des Civilisations africaines – KHEPERA, 1995/1996 – Numéro 4/5 – p. 41 à 50

880 Claire LALOUETTE – Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne Egypte – Gallimard, 1984

881 Gabriel CAMPS – Tableau chronologique de la Préhistoire récente du Nord de l’Afrique – Etudes et travaux – Volume 65 – Numéro hors-série - Bulletin de la Société préhistorique française, 1968 (p. 609 à 622) – p. 616 882 Ginette AUMASSIP – Bovidien – Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 163 et 164 ; Jean CHAVAILLON – Le Paléolithique final de la vallée du Nil - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 633 ; Alfred MUZZOLINI – Sahara, art rupestre - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 977

883 Henri-Jean HUGOT - Préhistoire du Sahara - Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) - p. 636

884 Sylvie AMBLARD, Bernard VANDERMEERSCH – Iwo Eleru, Akure, Nigeria - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 549

885 Jean CHAVAILLON – L’Afrique subsaharienne - Paléolithique final et sociétés de production - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 647

pratiques agricoles886 : la poterie y est façonnée au IIIe millénaire avant notre ère887. Dans le nord de la Guinée, les chasseurs-cueilleurs, qui taillent des microlithes, abandonnent la récolte de l’igname et se mettent à cultiver le riz africain, probablement domestiqué dans la zone du delta du Niger moyen888. A Iwo Eleru entre 4 000 et 1 500 avant notre ère, à Afikpo à partir de 2 900 avant notre ère, les occupants produisent leur nourriture et possèdent quelques bètes889.

La chasse à l’arc, aux armatures de flèches en « Tour Eiffel » dans le Sahara occidental, à pédoncules au sud du Grand Erg oriental, à ailerons ou à pédoncules sur les hauts-plateaux du Maghreb de tradition capsienne, largement répandue, fait l’objet de nombreuses représentations rupestres, ainsi que, parmi la faune, de grands buffles et des béliers portant une boule sur la tête, témoins peut-être de la domestication de ces animaux auxquels serait conféré un statut particulier ; le lion est fréquemment figuré dans l’Atlas. Les populations sont hétérogènes : celles de tradition capsienne, dans les massifs montagneux, sont mechtoïdes, d’autres, venues du sud, négroïdes, occupent le nord du Sahara, celles de Medjez890, de Columnata891, de Bou Zabaouine892, de tradition mouillienne et d’apports européens, sont méditerranéennes893. Plusieurs de ces populations adoptent progressivement élevage et agriculture, les outils typiquement capsiens ainsi que les microlithes, nombreux, se font plus rares tandis que s’accroissent poterie, matériel de broyage et outillage poli. L’industrie osseuse, déjà riche et variée, se perfectionne encore dans la tradition héritière du Mouillien, produisant aiguilles à chas et perles tubulaires. Des marins du sud de l’Europe apportent de l’obsidienne et leur céramique sur la côte maghrébine, qu’importent peut-être ses occupants en échange de produits locaux ; près de Dar es Soltan894 au Maroc, un amas coquillier recèle de la poterie campaniforme et des outils de pierre peu caractéristiques895. Dans la partie orientale du Sahara, dans le désert à l’ouest de l’Egypte, nomadisent des populations d’éleveurs d’oasis en oasis. Les Egyptiens les appellent les Tehenou, les représentent grands, foncés, lèvres épaisses. Vers 2 300 avant notre ère apparaissent en Libye des nouveaux venus, que les Egyptiens appellent

886 Joseph KI-ZERBO (sous la direction de) - Préhistoire de l’Afrique occidentale – Histoire générale de l’Afrique - Méthodologie et préhistoire africaine – Ed. UNESCO, 1999 (861 p.) p. 657 ; Sylvie AMBLARD – Néolithique guinéen - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 777

