• Aucun résultat trouvé

Epidémiologie du lipome colique : a- Fréquence

1. Fréquence générale

L’incidence des lipomes coliques est estimée à environ 0.26% [2]. À ce jour, environ 320 cas ont été rapportés dans la littérature [21].

En ce qui concerne les séries autopsiques, les pathologistes indiquent des chiffres qui sont de l’ordre de 0,1 à 0,5% des autopsies. SCHOTTENFELD (1943) [14].

Ils représentent 0,83% des séries endoscopiques [44].

Dans les statistiques chirurgicales, sa fréquence est de 0.025% des tumeurs digestives bénignes opérées ( Mayo [16] décrit entre 1937 et 1961: 164 cas sur 4000 tumeurs opérées, soit 4%).

Les lipomes représentent environ 10% des tumeurs bénignes du tube digestif et l’incidence des lipomes coliques est de 2 à 4% [16,44]. Le lipome est, après l’adénome, la tumeur bénigne la plus fréquente.

2. Fréquence de la localisation colique du lipome

En considérant l’ensemble des lipomes digestifs, les localisations coliques représentent 75% des cas ; l’intestin grêle représente 20% des cas; leur localisation préférentielle est l’iléon (50% des cas), puis le duodénum (23% des cas), la valvule iléo-cæcale (17% des cas), le jéjunum (10% des cas), et exceptionnellement le diverticule de Meckel [38,33]. Les statistiques révèlent que 40 à 85% des lipomes coliques siègent au niveau du côlon droit [5,4,26,24]. En effet, sa fréquence augmente à mesure que l’on s’éloigne du rectum ; c’est exactement l’inverse pour les cancers et les adénomes.

37

b. AGE

Si le lipome peut se rencontrer chez les sujets jeunes, il parait s’observer avec une fréquence toute particulière entre 50 et 65 ans [5,7].comme c’est le cas pour notre observation n°2,la fréquence du lipome, entre cinquième et sixième décade, est vraisemblablement plus apparente que réelle ; car, il est certain que la tumeur évolue et s’accroit progressivement pendant des années avant d’être découverte accidentellement, ou à la suite de complications [12].

c. SEXE

Divers auteurs admettent qu’il n’y a pas de sexe prédisposé [40];D’autres, comme LONG, estiment que le lipome est plus fréquent chez la femme ; C’est également l’avis de D’JAVID et d’autres auteurs [24, 28,17].On peut donc admettre qu’il y a une prédominance féminine.

d. FACTEURS FAVORISANTS

Il ne semble pas que le lipome colique solitaire ou bien la lipomatose segmentaire soit héréditaire. De même, l’obésité, les dyslipidémies, d’autres localisations cutanées ne semblent pas avoir d’influence [45]. En 1961, FELDMANN note dans 20% des cas la coexistence d’un lipome colique et de pathologies pancréatiques [14]. Dans environ 20% des cas, les lipomes sont multiples et peuvent coexister avec des carcinomes [6].

B) ANATOMIE PATHOLOGIQUE DU LIPOME : a. localisation du lipome dans l’épaisseur de la paroi

38

 Lipomes sous séreux

Ils sont les plus rares : 1 cas sur 10, ils se développent dans le tissu conjonctif sous-séreux [14,19]. Le plus souvent, ils sont pédiculés dans la cavité péritonéale et peuvent entourer de façon circulaire le côlon ; ils peuvent être à l’origine d’une invagination.

 Lipomes sous muqueux

Ils sont les plus fréquent : 90% [46] ; ils se développent entre la muqueuse et la musculeuse ; Ils peuvent être, soit exactement sous –muqueux, soit situés à l’intérieur de la muscularis mucosae, la dissociant. Ils font saillie dans la cavité intestinale et sont très souvent l’amorce d’une invagination ou d’une obstruction.

b. ASPECT MACROSCOPIQUE

Macroscopiquement, les lipomes coliques se présentent sous la forme de masses en « chou-fleur » [23] ; ils sont habituellement ronds ou ovoïdes. [47] La taille des lipomes est variable.

La coloration est jaunâtre, comme toutes les tumeurs graisseuses. La consistance est molle se déformant facilement et pouvant échapper à la palpation.

Ils peuvent être sessiles ou pédiculés. Quand ils sont pédiculés, leur base d’implantation est large. Dans le pied du lipome, il n’y a pas de véritable pédicule vasculaire ; il n’y a jamais d’hyperplasie des vaisseaux.

La muqueuse recouvrant le lipome peut être normale ou siège d’ulcérations en général, au sommet de la tumeur

Il semble toutefois que plus le lipome est gros, plus il a de chance de se nécroser.

39

Parfois survient la nécrose complète d’un lipome et son élimination spontanée, ce qui est un mode de guérison [14]. Pour expliquer cette nécrose, 3 mécanismes se succèdent :

- torsion du pédicule (interrompant la circulation et nécrose secondaire), - étirement des vaisseaux,

- thrombose, enfin, des vaisseaux muqueux.

c. Aspect microscopique

Il est classé parmi les tumeurs conjonctives bénignes de l’intestin. L’aspect est monomorphe, le diagnostic histologique est habituellement facile. C’est une tumeur encapsulée, caractérisée par:

- de volumineuses cellules adipeuses, ordonnées en lobules dont le noyau refoulé par la graisse, est périphérique ;

- des cellules plus petites, dans lesquelles, la graisse se présente comme de fines gouttelettes dont la vascularisation est pauvre ;

40

Figure 15 : Aspect microscopique d’un tissu adipeux mature HE 400x [48]

Ces tumeurs sont composées majoritairement d’un contenu adipeux avec un certain degré de stroma fibreux. Des ulcérations focales, des zones de nécrose, des calcifications ou une transformation pseudo-sarcomateuse ont été rapportées [49]. Mais, pour la plupart des auteurs, il n’existe pas de dégénérescence maligne des lipomes intestinaux (contrairement, par exemple, aux lipomes rétro-péritonéaux) [50]. Dans la sous muqueuse, il n’est pas rare de retrouver des lésions inflammatoires et congestives plus au moins importantes.

41

d. lipomatose multiple familiale [51]

La lipomatose multiple familiale est une affection à transmission autosomique dominante, de pénétrance variable, expliquant une répartition familiale, parfois, irrégulière.

En 1993, une anomalie génétique est identifiée sur le chromosome 12 (12q15) par translation 12-3 du gène HMGIC [52].

L’existence d’un lipome du tractus digestif est peu décrite chez un patient porteur d’une lipomatose multiple familiale : sa prévalence est de 0,9%, alors qu’elle n’est estimée qu’à 2 pour 100 000 dans la population générale [53]. Plusieurs auteurs décrivent [54], dans les familles concernées, une apparition progressive de ces lipomes sur des organes profonds

Le dépistage systématique de la localisation digestive chez les patients porteurs de lipomatose multiple familiale, est séduisant, mais reste discutable.

C) ETUDE CLINIQUE :

Documents relatifs