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CHAPITRE 1 – MÉTHODOLOGIE

1.4 Entretiens

Dès les prémices de ce mémoire, nous avons su que nous souhaitions nous appuyer sur des expériences vécues. Après nous être penchées sur les divers moyens de collecter ces informations, l’entretien s’est rapidement avéré être l’outil le plus adapté. Il nous a permis de recueillir des données de manière directe, de relancer une discussion en la dirigeant vers les thèmes précis que nous souhaitons aborder, nous donnant ainsi la chance de bénéficier des expressions faciales, corporelles et des autres gestes non verbaux manifestés par les personnes interrogées. Cette dimension relationnelle est à nos yeux très importante.

Dans ce sous-chapitre, nous reviendrons tout d’abord sur l’évolution de la démarche d’entretien, sur le choix et la sélection de l’échantillon, avant de terminer par le rappel de la condition de confidentialité.

Évolution de la démarche

Le premier entretien que nous avons mené adoptait un mode de fonctionnement très péremptoire. Nous avions au préalable établi une liste de questions, classées dans un ordre rigoureux. L’enseignante n’avait d’autre choix que de répondre à nos interrogations, créées en fonction de sujets précis que nous voulions voir apparaître dans notre travail. Le résultat fût peu convainquant : le récit d’expérience obtenu nous paraissait pauvre car trop orienté. Il ne laissait pas de place réelle à cette professionnelle de l’éducation, l’empêchant de laisser libre cours à sa spontanéité. Lors du deuxième entretien, nous avons souhaité que l’enseignante use davantage de sa liberté d’expression. Pour ce faire, nous lui avons proposé des thématiques telles que rire et enseignant, rire et apprentissages ou rire et discipline. La personne s’est alors livrée plus facilement que lors de l’entretien précédent, nous parlant de son vécu et de ses ressentis. Toutefois, une dimension manquait : la possibilité d’aborder un aspect nouveau.

Les entretiens qui suivirent furent davantage comparables à des confidences qu’à des interviews. Au moment de fixer la date des rendez-vous, nous expliquions aux professionnels notre thématique et ce que nous attendions d’eux. Le moment venu, ils se sentaient entièrement libres de s’exprimer. Lorsque certains ne savaient plus que dire, nous les réorientions calmement vers des thématiques non traitées. Certains ont même abordé les trois dimensions de notre travail – santé, société, enseignement – sans que nous ne le leur demandions. Ouverture, écoute et empathie étaient les maîtres du jeu. Il ne s’agissait plus d’un face à face mais bien d’un réel échange qui se construisait entre deux partenaires, un recueil d’éléments spontanés et profonds. Comme le dit Kevassay (2005), “[…] la libre

évocation par un sujet de ce qui se rapporte à un phénomène permet seule de saisir des liens entre des dimensions sous-jacentes plus ou moins présentes à son esprit” (p. 95). L’entretien et son contexte de mise en confiance permettent aux individus de s’exprimer avec les catégories mentales qui leur sont propres.

Leurs concepts […] ne sont pas comme les concepts scientifiques des outils de recherche mais des éléments constitutifs de leur pensée et par conséquent, en tant que tels, un aspect de l’objet d’étude lui-même – et le type de raisonnement qui est le leur, logique ou non, peu importe : l’observation est ainsi réalisée sans que l’on force le discours de sujets à s’insérer dans un cadre qui leur est étranger; de ce fait, moins normalisante elle est aussi plus riche2.

Ces moments de partage nous ont permis de créer des liens parfois inattendus. Ils resteront des moments formateurs tant pour notre vie privée que professionnelle.

Population

Comme nous l’a énoncé Friedrich (2008) lors d’un séminaire à l’Université, la population désigne “la totalité des éléments qui constituent l’objet d’étude […]”. Elle doit être

“spécifiée en fonction des objectifs de la recherche”. Dans le cadre de notre mémoire et afin d’alimenter plus particulièrement le chapitre consacré au rire dans l’enseignement, nous avons décidé de choisir une population de professionnels de l’éducation. Une grande majorité sont des enseignants; il est en effet indispensable que le domaine dans lequel nous exercerons prochainement soit bien représenté. Un petit pourcentage est tout de même constitué d’une psychologue, d’une psychopédagogue et de professionnels de la petite enfance (Journée genevoise de la formation continue de la petite enfance, 2009), leurs regards pouvant être enrichissants. Les individus ne sont choisis ni en fonction de leur âge, de leur sexe ou du degré dans lequel ils enseignent. La population choisie se veut volontairement large. Plus la diversité des expériences récoltées sera variée, plus la matière sera prometteuse et plus il nous sera facile de nous y identifier.

2 Chauchat, H. (1995). L’enquête en psychologie sociale. In Kevassay (2005).

Sélection de l’échantillon

Il existe deux méthodes de sélection d’un échantillon : les techniques non aléatoires – utilisées pour des raisons pratiques, lorsque les échantillons sont les seuls possibles – et les techniques aléatoires. Dans notre cas, nous avons plutôt eu recours à la technique aléatoire.

Cette dernière, utilisée pour sélectionner les individus qui prendront part aux entretiens, peut également être qualifiée d’accidentelle. Nous avons choisi les professionnels que nous allions interroger par le biais de rencontres tels que des stages et des remplacements, des connaissances communes ou encore par le bouche-à-oreille. Cependant, nos choix devaient tout de même répondre à une condition au fonctionnement de cette méthode aléatoire : l’existence d’un cadre d’échantillonnage duquel les éléments pourraient être sélectionnés. Les enseignants et autres collaborateurs éducatifs ont certes été rencontrés par hasard mais ils devaient, afin de rendre notre travail formateur, répondre à un certains nombre de critères tels que : travailler dans le milieu éducatif, posséder une opinion quant au rire dans la société et en classe et accepter de nous faire part de leurs expériences et de leurs émotions.

Chaque entretien demandant une transcription intégrale et un travail d’analyse approfondi, nous avons limité leur nombre à dix. L’échantillon choisi est donc de type qualitatif, par opposition à un choix représentatif. Nous espérions que leurs opinions pourraient être confrontées avec celles de certains auteurs et qu’ils viendraient enrichir nos idées.

Anonymat

Les professionnels avec lesquels nous nous sommes entretenues se sont entièrement livrés à nous. Grâce à un contexte de mise en confiance, ils nous ont communiqués de belles confidences et des confessions inattendues. En raison du caractère fortement intime de leurs propos, nous avons décidé de les transcrire sous le sceau de l’anonymat. Chacun des entretiens que vous pourrez trouver dans le cadre de ce mémoire sera donc authentique; seule l’identité de la personne restera secrète. Cependant, pour plus de clarté, nous avons nommé fictivement nos professionnels; nous parlerons alors d’Élise – notre psychologue –, de Clara – notre psychopédagogue –, d’Annie, Linda, Mary, Nicole et Tania – nos enseignantes de divisions élémentaires et moyennes – et de Paolo et Ryan – nos enseignants respectivement de primaire et secondaire. Notons toutefois que les noms des intervenants de la conférence Atout rire, lors de la journée de formation continue pour le personnel de la petite enfance, ne sont pas fictifs, un tel événement n’étant pas soumis aux mêmes règles de confidentialité.