887 Bethwell OGOT – L’Afriquedu XVIe au XVIIIe siècle – Les Etats et les cultures de la côte de la Guinée inférieure – Transformations sociales et culturelles en Guinée inférieure – UNESCO, 1999 (1200 p.) -p. 476

888 (par défaut) Robert VERNET – Niger bassin du - Dictionnaire de la Préhistoire – Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1999 (1120 p.) - p. 763

889 Obarè BAGODO – L’Ancien et le Nouveau – La production du savoir dans l’Afrique d’aujourd’hui – Savoirs endogènes et défis du XXIe siècle - Langaa RPCIG, 2013 (538 p.) – p. 25

890 Ginette AUMASSIP – Aïn Meterchem, Gafsa, Tunisie - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 21

891 Ginette AUMASSIP, Sylvie AMBLARD – Columnata, Tiaret, Algérie - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 263 et 264

892 Sylvie AMBLARD – Bou Zabaouine - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 158

893 Jean CHAVAILLON – Le Néolithique en Afrique du Nord et au Sahara - Paléolithique final et sociétés de production - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 630 à 632

894 Sylvie AMBLARD, Jean ROCHE, Bernard VANDERMEERSCH – Dar Es Soltan, Rabat, Maroc - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 305 et 306

895 Jean CHAVAILLON – Le Néolithique en Afrique du Nord et au Sahara - Paléolithique final et sociétés de production - La Préhistoire dans le monde – Presses Universitaires de France (840 p.) – p. 629

Temehou, clairs, aux yeux bleus et souvent blonds896 ; Tehenou et Temehou, voisins turbulents, s’infiltrent en Egypte et représentent un danger constant pour le pays, même si certaines tribus se soumettent très tôt à l’impôt égyptien897.

En Egypte

Dans la marge désertique occidentale de la vallée du Nil au sud de l’Egypte, les occupants de Nabta alignent, entre 4 500 et 4 000 avant notre ère, des mégalithes orientés d’est en ouest, sans doute marqueurs astronomiques898. Les chasseurs d’hippopotames, de crocodiles, de gazelles, d’autruches, de tortues de la vallée du Nil égyptien, pêcheurs à l’hameçon en os à Badari899, en corne ou au filet à poids à El Omari900 près d’Alouan, éleveurs de chèvres, de moutons, mais de plus en plus de bœufs, cultivateurs de blé, d’orge, de lin – exploitant aussi le sycomore, le dattier, le tamaris, l’alfa à El Omari901 -, forment des agglomérations de huttes ou de maisons rondes ou ovales de palissades légères au toit soutenu par des poteaux, peu enterrées, parmi lesquelles ils creusent des silos recelant de grandes jarres à grains902. Ils façonnent une belle poterie décorée au sud, monochrome au nord, polissent haches, couteaux et vaisselle en pierre, dont la taille est de haut niveau technologique au nord. A El Amrah, près d’Abydos en Moyenne-Egypte, les vases en basalte ou en albâtre font partie du luxueux mobilier funéraire903.

Dans le sud, en Moyenne et Haute-Egypte, à Badari, à Mostagedda904, à Matmar, à Hemamieh, cuillerons, peignes, bracelets, ainsi que de belles figurines, sont taillés dans l’os, un peu partout en Egypte sont utilisées des palettes à fard905. Le cuivre est fondu à Badari :

896 Jehan DESANGES – Les Protoberbères dans leurs relations avec les Egyptiens et les peuples de la mer – Histoire générale de l’Afrique – Volume II – Afrique ancienne – Ed. UNESCO, 1999 (905 p.) - p. 462 et 463

897 Malika HACHID – Les premiers Berbères : entre Méditerranée, Tassili et Nil – Prédynastique – Nagada III – Palette du Tribut Libyen ou Palette des Villes - Edisud, 2000 (317 p.) ; Christian ZICCARRELLI – La Palette dite du Tribut Libyen – Le Cardiologue – Numéro 368–369 – http://lecardiologue.com/la-palette-dite-du-tribut-libyen/ - consulté le 23 septembre 2015

