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Enquête introspective

ANNEXE 4 entretien Nouhayla (25 ans)

· La pratique du voyage

· Si je te dis “voyage”, qu’est-ce que cela t’inspire ? (des mots, des adjectifs, des sensations…) Été, soleil, détente, famille, visite, mais pas tant que ça, surtout détente...

· A quelle fréquence voyages-tu ? Au moins une fois par an.

· Dans quels pays ou villes as-tu voyagé ces dernières années ?

Italie avec Venise et Rome, Espagne avec Barcelone, et… chez moi, à Marrakech, au Maroc.

· Quelle était ta dernière destination ? Quelle sera ta prochaine destination ?

Je suis rentrée en août, mais je ne pense pas que ça soit compté comme un voyage, je suis rentrée chez moi voir ma famille, à Rabat. Cet été-là, on avait voyagé à Marrakech, on était allés à l’hôtel, au moment de l’Aïd, c’est une grande fête chez nous donc on s’est dit qu’on allait le fêter dans un hôtel. La prochaine… si j’ai des congés ! Sinon, j’avais prévu avec des amis de partir un week-end à Amsterdam, mais rien de concret. Cet été, je pense que je vais rentrer chez moi voir ma famille, pourquoi pas aller quelque part, voir une ville en dehors de Marrakech, comme je ne connais pas tout mon pays.

· Quelle(s) différence(s) vois-tu entre touriste et voyageur ? Y en a-t-il seulement selon toi ? Un peu, oui et non. Touriste, je vois plus ça, comme ceux qui font vraiment le parcours qu’il faut faire ; les touristes, ici, qui viennent à Paris ont un parcours bien défini, ils voient les monuments, les musées, tout l’aspect culturel etc. ; je pense aussi à “groupe”, soit en famille, entre amis, les touristes sont souvent plusieurs. Le voyageur est en quête de liberté, de découverte, mais spontanément… il suit peut-être un circuit, en termes d’itinéraire, mais je ne pense pas qu’ils aient un programme défini, ils sont plus à la quête de paysages, de voir les locaux, ils peuvent s’arrêter à un moment ou à un autre. J’ai cette image de sac à dos, et allons-y, on voyage ! Le voyageur ne se déplace pas d’un point A à un point B pour voir des choses, mais il voyage selon le temps qu’il a.

· Et toi ? Comment te définis-tu lorsque tu voyages ou à ton retour de voyage ? Touriste ? Voyageur ? Un autre mot ?

Quand je rentre chez moi, j’ai l’impression de voyager, car je passe la majorité du temps en France, que ce soit pour des raisons professionnelles ou pour les études, donc je redécouvre mon pays. Ou quand je pars avec ma famille, là je me définis plus comme une touriste, car on fait le nécessaire de ce qu’il y à voir : à Venise, on a vu la place Saint Marc, les îles Burano, Murano, là où vont les touristes, voir les gondoles, le parcours typique d’un touriste. Et Rome aussi, avec la fontaine, le Colisée… ça c’est vraiment touristique. C’est péjoratif sur le moment, tu as l’impression d’être dans une masse, c’est oppressant, il n’y a pas ce côté détente ; c’est très chronométré. Après, c’est toujours enrichissant, car je ne suis jamais partie dans cette ville ou ce pays, ça reste toujours un point positif dans ma vie à la fin, car je l’ai fait, en plus avec mes parents. Mais le côté péjoratif, c’est un moule… les prix sont élevés, c’est la haute saison, tu es stressé à cause des horaires d’ouverture, tu fais une file, c’est beaucoup de contraintes, de budget, tu n’as pas l'impression de profiter du moment présent.

· L’organisation du voyage

· Pourquoi aimes-tu organiser toi-même tes voyages ? Pourquoi planifier ton voyage à l’avance? Quand je me sens obligée, j’organise, par la force des choses ; je suis organisée dans la vie de tous les jours, mais pour les voyages, je compte beaucoup sur les autres personnes, comme mon frère, qui organise beaucoup. On essaye de faire voyager mes parents, donc je me repose sur mon frère, car je pense qu’il aime bien ça, il recherche le transport, le logement, les infos pratiques sur internet, mais tout ce qui serait indispensable, les restaurants, les monuments etc., il compte plus sur un support papier, voir les avis, et avoir une petite histoire à côté. Pour Amsterdam, je vais beaucoup sur Instagram, voir la ville, les monuments qui reviennent le plus en photo, mais pas plus que ça ; j’organiserai le minimum, où loger et comment me déplacer et y arriver, mais je ne pense pas au jour le jour, sinon ça sera au feeling.

97 · Parle-moi des grandes étapes de l’organisation de tes voyages : tout d’abord, comment choisis-

tu par exemple ta future destination ?

Pour Amsterdam, c’est l’occasion pour y aller… pour le coup, je vise d’abord les capitales des pays, au moins j’aurais connu, je dis “c’est fait”. J’ai la phobie de l’avion, donc je choisis toujours des destinations en Europe, souvent en Europe de l’Ouest. Et dans les pays en Europe, j’en ai fait pas mal, Espagne, Italie, Allemagne, et Portugal ; donc les autres pays, je me dis que je dois forcément y aller un moment ou un autre, comme la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique etc.

· L’usage des guides touristiques

· Quel usage fais-tu des guides touristiques dans l’organisation de ton voyage ?

Je n’en lis pas, je suis en mode déconnectée, je suis ! *rires* et je découvre sur le moment, tout ce qui est histoire etc., je découvre lorsque le guide parle quand ce sont des visites en groupe, j’essaye de capter les informations ; ou sur le moment, quand j’arrive sur le lieu, ça m’arrive d’aller sur internet pour voir de quand ça date.

· Comment vois-tu l’avenir des guides touristiques papier ?

Je pense que c’est un indispensable, qui ne se perdra jamais. On est dans un monde digital, on est conscients que c’est trop, on utilise trop les outils, il y a toujours des études qui sortent qui disent que c’est mauvais pour la santé etc. Les gens ont une certaine conscience et le fait d’enlever ce côté papier du voyage, c’est comme si qu’on enlevait quelque chose d’indispensable. Je pense qu’on ne peut pas dissocier le voyage du guide, c’est inséparable. Peu importe la génération, il y a le guide ; surtout si on voyage en famille, on entend “ah mais dans le guide…”.

· Que penses-tu de l’utilisation et de la lecture des guides de voyage papier chez les jeunes (18-

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On n’accorde pas assez d’importance… on ne lit pas beaucoup… quand on voit la densité du guide, on a la flemme de lire, c’est pour ça que j’en lis pas peut-être. Il faut se déplacer pour aller l’acheter, alors qu’aller sur internet, on peut avoir l’avoir de manière instantanée avec un outil qu’on a tout le temps, sur un pc ou un téléphone. Donc on se dit que le temps que je vais aller perdre pour aller chercher, fouiner, aller à la Fnac par exemple, j’aurais déjà eu l’info sur Internet, sur des sources fiables. Donc c’est peut-être pour ça qu’on n’utilise pas les guides plus que ça.

· La consultation des blogs voyage

· Selon toi, quelle est l’utilité des blogs voyage ? Pour quelle(s) raison(s) les lis-tu ?

L’expérience, la retranscription du vécu et des bons plans : quand l’influenceur écrit son article, il raconte son expérience, et il finit toujours par donner des recommandations “je vous conseille ça”, “je vous recommande ça”. On a besoin de concret, de quelqu’un qui est vraiment parti. C’est vraiment une source fiable, c’est une personne qui a testé, donc elle n’a pas d’intérêt à dire du positif ou du négatif si ce n’est pas vrai.

· Quelles informations recherches-tu dans un blog voyage ?

Les conseils, les bons plans sur les sorties, les choses à faire, un truc original, pour ne pas faire comme tout le monde, pour éviter la foule, la masse, en été, pour ne pas faire comme tout le monde ; des choses qui ne sont pas forcément visibles sur internet ou ailleurs, et ce sont les gens qui sont allés par hasard, dans un restaurant, une boutique, et ils partagent, et ça peut être pas mal.

· Le retour du voyage

· Comment te sens-tu généralement à un retour de voyage ?

Entre “je suis contente d’avoir fait ça” mais en même temps, je déprime en pensant aux prochaines vacances. Je suis souvent mitigée, je suis à la fois triste et contente (d’avoir des souvenirs, des photos Instagram à publier pour revivre le moment) et après tu commences à déprimer. Mais je trouve que je n’accorde pas assez de temps à la détente, car on veut faire une coupure entre notre vie et les vacances, et ce temps-là est trop long, et au moment tu commences à te sentir bien, c’est presque la fin des congés et donc on regrette ce temps de déconnexion où on n’a pas réussi totalement à déconnecter.

· In fine, dirais-tu qu’organiser ton voyage à l’avance t’a été bénéfique ou au contraire, cela t’a desservi ? Quelles sont tes impressions à propos de ton organisation.

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Je n’ai pas de déception, mais c’est toujours valorisé sur Internet, du coup, tu te fais toute une imagination… ce n’est pas une déception, mais au final, c’est rien d’extraordinaire, c’est juste normal. Par exemple, à Venise, je m’attendais à avoir ce “wow”, mais je ne l’ai pas eu, même si c’est dépaysant ; Venise, on est restés deux semaines, tu as l’impression que c'est une ville fantôme à part en été, il n’y a pas de locaux, pas d’habitants. Avant d’y aller, je pensais être émerveillée, c’était beau mais… c’est à faire, mais, il y a ce “mais”, ça ne m’a pas impressionnée.

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