898 John MACKIM MALVILLE, Romuald SCHILD, Fred WENDORF, R. BRENMER – Astronomy of Nabta Playa – African sky – Volume 11 – SAO/NASA Astrophysics Data System - p. 2

899 Jean-Claude MARGUERON – Badari – Le nord de la vallée du Nil – L’Egypte, du VIe au milieu du IVe millénaire – p. 75

900 André VILA – El Omari, Egypte - Dictionnaire de la Préhistoire - Presses Universitaires de France, 1988 (1277 p.) - p. 359 et 360

901 Béatrix MIDANT-REYNES – La première époque de Nagada (Haute-Egypte) – L’Egypte prédynastique et protodynastique – Aux origines de l’Egypte – Fayard, 2003 (441 p.) – p. 96

902 Paul CHALUS – Les rites funéraires – L’homme et la religion – Du Paléolithique au 1er millénaire avant notre ère – Ed. Albin Michel, 1963 (512 p.) - p. 77 ; Béatrix MIDANT-REYNES – Préhistoire et égyptologie – Un siècle de recherches préhistoriques dans la vallée du Nil - Archéo-Nil, 1990 (p. 10 à 20) – p. 13

903 Nicolas GRIMAL – Le prédynastique ancien –De la Préhistoire à l’Histoire - Histoire de l’Egypte ancienne – Fayard, 1988 (668 p.) - p. 38

904 Jacques VANDIER – Mostagedda and the Tasian Culture, by Guy BRUNTON – Journal des Savants – Volume 5 – Numéro 5 – Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1938 - p. 231 à 233

905 Nicolas GRIMAL – Le prédynastique primitif –De la Préhistoire à l’Histoire - Histoire de l’Egypte ancienne – Fayard, 1988 (668 p.) - p. 34 ; Fernand DEBONO - Le groupe culturel du Sud (Haute-Egypte) – Néolithique et prédynastique -Néolithique et Préhistoire de la vallée du Nil – Méthodologie et préhistoire africaine – Histoire générale de l’Afrique – Ed. UNESCO, 1980 (893 p.) – p. 360

utilisé dans la parure, il enserre des perles de quartz et sert à produire un émail bleu-vert906 ; à El Amrah, des palettes de schiste servent à broyer les oxydes de cuivre et de plomb907. Les tombes ovales sont de plus en plus séparées de l’habitat, formant de vastes nécropoles dans le sud908. A El Omari, dans le nord, le cimetière comprend des sépultures recouvertes d’un cairn arrondi. La culture du nord regroupe des agglomérations plus nombreuses et plus étendues ; entre les différentes régions, vaisselle en pierre du nord et poterie fine du sud sont échangées. En Moyenne-Egypte, à Nagada909 au nord de Thèbes, en Nubie, dans le désert oriental, la poterie n’est bientôt plus incisée, mais peinte, en blanc sur fond rouge, de lignes ou de sujets naturalistes910. Des statuettes en ivoire à forme animale ou humaine accompagnent les défunts dans la tombe ; les inhumations multiples et des démembrements de corps apparaissent dans le rituel funéraire911.

Dans le delta, sur l’ensemble du cours du Nil égyptien, les crues du Nil sont mises à profit, l’agriculture est en plein essor, les villages s’organisent, les régions s’individualisent, des bateaux sillonent le fleuve912. D’autres bateaux, différents, sont représentés sur les parois rocheuses de l’Ouadi Hammamat913, dans le désert oriental à hauteur de Nagada. Près du Caire, à Héliopolis, à Méadi, le cuivre des gisements miniers du Sinaï devient l’objet d’une exploitation massive, son artisanat se développe914. Les points communs se multiplient entre la culture méadienne et celle de l’Egypte orientale ; poterie et outils de silex et de manganèse se retrouvent jusqu’en Palestine, à laquelle de nombreux emprunts sont faits dès l’Amratien. Plus